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Pierre-André Taguieff : Un "prêcheur de haine" magistral.Anonyme, Sunday, December 5, 2004 - 10:49
Silvia Cattori
Critique d'un livre particulièrement diffamatoire contre les combattants de la liberté Pierre-André Taguieff : Un « prêcheur de haine » magistral Accuser les autres se ses propres péchés est une vieille tactique. C’est ce que fait le chercheur au CNRS, M. Pierre André Taguieff dans son livre « Prêcheurs de haine : Traversée de la judéophobie planétaire» (1) Si l’on suit son raisonnement, tout un chacun peut, aujourd’hui, demain, se voir abusivement soupçonné de « haïr les juifs », se voir accusé de « judéophobie » pour avoir porté un regard critique sur Israël ! D’autres vont le répéter. Et le tour est joué. Ce mot lâché, plus moyen de se laver de la souillure. A l’appui de citations tronquées, accompagnées de commentaires perfides, Taguieff n’a pas de mots assez méchants pour transformer les personnes épinglées, en épouvantails repoussants. (2) Dans les milles pages de son essai, pages toutes remplies de notes plus assassines les unes que les autres, Taguieff s’en prend tout particulièrement à des personnalités publiques qui se sont fermement opposées, ces dernières années, aux guerres anti-Arabes, anti-islam. Personnalités, donc, qui ont élevé la voix, pour condamner les violations, par Israël et les Etats-Unis, de la loi internationale et humanitaire qui protége les civils dans les zones occupées. Personnalités tout ce qu’il y a d’humainement et moralement respectables mais considérées par Taguieff - qui lui défend effrontément les violeurs du droit – comme faisant partie de ce « noyaux durs de judéophobes » qui véhiculerait « une pensée unique » teintée « d’israélophobie, d’américanophobie, d’islamo-gauchisme ». Taguieff cherche à répandre l’idée que les « ennemis des juifs » reviennent en force. Qu’ils sont partout. A droite comme à gauche, comme dans les mouvements anti-guerre. Qu’ils sont passés de « l’antisémitisme à l’antisionisme ». Qu’il y a parmi les « antisionistes légitimes » des « antisionistes absolus, qui sont aussi redoutables que les vieux antisémites ». Et ceux là il faut les bannir. Or, tout ce charabia ne tient pas la route. Même si Taguieff a troqué le terme « d’antisémitisme » contre celui de « judéophobie », même si les médias lui donnent toujours un vaste écho et si les politiciens peu courageux se couchent par pure couardise, il y a peu de chance que sa démonstration, soit prise au sérieux par le grand public. Les gens ne sont plus aussi dupes ! Si l’exploitation de l’« antisémitisme » a assez bien fonctionné jusqu’ici, il ne fait plus toujours recette aujourd’hui. D’autant qu’il y a eu, en 2004, toute une série de révélations qui ont permis à la police d’établir que des actes attribués trop hâtivement à « l’antisémitisme galopant » étaient, en vérité, des actes fabriqués de toute pièce par ceux-là mêmes qui hurlaient à la « persécution des juifs », fomentés par des pompiers pyromanes étroitement liés aux organisations juives. (3) Pourquoi des personnes de confession juive se livrent-elles à ce genre de provocations ? Il faut savoir qu’Israël a toujours compté sur l’arrivée de nouvelles vagues d’immigrants juifs pour préserver un équilibre démographique face aux Palestiniens. Et comme les Français sont de moins en moins tentés d’aller s’établir en Israël, il faut leur donner, de-ci de-là, un coup de pouce en leur faisant très peur pour les pousser à émigrer en Israël. Cela permet du même coup de justifier l’injustifiable. D’accréditer l’idée que les colons juifs qui vont s’installer demain sur des terres volées aux Palestiniens sont la conséquence directe, donc excusable, des « persécutions » dont ils seraient toujours victimes en France. (4) Aujourd’hui, tout le monde est censé savoir que, ces dernières années, alors que des organisations comme le CRIF ameutaient toute la classe politique française autour de « l’antisémitisme », Israël perpétrait en Palestine les pires crimes de guerre de son histoire. Toutes ces campagnes qui agitaient le spectre de « l’antisémitisme » étaient idéologiques. Elles servaient des objectifs politiques. Et elles allaient toujours en s’amplifiant au moment où Israël se livrait à des opérations sanglantes contre les Palestiniens. Il s’agissait de faire diversion. Ainsi, pendant qu’Israël massacrait les Arabes sans être dérangé, les inconditionnels d’Israël dans le monde faisaient tout un tintamarre, autour de faux actes « antisémites ». Il y a des chiffres qui démontrent que, durant ces années, il y a eu plus de cimetières chrétiens et musulmans profanés que de cimetières juifs. Voilà pourquoi, depuis qu’Israël a durci sa politique répressive en Palestine, il ne s’est pas passé une semaine, sans que le journaliste-philosophe M. Alain Finkielkraut ou le président du Conseil Représentatif des Instituions Juives de France (CRIF), M. Roger Cukierman, ne montent au créneau pour nous marteler que « les juifs » étaient en danger en France et de pointer du doigt « les banlieues ». Ce qui revient à introduire l’idée qu’ils veulent faire passer : que les Arabes sont la première menace, et que l’Islam est l’ennemi du monde chrétien. Tout cela est parfaitement cynique. Mais pour tous ceux qui calquent leur manière de voir sur celle d’Israël, c’est de bonne guerre. Ainsi, à force de diaboliser les « banlieues », subrepticement, la petite écolière couverte d’un foulard deviendra, aux yeux des Français qui se sont insensiblement pénétrés de ce « discours de haine » pernicieux, aussi dangereuse que le Palestinien en rébellion contre l’occupant israélien. Qui versera une larme quand les avions iront bombarder ces « fanatiques », en Palestine et en Irak ? Combien de temps la France va-t-elle encore supporter sans réagir que des provocateurs et des manipulateurs à la solde d’Israël, qui se sentent finalement plus israéliens que français, continuent de fomenter des troubles pour diviser les citoyens ? Israël, quoi qu’il fasse, peut toujours compter sur des alliés qui le soutiennent et reprennent sa propagande. Propagande qui consiste à faire des amalgames entre un « terroriste » et un résistant, entre l’islam et le réseau Al-Qaida, à associer tout musulman qui fait sa prière à la mosquée et toute femme qui porte le foulard à des « extrémistes », à des « fanatiques », à des « terroristes ». Taguieff n’est pas le plus actif d’entre ces inconditionnels qui nous désinforment quotidiennement. Il n’est que le plus petit maillon d’une chaîne de « maître de discours » qui occupent tout le champ médiatique, qui pèsent sur la politique en France et participent de ce processus de déshumanisation de l’Arabe, de l’Islam, qui conforte les intérêts d’Israël. (5) Processus qui va toujours de pair avec le lynchage de ceux qui osent contrecarrer leurs mensonges et appeler à plus d’humanité envers nos frères arabes. Quand Taguieff accuse des personnes qu’il ne connaît pas, de « judéophobie », de « révisionnisme », de « négationnisme », il se révèle être lui-même un prêcheur de haine magistral. Haine de ceux qui défendent des valeurs de justice et qu’il piétine allégrement. Haine de ces « féministes et alter mondialistes » qui défendent le droit des femmes musulmanes à porter le foulard et donnent la parole à Tariq Ramadan. Haine de ceux qui ne partagent pas sa haine de l’Arabe et de l’Islam. Combien de personnalités respectables n’ont-elles pas déjà été salies, par le passé, par ce genre de simplifications ? Marguerite Yourcenar - pour ne citer que l’une des plus célèbres d’entre elles - a énormément souffert d’avoir été abusivement soupçonnée « d’antisémitisme ». Il suffit de se rapporter aux récentes campagnes médiatiques contre Tariq Ramadan pour mesurer l’ampleur de la haine anti-musulmane. En quelque mois les médias ont fait de cet intellectuel musulman, un personnage douteux, dangereux, infréquentable. (6) En réalité, les « prêcheurs de haine » ne sont pas là où Taguieff, à l’instar d’André Glucksman (7), veut bien nous le faire croire. Son propre « discours de haine » vise à faire taire les défenseurs du droit international qui critiquent Israël et les Etats-Unis, et à durcir les lois qui permettraient de les bâillonner. La diabolisation des Arabes et de la religion musulmane par les va-t-en guerres et les idéologues du choc des civilisations, favorise les intérêts d’Israël, pas ceux de la France. Ce sont donc eux, les Arabes et les musulmans, les principales victimes de racisme en France. C’est d’eux que Taguieff aurait dû se préoccuper en priorité. Or, pour Taguieff, si la déshumanisation des Arabes est naturellement admise, la critique de la politique raciste de l’Etat d’Israël n’est pas acceptable. Vous l’avez compris, ce qui scandalise Taguieff ce ne sont pas les victimes innocentes des guerres criminelles de Sharon et Bush, ni les actions douteuses en France de certaines organisations juives qui cherchent à diviser les citoyens ; ce qui le scandalise ce sont uniquement les forces politiques qui refusent l’inacceptable : l’occupation militaire israélienne en Palestine, l’occupation américaine en Irak, et toutes les souffrances qu’elles génèrent. Apporter son soutien à un Etat qui nie le droit d’exister aux Palestiniens, ce n’est pas une position défendable. Qu’importe ! Il s’agit pour les Taguieff de donner un coup de main à Israël au moment où, malgré tous les efforts déployés au dehors par ses défenseurs pour tenter de sauver son statut de victime éternelle et pour l’embellir, son image de « pays civilisé et démocratique » s’effrite. On ne peut pas tromper le monde indéfiniment. Donner à l’antisémitisme - ou à la «judéophobie » - une ampleur qu’il n’a pas, fait l’affaire d’Israël ; cela ne fait pas l’affaire de la France. Nous devons refuser cette grille de lecture tendancieuse et régressive. Nous devons lutter contre ces campagnes mensongères qui visent à nous faire voir le monde arabo-musulman comme l’ennemi de l’Occident. Taguieff se vante d’« avoir fait un livre sérieux, à visées nobles et culturellement savantes » ! Dans son passage sur les ondes de France culture il est apparu comme un homme médiocre, suffisant, présomptueux, imbus de lui-même et parfaitement cynique. Voici quelques extraits de ses réponses aux questions posées par deux journalistes manifestement sceptiques. (8) Vous avez fait un «massacre de personnalités (…), il n’y a plus grand monde qui trouve grâce à vos yeux, c’est un peu abusif » ! Qui sont les judéophobes ? Mais vous vous alignez sur les positions des Sharon et Bush. Vous allez avoir une partie de l’opinion française choquée! Est-ce à dire que, dans la position anti-guerre française, il y a des traces de judéophobie ? Les Etats-Unis peuvent bombarder où ils veulent ? Vous avez tendance à ne parler que de pacifisme radical et à mettre dans le même sac ceux qui ont réfléchi (aux enjeux de la guerre) ? Quand passe-t-on de « l’antisionisme légitime à l’antisionisme absolu » ? Tout cela est une invention totale ? Vous dites que l’espace médiatique méconnaît les pays Arabes ? Mais, là encore, c’est le pompier pyromane. Il n’y a pas plus manichéen que Taguieff. Il y a le camp des justes d’un côté, son camp, et le camp des « pacifistes » de l’autre côté ; camp qu’il soupçonne d’« antisémitisme », d’« antisionisme radical », de « judéophobie ». D’après vous, chers lecteurs, qui portez la blessure d’un monde déchiré, qui sont les manichéens qui voient tout en noir et blanc et ne sont pas capables de dialoguer ? (1) Editeur Mille et une nuits, septembre 2004. silv...@yahoo.it Note sur l’auteur de ce texte. « Silvia Cattori, est une journaliste indépendante de nationalité suisse et de langue maternelle italienne.
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