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Chine: Présentation du 1er concours de «Miss chirurgie esthétique»

Eric Smith, Saturday, January 1, 2005 - 20:51

Arsenal-express

Les médias occidentaux ont rapidement fait état, il y a quelques jours, de la tenue du premier concours visant à élire une "Miss chirurgie esthétique" en Chine. On aimerait bien que ceux qui se plaisent à nous rappeler qu'à l'époque de Mao, la société chinoise était si terrible dénoncent le formidable retour en arrière que subissent actuellement les femmes chinoises, avec la "démaoïsation" et le triomphe du capitalisme.

Les médias occidentaux ont rapidement fait état, il y a quelques jours, et comme si de rien n’était, de la tenue du premier concours visant à élire une Miss chirurgie esthétique en Chine. En fait, il s’agit là sans doute d’une première, non seulement pour la Chine, mais à l’échelle de toute la planète.

Ainsi, 19 finalistes âgées de 17 à 62 ans se sont affrontées le 18 décembre à Beijing, dans l’espoir de gagner la bourse tant convoitée de 50 000 yuans (environ 7 300$ CAD), en plus de quelques bijoux et un abonnement à un «salon de beauté». Le tout était organisé conjointement par des cliniques privées et des hôpitaux d’État où on pratique de telles interventions, avec la bénédiction officielle des autorités du soi-disant Parti communiste chinois (l’événement s’est même déroulé au Stade des ouvriers de Beijing).

Les organisateurs de ce désespérant concours ont justifié leur initiative en disant que «tout le monde a droit à la beauté» (c’est bizarre, mais il s’agit là d’un «droit démocratique» qu’on n’a jamais vu dans quelque charte que ce soit...). Ils ont également affirmé vouloir contribuer à «l’acceptation sociale» des femmes qui ont subi des transformations chirurgicales.

L’industrie de la chirurgie plastique se développe de manière absolument phénoménale en Chine, au rythme du développement du capitalisme privé lui-même. Dans son édition du 17 décembre, le Quotidien du peuple rapportait ainsi qu’on compte plus d’un million et demi de «salons de beauté» à travers le pays, dont un bon nombre offrent des services chirurgicaux, en-dehors de toute norme et de tout contrôle (en 2003, leur chiffre d’affaires a dépassé les 24 milliards de dollars canadiens).

Il semble que les femmes chinoises (du moins, celles qui ont les moyens de se payer ce genre de services) cherchent de plus en plus à ressembler aux Occidentales. La plupart des interventions qu’elles requièrent visent en effet à obtenir une poitrine plus volumineuse, à accentuer leurs traits jugés trop fins et surtout, à se faire agrandir les yeux, pour qu’ils apparaissent moins bridés (car c’est toute une honte, on le sait bien, d’avoir les yeux bridés...).

Étrangement, on n’a pas vu la cohorte habituelle des anticommunistes, qui ne ratent jamais l’occasion de rappeler que Mao était un «dictateur sanguinaire» qui ne se lavait jamais les dents et qui en plus cherchait à se débarrasser des moineaux, dénoncer cette nouvelle pratique, qui se répand à une vitesse fulgurante et par laquelle des femmes sont mutilées, au nom de valeurs typiquement capitalistes (savoir, le culte de la «beauté» associé à la réussite sociale individuelle).

On se rappellera qu’une des premières mesures que les communistes chinois avaient prises, avant même la prise du pouvoir en 1949, alors qu’ils avaient établi quelques zones libérées en Chine, avait été l’interdiction de cette vieille pratique ahurissante par laquelle les jeunes filles voyaient leurs pieds bandés, car les femmes avec des petits pieds étaient jugées plus séduisantes, selon la mentalité féodale et patriarcale qui régnait alors.

À l’époque où la Chine était encore un pays révo-lutionnaire, les communistes ont mené d’énormes batailles pour promouvoir l’égalité des femmes et mettre de l’avant l’atteinte d’objectifs collectifs, plutôt qu’individuels. La Chine socialiste avait même commencé à promouvoir un certain nombre d’héroïnes révolutionnaires, telle Jiang Qing, qui servaient d’exemples à toute la société et indiquaient quel genre de transformations révolutionnaires il y avait encore lieu d’accomplir. Mais tous ces acquis ont été remis en question avec le renversement de la ligne révolutionnaire et la prise du pouvoir par la clique de révisionnistes qui ont succédé à Mao, après la mort de ce dernier.

Ceux-ci sont désormais portés aux nues, par les bourgeois des grands pays impérialistes, et même par bon nombre d’intellectuelLEs qui n’ont jamais digéré la révolution maoïste, parce qu’ils réussissent à assurer le développement économique spectaculaire de la Chine. Mais on parle ici de développement économique pour qui? Et surtout, à quel prix? Voilà des questions qui n’ont aucune importance, aux yeux de tous ces bien-pensants, qui nous rabâchent encore et toujours ces vieilles histoires à propos des pauvres partisans du capitalisme qui ont été envoyés aux champs par les gardes rouges de Mao, où ils ont été obligés de travailler aux côtés des paysanNEs.

Nous sommes d’avis qu’il n’y aurait rien de mal, et que ce serait au contraire pleinement justifié, si les organisateurs de ce concours de la «Miss chirurgie plastique», tout comme les propriétaires de quelques grands «salons de beauté» qui font leur beurre en se moquant de la santé et de l’intégrité physique et morale des femmes, étaient à leur tour envoyés aux champs, voire dans quelque camp de rééducation, où on leur apprendrait à respecter ce petit quelque chose qui s’appelle la dignité de la vie humaine.

Et de grâce, à tous les Parti communiste canadien et Parti du travail de Belgique de ce monde, nous disons: cessez de déshonorer cet idéal si noble qui est le nôtre, en continuant de présenter faussement la Chine comme un pays socialiste!

* * *

Article paru dans Arsenal-express, nº 32, le 2 janvier 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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Subject: 
Mao et les femmes
Author: 
Bobino
Date: 
Wed, 2005-01-05 18:05

Vous avez probablement raison sur le goût douteux de ce concours, mais en matière de mal fait aux femmes j'aimerais bien savoir si il y a un personnage dans l'histoire qui a dirigé un régime qui a tué autant de femmes que Mao (puisque vous semblez en faire l'éloge) ?

Bobino


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Subject: 
Au fait, c'est combien?
Author: 
Eric Smith
Date: 
Wed, 2005-01-05 22:16

Qu'est-ce que c'est que ce commentaire? Le régime socialiste à l'époque de Mao n'a pas particulièrement tué de femmes.

Évidemment que nous le défendons, puisque la Chine de Mao a lutté contre le capitalisme et l'impérialisme et a tenté de construire de nouveaux rapports sociaux sans exploitation.

Cela dit, même si on admettait (ce qu'on ne fera pas, mais essayons tout de même) que le "régime de Mao" n'était pas valable, comme tant d'anti-communistes l'ont prétendu, celui-ci n'a jamais été dénoncé pour des exactions spécifiques et particulières qu'il aurait commises à l'endroit des femmes.


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Subject: 
Je parlais des millions de mo
Author: 
Bobino
Date: 
Thu, 2005-01-06 15:30

Je parlais des millions de morts que le régime a fait, dont des femmes.

Bobino


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Subject: 
Vous dites, M. Smith ?
Author: 
Bouddheur
Date: 
Fri, 2005-01-07 00:41

Les 2e et 3e paragraphes de l'extrait suivant, sur les Khmers Rouges dans les années 70, sont des plus édifiants... C'est sûr qu'il n'y a plus d'exploitation lorsqu'on a massacré tout le monde, femmes y compris, et main dans la main avec "le capitalisme et l'impérialisme" !

« (...) En décembre 1978 les Vietnamiens communistes, décidés à éliminer les Khmers rouges qui les titillaient, envahissent militairement le Cambodge et mettent en place un régime communiste à leur botte : la République Populaire du Kampuchéa.

Pour justifier cette "colonisation", ils font connaître au monde, à travers le filtre de leurs services de propagande, les horreurs des Khmers rouges. Cependant régime fantoche, né d'une intervention et d'une invasion étrangère, n'est pas reconnu par la communauté internationale. Il est même combattu par les Etats-Unis et la Chine, suivis de bien d'autres pays, qui, dans un même élan d'intérêts bien compris, aident et arment les Khmers rouges de 1978 jusqu'en 1989 pour les Etats-Unis, jusqu'en Décembre 1991 pour la Chine...

Paroles de Brezinki (Conseiller du Président Carter) :"j'ai encouragé la Chine à soutenir Pol Pot. J'ai encouragé les Thaïs à aider le Kampuchea Démocratique. Le problème était de savoir comment on pouvait aider le peuple cambodgien. Pol Pot était une abomination. Il était hors de question que nous le soutenions, mais la Chine, elle, le pouvait." (...) »

Source: Les Khmers rouges : un délire national-maoïste qui a tourné à l'hystérie meurtrière, puis au pillage des ressources du Cambodge

* * * * * * * * * *

Tiens, ça me rappelle une scène assez spéciale entre Mao, Nixon et Kissinger dans le film "Nixon" d'Oliver Stone. Car il y a eu quelques "deals" avec les Américains vers 1972*, notamment pour contenir l'expansion vietnamienne. Au prix d'environ 2 millions de vies cambodgiennes, pourrait-on arguer. Ça ressemblait pas mal à une grosse partie d'échecs géopolitique où on joue avec les peuples, avec en toile de fond le différend sino-soviétique et l'influence de l'URSS au Vietnam. Un grand jeu du style "Les ennemis de mes ennemis sont mes amis"...

Votre petit livre rouge parle-t-il de cela, M. Smith?

Le Bouddheur ;O(
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* Sources:
- http://www.frontlineonnet.com/fl2015/stories/20030801000107200.htm
(les 7 derniers paragraphes sont passablement intéressants)

- http://www.geocities.com/woodkirkcc/MrNixon.htm
(texte et photos des rencontres avec l'État chinois, et archives National Security de ces pourparlers secrets, au bas de la page)


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