Malgré un climat très agressif qui tenta d'empêcher la tenue de la 19è Rencontre de Femmes à Mendoza, il s'est réalisé une manifestation de 20 000 femmes réclamant comme partie de la faculté de décider sur son propre corps, le droit à l'avortement si nécessaire.
Ni les agressions verbales ni les coups infligés aux femmes isolées, identifiées comme faisant parties de 19è la Rencontre Nationale de Femmes, ni les 300 personnes, la majorité des hommes, qui, formés avec discipline devant l'Eglise des jésuites, criaient "vie!" au passage de la manifestation ne purent empêcher que les 20 000 femmes qui s'étaient données rendez-vous à Mendoza pour débattre d'un large spectre de thèmes fassent entendre leurs consignes historiques : le droit à décider sur leurs corps, le droit à avorter si c'est nécessaire, le droit à une anticonception sûre.
Les revendications se firent visibles par des milliers de foulards verts -incorporés depuis l'année dernière comme signe de reconnaissance- sur les têtes, autour du cou, la taille ou s'agitant au vent comme des drapeaux et qui ont accompagné une autre exigence qui cette année s'est exprimée avec beaucoup de force : la libération des détenu(e)s arrêté(e)s lors des protestations sociales et des femmes emprisonnées pour s'être défendues de la violence de genre.
Peu d'habitants de Mendoza se souviennent d'une marche aussi importante que celle d'hier, encore moins dans la coquette intersection de Belgrano et Emilio Civit, où était convoqué le rassemblement. C'est que cet endroit est le rendez-vous obligatoire du dimanche après-midi de la classe moyenne, quand les deux glaciers les plus traditionnels de la province se remplissent de jeunes qui montrent leur bronzage obtenu durant le week-end. Si les journaux locaux insistaient sur "l'invasion" des femmes, pour ceux qui sans être prévenus stationèrent leurs voitures près de la tête de l'immense colonne de femmes, grosses, maigres, jeunes, vieilles, provinciales, aborigènes, ouvrières, chômeuses, féministes, "putes, travestis et lesbiennes", comment le disait une des banderoles, l'annonce n'était pas exagérée. "Quel moment, malgré tout, nous leur avons fait la rencontre !" s'est chanté avec force et avec la pleine conscience pour les milliers de femmes qu'il y avait un destinataire pour ce défi. Parce que si en dix-neuf années consécutives de rencontre les plus expérimentées se rappellent de plus d'une provocation de la part de groupes fondamentalistes contre la possibilité pour les femmes de débattre et prendre des décisions de manière autonome, cette fois l'agression fut violente et organisée.
Elle le fut tellement que le Réseau de Mendoza des Droits de l'Homme a convoqué à une conférence de presse pour dénoncer et désavouer une succession d'attentas qui commencèrent par des tags qui s'opposaient à quasiment tout ( non à l'avortement, à l'anticonception, aux lesbiennes, aux travestis, à l'éducation sexuelle, aux préservatifs...) et qui ont augmenté en intensité jusqu'à ce que l'entreprise d'électricité dénonce qu'il a été placé un explosif artisanal dans une centrale électrique qui fournissait le Club Pacifico, le lieu où les femmes allaient réaliser leur fête de clôture.
“Nous avons recu de multiples plaintes qui indiquent la présence de personnes organisées qui s'autodéfinissent comme appartenant à l'Eglise Catholique, qui au travers de faits de violence ont tenté d'imposer leurs critères", affirme le communiqué du Réseau, qui se termine en exigeant au Gouvernement l'ouverture d'une enquête concernant l'existence d'une "association illicite intégrée par ceux qui ont participé à ces actions." Cette dénonciation, qu'accompagne aussi Amnesty International avec un communiqué à part et qui fut présenté avec la commission d'organisation de la Rencontre, est la plus forte de ces 19 années de débats horizontaux, ouverts et participatifs. Ce fut seulement quand la Rencontre eut lieu à San Juan -par hasard la province voisine– que les agressions furent autant belliqueuses.
Pourquoi penser à une association illicite et non à des éléments isolés ? "Il y a eu de toute évidence une coordination dans les actions, une planification pour intervenir dans les débats en utilisant des huissiers ou des avocats disposés à rédiger des actes ou à monter des scènes en présence de la police ; et cela ne s'improvise pas un samedi ou un dimanche de long week-end
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