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L'APPEL DU 13 JUIN PHASE 2Anonyme, Thursday, June 17, 2004 - 08:10
Matt Lechien
LE TRAVAIL DE FOND PHASE 2 : LE TRAVAIL DE FOND Moteur de toute révolution/évolution qui se respecte : LA PHILOSOPHIE Bon OK, par rapport au précédent texte, celui-ci est long et chiant, mais il est indispensable de le lire si vous voulez comprendre la suite des éléments qui ne vont pas tarder à arriver. Merci donc à tous les courageux qui vont faire l’effort. C’est du travail de fond, donc forcément, c’est moins attrayant qu’un bon coup de gueule. Mais bon, en même temps il n’y a que trois phases, et on en est déjà à la deuxième en même pas une semaine. Alors ce n’est pas la mer à boire. Mais avant toute chose, petit rappel de ce qu’est la philosophie. Etymologiquement parlant, un philosophe c’est un ami de la vérité. Celui qui cherche l’ordre naturel des choses. Pas besoin d’être intelligent pour ça, pas besoin d’avoir le diplôme, juste besoin d’être honnête et humaniste. Pour qu’une philosophie soit assimilée par tous, il faut qu’elle soit formulée de façon compréhensible. Or, jusqu’ici, tous les gugus qui ont voulu dogmatiser la révolution populaire, l’ont fait en s’adressant à des élites. Bilan : des révoltes petites bourgeoises et un endoctrinement assez proche des religions (dogme oblige). Maintenant, quand on fait quelque chose d’aussi important et d’aussi beau que d’œuvrer pour un monde meilleur, on se doit d’avoir le discours le plus limpide possible. Pour preuve que la philosophie n’appartient pas aux élites, si vous allez voir un africain autochtone et que vous lui dites que dans votre merveilleux pays occidental il faut payer pour se garer, il va vous éclater de rire au nez et vous dire qu’en occident on est tous malade de la tête. Qui est le plus philosophe d'entre vous deux ? De même, si vous voulez construire un autre monde, ne vous tournez pas du coté des élites formatées et autres penseurs qui font partie intégrante du marché littéraire à la solde du pouvoir et de l’argent, mais de celui des enfants. Faites l’expérience, demandez à un enfant de sept ans à quoi doit ressembler le monde que vous allez lui laisser. Il ne va pas se perdre en conjecture, ni vous faire des grands discours emphatiques bourrés de références à des trucs que personne n’a lus et qui donnent toujours l’impression d’être intelligents à celui qui les cite. Non, un enfant vous dira : « il faut arrêter la pollution, il faut que tout le monde ait un toit, il faut que tout le monde puisse manger à sa faim. Il faut arrêter les guerres… » Il est pur dans sa tête, c’est lui le philosophe. Il s’en fout des partis et des syndicats, il veut juste que le monde tourne rond et point barre. Et nous, pauvres cons d’adultes, on l’écoute sans grande attention et on lui dit : « C’est beau ce que tu dis mon petit, mais tu sais, c’est de l’utopie tout ça ». Et hop, petit à petit le gosse est formaté à son tour et devient un illogique comme nous, qui quelque part, doute qu’il y ait une alternative viable au capitalisme. Mais dans le cas qui nous intéresse, l’important c’est de retenir que quand il y a doute, cela veut dire qu’il reste toujours une part plus ou moins importante de certitude. TOUT ÇA POUR DIRE QUOI ? Tout ça pour dire que s’il on veut être compris en un minimum de temps, il faut être clair, concis, lucide, logique, à la portée de toutes et tous. Allons plus loin dans cette logique et vous allez voir que tout va devenir très clair. On va procéder en deux étapes : 1) Vous comprenez bien que pour qu’un changement soit possible, il faut un maximum d’adhésion populaire… Sinon ça ne s’appelle plus une révolution/évolution, mais un coup d’état, et ça c’est impossible à faire pour qui se dit démocrate au vrai sens du terme. Donc, vous êtes bien d’accord que selon ce schéma, on peut dire que les seuls convaincus de l’utilité d’un grand changement progressiste sont en majorité des alter mondialistes qui ne sont malheureusement pas assez nombreux pour chambouler le destin. Quand on est convaincu du bien-fondé de ce que l’on fait, on a tendance à croire que c’est pareil pour tout le monde. Mais en fait non, nous ne sommes hélas qu’une poignée. C’est pourquoi à ce stade vous devinez bien qu’une révolution/évolution passe forcément par le soutien en masse de la population réactionnaire [je suis volontairement manichéen afin que ce soit le plus limpide possible. Donc, pour faire simple, on va dire que ceux qui sont convaincus qu’un autre monde est possible sont des progressistes et que ceux qui ne bougent pas sont des réactionnaires]. 2) A ce stade, je vous vois assis devant votre écran à vous dire : « mais il est malade ce Matt Lechien, rallier les réactionnaires à l’alter mondialisme, c’est impossible ! ». Et pourtant, si ! C’est même très simple : Pour convaincre un réac, il suffit juste de lui parler de lui. EXPLICATIONS : Pour réussir une bonne révolution/évolution de manière zen (on verra comment dans la phase 3), il faut au minimum séduire la citoyenne et faire bander le citoyen. Avez-vous remarqué comme le nombre de personnes varie selon les manifestations ? Si c’est pour le service public, il y a des gens du service public et puis une petite poignée de solidaires, idem quand c’est pour les intermittents… Bref, on trouve majoritairement des personnes concernées par le problème du moment. Les deux plus beaux succès que j’ai vu en terme de monde dans la rue, c’est à Paris lorsque la France a gagné la coupe du monde de foutebole (je ne sais même pas comment ça s’écrit) et lorsqu’il y a eu la manifestation antiraciste après que ce gros facho de Jean-Marie le Borgne se soit hissé au deuxième tour des présidentielles. Dans les deux cas, on peut dire que ces deux éléments étaient suffisamment fédérateurs pour faire descendre plus d’un million de personnes dans la rue. En tous cas, c’est beaucoup plus que la manif’ des huissiers en colère contre les lois anti-expulsion l’hiver ou celle des conchyliculteurs charentais pour le clonage des huîtres. Pour comprendre comment on rassemble au lieu de diviser, lisez la suite : Parce que : Homo sum : humani nihil a me alienum puto (je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger) Et vu que nous ne sommes que des couillons d’humains, nous ne sommes pas étrangers au fait de savoir que notre nature est profondément égoïste. En concret, ça donne la chose suivante (une bonne philosophie doit toujours être applicable sans délais par toutes et par tous, sinon ce n’est que de la théorie à la con) : On se connaît, je suis assis peinard devant ma télé et vous venez me parler de vos problèmes, je ne vous calcule pas, même s’il est vrai qu’en bon humain, moi aussi j’aime bien blablater sur ma vie avec des interlocuteurs qui s’en tapent et font comme si ça les intéressait. Alors vous pensez bien que si en plus vous me parlez de problèmes relatifs aux autres, ceux que je connais pas… là je m’en contrefous complètement, même si je fais semblant de vous suivre avec intérêt en espérant que terminiez de raconter vos salades afin que l’on reparle de moi le plus vite possible. Cela explique qu’il y ait plus ou moins de monde selon les manifs, chacun allant se battre en fonction de ses propres intérêts (selon le même principe, le politicien qui est comme nous au départ de sa vie n’est jamais qu’un humain à qui l’on a donné trop de pouvoir. Lui aussi agit pour ses intérêts, mais avec plus de moyens que vous, c’est odieux, mais c’est humain. Peut-être feriez-vous pareil à sa place ? Allez savoir... C’est pourquoi le pouvoir est nauséabond, car il amplifie tout ce qu’il y a de plus mauvais dans notre nature). En revanche : Voici quelques exemples concrets : Je suis toujours le même quidam, le gars tranquille qui gère sa vie au mieux avec ce qu’il a. Je fais partie des 60% de désillusionnés de la politique, je me suis résigné, c’est comme ça, et puis c’est tout. Je ne rêve plus. Je ne vote plus. Je vis ma vie de consommateur forcé, j’essaye un maximum de ne pas me faire broyer par le système. A force de matraquage éducatif et médiatique j'ai du mal à redevenir le poète que j'étais étant enfant, mais au fond j'aimerai bien. Maintenant que les présentations sont faites avec notre citoyen moyen – qui, s’il s’y mettait, pourrait bien tout faire basculer – rentrons dans le vif du sujet. Je suis donc, là, assis comme un prince devant ma télé et vous venez me parler de choses qui me parlent. Ce que je gagne en faisant ceci, que ma vie va être meilleure, que ça me concerne, que je suis quelqu’un de capable, qui mérite de l’estime et pas un sale con de réac. Là, j’ouvre tout grand mes oreilles et je vous écoute du verbe écouter. Ensuite, si ce que vous avez à me dire, tient debout, est compréhensible, que je n’y vois pas d’entourloupe possible, là je vous suis direct. C’est la logique implacable du fonctionnement de l’esprit humain. Homo erectus est doté d’un instinct de survie plus ou moins développé. Il ne s’aventure pas facilement dans les sables mouvants de l’incertain. Ouf… [vous êtes toujours, là ? C’est cool] Bon une petite pause joint et on attaque avec la philo. Il n’y a que deux sortes de philosophies possibles. L’une qui est mauvaise puisque ne reposant pas sur la vérité car elle se base sur des valeurs virtuelles, fluctuantes et inégales d’un individu à l’autre et d'une situation à une autre, c’est celle de notre monde actuel [Pourquoi le stress, cette maladie récente et répandue créée de toutes pièces par les effets néfastes du capitalisme, se manifeste-t-il ? Parce que l’on vit selon un mode social qui ne respecte pas notre nature humaine. Et si notre cerveau ne se rebelle pas, c’est le corps qui essaye de nous faire comprendre qu’il ne peut pas vivre comme ça, qu’il n’est pas fait pour ça, il prend sa revanche sur la faiblesse de l'esprit]. Et puis, il y a l’autre philosophie, c’est celle qui repose sur des valeurs universelles. Il y a cent fois plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent. Les valeurs actuelles induites par le capitalisme nous divisent, tandis que les valeurs universelles nous rassemblent. Voilà où nous en sommes. Pour identifier ces valeurs universelles, on en revient au début du texte. Il faudrait non pas les demander à un technocrate bac +6, mais à un enfant. 1) Que tout le monde mange bien et à sa faim Bon, pas besoin d’un dessin, pas besoin que j’aille plus loin. On sait maintenant ce que sont les valeurs universelles. Bien sûr, il n’y a rien de neuf, on les connaît toutes – y compris celles qui manquent. Alors pourquoi est-ce que la logique n’arrive pas à triompher ? Parce que le consensus entre alters est tellement fort qu’il est fait de non-dits. Et ce qu’on ne dit pas, les autres ne peuvent le deviner – d’autant plus qu’ils sont bien abrutis de télévision et de loisirs à la con. C’est ça qui manque à l’alter mondialisme pour renverser le capitalisme en deux temps trois mouvements. Maintenant qu’on y voit clair, on va faire la synthèse : Je suis un quidam et l’on me dit que MA vie peut changer en bien. Que JE peux mieux vivre. Que JE peux être mieux soigné. Qu’il existe des projets COMMUNS. Que MON chef ne me fera plus chier. Que JE vivrai dans sécurité et la sérénité et qu’il en sera de même pour mes enfants. Que JE pourrai m’épanouir dans ce monde au lieu d’être un numéro, un consommateur servile et crédule… Là, si vous êtes convaincant, croyez moi que je me lèverai de mon fauteuil en gueulant « Anarchy Vaincra » et que je vous suivrai en bombant le torse. Le peuple est parfois surprenant, d’autant plus qu’il est à point pour ça. ATTENTION AUX PIÈGES Les partis et syndicats, mêmes s’ils ont l’air sympas, sont un peu comme la religion. Ils ont leurs adeptes, certes. Mais ils peuvent aussi repousser les autres. On a parlé d’union et non de division, c’est pourquoi il faut s’y tenir. D’autant plus que ces appareils d’un autre age ne sont que des récupérateurs finis. Dans ce cas, le remède serait pire que le mal. Donc : no logo. Je vais vous faire une confidence : je n’ai jamais été encarté dans rien. Si j’avais dû l’être, ça aurait été du coté de la gauche progressiste. Mais j’ai toujours trouvé que ces organisations, même si au demeurant elles ont souvent un discours sympathique, sont dénuées de toute poésie. C’est pour ça d’ailleurs qu’elles sont tant minoritaires. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois il y a ce petit quelque chose qui n’inspire pas confiance... un truc qui fait dire qu'ils peuvent tenir un double discours et aux vues de leur arrivisme à tous, je crois que ça se confirme. La poésie est aussi nécessaire au révolutionnaire progressiste que respirer pour pouvoir vivre. Baudelaire disait : « un homme peut se passer de manger pendant plusieurs jours, mais pas d’un seul sans poésie ». Quand la poésie n’est pas là, vous perdez toutes vos raisons de vivre (cela peut aller jusqu’au suicide), plus elle est là, plus vous en avez. Mais entendons nous bien sur le sens du mot poésie. Faire des rimes sur les petites fleurs et les petits oiseaux quand son voisin crève famine, ce n’est pas de la poésie c’est de l’ignominie. Libérer le monde du capitalisme parce que l’on trouve ça juste et bon, en le faisant pour soi et pour les autres, ça c’est de la putain poésie. La poésie est comme la philosophie, elle trouve son sens dans les actes et non dans les mots. Il en va de même pour ce qui est du corporatisme, des ages, des sexes, des races, des religions… et de tout ce qui peut nous diviser. Comment voulez-vous établir un projet commun s’il on ne se respecte pas les uns les autres ? Ça n’irait pas bien loin. Le respect c’est mettre en veilleuse une petite partie de soi (l’égocentrisme propre à chacun) pour recevoir en échange ce que les autres nous apportent. Dans une révolution qui revendique la liberté et l’égalité (la fraternité venant d’elle-même quand ces deux facteurs sont au RDV) nous sommes tous des citoyennes et citoyens du monde. Point barre. Voilà, la phase 2 se termine. La prochaine étape arrive, et là on parlera ACTION et RÉVOLUTION. Ce texte sera disponible sous un délais très court [arrgggg… ça va être nuit blanche pour moi] Ce texte n’est pas un dogme. Je n’ai pas la prétention de penser à votre place. J’ai juste employé une méthodologie toute simple pour pouvoir trouver une cohésion à des idées vieilles comme le monde, mais tellement éparses qu’elles en ont perdu leur force. Maintenant à vous de jouer. A vos claviers, stylos, caméras, chevalets… pour trouver et développer d’autres valeurs universelles (petit rappel : ce qui ne profite pas de façon égale à la collectivité n’est pas bon dans le cadre d’une vie sociale reposant sur l’égalité entre les individus. Pour être plus précis, tout ce qui aboutit à des privilèges est à proscrire) Bien sûr, il reste tant de choses à dire, mais on a toute la vie pour ça. L’important c’est que la substance soit là. Je ne vais pas faire un bouquin et vous vendre la nouvelle théorie révolutionnaire appliquée pour 20 € éditée chez un éditeur vendu à grand groupe de presse, ce serait une abjection totale. Un texte libre pour une vie libre. C’est à vous d’écrire le scénario de votre vie, c’est à vous de réfléchir à dans quel monde vous voulez vivre. J’ai mis tout ce que j’avais comme tripes dans ce texte, j’espère qu’au minimum, j’ai semé un peu le trouble dans votre esprit concernant l’inamovibilité du capitalisme, et au mieux vous avoir donné l’envie de vous bouger. Construire un autre monde, c’est d’abord le rêver et ensuite le planifier Sérénité et réflexion sont sources de bonne révolution Chacun pour soi, chacun pour tous ! L’autre monde Vaincra ! PS : Merci aux personnes d’indymédia Suisse et Québec qui grâce à leurs commentaires sur le précédent article m’ont permis de bien affiner ce texte. Peut-être une révolution en Suisse ou au Quebec avant la France ? |
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