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Chine: Trois ans de prison pour avoir diffusé ce tractEric Smith, Tuesday, January 11, 2005 - 09:34
Arsenal-express
Le 24 décembre dernier, deux maoïstes de la ville de Zhengzhou ont été condamnés à trois ans de prison chacun en Chine, pour avoir diffusé un tract défendant l'héritage révolutionnaire de Mao Zedong et condamnant la clique de capitalistes qui ont usurpé la direction du Parti et de l'État dans ce pays. L'un d'eux, Zhang Zhengyao -- un ouvrier âgé de 56 ans --, avait été arrêté le 9 septembre dernier après avoir distribué le tract jugé "subversif" lors d'un rassemblement tenu au Square Zijinshan afin de commémorer le 28e anniversaire de la mort de Mao. Officiellement, les dirigeants du Parti communiste et de l'État chinois se réclament toujours de Mao, du moins pour ce qui est du rôle qu'il a joué dans la lutte de libération et la fondation de la République populaire en 1949 (à noter que le régime considère toutefois que les mesures visant à approfondir le socialisme mises de l'avant par Mao, en particulier lors de la Révolution culturelle, constituent une erreur, voire même une "période noire" dans l'histoire de la Chine). En vérité, les dirigeants chinois actuels ont complètement détruit les réalisations de la révolution chinoise et sont aujourd'hui devenus de parfaits capitalistes. La Chine constitue désormais un modèle de réussite économique pour les capitalistes, qui ne fut toutefois obtenue qu'au prix d'une polarisation sociale extrême et de l'appauvrissement gigantesque de centaines de millions de personnes. Comme dans tout bon pays capitaliste qui se respecte, la classe dirigeante y réprime impitoyablement toute dissidence, et surtout quelque mouvement que ce soit susceptible de remettre en question son pouvoir et ses privilèges. Après la mort de Mao, ce sont des milliers de ses partisanEs qui ont été arrêtéEs, assassinéEs ou sont disparuEs, y compris ses plus proches alliéEs au sein du Parti communiste (que la nouvelle bourgeoisie triomphante avait qualifiée de "bande des Quatre" et dont Jiang Qing, la conjointe de Mao, faisait partie). Les grands médias occidentaux font état régulièrement des quelques cas de répression qui se produisent en Chine contre des "dissidents" favorables à un capitalisme à l'occidental, qui laisserait une plus grande place aux droits et libertés tels qu'on les conçoit dans le cadre du droit bourgeois. Mais on entend parler beaucoup moins souvent de la résistance des pauvres et des dépossédéEs, qui n'en luttent pourtant pas moins contre le régime actuel mais qui, plutôt que de souhaiter un capitalisme plus "civilisé", contestent la corruption et l'incroyable enrichissement de la clique dirigeante. Des centaines de révoltes paysannes éclatent ainsi à chaque année, d'un bout à l'autre de la Chine; tandis que se produisent régulièrement des grèves et des arrêts de travail "sauvages", en-dehors de tout contrôle de la part des syndicats officiels inféodés au régime. À travers ces différents mouvements, nombreux sont ceux qui cherchent à défendre et à faire revivre l'héritage révolutionnaire de Mao. Parmi les larges masses, un très fort sentiment existe voulant que la situation était bien meilleure et même que le régime était beaucoup plus humain à l'époque de Mao, ne serait-ce que parce qu'il assurait un toit et un revenu à tous et à toutes, mais surtout parce qu'il promouvait des valeurs de solidarité bien plus libératrices que l'égoïsme et la cupidité qui caractérisent le régime actuel. Selon des informations qui circulent sur plusieurs sites Internet et groupes de discussion progressistes animés par des Chinoises et des Chinois (notamment, par le "China Study Group") et qui ont été reprises dans l'édition de janvier du magazine Monthly Review publié aux États-Unis (http://www.monthlyreview.org), la ville de Zhengzhou constitue un des principaux bastions du maoïsme en Chine. À tous les ans, le jour de la commémoration de la mort de Mao, des milliers de personnes se rassemblement spontanément devant sa statue et scandent des slogans hostiles au régime, le tout se terminant invariablement par une confrontation avec les forces de l'ordre. Cette année, des supporters de Mao ont donc décidé de profiter de l'occasion pour diffuser ce fameux tract, qui devait entraîner leur arrestation. Dès 10h le matin, des flics en civil se sont emparés de Zhang Zhengyao et l'ont conduit au commissariat. La nuit suivante, à une heure du matin, on l'a raccompagné à son domicile, menotté, où la police a saisi son ordinateur, des copies supplémentaires du tract ainsi que d'autres documents qui s'y trouvaient. En cours d'enquête, trois autres personnes ont ensuite été arrêtées: il s'agit de Wang Zhanqing, qu'on a accusé d'avoir fait imprimer les tracts; de Zhang Ruquan, qui aurait payé l'imprimeur; ainsi que la conjointe de Zhang Zhengyao, Ge Liying, à qui on a reproché d'avoir publié le contenu du tract sur un site Web maoïste (appelé "Mao Zedong Flag"). Leur procès a été fixé au 14 décembre, puis reporté au 21. Les quatre prévenuEs furent initialement accuséEs de subversion, pour finalement être inculpéEs de crimes un peu moins graves, à savoir: avoir délibérément répandu des mensonges portant atteinte à la réputation d'autrui; et avoir mis en danger l'ordre social et les intérêts nationaux de la Chine. La nouvelle de ces arrestations s'est répandue dans tous les milieux de gauche en Chine, si bien que le 21 décembre, des supporters venus de partout ont convergé vers le Palais de justice et se sont joints aux ouvrières et ouvriers de Zhengzhou pour assister au procès, qui devait être public. Celui-ci fut toutefois tenu à huis clos; et le jour même, deux des accusés (Zhang Zhengyao et Zhang Ruquan) ont été trouvés coupables de "libelle diffamatoire" et ont été condamnés à trois ans de prison (le procès des deux autres accuséEs ayant été reporté à une date indéterminée). Shao Jingyan, qui a passé toute la journée aux portes du Palais de justice, raconte ainsi comme le tout s'est déroulé: "Les gens ont attendu toute la journée, dans une atmosphère extrêmement animée. Finalement, l'avocat des accuséEs est sorti pour nous donner un bref compte-rendu. C'est alors que nous avons appris que l'un des accuséEs, Zhang Ruquan, avait fait une vibrante déposition devant le tribunal, réfutant point par point chacune des accusations ayant été portées contre lui. Il a conclu son témoignage en disant: 'Je suis extrêmement fier d'avoir été arrêté pour avoir honoré la mémoire de Mao Zedong.' Lorsque le deuxième accusé, Zhang Zhengyao, est sorti du tribunal pour être conduit dans un fourgon cellulaire, la foule s'est approché en criant: 'Nous obtiendrons justice! La vérité va triompher!' Un des manifestants y est allé d'un cri du coeur: 'Tous ces officiels corrompus et malveillants prennent des airs supérieurs avec nous, mais tôt ou tard, ce sera à notre tour d'en faire notre affaire!'" Avant son décès, voyant la lutte de classes qui se poursuivait et les tentatives d'une bonne partie des haut dirigeants du Parti d'enligner la Chine sur la voie du capitalisme, Mao Zedong avait déclaré: "Si la direction de la Chine est usurpée par les révisionnistes dans le futur, les marxistes-léninistes de tous les pays devront les dénoncer et lutter implacablement contre eux, et aider les masses chinoises dans leur combat contre les révisionnistes." De voir, vingt-huit ans plus tard, de simples travailleurs et travailleuses de la base, en Chine, se lever courageusement pour défendre l'héritage de Mao et du socialisme constitue un énorme encouragement pour tous ceux et celles qui refusent le soi-disant "triomphe définitif" du capitalisme et souhaitent l'avènement d'une société nouvelle. Libérez les quatre de Zhengzhou, tout de suite! Lire la suite, comprenant de larges extraits du tract en question: * * * Article paru dans Arsenal-express, nº 34, le 9 janvier 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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