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Les paramilitaires de la Convivir en Colombie exterminent le peuple Wayuu

Anonyme, Monday, June 7, 2004 - 20:02

Yan Langlois

 
En Colombie, à quelques kilomètres de la frontière vénézuélienne où vit le peuple Wayuu, les paramilitaires colombiens de la Convivir (groupe paramilitaire du gouvernement Colombien) ont fait des dizaines de morts. Un des autochtones Wayuu racontait à un journaliste vénézuelien comment s'était déroulée cette attaque menée par des paramilitaires.

Vous ne savez pas, disait-il, ce que c'est que de sortir en courant pour éviter de vous faire tuer et d'entendre derrière nous les cris de nos enfants qui se font brûler vivants sans que l'on ne puisse rien faire! Ils ont tué mes frères, ils les ont fait brûler à l'intérieur de ma camionnette. Ils ont aussi coupé la tête de ma mère. Ils ne les ont pas tiré, mais ils les ont torturé pour que nous puissions entendre leurs cris et, pendant ce temps, ils continuaient leur massacre en motocross en coupant la tête de ceux et celles qui fuyaient.

Maintenant racontait ce Wayuu, le Gouverneur de Riohacha dit qu'il n'y a rien de vrai à cela et qu'ils n'auraient tué que deux personnes, rien de plus. Comment peuvent-ils dire cela?

Alberto, l'un des réfugiés à la frontière vénézuélienne essayait de contenir ses larmes, mais il ne pouvait pas. Par moments il réussissait à se calmer en respirant profondément et, le regard perdu, répétait des mots dans son propre dialecte, le Wayuu, des mots que nous ne comprenions pas mais qui laissaient transparaître sa douleur.

Alberto a perdu six membres de sa famille dont deux enfants, sa mère et son neveu qui furent assassinés par les paramilitaires de la Convivir opérant dans la région de Alta Goajiria le 18 avril dernier. Lui et quelques centaines de Goajiros ont du marcher pendant 24 heures jusqu'à la frontière vénézuélienne pour échapper à ce massacre. Derrière eux, ils laissaient leurs terres, leur travail, leurs maisons, leurs meubles, leur école et sans doute le plus important, leurs rêves et leurs espoirs. Derrière eux est demeurée silencieuse, l'école pleine d'enfants, le port où étaient amarrés les bateaux ainsi que la tranquillité du peuple Wayuu.

L'arrivée de ces assasins nous a surpris, disait l'un d'eux. Nous n'en avions jamais vu autant. Peu à peu ils sont arrivés jusqu'à ce qu'ils soient une centaine. Nous savions qu'ils transportaient beaucoup de drogue, quelques fois jusqu'à mille kilos. Durant plusieurs années, la Bahia de Portete a servi de port pour les embarcations provenant d'Aruba, de Curaçao ainsi que de diverses autres îles où l'on débarquait un grand nombre de caisses de cigarettes, de fromage, de liqueurs de contrebande. Les autorités n'ont rien fait, et aucun de ces délinquants n'a payé pour ses crimes.

Faisant état d'une liste des personnes assassinées, on pouvait y lire les noms de : Margarita Epinayu, Rosalinda Fince, Diana Fince, Reina Fince, Rolan Fince, Reyes Fince, Segundo Ashapua, Jorge Ashapua, Moyo Uriana et Luquita Epinayu, des familles entières décimées en une seule journée. Suite aux événements, le chef Wayuu déclarait qu'il n'y avait pas d'autres solutions que de partir en guerre contre le Gouvernement Uribe. Ils cherchent les problèmes, disait il, nous n'avons d'autres choix que de leur déclarer la guerre. Nous allons répondre de telle manière qu'ils ne pourront plus jamais revenir sur nos terres. Nous y appliquerons nos propres lois, parce qu'ici la justice des tribunaux du pays avantage les paramilitaires et les assassins déclarait l'indien Wayuu au journaliste.

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