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Quel avenir pour les cégeps ? Quel avenir pour le Québec ?jplarche, Thursday, May 6, 2004 - 14:35
J-P
Une quarantaine de personnes, issues de divers milieux ont participé à la soirée de discussion sur l'avenir des cégeps, organisée par le Conseil central de Lanaudière, le mercredi 5 mai. Pour cette région qui compte trois institutions d'enseignement collégial (le cégep régional de Lanaudière compte trois antennes) et aucune université, la disparition des cégeps serait une catastrophe aux niveaux économique et social.... Le Conseil central avait réuni un panel de huit personnes qui ont adopté autant d'approches différentes. Tous s'entendent, comme le public, sur le succès rencontré par les cégeps et sur la pertinence de cette exception en Amérique du Nord que constitue notre réseau collégial. La discussion avait lieu avec en trame de fond le fameux rapport Bédard, commandé par la Fédération des commissions scolaires, qui recommandait, en novembre, l'abolition des cégeps pour faire des économies. Le rapport Bédard : cousu de fil blanc Les intervenants ont souligné à maintes reprises les failles du rapport Bédard. Le trésorier de la CSN, Pierre Patry, fait notamment valoir que les commissions scolaires sont aux prises avec leurs propres problèmes. À ce sujet, le député fédéral de Joliette, Pierre Paquette, ajoute que la Commission scolaire de Montréal, la plus importante au Québec, s'est opposée vigoureusement à l'abolition des cégeps. Quant à la présidente du secteur cégeps à la FEESP, Marjolaine Côté, elle a souligné que le rapport Bédard a été commandé exactement un mois après l'arrivée des Libéraux au pouvoir, à Québec. La Fédération des commissions scolaires auraient-elles voulu profiter d'une conjoncture favorable ? Exécutait-elle une tâche téléguidée par le gouvernement ? À voir le ministre de l'Éducation, Pierre Reid, marteler que tout est sur la table en prévision du Forum des 9 et 10 juin, on craint que malgré le tollé qu'elle soulève, l'abolition des cégeps fasse toujours partie des scénarios envisagés par le gouvernement. Pour Michel Paradis, participant à l'assemblée syndiqué chez Bridgestone-Firestone, le stratégie du gouvernement consiste à occuper les travailleuses et travailleurs chacun dans leur boîte. "Chez nous, on en a plein les bras avec l'abolition de l'article 45 du Code du travail, dans la santé et dans l'éducation il y a d'autres luttes qui se déroulent en même temps". Les cégeps : un succès ! Marie-Josée Bourget est chargée de cours à l'Université du Québec à Hull et à l'Université d'Ottawa. Elle constate que les étudiants qui passent par le système québécois sont mieux préparés à l'université que leurs confrères ontariens qui reçoivent une formation générale moins forte et moins étendue. Elle trouve également les étudiants issus des cégeps plus matures que ceux qui proviennent directement de la 12ème année, en Ontario. Diane Desrochers enseigne au cégep de Joliette. Elle-même diplômée de cégep, croit fermement au bien-fondé de la formation générale offerte tant au secteur pré-universitaire qu'au secteur technique. " On demande de plus en plus aux travailleuses et travailleurs de prendre du recul, de se montrer critiques, de prendre soin de l'environnement, d'être tolérants face à la différence : un savoir et des valeurs que transmettent avec succès les cégeps ", explique-t-elle. Le cégep outille les jeunes pour qu'ils se fraient un chemin dans la société. Le président de l'Association des étudiantes et étudiants du cégep de l'Assomption, Benoît Malric, fait valoir que les cégeps permettent une meilleure transition aux jeunes entre l'école et l'université ou encore le marché du travail. Il souligne également les bons côtés de la flexibilité des cégeps qui permettent aux étudiants de changer de programme en cours de route. Ceci leur permet de trouver plus rapidement leur place dans la société d'autant plus que c'est un milieu social dans lequel ils ont toute la lattitude pour s'impliquer socialement, découvrir leurs champs d'intérêt. Quant au directeur général de la Chambre de commerce de Joliette, André Hénault, il est d'avis que la perte des cégeps serait catastrophique pour la région. Il considère que si des jeunes partent pour étudier dans d'autres régions, à l'université ou dans des programmes collégiaux contingentés par exemple, il est primordial que la région accueille à son tour des étudiants provenant d'autres coins du Québec. De plus, les jeunes forment dans Lanaudière une force vive très importante pour la région. Celui qui est aussi maire de la municipalité de Saint-Charles Borromée souligne que 88 pour cent des détenteurs de diplôme d'études collégiales travaillent à temps plein dans Lanaudière et que 95 pour cent des employeurs se déclarent satisfaits de la formation qu'ont reçue leurs employé-es. Un joyau à protéger Pour le président de la FNEEQ, Ronald Cameron, le problème majeur des cégeps réside dans son sous-financement. Il considère que les promesses de baisses d'impôts et les compressions des années passées infligent une pression énorme au réseau collégial. Même si la Fédération des cégeps s'oppose naturellement à l'abolition de ces institutions, elle appuie la décentralisation du réseau, ce que craint Ronald Cameron. Le syndicaliste y voit un danger au niveau de l'intégrité du réseau et craint une hausse généralisée des frais de scolarité. Marjolaine Côté craint pour sa part que les employé-es de soutien fassent les frais d'une éventuelle reconfiguration du réseau. Pour Pierre Patry, la défense des cégeps doit absolument passer par la défense de quelques grands principes tels que la préservation d'un réseau public financé par l'État et la cohabitation entre les programmes pré-universitaires et techniques qui partagent une même formation générale. Ces idées étaient à la base des recommandations de la Commission Parent qui a mené à la création des cégeps. Le député souverainiste Pierre Paquette souligne un autre obstacle qui se dresse sur le chemin des cégeps : l'intrusion progressive du gouvernement fédéral dans l'éducation postsecondaire. Selon lui, le déséquilibre fiscal contribuerait à rendre les provinces incapables de surmonter les défis en éducation, ce qui pourrait amener le palier fédéral à créer son propre ministère de l'Éducation.
Le site des 150 000 travailleuses et travailleurs de l'État syndiqués à la CSN
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