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Nous ne voulons plus de la méthode GESTAPO !

Marie-Neige, Friday, May 14, 2004 - 13:32

à faire circuler largement

Lyon, le 12 mai 2004.

Mesdames, Messieurs,

La situation des personnes prostituées à Lyon, malheureusement, ne cesse de s¹aggraver, particulièrement dans le secteur de la rue Montrochet. Les personnes prostituées ont désiré se réunir le 11 mai à CABIRIA car elles ne peuvent, seules, faire face à cette situation qu¹elles jugent désespérée.

A l¹issue de cette réunion, où elles étaient toutes présentes, il a été décidé d¹interpeller le procureur de la république et le préfet pour que cessent enfin les violences qu¹elles subissent quotidiennement.

Vous trouverez donc ci-joint la lettre qu¹elles nous ont demandé de diffuser à tous nos financeurs et aux médias.

Nous tenons à vous préciser que les situations qu¹elles décrivent sont en corrélation avec les observations de terrain de CABIRIA.

Enfin, nous vous rappelons que, déjà au mois de mars, CABIRIA avait du interrompre ses actions de prévention car les personnes prostituées étaient arrêtées à leur descente du bus de l¹association. Nous avions du tourner sur le terrain à plusieurs voitures afin de déjouer les entraves policières au dispositif de soin et d¹accès aux droits.

Croyez, Mesdames, Messieurs, en nos salutations respectueuses.

Pour CABIRIA,
Corinne MONNET, Directrice
Martine SCHUTZ SAMSON, Vice-présidente.

Lyon, le 12 mai 2004.

Les personnes prostituées de la rue Montrochet
C/O CABIRIA
4 rue Désirée
BP 1145
69 203 LYON CEDEX 01
Tél : 04 78 30 02 65
Fax : 04 78 30 97 45

à
Monsieur le procureur de la république
Monsieur le préfet

Nous ne voulons plus de la méthode GESTAPO !

Depuis un mois, nous subissons de multiples violences de la part des différentes polices : harcèlements, contrôles, déplacements, menaces, enlèvement des véhicules, abus lors des gardes à vue, vol de notre argent, insultes racistes, chasse au client.

Plus particulièrement, nous dénonçons les pratiques extrêmement violentes et le harcèlement de la BAC. Nuit et jour, ils interviennent sur le terrain, se faisant parfois passer pour des clients pour nous interpeller ou se servant du fait d¹être client par ailleurs pour mener la répression (connaissance des tarifs, chantage à la loi, pressions diverses).

Les abus lors des mises en garde à vue sont nombreux et les conditions d¹arrestation sont celles des criminels dangereux : arrivée des policiers digne d¹une prise d¹assaut, irruption des policiers jusque dans les camionnettes, avec torches électriques, ordres criés et menottes,obligation de se déshabiller et de rester nu en cellule, refus de donner à boire et à manger, de consulter un médecin, d¹appeler son avocat et de faire appeler un proche.

Les exemples ne manquent pas. Ce mois-ci, une femme a été arrêtée et placée en garde à vue pour racolage par la BAC. Elle a été emmenée menottée à l¹hôtel de police où elle a été contrainte de passer la nuit nue dans une cellule. A la fin de la nuit, la police a du la faire hospitaliser en urgence pour hypothermie. Elle n¹a pas pu voir de médecin ni d¹avocat durant sa garde à vue, alors qu¹elle souffrait de diabète et qu¹elle l¹avait signalé aux policiers. Cet exemple n¹est pas un cas isolé puisque bien d¹autres femmes ont été placées nues en garde à vue. De même, les 9, 10 et 11 mai, une autre jeune femme a été retenue 48 heures en garde à vue, nue, sans manger et sans boire à l¹hôtel de police et au commissariat du 2e arrondissement.

Nous ne savons plus qui croire, tant les messages de la police sont contradictoires entre eux et paraissent en contradiction avec les lois. En effet, est-ce le rôle de la police, par exemple, d¹interdire aux personnes prostituées de travailler rue Montrochet au nom de la loi sur le racolage ? est-ce son rôle encore de leur conseiller de ne travailler qu¹à certaines heures ? ou seulement dans les camionnettes ?

La police est sensée faire appliquer la loi sur le racolage et non interdire, ni régenter la prostitution. De même, il existe des droits pour les personnes mises en garde à vue, droits que les policiers devraient connaître et respecter, quelle que soit l¹origine ou l¹activité de la personne.

Par conséquent, nous demandons à ce que les autorités compétentes se prononcent sur les points suivants :
- Existe-t il une interdiction explicite de se prostituer sur un territoire donné de l¹agglomération de Lyon ?
- Est-ce que les comportements que nous constatons sur le terrain sont conformes à vos consignes données par voie hiérarchique ?
- Est-ce que les traitements et les violences que nous subissons de la part de la police sont conformes à vos directives données par voie hiérarchique ?

Pour des raisons de sécurité et afin de ne pas subir de représailles de la part de la police, nous, les personnes prostituées de la rue Montrochet, désirons témoigner avec notre nom de travail.

Nous sommes soutenues dans cette démarche par l¹association CABIRIA qui sera notre contact.

Dans l¹attente de votre réponse, recevez, monsieur le procureur, monsieur le préfet, nos salutations.

Signataires : Françoise, Francesca, La Plus Belle, Laure, Diana, Véronica, Mireille, Mimi, Héléna, Fernanda, Gina, Sonia, Simone, Chantal, Mabelle, Marie-Lou, Carla, Jenny, Annette, Celia, Suzy, Nadine, Chrystel, Véronique, Elvire, Tina, Regina, Sindy.

Copie à :
- Monsieur le maire de Lyon,
- Monsieur le directeur de la DDASS,
- Maître SABATIER,
- Monsieur le directeur régional de l¹AFP.

Pages reliées :
Journal des répressions depuis mai 2002, Cabiria
http://perso.wanadoo.fr/cabiria/jdr7.html

Cabiria cesse ses tournées de nuit et dénonce la répression policière,
Cabiria, 03-03-04
http://listes.cdeacf.ca/mhonarc/netfemmes/msg04135.html

Ras le bol des prostituées à Lyon, AFP, 19-09-03
http://endehors.org/news/3305.shtml

La méthode Sarkozy, Act Up Paris, 30-11-03
http://www.actupparis.org/article1481.html

Répression et prostitution, Corinne Monnet, avril 2003
http://www.passant-ordinaire.com/revue/44-515.asp

Prostitué-es et femmes voilé-es: les victimes, c'est les autres, Anne
Souyris, 10-06-03
http://www.agirprostitution.lautre.net/article.php3?id_article=64

CABIRIA
www.cabiria.asso.fr


Subject: 
La Gestapo est partout
Author: 
Louise-Ann Maher
Date: 
Sat, 2004-05-15 00:33

J'ai vu des comportements de "féministes" dignes de la Gestapo sur Internet. Appuyée par des discours de féministes de droite,la Gestapo française se donne bonne conscience en matraquant les prostituées plutôt que de les protéger contre la violence qu'elles subissent, ce sont eux qui les violentent. Bravo, félicitations à toutes les féministes bourgeoises, moralisatrices, sans coeur, conservatrices, quel beau résultat, vous devez être fières, on va enfin enlever ces saletés des rues, on va les faire disparaître, elles n'auront plus aucun endroit où pratiquer leur métier honteux et dégradant pour "l'ensemble des femmes". Mon Dieu que je vous déteste. Et je refuse que vous parliez en mon nom, vous me levez le coeur.


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Subject: 
Bravo M. Pageau
Author: 
Gilles
Date: 
Mon, 2004-05-17 17:34

Vous avez entierement raison et surtout dans le dernier paragraphe.


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Subject: 
Suggestion de lecture
Author: 
stéphane
Date: 
Sat, 2004-05-22 19:31

Je suggère à Frédéric Pageau, comme à ceux et celles qui pourraient croire à l'innaction des groupes féministes sur plusieurs de ces questions, de lire "L'histoire des femmes au Québec" du Collectif Clio. C'est pas parce qu'on n'en entend pas parler que quelque chose n'existe pas. En fait, ça pose surtout la question du pourquoi on n'en entend pas parler...

Par contre, Frédéric, tu as "entendu parler que certaines de ces féministes radicales traitaient les femmes au foyer de prostituées". Tu peux préciser tes sources, s'il-te-plaît, que j'enrichisse ma culture?


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Subject: 
La complaisance n'aide personne
Author: 
Sisyphe
Date: 
Thu, 2004-09-23 17:00

Les discours complaisants sur la prostitution aident-ils vraiment les prostituées? Il y en a qui se voilent la face sur l'exploitation de cette industrie et sa légitimation par le néo-libéralisme. On les voit par ailleurs militant contre le monde capitaliste et néo-libéral, la mondialisation sauvage, etc. Mais le mouvement de libéralisation de la prostitution fait partie de cette mondialisation néolibérale qui commercialise tout et se fout bien des personnes prostituées. Moi, j'en ai marre des lamentations de groupuscules qui se prétendent porte-parole de toutes les prostituées mais qui en réalité représentent une poignée d'entre elles et font le jeu des États proxénètes. Elles essaient de nous faire croire que la prostitution est une profession, un métier comme un autre, banalisant ainsi la violence systématique que représente la prostitution en soi. Ensuite, les mêmes inventent qu'on est contre les prostituées lorsqu'en réalité on est contre la prostitution. Que font-elles pour aider les femmes et les jeunes à sortir de ce milieu? Rien puisque c'est un métier comme un autre, à leurs yeux.

La prostitution, un "droit des femmes"?, par Richard Poulin

«Stella, un groupe d'appui aux « travailleuses du sexe », fêtera bientôt ses dix ans d'activités. Dans une entrevue publiée à la une du Devoir, sa directrice générale, Claire Thiboutot explique que l'un des buts de l'association est la décriminalisation de la prostitution. Ce point de vue prétendument « non moraliste » rencontre de plus en plus d'échos. En fait, cette position est l'apanage de nombreux États ainsi que de plusieurs intellectuel-les.

L'état de la prostitution

Depuis le milieu des années 1990, nous assistons à un important mouvement à l'échelle mondiale : la prostitution est banalisée et légitimée. Elle tend de plus en plus à être légalisée, comme en font foi les récentes réglementations en Allemagne, aux Pays-Bas, en Australie, en Grèce et en Espagne, ce qui entraîne une expansion rapide de la prostitution et de la traite des femmes et des enfants à des fins prostitutionnelles. Ces industries connaissent une croissance fulgurante. Leur explosion est étroitement liée à des facteurs propres à la mondialisation néolibérale. Chaque année, environ 500 000 femmes victimes de la traite aux fins de prostitution sont mises sur le marché de la vénalité sexuelle dans les quinze pays (avant son élargissement) de l'Union européenne ; 75% des femmes victimes de cette traite ont 25 ans ou moins, et une proportion très importante d'entre elles sont mineures. Chaque année, la traite mondiale aux fins de prostitution fait environ 4 millions de victimes chez les femmes et les enfants. En 2001, on estimait à 40 millions le nombre de personnes prostituées dans le monde et ce chiffre ne cesse d'augmenter.

La prostitution, un droit ?

Il existe une effarante hypocrisie qui établit une frontière entre « prostitution libre » et « prostitution forcée ». Les trafiquants de femmes et d'enfants ainsi que leurs allié-es se servent de cette séparation pour tenter de faire admettre le « droit de vendre son corps », de sorte qu'il apparaît comme acceptable de voir des jeunes filles, parfois mineures, s'exposer dans les vitrines des quartiers chauds de certaines villes, telles des pièces de viande dans un supermarché.

Pour les défenseurs de la prostitution, trois arguments reviennent comme des leitmotiv. Premièrement, la prostitution est, en général, un « travail volontairement choisi » ; deuxièmement, la prostitution est assimilée à un emploi de services, puisque c'est la simple vente d'un service sexuel ; troisièmement, les restrictions légales à la prostitution constituent une violation des droits civiques, notamment celui de la liberté de choisir un emploi. Puisque tout travail est une forme de prostitution, selon ces groupes, la prostitution serait un travail comme un autre et ne pas le reconnaître stigmatiserait les personnes prostituées.

« Définir la prostitution et le travail du sexe comme des formes d'exploitation sexuelle et de violation des droits humains des femmes, tel qu'il est fait dans un cadre d'analyse abolitionniste, a de graves conséquences pour l'ensemble des femmes car cette définition maintient le caractère illicite et transgressif de l'institution de la prostitution et soutient la pérennité du stigma [sic] "pute" », explique Maria Nengeh Mensah sur le site de Stella. Peut-on vraiment croire que définir la prostitution comme un système de domination des femmes et une violation des droits humains « a de graves conséquences pour l'ensemble des femmes » ? La libération des femmes passerait-elle par celle de la prostitution ?

Une panoplie conceptuelle

En 2001, Claire Thiboutot écrivait : « Pour nous, toute stratégie abolitionniste (y compris celle visant uniquement les clients et le proxénétisme) contribue ainsi au maintien de la clandestinité de l'industrie du sexe et accroît en conséquence les possibilités d'abus ». Comme si les lupanars légaux étaient des endroits paradisiaques, sans violence. Selon cette perspective, la violence ne serait due qu'à la clandestinité de l'activité, non à sa nature même ! Même la décriminalisation de l'activité de prostitution n'est pas suffisante aux yeux de Stella. Il faudrait « libérer » toute l'industrie du sexe, proxénétisme y compris !

Ce renversement conceptuel est de taille. Il a pour effet de rendre caduque toute analyse structurelle qui est remplacée par une approche libérale contractuelle entre une personne qui vend un « service sexuel » et un « consommateur » qui l'achète. La prostitution serait un « droit », basé sur l'autonomie des personnes qui décident d'en faire un « authentique métier », et le problème serait résolu en le rendant respectable (« déstigmatisation ») ! Cette pirouette conceptuelle accable les féministes et les abolitionnistes de tous les maux et libère de toute responsabilité le système proxénète, les clients, l'économie marchande (libérale) et le patriarcat.

La prostitution, légale ou illégale, comme les autres industries du sexe, n'est pas organisée dans l'intérêt des personnes prostituées, elle les marchandise et les monnaye. Elle profite à un système proxénète au service des clients. Où sont donc les proxénètes et les clients dans les propos d'un groupe comme Stella ? Ce sont pourtant eux qui violentent les personnes prostituées. Les clients auraient le « droit » de consommer les personnes prostituées. Pourquoi ne pas défendre un autre droit du consommateur, celui de voir renouveler la marchandise périodiquement - la traite aux fins de prostitution ne sert-elle pas précisément à cela ? En effet, cette traite ne pose pas de problèmes à Stella qui pourfend les gens qui s'y opposent. Ils ont peut-être le droit également à une qualité supérieure de marchandise ? À cet effet, aux Pays-Bas, il existe des cours payants auxquels peuvent s'inscrire des candidates à la prostitution ou des personnes prostituées qui désirent « mieux se former ». En Allemagne, toutes les entreprises de 15 employés et plus, y compris les bordels, doivent maintenant obligatoirement « embaucher » des apprenti-es sous peine de pénalités financières !

C'est vers un tel modèle de société que les propositions de Stella nous entraînent. Elles promeuvent la marchandisation des êtres humains et de leur sexe ainsi que l'assujettissement des femmes et des enfants aux profiteurs des industries du sexe. Ce modèle de société est-il acceptable?» 

http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1286

Aussi: Le néo-patriarcat intimide-t-il les féministes?.


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