Multimedia
Audio
Video
Photo

Le Salvador en Amérique Centrale : vers l’éclatement d’une zone de libre privatisation de l’eau ?

gignacnic, Thursday, August 26, 2004 - 13:38

Nicolas G.

La situation catastrophique de l'eau au Salvador en Amérique Centrale ne va pas en s'améliorant. La crise de l'eau fait toujours rage et le gouvernement de droite au Salvador cherche la solution d'une privatisation coûte que coûte...

Août 2004. Après le traité de paix de 1992 mettant fin à la guerre civile d’une dizaine d’années dans le pays, les Salvadoriens ont découvert l’état lamentable de leur territoire et ce, à tous les aspects : qualité de l’eau, infrastructures, déforestation, agriculture, dégradation des sols, gestion de l’eau, politiques environnementales, etc. Â cette époque, la crise de l’eau potable au Salvador était telle que 95 % des eaux douces superficielles du pays était fortement contaminées (déchets domestiques, industriels et agricoles).

Aujourd’hui, la crise de l’eau fait toujours rage et le développement effréné à saveur états-unienne n’a nullement réduit ses effets sur la population. Selon les dernières statistiques du Ministère de la Santé, plus de 12 000 enfants meurent chaque année au pays à cause de maladie gastro-intestinale dû à la consommation d’une eau fortement contaminée, spécialement dans les zones rurales et urbaines marginalisées. En fait, moins de 2 % de l’ensemble de l’eau est traité avant d’être rejeté dans l’environnement. Les communautés rurales (autour de 40 % de la population) du Salvador sont particulièrement touchées par la crise de l’eau et ils demeurent, pour l’instant, sans moyen tangible. En région rurale, uniquement 25 % des ménages ont accès à une eau potable, ce qui contraste avec les zones urbaines qui en bénéficie à 85 %.

Dernièrement, avec le désastre naturel causé par l’ouragan Mitch (1998), les derniers séismes (ex. tremblements de terre à San Salvador en 2000), l’absence de politique gouvernementale ferme en environnement et la dollarisation états-unienne (abolition de la monnaie locale), la restructuration paysanne a été ralentie et la qualité de vie de la collectivité salvadorienne fut considérablement affectée. Présentement, les institutions gouvernementales sont peu intégrées et les structures pouvant améliorer collectivement l’accès à l’eau potable demeurent plutôt faibles. Ce manque de vision environnementale est appuyée par une multitude de lois hétéroclites qui occasionnent des difficultés dans leur interprétation et ne visent pas essentiellement le bien collectif de la ressource.
Face à ces problèmes graves, des choix importants ont dû s’imposer à moyen terme pour améliorer la situation de l’eau et financer des projets de développement hydrique au Salvador, mais à quel prix ? En effet, suite à l’état critique de l’eau à la fin des années 90, le gouvernement salvadorien de Francisco Flores (parti de droite, nommé ARENA) a débuté une réforme complète du secteur hydrique, que certains aimaient appeler la « Nouvelle Alliance ». Ce projet, avec l’aide d’institutions financières telles que la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et la Banque Mondiale, désirait faire une meilleure gestion de l’eau en impliquant les services privés et la libre commercialisation de l’eau. En faisant la promotion de l’implication du privé au Salvador, le gouvernement prenait également des mesures concrètes pouvant augmenter la participation du privé dans le domaine de l’eau. Ces dernières décisions ont occasionné pour la majorité de la population des tarifs très élevés pour les services d’eau, un avantage notable pour les quartiers riches et les grandes entreprises polluantes, une consommation irresponsable de la ressource, une eau dangereusement contaminée et non traitée adéquatement.

Ce contexte en faveur de la privatisation et d’une réorganisation économique néo-libérale depuis une dizaine d’années au Salvador (construction de « maquilas », privatisation de la distribution d’électricité, du système de santé, monopole du café) n’ont fait qu’enrichir une élite économique et politique. Les constructions massives d’autoroutes et de barrages hydroélectriques en symbiose avec les entreprises privées et ce, sans consultation publique, ne font qu’amplifier la vague de privatisation qui déferle au Salvador. En fait, à ce jour, le gouvernement Salvadorien n’a pas encore publié une version définitive et intégrale d’une loi cadre ou d’une politique claire dans le domaine de l’eau. De plus, l’empressement de l’actuel Président Elìas Antonio Saca à signer un Traité de Libre-échange (TLC) avec les États-Unis et l’appui inconditionnel qu’il accorde au Président Bush (ex. envoi massif de militaires Salvadoriens en Irak) nous laisse présager sur ses visées et son agenda politique. À travers toutes ces décisions politiques, l’avènement d’une Zone de Libre Échange des Amériques (ZLÉA) en 2005, sous des conditions similaires aux traités commerciaux déjà entamés dans la région, nous permettent d’entrevoir les risques sociaux et environnementaux d’une accélération de la démarche de privatisation de l’eau dans le pays et dans toutes les Amériques.

Enfin, les grands défis environnementaux au Salvador et en Amérique Centrale, nous interpellent, puisque plusieurs compagnies canadiennes ont et vont participer à ces projets de commercialisation des ressources naturelles. Ainsi, plusieurs questions demeurent et nos gouvernements doivent clarifier la position stratégique qu’ils veulent prendre au sein des Amériques. Est-ce que le Canada peut jouer un rôle majeur dans cette vague de privatisation ? Est-ce que nos décideurs vont signer ce genre de traités internationaux inéquitables qui ne visent que la supériorité économique en Amérique et ce, sans réelle base de protection sociale, humaine et environnementale ? En fait, seul l’avenir nous permettra de savoir si nos gouvernements entérineront ce drame humain (eau : source de profit, source de conflit, source de vie) à l’échelle des Amériques.

Nicolas Gignac.

Sources d’information :

- Association Nationale pour la défense, le développement et la distribution de l’eau en milieu rural (ANDAR). San Salvador, El Salvador. Courriel : and...@netcomsa.com

- Association Equipo Maiz (2001) Gota a Gota, el agua se agota. El Salvador, 96 p.

- Association Equipo Maiz (2003) La Plaga Para la gente Pobre : El Plan Puebla Panama. El Salvador, 56 p.

- Centre Salvadorien des Technologies Appropriées – Les Amis de la Terre (CESTA-AT). San Marcos, El Salvador. Site Internet : www.cesta-foe.org

- Foros Mesoamericano Anti-Represa y Biodiversidad (2004). Carolina, San Miguel, El Salvador.

- Gouvernement du Salvador (1995) Estratagia Nacional del Medio Ambiente y Plan de Acción. San Salvador, El Salvador.

- Union Écologique Salvadorienne (UNES), Fédération Luthérienne Mondiale (FLM-DSM-ES), Forum Régional pour la Gestion du Risque (FRGR). (2001) Hacia la Gestión Sustentable del Agua en El Salvador : Propuesta Básicas para elaborar una Política Nacional Hídrica. San Salvador, El Salvador.

AttachmentSize
17934.jpg0 bytes


CMAQ: Vie associative


Quebec City collective: no longer exist.

Get involved !

 

Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une Politique éditoriale , qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.

This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an Editorial Policy , which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.