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Carnage à Madrid : ETA ou ÉTAT ?

Anonyme, Thursday, March 11, 2004 - 20:53

Suite au carage de Madrid, je soumets à votre méditation mon journal N°54 du 17 mai 2001 intitulé : « LES BASQUES SONT BASQUES »

Bonne lecture,
A+
do
http://mai68.org

Suite au carnage de Madrid, je soumets à votre méditation mon journal N°54 du 17 mai 2001 intitulé : « LES BASQUES SONT BASQUES »

Bonne lecture,
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http://mai68.org

JOURNAL

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

N°54, 17 mai 2001

Retrouvez ce journal avec tous les liens justificatifs en cliquant ici
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LES BASQUES SONT BASQUES
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Malgré ses manipulations du terrorisme « basque », et malgré des alliances politiques apparemment contre nature, l'État espagnol n'a toujours pas vaincu les Basques.

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Une semaine avant les récentes élections au Pays basque, le président du Parti Populaire d'Aragon était assassiné. La veille des élections, une bombe aveugle explosait dans une rue fréquentée. Le lendemain des élections une enveloppe explosait entre les mains d'un journaliste.

Ni la police, ni le Parti Populaire (droite) ni le PSOE (pseudo-gauche), et encore moins les journalistes, n'ont posé la question : « Qui a commis ces attentats ? » Tout s'est passé comme si la réponse était connue d'avance, comme si tout le monde allait croire, sans avoir aucun doute, qu'il n'était pas besoin de poser une telle question, comme si seul un simple d'esprit pouvait la poser !

Sans aucune enquête, donc, tous les journalistes firent comme si tout le monde savait avant même que ces attentats aient eu lieu, que les coupables ne pouvaient être que l'ETA !

Si vous voulez assassiner votre belle-mère, en ce moment, en Espagne, vous n'avez pas à vous faire de soucis ! Vous la tuez avec un minimum de précautions pour ne pas vous faire coincer sur le fait, puis vous passez un coup de fil depuis une cabine publique à quelques journaux, vous dites que la " bonne-femme " avait osé dire du mal de l'ETA en public et qu'elle ne recommencera plus et que tout le monde sache à quoi s'attendre si quelqu'un recommençait une telle ignominie. Personne n'aura aucun doute : encore une victime d'ETA. Vous n'aurez qu'à empocher l'héritage. C'est sans risques !

Ce qu'il est intéressant de noter, c'est cette curieuse coïncidence : chaque fois qu'il y a des élections en Espagne, il y a des attentats meurtriers, principalement contre des représentants du PP (Parti Populaire du Premier Ministre Jose Maria Aznar). Toujours commis par ETA, à ce qu'on nous dit. Comme si l'ETA faisait tout pour que le PP ait un maximum de martyrs, et pour que les partis basques perdent des voix !

Bien sûr, France-Info a tenté de nous expliquer que l'ETA se foutait complètement des élections, que ces attentats en période électorale avaient pour but de bien montrer aux Basques que ce n'est pas par la voie démocratique qu'ils obtiendraient leur indépendance. Mais cet argument était foutu par terre dans la minute qui suivait, et à la même radio, puisque qu'une « vitrine légale » d'ETA se présentait aux élections !

Ce qu'il faut noter aussi, c'est que chaque fois qu'Aznar a quelques difficultés sur le plan politique ou sur le front social, quelques attentats basques viennent bien vite les faire oublier, et lui permettent de réunir sous sa bannière des centaines de milliers de manifestants espagnols. Il est bien sûr que si Aznar a pu être si facilement réélu, il y a quelques mois, c'est grâce au terrorisme " basque " !

Comme d'habitude, pour avoir une chance de trouver qui a commandité ces attentats, il faut se demander « A qui profite le crime ? » Or, peu avant les élections, les journalistes nous ont inocemment dit et répété que le terrorisme " basque " allait profiter électoralement à l'alliance anti-basque PP-PSOE. Pourquoi ne se sont-ils donc pas une seule fois demandé si l'un de ces deux partis, ou même l'État espagnol lui-même, ne serait pas, par hasard, le vrai commanditaire des attentats terroristes " basque " ?

Comment serait-ce possible, me direz-vous, que l'État espagnol, ou Aznar lui-même, commandite le terrorisme basque ?

Il y a deux solutions, qui s'entremêlent peut-être :

Premièrement, des agents secrets peuvent poser une bombe ou faire un attentat, puis téléphoner aux journaux en prétendant être de l'ETA — se faisant " reconnaître " comme étant de l'ETA par des signes de reconnaissances connus simultanément par l'ETA et les journaux, bien sûr, mais aussi par les services secrets ! — et revendiquer ces actes de terrorisme au nom de l'ETA !

Mais, me répondrez-vous, c'est bien trop horrible, l'état espagnol ne peut pas faire une chose pareille !

Avez-vous pensé, vous dirais-je, que pour détruire la république, Franco n'a pas hésité à provoquer une guerre civile qui fit deux millions de morts ? alors, quelques attentats, c'est pas pire !

Songez bien qu'un attentat vise toujours. Un attentat aveugle n'est pas aveugle. Il vise, et il vise le peuple ! il est donc commis par l'ennemi du peuple : l'État, le plus froid des monstres froids !

Et puis, n'oubliez pas Guernica :

Le 26 avril 1937, la petite ville de Guernica, symbole des libertés basques, est détruite par l'aviation allemande (la légion Condor) au service de Franco. Pour la première fois dans l'histoire militaire, une agglomération civile est entièrement rasée sous un déluge de bombes au phosphore. Ces dernières sont des bombes incendiaires, ce qui permit à Franco de faire croire que c'étaient les anarchistes qui avaient détruit Guernica par le feu !
En effet, dès le 27 avril, à 21 h, la radio franquiste proclame : « Nos aviateurs n'ont reçu aucun ordre pour bombarder cette population (...). Ce sont les rouges1 qui, dans l'impossibilité de contenir l'avance de nos troupes, ont tout détruit (...). » Et d'ajouter avec un aplomb incroyable : « Il n'y a pas d'aviation allemande ou étrangère en Espagne nationaliste (...). Nous n'avons pas brûlé Guernica (...). »
Le 29 avril, vers midi, les Franquistes entrent dans Guernica et font visiter, sous bonne escorte, les ruines de la ville aux correspondants de presse étrangers. Les articles de ceux-ci sont soumis à censure. Sous la menace des mitraillettes, tous envoient dans leurs pays respectifs des articles expliquant comment et pourquoi les anarchistes ont brûlé Guernica ! Tous les journaux Européens reprennent alors cette thèse. Sauf un journal anglais. Bien sûr, la plupart des rédactions ne furent pas dupes mais marchèrent tout de même dans la combine parce que tous les États du monde étaient alliés avec Franco contre la révolution espagnole.
Picasso lui-même, qui, à l'annonce du bombardement, a peint son « Guernica » pour le pavillon espagnol de l'Exposition internationale de 1937 à Paris, sera un instant saisi par le doute tant la propagande franquiste, puissamment relayée par celles des nazis allemands et des fascistes italiens, fera des ravages.
Bien sûr, au moins dès la sortie de la guerre, la vérité fut dite partout... Sauf en Espagne !
En effet, en Espagne, quiconque essayait de dire que c'était Franco qui avait demandé à Hitler d'envoyer sa légion Condor (aviation) bombarder Guernica avec des bombes incendiaires était immédiatement emprisonné, torturé et passé par les armes. Sa famille se taisait de peur de suivre le même chemin.
Il fallait que dans leur ensemble les Espagnols croient que c'étaient les anarchistes qui avaient commis un horrible et grandiose attentat terroriste à Guernica, afin de justifier la dictature franquiste : « La dictature franquiste est là pour éviter que les anarchistes recommencent ce qu'ils ont fait à Guernica ! »
Ce n'est que très progressivement que les espagnols apprirent la vérité. Vers 1960, ils eurent le droit de savoir que c'étaient les Allemands qui avaient brûlé et massacré Guernica. Mais officiellement, Hitler l'avait fait sans demander l'avis de Franco, sans même le prévenir !
Quelques années plus tard, les Espagnols eurent le droit de savoir que Franco avait été mis au courant par Hitler, que Franco avait refusé qu'un tel crime soit commis, mais qu'Hitler n'avait tenu aucun compte de son avis. Encore quelques années et les Espagnols surent que Franco avait donné son accord à Hitler.
Bien sûr, pendant toutes ces années, quiconque s'aventurait à dire toute la vérité subissait immédiatement la répression la plus dure.
Il fallut la mort de Franco pour que les Espagnols aient enfin droit à toute la vérité : Franco avait demandé lui-même à Hitler de bombarder Guernica, de brûler cette ville et de faire un maximum de morts ; il lui demanda de la bombarder avec des bombes incendiaires2 afin de pouvoir faire croire aux Espagnols que c'étaient les anarchistes les coupables ! pour affaiblir les révolutionnaires, et pour justifier la prise du pouvoir par Franco, et sa future dictature !
La dictature franquiste se fonda sur le mensonge de Guernica.

Deuxièmement, l'ETA est très probablement infiltrée, et manipulée, par des agents secrets au service de l'État espagnol. Pour montrer que c'est possible, je vais prendre un exemple prouvé : l'exemple italien des Brigades Rouges.
Des agents spéciaux infiltrèrent les Brigades Rouges italiennes. Puisque le pouvoir commande aussi bien les diverses polices que les services secrets, ces agents spéciaux purent facilement faire des coups d'éclat sans se faire coincer. Ils acquirent ainsi une bonne réputation parmi les B.R. et purent monter dans la hiérarchie. A force d'améliorer leur image chez ces " terroristes " en faisant de nouveaux coups d'éclat, ils finirent par arriver, dans la hiérarchie des B.R., juste au-dessous de ses chefs historiques. Ils ne purent les détrôner avec cette méthode, mais ils avaient toute leur confiance. A l'occasion d'un coup monté avec ces chefs, ils les firent tomber. Une fois ceux-ci en prison, les agents secrets furent chefs des B.R.. C'est-à-dire que depuis cette époque, les B.R. ne sont plus qu'un appendice gratuit et obéissant des services secrets italiens. Cette méthode que je viens de décrire est tellement facile à utiliser pour les services secrets que vous ne verrez certainement pas pourquoi ils s'en seraient privés. Cependant, si vous avez des doutes, lisez " Du terrorisme et de l'état " de Gianfranco Sanguinetti (distribution : " Le fin mot de l'histoire " ; B.P.274, 75866 Paris cedex 18 ; 50 Francs). Ce livre explique comment le grand spectacle de l'enlèvement d'Aldo Moro tua le printemps italien de 78.
Ce qui se passa pour les Brigades Rouges dans les années 70 s'est probablement passé aussi, mais plus tard, pour l'ETA. En effet, vers la fin de l'année 1999, l'ETA annonça la reprise de la " lutte armée ". Ceci nous fut annoncé de façon à ce que l'on comprenne bien que c'était le terrorisme aveugle ou stupide qui allait reprendre en Espagne.
Quelques années avant, des bombes aveugles attribuées à l'ETA firent de nombreux morts en explosant par exemple dans des grands magasins. Il y eut aussi des exécutions de personnalités politiques. Tout cela faisait mal voir l'ETA. C'était dramatique pour l'ETA. Les chefs de l'ETA s'étaient probablement rendus compte des choses suivantes : il y avait beaucoup de manipulations de la part de l'État espagnol, les bombes aveugles n'étaient pas posées par l'ETA, ou bien alors par des abrutis manipulés par l'État espagnol, les exécutions de personnalités politiques étaient effectuées soit par des agents secrets qui se faisaient passer pour l'ETA soit par des groupes de l'ETA manipulés par les services secrets. C'est sûrement pour ça que les chefs de l'ETA avaient décidé d'arrêter la " lutte armée " : « comme ça, l'État Espagnol ne pourra plus dire que c'est nous qui causons tout ce malheur », s'étaient-ils probablement dit.
Peu avant l'arrêt de la trève, des chefs de l'ETA se sont fait arrêter. Il est probable qu'ils n'acceptaient pas de " reprendre la lutte armée ", estimant que les arguments précédents étaient toujours valables. Mais une fois en prison, ce n'est plus eux qui décident. Ce sont leurs remplaçants. Pourquoi ne comprennent-ils pas eux aussi l'argument développé ci-dessus ? Ils le comprennent tout aussi sûrement qu'ils sont membres des services secrets de l'état Espagnol. Oui :
Je pense que les nouveaux chefs de l'ETA sont des agents secrets au service de l'État espagnol. C'est parce que l'État espagnol avait un urgent besoin de terrorisme ou de menace terroriste sur son sol qu'il a fait arrêter quelques chefs de l'ETA afin qu'ils puissent être remplacés par des agents infiltrés dans l'ETA et ayant progressivement ou même rapidement montés la hiérarchie de l'ETA (Quand on est dans la police secrète, il est facile de faire des exploits militaires pour se faire admirer et grimper les échelons).

Quand je dis que ces deux possiblilités s'entremêlent peut-être, c'est pour dire que parfois ce peut être des militants de l'ETA manipulés par les services secrets qui font un attentat, par exemple contre un représentant du PP, et que d'autres fois, ce sont directement les mêmes services secrets qui posent une bombe aveugle, puis se font passer pour l'ETA.

Quel intérêt présente le pseudo-terrorisme basque pour l'État espagnol ou pour Aznar ?

Pour Aznar personnellement, et pour son parti, c'est tout vu. Les membres du PP d'Aznar qui ont " été assassinés par l'ETA " passent pour des martyrs de la lutte contre le terrorisme basque. Les représentants du PP passent pour des héros bravant la mort chaque jour de leur vie ! De nombreuses manifs de plusieurs centaines de milliers de personnes sont venus soutenir " la lutte héroïque d'Aznar contre le terrorisme basque ".
Donc : Électoralement parlant, pour Aznar et le PP, c'est tout bénéfice !

Pour l'État espagnol, c'est facile aussi, il ne pourra espérer vaincre légalement le terrorisme de l'ETA que si le Pays basque reste sous sa garde légale, que s'il reste une province espagnole ! De plus, beaucoup d'Espagnols ont peur de l'ETA et prennent ses membres pour des salauds, ça justifie bien à leurs yeux la " lutte impitoyable que l'État mène contre eux ". Je veux dire que l'actuel spectacle de terrorisme " basque " nuit aux Basques.

Mais il y a certainement bien plus important que ça. Le spectacle de terrorisme — c'est-à-dire le terrorisme manipulé, utilisé, commandité, par l'État — sert avant toute chose à lutter contre un mouvement social devenu dangereux, quand il y a des grèves un peu partout, quand le climat social est explosif. Je veux parler de lutte des classes !
Car l'un des buts du terrorisme commis ou manipulé par l'État est de faire en sorte que les gens se disent : « Soit avec l'État, soit avec les terroristes. Seul l'État peut nous défendre contre les terroristes. Ne mettons pas de bâtons dans les roues de l'État, cessons d'en dire du mal, cessons de faire grève, etc. » Si malgré tout un mouvement social fort arrivait à se faire jour, alors le traumatisme causé par la violence terroriste empêcherait ce mouvement de se défendre efficacement (parce qu'il n'oserait même pas penser à utiliser la violence) contre les habituelles violences policières. De plus, le terrorisme permet de justifier une très forte présence policière (voire militaire), d'interdire certains rassemblements en certains endroits sous prétexte de sécurité, de fouiller les gens à tout propos sans que personne râle ! Mais de toute façon, une population terrorisée ne se dirige pas vers la grève générale puisqu'au lieu de lutter contre le pouvoir qui l'exploite, elle l'appelle au secours parce qu'elle ne voit que lui pour la défendre contre le terrorisme3.

Le pouvoir de Jose Maria Aznar se fonde sur le spectacle de terrorisme basque.

Le 23 janvier 2001, j'écrivais une lettre ouverte aux membres d'Armata Corsa ; à peu de chose prêt, je pourrais écrire la même lettre aux membres de base d'ETA ! C'est pourquoi j'espère que vous allez la lire. Surtout que je parle de choses essentielles que je ne veux pas répéter ici. J'explique la stratégie de l'action révolutionnaire, j'applaudis des deux mains l'exécution de Carrero Blanco par l'ETA il y a environ 25 ans. Lisez-là, je vous en prie !

Analyse des élections en Italie et au Pays basque :

Le week-end dernier, il y avait deux élections qui comptaient : une en Italie, et une au Pays basque.

En Italie, c'était Silvio Berlusconi contre les Italiens ; au Pays basque, c'était l'État espagnol contre les Basques. L'idéal aurait été que ces peuples soient tous les deux vainqueurs. Malheureusement, les Italiens perdirent contre Berlusconi. Heureusement, et ça me consola beaucoup, les Basques gagnèrent contre l'État espagnol. Remarquons que si les Italiens furent vaincus, ils se remettront bien un jour de leur défaite ; tandis que si les Basques avaient perdu, ils ne s'en seraient peut-être jamais remis !

Le week-end dernier, le pire a donc été évité : les Basques sont basques !

Qu'en Italie Berlusconi ait gagné les élections ne sera pas sans conséquences. Rappelons que la dernière fois qu'il fût président de ce pays, il ne le resta pas bien longtemps. Assez longtemps, cependant, pour faire sortir de prison tous les membres de la Loge P2 ! Rappelons qu'il est lui-même membre de la trop — et pourtant pas assez — fameuse Loge P2. Rappelons que la Loge P2 — qui réunissait en son sein des membres éminents de la haute bourgeoisie italienne, du Vatican, de tous les partis italiens allant de l'extrème droite à la gauche socialiste, et, bien sûr, des membres des services secrets — est cette fraction de l'État Italien qui pratiquait la " stratégie de la tension " dans les années 70 et au début des années 80 en Italie. C'est-à-dire que c'est la Loge P2 qui commanditait l'essentiel du terrorisme en Italie pendant ces années là, faisant tantôt croire que c'étaient les fascistes, tantôt les gauchistes, qui étaient coupables de tel ou tel attentat ; la P2 créait ce spectacle de terrorisme pour lutter contre le très fort mouvement de contestation italien. La Loge P2 et son chef Licio Gelli finirent par se faire coincer. De nombreux membres de la P2 furent condamnés par les tribunaux italiens et allèrent en prison. Mais lors de son précédent passage au sommet de l'État, Berlusconi les a tous fait ressortir ! Il est à noter que depuis 1999, Licio Gelli est libre en Italie, et que, tout naturellement, les Brigades Rouges ont repris du service ! Avec l'élection de Berlusconi à la présidence de la République italienne, nous pouvons donc nous attendre au pire ! Mais ce pire, un retour à la stratégie de la tension, c'est-à-dire un retour au spectacle de terrorisme, au pseudo-terrorisme, au terrorisme manipulé, commandité par l'État, peut-être que certains Italiens sauront l'éviter.

Qu'au Pays basque la " vitrine légale " d'ETA ait perdu la moitié de ses élus signifie une chose : les Basques commencent sérieusement à en avoir marre de ce terrorisme qui les fait mal voir ; mais, ils n'ont pas encore compris qu'ETA et le terrorime qui lui est attribué sont manipulés par les services secrets. Cependant, et c'est le plus important, alors que toutes les manipulations possibles imaginables avaient été mises en œuvre pour les pousser à voter anti-basque, ils ont quand même voté basque ! C'est une très grande défaite pour l'État espagnol, c'est une très grande victoire pour les Basques.
Pourtant, l'État espagnol a essayé de faire passer les indépendantistes pour les pires des salauds en les assimilant tous au terrorisme. Pourtant, il y a eut alliance entre la vraie droite du PP d'Aznar et la pseudo-gauche du PSOE. Mais rien n'y a fait, et la propagande télévisuelle non plus, les Basques ont dit : « Nous sommes basques ! » Et je suis très content qu'ils ne se soient pas laissé avoir !
Mais la grande leçon à tirer de tout ça de la part des militants de base d'ETA, c'est qu'ils doivent bien réfléchir ! Ils doivent comprendre les manipulations, en tirer les conclusions, faire le ménage chez eux, et dire tout ça à la population. Pas seulement aux Basques, mais aux Espagnols aussi ! Et discuter aussi avec d'autres mouvements indépendantistes.
Tant pis si l'orgueil d'ETA en prend un coup ! l'orgueil n'est pas important : il vaut mieux accepter de s'apercevoir qu'on a été manipulé, le dire, et ne plus l'être, plutôt que de refuser de voir la vérité par orgueil et donc de continuer à se laisser manipuler ! Si l'ETA fait ce que je dis, elle sera largement gagnante, et la population basque reviendra vers elle en reconnaissant qu'elle a eu bien du courage de voir, de contrer et de dénoncer les manipulations du terrorisme par l'État espagnol. De surcroix, il n'est pas impossible qu'il y ait de sérieuses révoltes, en Espagne et au Pays basque, si l'ETA réussi à démontrer aux Espagnols le rôle que l'État a joué dans le terrorisme !

De la contradiction principale

Au Pays basque, il y a deux luttes essentielles : la lutte entre le peuple basque et l'État espagnol, et la lutte entre la bourgeoisie (espagnole ou basque, peu importe) et le prolétariat (basque ou espagnol, quelle importance ?).

Reste à savoir, pour un prolétaire Basque, quelle est la lutte essentielle : est-ce la lutte du Pays basque contre la domination espagnole ou la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie ? Il suffit de poser la question autrement pour que la réponse tombe sous le sens : quelle différence y a-t-il entre être exploité par un patron basque et être exploité par un patron espagnol ? Le patron basque, lui, préfère bien sûr être lui-même l'exploiteur, plutôt que ce soit un Espagnol ! mais le prolétaire basque, pourquoi risquerait-il sa vie pour être exploité par un patron basque plutôt que par un patron espagnol ?

La contradiction principale est la lutte des classes !

Pourtant, cela ne m'empêche pas de soutenir la lutte de libération du Pays basque. Parce que j'espère qu'en se libérant de la tyranie espagnole, le Pays basque se libérera en même temps de la tyranie que le patronat basque fait subir au prolétariat basque. Parce que j'espère qu'en libérant le Pays basque, le peuple basque essaiera de construire un pays sans exploitation de l'individu par l'individu !

Le complément de cette analyse se trouve dans la Lettre ouverte aux membres de base d'Armata Corsa (lire la raison pour laquelle la lutte de libération du Vietnam a vaincu la Grande Amérique, car j'y explique pourquoi : « la meilleure arme d'un pays colonisé qui se bat pour sa libération, c'est la sympathie active que les habitants du pays colonisateur manifestent pour sa lutte de libération. Il va de soit qu'une telle sympathie ne peut se développer si les colonisés pratiquent le terrorisme sur le sol du pays colonisateur ! »).

L'alliance PP-PSOE contre les Basques est-elle une alliance contre nature ?

Non, cette alliance n'est pas contre nature, car la seule différence entre le PP et le PSOE est la suivante : le PSOE veut passer de la pommade au prolétariat avant de l'enculer, pour que ça lui fasse moins mal et qu'il se révolte moins ; tandis que le PP, lui, pense qu'une telle précaution est inutile et qu'il y a bien plus de plaisir à enculer le prolétariat à sec ! « Tant mieux, se dit-il, si ça lui fait encore plus mal ! »

Le but de ces deux partis étant d'enculer4 le prolétariat, la seule divergence étant sur la méthode à employer, leur alliance est très naturelle.

Si, la plupart du temps, le PP et le PSOE font semblant d'être ennemis l'un de l'autre, c'est pour que le prolétariat pense qu'il est possible de changer les choses par les élections ! Et ce n'est pas une mince victoire du peuple basque que d'avoir obligé ainsi ces deux partis à se découvrir, et à montrer qu'au fond il n'y a guère de différence entre eux !

Qu'en est-il de l'Europe des régions ?

Croire que les régions existeront plus facilement dans l'éventuelle future Europe est une illusion : Si nous laissons cette Europe se faire, la France (et les autres pays, sauf l'Allemagne, bien sûr) sera punie par où elle a pêché : l'Europe lui fera subir exactement ce qu'elle a fait subir à l'occitanie, à la Bretagne, au Pays basque, etc. Elle sera complétement écrasée, alors, les Corse, Catalogne ou Pays basque, qui sont sous sa botte, pourront-ils être moins écrasés grâce à ça ? Avant, ils avaient un poids d'une tonne pour les aplatir, maintenant, par dessus ce poids va venir se poser un autre poids de un million de tonnes !

L'Europe, ce n'est pas le ralentissement de l'uniformisation, c'en est, bien au contraire, une formidable accélération ! Quand aux bruits que le pouvoir fait courir par rapport à une Europe des régions, c'est un mensonge destiné à leurrer les autonomistes pour essayer de se les mettre dans la poche.
Un peu comme quand les espagnols fraichement débarqués aux Amériques, jouaient sur les divisions, et s'alliaient avec les peuples qui étaient sous le joug des incas, afin de vaincre les incas ! Qu'en est-il aujourd'hui des peuples qui vivaient sous le joug des incas ? qu'en sera-t-il plus tard des bretons, ou des basques, par exemple, quand la France sera dissoute dans l'Europe ?

Tout le monde aura compris que le raisonnement fait dans les deux paragraphes ci-dessus à propos de la France et des pays qu'elle a soumis vaut tout aussi bien pour l'Espagne et les pays sous sa botte.

Les journalistes sont au service de ceux qui les payent !

Oui, vous avez bien raison, les journalistes sont au service du pouvoir. Cela s'est bien vu à propos des récentes élections au Pays basque. Ils ont tout fait pour diaboliser les indépendantistes. Ils ont assimilé sans arrêts tous les indépendantistes au terrorisme. Ils n'ont cessé d'essayer d'hypnotiser les gens pour qu'ils votent pour l'alliance PP-PSOE.

Pourtant il serait temps pour les journalistes de comprendre que c'est en les assassinant que l'état les récompense de leurs bons et loyaux services ! (article du 10 mai 2000)

Quand ils auront compris ça, peut-être alors dénonceront-ils les manipulations du terrorisme par l'État !

Sur le contexte général en Espagne et au Pays basque :

On nous bassine avec de faux arguments pour nous dire que si, à l'époque de Franco, à l'époque, donc, où l'ETA exécutait Carrero Blanco, la lutte armée de l'ETA pouvait se justifier, il n'en est plus de même aujourd'hui. On nous dit que la dictature franquiste a disparu, que maintenant, l'Espagne est un État de Droit !, une démocratie. Que, par conséquent, la lutte armée n'y est plus justifiable et s'assimile au plus bas des terrorismes, à une volonté d'imposer par la force ce dont les électeurs ne veulent pas.

Je vais détruire cet argumentaire fallacieux !

Tout d'abord, depuis quand nous parle-t-on d'État de droit ? A quel occasion cette expression est-elle apparu ?

Avant, il y avait d'un côté les Républiques5, et de l'autre les Monarchies et les dictatures militaires comme celle de Franco — peu importait que les monarchies soient constitutionnelles ou absolues —. Mais, depuis que nos chers exploiteurs ont décidé de nous berner encore plus qu'avant en nous imposant une Europe, en voulant dissoudre les pays européens dans un seul pays nommé Europe, certaines personnes, républicaines et laïques, firent remarquer premièrement que seuls deux pays européens (la France et le Portugal) étaient munis d'une constitution séparant l'État de l'Église, et deuxièmement qu'il y avait beaucoup de monarchies en Europe, et s'affolèrent, disant : « Et là ! et là ! l'Europe sera-t-elle laïque, avec séparation de l'Église et de l'État ? oui ou non ? et sera-t-elle monarchiste ou républicaine ? Attention, danger ! »
Il fallut donc que nos dirigeants trouvent un truc, une pseudo réponse. Et tout ce qu'ils ont trouvé, c'est premièrement d'éviter de parler de la séparation de l'Église et de l'État au niveau européen, et de nous faire oublier la vieille et traditionnelle opposition République-Monarchie afin de la remplacer par l'opposition État de droit-État de non droit. Cette dernière opposition est artificielle, c'est-à-dire qu'elle n'a pas été créée naturellement par l'histoire, mais artificiellement par la bourgeoisie, dans le seul but de nous faire oublier nos désirs d'une République !
Un État de droit serait, si j'ai bien compris, un État avec une constitution et un État de non droit un État sans constitution. Et, partant de là, pour qu'on ne regrette pas trop la bonne vielle République, on nous dit que dans une Monarchie constitutionnelle, le Roi n'a aucun pouvoir, qu'il est là seulement pour faire joli !
Non mais, de qui se moque-t-on ? Si le Roi n'est là que pour faire joli, pourquoi ne pourrait-on pas s'en passer ? (Et sinon, pourquoi ne serait-il pas élu ?) Pourquoi ne pas être en République ? avec un chef d'État6 élu ? (à supposer qu'on doive avoir un chef d'État)... : Parce qu'on nous ment !
Prenons le cas de la Reine d'Angleterre. Elle est la chef du Commonwealth, ce qui n'est pas rien ! elle est la chef de l'Église, même si elle délègue ce pouvoir à l'Archevêque de Canterbury, ce n'est pas rien non plus dans un pays très chrétien ! Et elle est, de toutes les femmes de la planète, celle qui est la plus riche ! L'argent est la licence d'acheter du pouvoir ! Aucun pouvoir, la Reine d'Angleterre ?
Passons au Roi d'Espagne : Qui a décidé qu'à la mort de Franco l'Espagne serait une Monarchie ? Franco lui-même ! Qui a nommé le futur Roi ? Toujours Franco ! Et on voudrait nous faire croire que tout ça est sans importance puisque l'Espagne est un État de droit ? C'est ça un État de droit ? J'en veux pas !

L'Espagne est dirigée par un successeur nommé par Franco, dans un régime voulu par Franco, la haute hiérarchie militaire espagnole et la haute bourgeoisie espagnole continuent de vénérer Franco. Ce n'est donc pas la disparition du franquisme qui justifie l'arrêt de la lutte armée en Espagne ! C'est le seul fait que l'État espagnol a réussi à la récupérer à son profit en l'infiltrant et en la manipulant pour lui faire faire n'importe quoi !
Au point où en sont les choses aujourd'hui, la lutte armée est tellement mal vue en Espagne que si, aujourd'hui, l'ETA tuait Franco lui-même, les républicains espagnols iraient manifester leur indignation par centaines de milliers derrière le PP d'Aznar ! C'est la seule raison pour laquelle il faut momentanément arrêter la lutte armée en Espagne !

Si j'étais l'ETA, j'arrêterais momentanément la lutte armée en le proclamant haut et fort ! J'expliquerais à toute la population, pas seulement aux Basques, ce qui s'est passé, que j'ai été infiltrée, manipulée, je rechercherais dans mes rangs qui sont les agents infiltrés et je les dénoncerais publiquement. J'expliquerais à tout le monde que les criminels, ce ne sont pas les militants de l'ETA, mais l'État espagnol lui-même ! J'expliquerais quels étaient les buts de l'État espagnol ! Et plus jamais je ne tuerais quelqu'un sans être bien sûr que l'ensemble de la population espagnole, pas seulement les Basques, applaudirait en apprenant la nouvelle. Comme à l'époque de Carrero Blanco !

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note : 1°) Franco assimilait les anarchistes aux " rouges ", alors que pourtant c'étaient très essentiellement les anarchistes (drapeau noir, ou noir et rouge) qui menaient la lutte contre son coup d'État militaire. Cela ne présentait pas seulement l'avantage de simplifier les choses, surtout, ça faisait de la pub subliminale auprès des personnes qui voulaient se battre contre Franco : elles étaient incitée à leur propre insu à se diriger vers le Parti " communiste " plutôt que vers les anarchistes ! Franco savait bien que le Parti " communiste " était infiniment moins dangereux que les anarchistes. Et nous, nous savons bien que Staline a trahi la révolution espagnole.
2°) Il n'y a pas besoin d'une aviation moderne avec des bombes modernes pour brûler totalement une ville. Il était envisageable de faire croire que c'étaient les anarchistes qui avaient brûlé Guernica, mais personne n'aurait pu croire que les anarchistes avaient bombardé cette ville ! C'est pourquoi la légion Condor devait utiliser des bombes incendiaires.
3°) Bien entendu, l'État français, qui ne réussi plus à faire avec l'indépendantisme corse ou breton ce que l'État espagnol fait avec l'indépendantisme basque, commence à se demander s'il ne pourrait pas, lui-aussi, commanditer un pseudo-terrorisme basque sur son propre sol. C'est pourquoi l'on entend parfois, depuis quelques semaines, la télé nous dire que l'indépendantisme basque est de plus en plus fort en France même.
4°) Je n'ai rien contre les pédés ni contre les sodomites, mais là, j'avais besoin d'un mot fort. Malheureusement, dans le langage c'est ce mot qui est le plus fort ! voir la théorie du concept
5°) Le Parti nationaliste basque avait diffusé, dès le 19 juillet 1936, le communiqué suivant : « En face des événements qui ont eu lieu dans l'Etat espagnol et qui pourraient avoir une répercussion directe et douloureuse sur l'Euzkadi et sur son destin, le parti nationaliste basque déclare — en dehors de tout ce à quoi son idéologie l'oblige et qu'il ratifie aujourd'hui solennellement — qu'en vue de la lutte entre les citoyens et les fascistes, entre la République et la monarchie, ses principes le placent inévitablement aux côtés des citoyens et de la République, en accord avec le régime républicain et démocratique qui fut une des caractéristiques distinctives de notre peuple durant des siècles de liberté. »
6°) Oui, je sais, un anarchiste ne veut pas d'État du tout, et donc ne veut pas non plus de chef d'État, même élu !

Post-scriptum : 1°) Tout ce qui touche à " l'explosif de Plévin " est manipulé par la police secrète !
2°) Ça serait vraiment bien si quelqu'un pouvait traduire ce texte (journal N°54) en espagnol et m'envoyer la traduction. Faites connaître ce texte au maximum de Basques et d'Espagnols qu'il vous est possible. Merci !
3°) Il me paraît indispensable de lire tous les articles du site A BAS LA CENSURE. J'ai appris beaucoup de choses grâce à ce site.

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