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«SI LE PUBLIC SAVAIT...» (Élections dans la Floride de Jeb BushMichael Patrick..., Monday, July 19, 2004 - 21:10 (Analyses)
Jean Guy Allard
La langue anglaise possède un mot très sonore pour désigner les escrocs. On les appelle "crook" (prononcez crouque) avec un certain ton de mépris. Ce qualificatif va comme un gant à l'homme qui a exclu 40 000 ex-sanctionnés de plus des listes électorales dans un État où 600 000 personnes ayant des antécédents judiciaires sont déjà privées de droit de vote, alors que lui-même a été étroitement liés à des fraudeurs notoires. I N T E R N A T I O N A L E S «SI LE PUBLIC SAVAIT...» PAR JEAN-GUY ALLARD La langue anglaise possède un mot très sonore pour désigner les escrocs. On les appelle "crook" (prononcez crouque) avec un certain ton de mépris. Ce qualificatif va comme un gant à l'homme qui a exclu 40 000 ex-sanctionnés de plus des listes électorales dans un État où 600 000 personnes ayant des antécédents judiciaires sont déjà privées de droit de vote, alors que lui-même a été étroitement liés à des fraudeurs notoires. Arrêtée pour possession de drogue, la fille du gouverneur, Noelle Bush, n'a pas perdu son droit de vote grâce à la complaisance des tribunaux. Le crook Miguel Recarey, ex-associé de Jeb Bush, tel qu'il apparait dans les fichiers du FBI. Trois ans et demi après la farce électorale de 2000 et à moins de cinq mois du scrutin de novembre, la situation incroyablement anarchique du système électoral de la Floride de Jeb Bush non seulement ne s'est pas améliorée mais elle a même empiré, selon différents analystes du sujet. Et le scandale de la liste des exclus du frèrissime gouverneur vient de démontrer qu'il préparait, en marge des innombrables déficiences de l'appareil électoral, une gigantesque fraude destinée à exclure des dizaines de milliers d'électeurs, dans une forte proportion afro-nord-américains. SEULEMENT 61 HISPANIQUES SUR UNE LISTE DE 47 763 EXCLUS Le scandale des "listes d'ex-sanctionnés" qui fait actuellement la une des quotidiens de la Floride n'a pas non plus conduit la justice nord-américaine et floridienne à agir contre le frèrissime bien qu'il s'agisse d'une fraude politique gigantesque qui avait comme objectif de tromper l'ensemble du public de l'État, enlever leur droit de vote à des dizaines de milliers d'électeurs en favorisant frauduleusement le Parti républicain et la réélection de George W. Bush au scrutin de novembre. L'insistance avec laquelle Bush a voulu imposer l'élimination aveugle des listes électorales de plus de 47 000 prétendus ex-sanctionnés qui a provoqué il y a peu la démission de Ed Kast, le chef du Département des élections, et le caractère secret du document, ont été expliqués par la découverte, ces derniers jours, de la fraude qui se préparait. Les médias de la Floride, en analysant la liste —finalement obtenue, après une lutte intense, par l'American Civil Liberties Unión— ont révélé que les hispaniques, y compris les cubano-américains qui votent traditionnellement républicain, étaient pratiquement absents du document qui contenait les noms de plus de 20 000 afro-nord-américains. Seulement 61 noms hispaniques figuraient dans la liste de 47 763 noms alors que les citoyens de cette origine représentent 17% de la population de cet État. Il faut rappeler que dans le pays qui s'autoproclame modèle de démocratie, plus de 4 millions de citoyens n'ont pas le droit de voter parce qu'ils possèdent des antécédents judiciaires. De ce nombre, une forte majorité est composée d’afro-américains, un groupe social dont les votes vont généralement, à un très fort pourcentage (presque 90%) au parti Démocrate. L'État de la Floride, stratégique pour la réélection du président Républicain George W. Bush, et gouverné par son frère, maintient ainsi plus de 600 000 ex-sanctionnés à l'écart du processus démocratique, un record à l'échelle de la nation. Les dernières données disponibles du Département nord-américain de la Justice indiquent que fin 2002, 6,7 millions de nord-américains se trouvaient en libération conditionnelle, en prison ou en liberté sous cautionnement. Seuls quatre États, le Massachusetts, l'Utah, le Maine et le Vermont, permettent le vote des détenus. Sept autres États, dont la Floride, refusent le droit de voter aux ex-sanctionnés, ce qui leur enlève simultanément le droit de solliciter des emplois dans un nombre important d'organismes et d'entreprises. Au cours des dernières semaines, les révélations sur la liste des exclus de Bush se sont multipliées. Les superviseurs électoraux des différents comtés de la Floride eux-mêmes, réunis à Key West, ont indiqué qu'ils ont trouvé de six à sept pour cent d'inscriptions erronées dans la liste. Le Miami Herald, pour sa part, a observé que 59% des individus éliminés étaient officiellement enregistrés comme Démocrates tandis que seulement 19% l'étaient comme Républicains. D'un autre côté, 2 119 ex-sanctionnés, afro-nord-américains et Démocrates dans leur grande majorité, qui après de longues et humiliantes démarches ont obtenu leur pardon et leur réinscription, apparaissent aussi dans la liste de Bush tandis que la Secrétaire d'État de Bush, Glande Hop, a finalement dû reconnaître que les registres électoraux ne contiennent pas les noms de milliers d'ex- sanctionnés dont les droits ont été rétablis. ET BUSH RENONCE SOUDAINEMENT À SA LISTE Après avoir repoussé durant des semaines toutes les attaques dirigées contre sa liste, Jeb Bush a dû abruptement y renoncer, ce 10 juillet, devant le torrent de révélations scandaleuses. Il annonçait alors que l'on retirait le document... bien que les superviseurs électoraux de chaque comté de l'État auraient la responsabilité d'identifier et d'enlever les ex-sanctionnés de leurs listes d'électeurs. Ce qui ouvre la porte à de nouvelles manoeuvres partisanes. Amie intime de Mel Martinez, le parrain de la mafia cubano-américaine de Miami, la Secrétaire Hood a expliqué la décision par «une différence inattendue et non-intentionnelle... liée à la classification hispanique». LA LISTE A COÛTÉ «UN MINIMUM DE 1,8 MILLIONS» Mais on ignorait encore alors ce que le Orlando Sentinel allait révéler au cours des jours suivants: la liste trompeuse a coûté à l'État de la Floride «un minimum de 1,8 millions de dollars»... qui ont été payés à une firme appelée Accenture, une entreprise privée dont les propriétaires entretiennent «des liens étroits avec le Parti républicain». On a ensuite payé 125 000 dollars pour les services d'une firme d'avocats républicains pour contrecarrer les requêtes des groupes de défense des droits civiques. «Jeb Bush a gaspillé des millions de dollars de nos contribuables dans une tentative de purger des électeurs», a dit le président du Parti démocrate pour la Floride, Scott Madone. «Il a dépensé des millions avec Accenture et des centaines de milliers de dollars avec des avocats pour défendre une position indéfendable», a-t-il ajouté pour ensuite conclure avec une formule très surprenante dans la bouche d'un politicien nord-américain: «Si le public savait qu'un politicien prétendument conservateur en matière fiscale a dépensé des millions pour essayer de manipuler le processus électoral, il se produirait une protestation générale». Si le public savait, a-t-il dit, ce qui porte à croire que le "public" n'est pas informé adéquatement. Si le public savait, de plus, que parmi les lobbyistes de Accenture se trouvent un ex- président des Républicains pour la Floride ainsi que deux ex-fonctionnaires de ce même parti et un ex-adjoint de... Jeb Bush lui-même. Si le public savait que le bureau de Glenda Hood a accepté de payer 425 dollars l'heure à l'avocat miamien Joe Klock Jr, plus 300 dollars l'heure à six autres avocats... quand l'État de la Floride prétend ne pas avoir d'argent pour les garderies, les programmes de désintoxication, la santé publique, etcetera. Si le public savait... que Noelle Bush, la fille de Jeb, arrêtée pour possession de drogue, n'a pas perdu son droit de vote grâce à la complaisance des tribunaux.
site internet du quotidien cubain
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