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Passion du Mondepier trottier, Wednesday, May 19, 2004 - 13:11 (Analyses | Alternatives constructives | Democratie | Droits / Rights / Derecho | Poverty | Racism | Religion | Hommes / Men / Hombres)
Léonardo Boff
Le film de Mel Gibson ‘’La Passion du Christ ‘’ ne doit pas nous laisser l’impression que seulement Jésus se chargea de la croix et fut soumis aux pires tortures. Sa passion s’inscrit à l’intérieur de la passion douloureuse du monde, et son sens le plus profond se situe dans sa solidarité avec tous les crucifiés de l’histoire... Amérique Latine en Mouvement 16-04-2004 Passion du Monde Par : Léonardo Boff (*) Traduit de l’espagnol par : Le film de Mel Gibson ‘’La Passion du Christ ‘’ ne doit pas nous laisser l’impression que seulement Jésus se chargea de la croix et fut soumis aux pires tortures. Sa passion s’inscrit à l’intérieur de la passion douloureuse du monde, et son sens le plus profond se situe dans sa solidarité avec tous les crucifiés de l’histoire. Il existe une mystérieuse passion du monde, un véritable défi pour tout effort de compréhension. Le processus évolutif, spécialement dans le domaine de la vie, est stigmatisé par un souffrance inénarrable. Dans le champ humain, on peut en arriver à des expressions de barbarie. En tout, la souffrance nous accompagne, même lorsque nous obtenons des succès. Les anciens nous transmettent cette sentence : ‘’ La vie n’a rien apporté aux humains sinon le prix de beaucoup de travail ‘’. Ce qui implique – il est vrai – d’impondérables sacrifices. En vérité, tous nous portons quelque croix, sur les épaules ou sur le cœur. Souvent, la croix du cœur fait saigner davantage que celle des épaules. Ce fut aussi cette croix que sentit Jésus lorsque, au paroxysme de la douleur, depuis le haut du bois, il lâcha ce cris désespéré : ‘’Père, pourquoi m’as-tu abandonné?’’. Saint-Jean de la Croix, auteur de la Nuit noire, qualifie cette croix Noire de l’esprit terrible et redoutable. Cela parce qu’elle ronge l’ultime réserve humaine : l’espérance. Nous sommes tous émus par la passion sanglante de Jésus. Mais non pas avec la passion très douloureuse des crucifiées de l’histoire. Il existe des peuples crucifiés comme les noirs et les indigènes qui, depuis des siècles, sont chargés de leur croix, peut-être avec plus de stations que celles du Fils de l’Homme. Des millions de travailleurs continuent d’être crucifiés par des salaires de famine et des conditions d’hygiène qui procurent la mort à quarante millions d’entres eux annuellement. Innombrables sont ceux qui peinent sous la croix de la discrimination, du seul fait d’être des femmes, des pauvres, des malades, des homosexuels, des porteurs du sida et/ou d’autres formes de crucifixion sociale. Des avocats valeureux, des juges sans peur, des journalistes intrépides… sont diffamés, persécutés, séquestrés, et ont à se charger de pesantes croix pour eux-mêmes et pour leurs familles, et même jusqu’à mourir de façon barbare pour s’être compromis dans la lutte contre les mafias de la corruption, des drogues, de la prostitution infantile, du trafic d’armes. Cette croix est digne, et en souffrir est honorable. Jésus, dans sa prédication et dans sa pratique, privilégia tous ceux-ci les appelant bienheureux. Son projet religieux et social était d’alléger les croix de la vie et de créer un monde où personne n’aurait à mettre de croix sur les épaules des autres. Il comprit que cela était le projet de Dieu, appelé Royaume des cieux. Mais il connut le destin de tant d’autres avant lui : l’incompréhension, la diffamation et la liquidation physique sous la forme la plus cruelle de son temps, qui était la crucifixion. La mort de Jésus est la conséquence de sa vie et de sa pratique. Ce n’est pas un drame supra historique, un pari entre Dieu et le démon, qui dispense des responsabilités humaines. Si l’on veut être fidèle à soi-même, au Dieu dont le règne s’annonçait et aux personnes en lesquelles il suscita des espérances radicales, Jésus, dans des conditions de rejet, n’avait pas d’autres alternatives que d’aller jusqu’au bout et d’affronter la mort. Les paroles ‘’ il fallait qu’il meure ‘’ et il était ‘’ nécessaire qu’il souffre ‘’…sont une expression de sa fidélité radicale. Il y a des moments pour nous et pour Jésus en lesquels l’acceptation seule du sacrifice de la vie rend justice à la vie. Mieux vaut la gloire d’une mort violente que la jouissance d’une liberté maudite. (*) Léonardo Boff est théologien et travaille au Brésil avec les organisations de quartiers. Traduit de l’espagnol par : Source : www.alainet.org
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