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Les producteurs de bovins habiles à déformer la réalitéAnonyme, Monday, November 29, 2004 - 16:06 (Analyses | Agriculture)
redacteur@la-vie-rurale.info
Depuis 1 mois, il n'y a pas une semaine que nous attendons parler des malheurs des producteurs de bovins soit dans les journaux ou soit à la télé. L'appareil médiatique de l'Union des producteurs agricoles, de la Fédération des producteurs de lait et de la Fédération des producteurs de boucherie ne passent pas une semaine sans rappeler aux médias le problème des producteurs. De plus, mêmes les Fédérations et syndicats régionaux s'arrangent pour occuper la place publique dans les différentes régions du Québec. Bien que le problème soit réel, certains reportages dans les médias apportent des faits erronés qui faussent la réalité au public québécois. La crise de la vache folle: Deux types de productions affectées Il faut savoir que le problème touche deux types de producteurs agricoles et que selon le cas, le niveau de perte de revenu n'est pas le même pour les deux. Nous avons le producteur de lait qui possède des vaches laitières. Son revenu principal est la vente du lait. La vente de céréales, les travaux à forfaits, la vente de bois de chauffage, la vente de foin et la vente de ses vaches de réformes complètent son revenu principal. Ce n'est pas la vente de vaches de réforme qui lui permet de vivre et une baisse du prix obtenu pour ses vaches de réforme diminuera un peu son revenu mais sa situation financière ne deviendra pas précaire. Il n'y a pas de producteur laitier qui se lance dans la production de lait pour vivre du revenu de vente de vaches de réforme. Ces vaches âgées de 3 à 10 ans sont destinées à la production de boeuf haché uniquement à cause de la dureté de la viande. Nous avons aussi le producteur de bovins de boucherie qui peut être divisé en deux sous-types: Le producteur de vache-veaux qui produit les veaux d'embouche et le producteur de bouvillons d'abattage qui utilise les veaux d'embouche pour les faire engraisser jusqu'à un poids moyen d'abattage de 815 livres. Le producteur de bovins peut englober les deux sous-types de production ou produire un seul type. Ce sont les producteurs associés à ce type d'élevage qui sont le plus affectés par la crise de la vache folle puisque le revenu principal de ces producteurs est la vente de bovins de boucherie ou de veaux d'embouches. Nous comprenons maintenant qu'une baisse dans le prix du boeuf entraîne une perte de revenu direct pour ces producteurs. C'est avec ce type de bovins que les différentes découpes de viande que nous retrouvons dans nos épicerie sont réalisées. Il est facile de contrôler l'opinion public ainsi lorsque nous regroupons les deux types de production ensemble et que nous retenons seulement les éléments négatifs de chaque production afin de faire paraître notre cause très grave aux yeux de l'opinion public. Si ça ne serait que ça, la situation serait tolérable. Mais il y a place en plus à la désinformation quand les faits énoncés ne correspondent pas à la réalité.Il y a beaucoup d'exemples qui pourraient être pris mais nous en prendrons seulement deux pour démontrer le stratagème d'aggravation de la réalité. Un producteur de lait subit des perte de 17 788,74 $ Dans un article du journal l'Action publié dans la région de Joliette, nous pouvons lire: "(...) est propriétaire avec son épouse et son fils d'une ferme laitière de 50 vaches en production à Saint-Ambroise.En 2004 seulement, la crise de la vache folle lui aura coûté 17 788,74 $. Pour chaque vache qu'il vend à l'abattoir, il perd 406,36 $ (il obtenait 732,83 $ par tête avant la crise, alors qu'on ne lui en offre que 326,47 $ actuellement)." À première vue, la situation de ce producteur est désastreuse. Près de la moitié d'un salaire d'un employé qui gagnerait 35 000 $ par année. Nous ne pouvons que compatir avec ce producteur. Mais si nous effectuons quelques calculs simples, la situation est très différente. Prenons sa perte de 17 788 $ (Nous laissons tomber les cennes), divisons ce montant par la perte par vache de réforme vendu de 406 $ et nous obtenons 44 vaches réformées durant 2004. C'est un taux de réforme de près de 88 %. Ce producteur doit sûrement avoir un problème de santé avec ses vaches pour avoir un tel taux. S'il ramenait ce taux de réforme au taux moyen obtenu de 34 % pour 2003 par les troupeaux inscrits au programme d'amélioration des troupeaux laitiers du Québec (PATLQ), c'est environ une perte de 7000 $ qu'il aurait. Beaucoup moins impressionnant pour les médias. De plus si ces 50 vaches produisent 5000 litres de lait par année par vache (Chiffre très inférieur à la moyenne québécoise) et qu'il vend ce lait à 0,62 le litre, il obtient des ventes de lait pour un montant de 155 000 $ par année. Sa perte représente donc 5 % de ses revenus en vente de lait. Il est difficile de croire à la difficulté de ce producteur. Nous ne croyons pas que les producteurs laitiers soient en danger de disparition. «Si rien n’est fait rapidement, d’ici six mois, 50 % des fermes élevant des veaux et des vaches vont disparaître… On n’a jamais vu un avenir si noir…» Cet extrait alarmiste provient d'un article du Journal de Montréal d'aujourd'hui. Dans cet article aussi, on trouve des faits inexacts utilisés dans des buts de propagande syndicale. "Fils d’habitant, ancien épicier boucher, Donald et son épouse Huguette, institutrice, ont acheté il y a 20 ans une ferme de 250 arpents et louent 245 autres arpents pour élever 300 têtes de bétail de grande qualité. Juste avant le début de la crise de la vache folle, ils avaient investi 200 000$ pour moderniser leurs bâtiments et les mettre aux normes. «Depuis le 20 mai, le prix de la viande a fondu… Nous n’avons plus de liquidités, j’ai des tracteurs en panne que je n’ai même pas les moyens de réparer, je ne sais plus quoi faire… Je ne sais pas comment nous allons nous en sortir…», dit l’agriculteur qui aspirait pourtant à la prospérité. Des bouvillons qui se vendaient 2000$ avant le 20 mai 2003 ne rapportent plus que 500$ ou 600$ dans le meilleur des cas." «Il en coûte environ 600$ par année pour nourrir et soigner une vache. Ça me coûte pas loin de 180 000$ par an pour nourrir mon troupeau, comment voulez-vous qu’on arrive…», dit l’éleveur sur un ton de découragement." Le montant obtenu pour les bêtes de ce producteur est faussé. En regardant le tableau fourni par la Fédération des producteurs de bovins du Québec, nous constatons qu'actuellement le prix de vente d'un bovins de 815 livres prêt pour l'abattage est de 130 $ du 100 livres. Nous obtenons un montant de 1160 $. C'est vrai que le montant pour un bouvillon vendu était de 500 - 600 mais c'était durant les premiers mois de la crise. Plus maintenant et ce depuis novembre 2003. Ce montant ne comprend pas non plus les versements spéciaux du gouvernement fédéral. Le producteur a "beurré" épais. Sa situation est sans doute malheureuse mais c'est beaucoup plus difficile de faire valoir ces droits quand l'on déforme la réalité d'une situation. «Et le gouvernement qui n’en finit pas d’imposer de nouvelles normes, d’augmenter nos coûts de production, de multiplier les contraintes…», ajoute-t-il dépité. C'est curieux nous croyions que les problèmes des producteurs de bovins étaient liés à la crise de la vache folle. «Nous les producteurs de bœufs, nous lançons un cri d’alarme à la population du Québec. Il faut supporter notre agriculture, il faut supporter la production de viande québécoise, il faut sauver nos fermes, sans quoi dans quelques années, notre viande viendra du Brésil, du Nicaragua ou d’autre pays éloignés. Des pays où nous n’avons aucun contrôle sur la qualité de la production…», lance Donald Bernèche. Ce cri d'alarme est simplement non fondé. Ce n'est pas vrai que notre viande viendra de d'autres pays dans quelques années pour la simple et bonne raison que le consommateur québécois désire de la viande québécoise. De plus, il faut savoir qu'une partie de la production bovine est exportée à l'extérieur du pays. La pire situation qui pourrait arriver advenant un maintien de l'embargo. c'est la disparition des producteurs de bovins d'exportations. Seul les producteurs de bovins du marché domestique resteraient. Pas de panique, M. Bernèche, vous ne mangerez pas de viande étrangère. En utilisant une telle stratégie de déformation des faits, les producteurs de bovins réussissent à obtenir l'appui du public. Cependant le public n'est pas duple. Si le conflit venait à se prolonger, il n'est pas certain que l'opinion public serait très patiente pour les gens qui essaient de les manipuler. Cependant cette stratégie risque de faire peur aux deux ministres de l'agriculture qui voudront sauver la face durant le congrès de l'Union des producteurs agricoles cette semaine. Selon l'UPA. ils affronteront des producteurs impatients et menaçants prêts à tout pour obtenir gain de cause. Auparavant cependant, ces producteurs devraient apprendre à dire la vérité à la population québécoise.
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