La désinformation à propos de la situation en Haïti, pour cacher ce qui s'y passe vraiment, fait entre autres passer la tentative de coup d'État pour un «soulèvement populaire».

— Sandra L. Smith* —

La désinformation à propos de la situation en Haïti, pour cacher ce qui s'y passe vraiment, fait entre autres passer la tentative de coup d'État pour un «soulèvement populaire». Les États-Unis prétendent ne pas faire pression pour un «changement de régime», mais quand Haïti a demandé de l'aide face à la tentative de coup d'État, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres ont répondu à l'unisson que l'aide serait conditionnelle à un «règlement politique» avec l'«opposition», laquelle soutient des éléments criminels agissant à l'instigation des États-Unis. Cette ingérence flagrante dans les affaires d'Haïti est signe qu'il y a anguille sous roche.

Qui a incité les vestiges des détestés tontons Macoute, les escadrons de la mort et ex-officiers de l'armée dissoute sinon les États-Unis et d'autres sans qui ces bandes ne sauraient exister? Prétendre que toute la violence et les violations des droits humains sont le fait d'Aristide ne passe pas. C'est la même tactique que dans les territoires palestiniens où l'occupant israélien commet les pires crimes contre le peuple mais c'est aux Palestiniens qu'on reproche la violence.

L'offensive américaine contre Haïti pour imposer un «changement de régime», soutenue par la France, le Canada et les institutions à leur service, s'inscrit dans les plans des États- Unis pour faire triompher leurs intérêts en République dominicaine, attaquer Cuba et imposer un «changement de régime» au Venezuela et à d'autres pays des Caraïbes et de l'Amérique centrale et du Sud. C'est le même objectif que la ZLÉA: que chaque pays accepte de faire les modifications institutionnelles demandées par les représentants américains au Sommet de Monterrey pour renforcer la défense de la propriété privée.

Le Canada aime se faire passer pour le défenseur de la primauté du droit, de la stabilité et de la constitutionnalité des gouvernements, mais il révèle son vrai jeu avec son attitude face à Haïti. Pourquoi répond-il à l'appel d'aide d'Haïti en insistant sur un «compromis politique» entre le gouvernement Aristide et l'«opposition» et parle-t-il de «violations des droits humains» par Aristide alors que les États-Unis et le Canada ont tout fait pour saper la capacité d'agir du gouvernement haïtien? Pourquoi le Canada se prépare-t-il à envoyer des forces policières en Haïti une fois que «de nouveaux arrangements politiques» auront été établis? Comment peut-on établir des «arrangements politiques» avec des bandes armées de saboteurs dont le seul but est d'établir leur emprise sur le pays pour en faire un tremplin des ambitions américaines dans la région, au prix de souffrances encore plus grandes pour le peuple haïtien sous un autre pouvoir corrompu et criminel? Les tentatives d'embellir les bandes criminelles et les vestiges de l'Armée haïtienne dissoute qui essaient de se faire passer pour «opposition politique» ne passent pas.

La désinformation au sujet d'Haïti vise à cacher le rôle ignominieux que jouent les États-Unis et le Canada à déstabiliser le pays. Les États-Unis, le Canada et les autres membres de la mission internationale doivent être tenus responsables des conséquences de leurs actions.

* Sandra L. Smith est la dirigeante nationale du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste).

Tiré du Le Marxiste-Léniniste Sélection, journal du Parti communiste du Candada (marxiste-léniniste), vol.34 no. 24