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Affiliation des grévistes de la SAQ à la CSN: L'ironie de l'histoire

Nicolas, Tuesday, January 18, 2005 - 08:14

Nicolas

On a beaucoup parlé dans les journaux et à la télévision, c'est un euphémisme, de l'affiliation du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ à la CSN en fin de semaine. L'assemblée générale houleuse de dimanche soir a été racontée en long et en large, la nouvelle analysée sous toutes ses coutures. Pourtant, peu de commentateurs ont souligné l'ironie de l'histoire...

Personne, en effet, n'a relevé le fait que le syndicat des employés des succursales de la SAQ a déjà été membre de la CSN, de sa fondation à la fin de 1975. Même la centrale n'a pas cru bon de le rappeler, titrant plutôt son communiqué "Le Syndicat des employés de magasins et de bureaux devient un syndicat CSN". À croire que personne ne s'en souvient.

Pourquoi le premier syndicat de l'histoire de la fonction publique québécoise a-t-il quitté la centrale qui était, déjà à l'époque, la première centrale du secteur public? Jacques Rouillard, historien du syndicalisme, aborde la question dans "Le syndicalisme québécois, deux siècles d'histoire". L'auteur nous apprend qu'après les euphoriques années 1960, la CSN a connu une grave crise de 1971 à 1976, passant de 25% à 19% des syndiqués québécois en 5 ans (une perte sèche de plus de 90 000 membres). «Une seconde vague de défections, à la fin 1975, écris Rouillard, se solde par le retrait d'environ 20 000 travailleurs et travailleuses, regroupés dans des syndicats numériquement importants (infirmières, professionnels du gouvernement, employés de la SAQ). C'est de suspension qu'il faudrait d'ailleurs parler dans ce dernier cas puisqu'on refuse de se rallier à la décision de la centrale de hausser la cotisation du fonds de grève. Ces syndicats, qui appartiennent aux secteurs public et parapublic, sont peu intéressés à renflouer le fonds de grève dans la mesure où leurs arrêts de travail sont trop courts pour que leurs membres en profitent(1).»

Oui, vous avez bien lu, le SEMB a quitté la CSN il y a 30 ans pour une histoire de fonds de grève, la même raison qui le fait revenir au bercail aujourd'hui... Ironique, non? Les mass-médias, pour qui le syndicalisme n'est qu'un épiphénomène de l'économie, n'ont plus depuis longtemps de chroniqueurs attitrés au monde du travail capable d'analyser un conflit, en voici une illustration de plus. N'aurait-il pas été plus pertinent de connaître l'histoire des relations entre le SEMB et la CSN plutôt que de savoir que la mère de Martin Charron, le président du syndicat de la SAQ, travaille comme secrétaire à la CSN? Il semble malheureusement que non.

Dans le même ordre d'idée, l'antipathie affichée de l'exécutif de l'ex-syndicat indépendant envers le SCFP et la FTQ n'a rien de mystérieuse quand on connais toute l'histoire. Un seul journaliste en effet, à ma connaissance, a cru bon de souligner que le SCFP avait mené une campagne de maraudage visant à casser le syndicat en deux l'an passé et à recruter les employés de la région de Québec et de l'est. Pourtant, l'histoire de cette OPA hostile, juste avant une ronde de négociation, ne serait-elle pas de nature à expliquer bien des choses? Tout comme ce commentaire du président du syndicat des entrepôts de la SAQ, affilié au SCFP, illustre bien le fossé qui sépare les deux cultures syndicales: «Nous avons abandonné la vieille formule des relations conflictuelles, nous misons sur le bon sens et sur des ententes bénéfiques aux deux parties. Jusqu'à présent, cela sert bien nos membres et l'acceptation de la nouvelle convention par une écrasante majorité (88 pour cent) en est une belle démonstration». Pense-t-on vraiment que ce genre de réflection est de nature à charmer un militant syndical en grève depuis plus de deux mois?

De toute façon, qui donc aujourd'hui s'intéresse au mouvement des travailleurs et des travailleuses (qui ne se limite pas au syndicalisme, soit-dit en passant). La vie des gens riches et célèbres est bien plus intéressante, non? Le syndicalisme, comme chacun sait, c'est dépassé...

[Extrait du bulletin de nouvelles du 18 janvier 2005 de Au ras des paquerettes, une émission d'actualité locale, sociale et syndicale dans un perspective libertaire diffusée tous les mardi à 9h sur les ondes de CKRL 89,1fm et sur le web à http://www.ckrl.qc.ca Reproduction encouragée en mentionnant la source.]

(1) ROUILLARD, Jacques, Le syndicalisme québécois, Deux siècles d'histoire, Boréal, Montréal, 2004 (première édition 1989), p. 155.

www.ckrl.qc.ca


Subject: 
Journaleux du dimanche
Author: 
Dominic Claveau
Date: 
Thu, 2005-01-20 14:21

Lors du vote de dimanche soir, les journaleux de tivi nous présentait exclusivement des interview avec du monde contre la décision de joindre la CSN... HA? Tien donc me dis-je le beau naif! Le vote passera pas! Un peu plus tard dans la soiré, le même ti-cul journaleux annonce s'en broncher que le vote a passer à ... 76%!! C'est ce qu'on appelle se faire prendre les culotte baissé. TVA à marde.


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Subject: 
la courte vue
Author: 
li kao
Date: 
Tue, 2005-01-25 21:17

la courte vue de la machine médiatique ne devrait plus nous étonner

le centrales n'ont plus le souffle et l'envergure d'idée de la jeunesse et font les compromis de l'age mur

les centrales sont devenus une muraille, un outil défensif

les changements sociaux radicaux viendront d'ailleurs

le semb est en position de faiblesse - des replis sont inévitables mais avec la csn ils éviteront la débacle

quand la saq pliera la première fois ce ne sera pas par faiblesse mais par choix stratégique, les membre du semb ne doivent l'oublier, sinon ils perdront gros

li kao


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Subject: 
Partout
Author: 
mj
Date: 
Sat, 2005-01-29 15:12

«Les centrales, écrivez-vous, sont devenues un outil défensif et les changements sociaux radicaux viendront d'ailleurs.» Que le mouvement syndical soit à l'occasion «défensif» ne signifie pas qu'il soit conservateur ou mauvais en soi. Entre les travailleurs qui revendiquent le droit de travailler, de vivre et de se loger dans des conditions qui respectent leur dignité humaine et ceux qui exigent que les protections de ces conditions, quand elles sont acquises, soient respectées, maintenues, il n'y a pas la différence qui mettrait d'un côté la démarche contestataire et de l'autre le conservatisme défensif. Ces deux démarches semblent au contraire complémentaires.
Pour ce qui est du «souffle» que n'ont plus, à votre avis, les syndicats et leurs centrales, il semble plutôt que les grévistes de la SAQ, qui tiennent depuis maintenant deux mois, deux mois hivernaux, ont de bons poumons et une bonne endurance.
Ce que le syndicalisme devrait développer à l'avenir, c'est peut-être la mobilisation de solidarité avec d'autres travailleurs et la mobilisation, plus combative, faite au nom, pas seulement des membres des syndicats, mais de l'idée de justice et d'égalité, au nom de l'ensemble des moins nantis, y compris des non-syndiqués, et des générations à venir. Et ne plus refaire de p'tites ententes donnant donnant avec un gouvernement de centre-droite moins franchement anti-syndical que le PLQ...
Pour ce qui est des changements sociaux radicaux que vous évoquez, ils viendront non pas d'un seul lieu («ailleurs», c'est un peu vague d'ailleurs). Ils viennent quand les mouvements sociaux et communautaires, les partis politiques, les organisations syndicales et les groupes d'intellectuels et d'artistes, appuyés sur la mobilisation populaire, attaquent sur une pluralité de fronts. Plutôt que l'«ailleurs», c'est le «partout» qu'il faut chercher. La première chose à éviter dans ces conditions, c'est la démobilisation : elle vient d'abord quand, au nom d'un radicalisme, on s'en prend au voisin réformiste et qu'on perd ainsi de vue l'ennemi commun : le capitalisme et le néolibéralisme.


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