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la vraie «couleur café» !Anonyme, Thursday, May 6, 2004 - 14:27
étudiant de l'UQAM
Les paysans qui cueillent le café que nous buvons sont exploités par un oligopole de compagnies occidentales. Ils sont plus de 25 millions à vivre dans des conditions misérables pour récolter les grains de café. La vraie «couleur café» C'est l'été. Assis à une terrasse, sous un soleil qui masque la grisaille montréalaise, vous sirotez un café nonchalamment. Le liquide que vous buvez est peut-être issu d’un commerce «équitable», mais ce serait l’exception. Vous dégustez probablement — et sans le savoir — le fruit du travail de paysans maintenus dans la pauvreté endémique. Leur vie, sans valeur pour les compagnies occidentales qui achètent leur café, est soumise aux aléas de l’offre et de la demande. Plus de 70 % de la production mondiale de café provient de petites exploitations —moins de 10 hectares — dispersées dans une cinquantaine de pays, tous pauvres. Au Brésil, en Colombie, au Vietnam, mais aussi au Mexique, en Inde ou au Honduras, les quelque 25 millions de travailleurs qui récoltent la fève verte des caféiers survivent avec des revenus dérisoires. Alors qu’une livre de café leur rapporte en moyenne 24 cents, elle sera vendue 4,50$ dans nos supermarchés. Qui en profitent alors? Principalement quatre compagnies, qui contrôlent la presque totalité de ce marché planétaire colossal: Kraft, Nestlé, Proctor & Gamble et Sara Lee. À elles seules, elles accaparent plus de 40 % des profits de cette industrie. Et ces multinationales ont le beau jeu, face à une offre qui excède de beaucoup la demande. Il existe bien une Organisation internationale du café (OIT), qui devrait réglementer les quotas de grains qui se transigent chaque année. Mais depuis 1989, sous la poussée du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), ces mécanismes de régulation ont été abandonnés. Désormais, le prix du café est fixé sur le parquet des Bourses de New York et Londres. De 1,71$ la livre en 1986, le prix est tombé à 0,52$ en 2003. Pendant ce temps, les profits cumulés de l’oligopole qui contrôle ce marché sont passés de 30 à 60 milliards de dollars par année depuis 1990. Dans l’optique d’une libéralisation économique accrue, les pays producteurs se sont donc retrouvés en concurrence directe. Loin d’aider les paysans à se sortir de la misère, ce «laisser faire» a forcé plusieurs d’entre eux, notamment en Colombie, à se tourner vers la culture de la coca, plus rentable. À des milliers de kilomètres de la réalité des paysans qui suent au milieu des caféiers, il y a les pays consommateurs: États-Unis, Allemagne, Japon et Italie en tête. À eux seuls, nos voisins du sud en importent plus de 1 231 000 tonnes par année. Les acheteurs que nous sommes exigent toujours le prix le plus bas. De là l’utilité de maintenir une offre qui excède la demande. Les grandes compagnies conservent ainsi leur droit de fixer les prix. En bout de ligne, nous économisons. Mais là où le prix le plus bas fait loi, d’autres meurent un peu chaque jour, dans le silence. |
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