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Retrait des troupes philippines en Irak: une importante victoire

Eric Smith, Monday, July 19, 2004 - 16:43

Eric Smith

 
Le retrait des troupes philippines d'Irak est une importante victoire, non pas du "terrorisme", comme le prétendent les États-Unis, mais de la résistance irakienne et du mouvement national démocratique du peuple philippin.

 
Contre toute attente, le gouvernement philippin a annoncé qu'il retirait le contingent d'une cinquantaine de militaires qui participaient jusqu'ici à l'occupation de l'Irak auprès des troupes américaines et britanniques. La ministre philippine des Affaires étrangères, Delia Albert, a en effet annoncé que l'ensemble des militaires philippins auront quitté le sol irakien d'ici lundi soir le 19 juillet.

Cette décision fait suite à l'enlèvement d'un camionneur d'origine philippine, Angelo de la Cruz, par des résistants irakiens il y a une dizaine de jours, qui ont menacé de le décapiter si les Philippines ne retiraient pas leurs troupes d'Irak. Les ravisseurs se sont engagés à le libérer sain et sauf, dès que le dernier soldat philippin aura quitté le territoire national irakien.

Le gouvernement des États-Unis, et ceux d'autres pays alliés dont l'Australie et la Pologne, ont condamné vivement la décision des autorités des Philippines dont la présidente, Gloria Macapagal-Arroyo, est connue comme étant une grande alliée de George W. Bush. Plusieurs disent que le retrait des militaires philippins entraînera une grave détérioration des relations entre Manille et Washington et qu'il coûtera aux Philippines des millions de dollars d'aide. Un économiste de la firme AB Capital, Jose Vistan, a notamment déclaré que "toute chance de participer à la reconstruction de l'Irak est désormais perdue" pour les Philippines (Reuters, 16/07/2004).

S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré que Washington allait très certainement réévaluer ses liens avec Manille. "Nous croyons que les Philippines ont commis une erreur" en cédant aux exigences des ravisseurs; "cette décision est très décevante et envoie un bien mauvais signal aux terroristes", devait-il ajouter (The Manila Times, 19/07/2004).

Dans un communiqué émis en réaction aux menaces à peine voilées des États-Unis, le Parti communiste des Philippines, qui exigeait lui aussi le rappel des troupes, a tenu à rappeler que ce sont les impérialistes yankee qui sont les vrais terroristes en Irak. Son porte-parole, le camarade Gregorio Rosal (ou "Ka Roger"), a ainsi déclaré que "les principaux terroristes en Irak, ce sont les forces d'invasion et d'occupation états-uniennes qui n'ont cessé de commettre des massacres, de torturer et de maltraiter des dizaines de milliers de civils innocents, de bombarder les maisons et les infrastructures des Irakiennes et des Irakiens, et de garder en otage un pays tout entier, sous la botte d'une superpuissance hégémonique".

Le PC des Philippines a donc vertement condamné "l'arrogante ingérence des États-Unis dans les affaires internes des Philippines". Partout à travers le pays, et dès l'annonce de l'enlèvement d'Angelo de la Cruz, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour exiger du gouvernement Macapagal-Arroyo qu'il corrige l'erreur désastreuse qu'il avait commise en envoyant des troupes en Irak et qu'il rappelle immédiatement le contingent militaire qui s'y trouve.

Dans un premier temps, le gouvernement avait réagi en réprimant durement ces manifestations populaires. Ainsi, mardi dernier, la police a attaqué brutalement une manifestation organisée par le groupe Bagong Alyansang Makabayan (BAYAN) sur la Place Miranda, à Manille. Des dizaines de personnes ont alors été blessées et arrêtées par la police, dont la vice-présidente de BAYAN, Carol Pagaduan-Araullo, et son porte-parole, Renato Reyes Jr, qui ont tous deux subi des blessures ouvertes à la tête. La police a en outre pourchassé les manifestantes et manifestants sur les boulevards Quiapo et Quezon, les arrosant avec des canons à eau.

Mais devant l'ampleur de la mobilisation populaire, les autorités philippines ont dû changer leur fusil d'épaule. Il faut dire que le cas d'Angelo de la Cruz en est venu à symboliser toutes les difficiles conditions que subissent les travailleurs et travailleuses philippinEs expatriéEs à l'étranger. En Irak seulement, ceux-ci sont plus de 4 000, comme lui, à occuper des emplois difficiles et sous-payés, que les mercenaires et autres "volontaires" venus des États-Unis et des autres pays impérialistes pour "faire la piasse" avec les contrats de reconstruction, ne veulent pas occuper.

Plus généralement, on évalue à plus de 10% le nombre de Philippines et de Philippins qui se trouvent temporairement à l'étranger, notamment au Koweit et dans les émirats arabes, où elles et ils tentent péniblement de gagner un peu d'argent pour assurer la subsistance de leurs familles restées au pays. Ces travailleurs et travailleuses envoient chaque année l'équivalent de huit milliards de dollars US à leurs proches. Ils et elles sont forcéEs de s'expatrier étant donné que les Philippines n'arrivent plus à assurer la survie de leur propre population. Les paysannes et les paysans, qui constituent toujours la majorité de la population, souffrent sous la domination des grands propriétaires terriens, tandis que le développement économique du pays reste paralysé par sa soumission aux intérêts de quelques grandes firmes transnationales dont la survie de la population philippine est le dernier des soucis.

Le retrait des troupes philippines d'Irak est donc une grande victoire, non pas du "terrorisme", comme le prétendent les impérialistes, mais de la résistance irakienne et du mouvement national démocratique du peuple philippin.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 15, le 18 juillet 2004.

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