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Épisiotomie : questionner, informer, agirNicole Nepton, Tuesday, June 8, 2004 - 06:17
Stéphanie St-Amant
Selon les dernières statistiques (2000-01), on pratique en moyenne au Québec des épisiotomies lors de 30,1 % des accouchements vaginaux. Une nette évolution : il y a 15 ans, c'était 70 %. Cependant, il faut prendre en compte que l'épisiotomie est pratiquée davantage au premier accouchement, ce qui veut dire que beaucoup plus du tiers des femmes ayant accouché vaginalement ont subi une épisiotomie dans leur vie. En France, le taux d'épisiotomies est de 53,7 %, dont 71,3 % pour les femmes primipares, et jusqu'à 90 % dans certaines maternités. Dans ces proportions, il semble évident que cet acte n'est pas posé pour des raisons précises concernant la femme qui enfante, mais doit être considéré comme un geste systématique dénué de toute réflexion et de remise en question. Au Royaume-Uni, le taux d'épisiotomie a chuté de 52 % à 13 % après les campagnes menées par des associations d'usagères des services obstétricaux comme l'AIMS Il tombe à une valeur insignifiante dans la pratique des médecins ou sages-femmes informés par les données scientifiques qui ne justifient pas le recours fréquent à cette intervention. Définition L'épisiotomie est l'incision volontaire du périnée de la femme en train d'accoucher, coupant la peau, la muqueuse, des nerfs appartenant à la structure clitoridienne et une partie des muscles qui entourent la vulve et le vagin. Il s'agit d'un acte chirurgical pouvant être posé par les médecins et les sages-femmes lors d'un accouchement. La logique obstétricale L'épisiotomie est encore souvent présentée comme un acte nécessaire alors que de nombreuses études scientifiques démontrent le contraire. Pourtant, l'épisiotomie est classée par l'Organisation mondiale de la santé dans les "pratiques fréquemment utilisées à tort". Lors de l'accouchement normal, les femmes ne sont pas souvent informés de cet acte avant son exécution, par crainte d'une réaction de peur ou de refus spontanée. Ce n'est qu'une fois réalisé qu'il est éventuellement expliqué, mettant souvent en avant la santé voire la survie de l'enfant. Les effets L'épisiotomie nécessite une suture importante qui entraîne des douleurs locales et des inconforts durant plusieurs jours. Cette suture peut aussi "lâcher", et ainsi créer une plaie qui pourrait s'infecter. Cela pourrait même entrainer une seconde intervention pour réparer le tort causé par la première. Une association qui n'a pas peur d'en parler : l'AFAR On y explique notamment, preuves à l'appui, que les causes des déchirures périnéales que l'épisiotomie prétend éviter sont à rechercher dans les procédures obstétricales : position d'accouchement imposée, poussées dirigées, usage quasi systématique de stimulants des contractions (Syntocinon), etc. En examinant l'épisiotomie, on peut ainsi remonter toute une chaîne d'interventions abusives justifiées uniquement par la crainte du médico-légal. Une crainte qui se réduit à la peur de "ne pas en faire assez". À l'inverse de cette manière de faire, la pratique médicale factuelle ("evidence based"), qui s'appuie sur des études systématiques des conséquences des gestes obstétricaux, est la seule qui puisse faire évoluer les protocoles. Mais il faut aussi que les parents s'informent, se préparent, connaissent leurs droits et dialoguent avec les professionnel-les, qui ont de la difficulté à changer des Outils pour les parents Pour éviter de subir cet acte très souvent inutile, le meilleur moyen est d'en prévoir l'éventualité Un certain nombre de personnes réagissent vivement à la vue des photos d'épisiotomies ... Or, souvent c'est par des photos qu'on en arrive à comprendre que l'acte n'a rien de bénin et qu'il ne doit en aucun cas faire partie de la "routine" des praticien-nes. Dans les Dossiers de l'Obstétrique, revue professionnelle des sages-femmes (juin 2001), Farida Hammani dénonce la pratique de Rappelons que le Code civil québécois stipule, dans ses premiers articles, que "Toute personne est inviolable et a droit à son intégrité. Sauf dans les cas prévus par la loi, nul ne peut lui porter atteinte sans son consentement libre et éclairé". "Nul ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu'en soit la nature, qu'il s'agisse d'examens, de prélèvements, de traitements ou de toute autre intervention." "En cas d'urgence, le consentement aux soins médicaux […] est toutefois nécessaire lorsque les soins sont inusités ou devenus inutiles ou que leurs conséquences pourraient être intolérables pour la personne." À noter que du 10 au 16 mai 2004 avait lieu la toute première Semaine mondiale de Adapté de Episiotomie:
L'épisiotomie est-elle une mutilation génitale?
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