Le FRAPRU déçu de l'absence du logement social dans le budget Goodale

"Paul Martin a raté une occasion de démontrer qu'il est sincère quand il se dit préoccupé par la crise du logement et qu'il affirme vouloir réinvestir dans le logement social". C'est en ces termes que le coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain, François Saillant, a réagi au budget Goodale qui, en dépit de la gravité de la crise du logement, n'a annoncé aucun nouvel investissement en habitation. À son avis, "une absence aussi flagrante illustre comment le budget est de manière générale passé à côté des préoccupations des plus pauvres de cette société".

Le FRAPRU est d'autant plus déçu que le gouvernement Martin n'a même pas profité de l'occasion pour confirmer que les 320 millions $ annoncés dans le budget de 2003 pour la poursuite du programme de logement abordable seraient immédiatement mis à la disponibilité des provinces qui sont déjà prêtes à l'utiliser. Le Québec est le grand perdant de ce retard, lui qui a, à toutes fins pratiques, épuisé sa part des premiers 680 millions $ qu'Ottawa a consacrés à ce programme depuis 2002. Il se voit ainsi privé de 80 à 100 millions qu'il aurait pu utiliser dans l'immédiat. Cette aide aurait même pu être totalement concentrée dans le logement social, le Québec ayant cette possibilité, en vertu de l'entente déjà signée à ce sujet avec Ottawa.

L'organisme craint maintenant que la campagne électorale ne soit déclenchée avant que le Québec ne reçoive la confirmation de ces sommes, ce qui au mieux en retarderait l'utilisation et au pire les remettrait totalement en question. Pour le FRAPRU, ce serait carrément désastreux puisque c'est au Québec que se trouvent les villes les plus durement affectées par la crise du logement locatif. Québec, Sherbrooke, Montréal viennent respectivement aux 1er, 2e et 3e rangs au triste chapitre de la rareté de logements locatifs parmi toutes les régions métropolitaines du Canada, alors que Gatineau est au 5e rang et Trois-Rivières au 7e.

Le prochain test: les engagements électoraux du Parti libéral

Tout en continuant à faire pression sur Ottawa pour que le Québec puisse immédiatement toucher les 80 à 100 millions $ qui lui sont dus dans le programme de logement abordable, le FRAPRU entend consacrer ses meilleures énergies à s'assurer que les engagements électoraux du Parti libéral comprendront un réinvestissement direct dans le logement social. Le premier ministre Paul Martin en avait évoqué la possibilité lors d'une rencontre avec le FRAPRU, le 23 février dernier. M. Martin avait alors parlé ouvertement d'un plan quinquennal d'investissement dans le logement social, avec des sommes qui iraient en croissant à chaque année. Le FRAPRU lui demande maintenant de tenir parole.

Le FRAPRU estime que le gouvernement fédéral a les moyens de consacrer 2 milliards $ par année de plus en habitation, en les destinant clairement au logement social, sous la forme d'habitations à loyer modique, de coopératives d'habitation et de logements gérés par des Organismes sans but lucratif.