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Les fossoyeurs de l'espoirAnonyme, Thursday, February 26, 2004 - 14:58
Alain Dion
Jean Charest tente présentement de calmer la grogne sociale et syndicale en annonçant une grande consultation populaire par le biais de différents forums. Ne soyons pas dupes, l'objectif de son gouvernement demeure toujours le même : réduire le rôle de l'État et se désengager de ses obligations sociales. Nous n'avons qu'une seule réponse à lui faire : la résistance de tous les instants. Depuis leur arrivée aux commandes de l’État, les libéraux-conservateurs de Jean Charest n’ont eu de cesse de faire résonner le déprimant clairon du libéralisme économique et de la privatisation des services publics. Chaudement applaudies par le Conseil du patronat et autres valets de la marchandisation à tous crins, les orientations néolibérales et antisyndicales du gouvernement Charest auront néanmoins eu le mérite d’exposer clairement les visées dévastatrices de ces pourfendeurs du bien commun. L’horizon est on ne peut plus clair, quoique très sombre… Coupes budgétaires de toutes sortes, augmentations des tarifs d’électricité et des frais de garde, assouplissement des règles de sous-traitance et limitation des possibilités de syndicalisation, mise en chantier d’une centrale thermique malgré les recommandations contraires du BAPE (n’ayez crainte, André Caillé, M. Hydro, n’a pas dit son dernier mot), forum collégial visant à revoir le rôle des cégeps et négociation du secteur public dans un contexte antisyndical évident ; voilà quelques-unes des priorités et des orientations du gouvernement Charest pour les semaines et les mois à venir. Et c’est en misant sur un discours résolument misérabiliste et technocrate — « on n’a plus les moyens, les Québécois sont les plus taxés, on manque d’électricité, déficit à l’horizon, etc. » — que les bonzes du gouvernement tentent de nous faire avaler ce plan de désengagement social et de « destruction massive de l’État ». La nouvelle année s’annonce donc mouvementée pour la population québécoise et pour les employées et employés de l’État. L’affrontement est imminent. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, les organisations syndicales devraient mener une lutte de tous les instants au gouvernement Charest et mettre à profit leurs multiples réseaux et la force solidaire de leurs membres pour s’inscrire dans la grande mouvance sociale qui se met en place présentement afin de combattre les forces néolibérales et l’endoctrinement du désespoir. Car il apparaît évident que tous ces dossiers se recoupent dans leur essence et nous interpellent sur un aspect primordial de notre vie sociale : la défense du bien commun au-delà des intérêts particuliers. Pierre Vallières rappelait avec justesse, dans son essai Le devoir de résistance, qu’on ne peut nier éternellement les valeurs d’espoir, d’équité sociale, de solidarité et de partage de la richesse, sans provoquer la colère des populations, « car rien n’est plus violent ni plus durable que l’espérance dans l’imaginaire des peuples […] et la résistance, comme la liberté elle-même, est toujours une bonne nouvelle. » La résistance syndicale et citoyenne qui s’organise présentement contre le gouvernement Charest et ses politiques sociales démissionnaires illustre bien ce souhait de bâtir un monde plus équitable, en soulignant particulièrement l’attachement profond de la majorité des Québécoises et Québécois à tous les droits sociaux chèrement acquis au fil des ans. À la lumière de cette nouvelle mouvance, Vallières clamerait sûrement de nouveau : « Ne laissons pas les bureaucrates du conformisme déprécier l’espérance. Revendiquons plutôt le droit de rêver à une société meilleure et celui de lutter de toutes nos forces pour son avènement. » Comme syndiquées et syndiqués, mais également comme citoyennes et citoyens, nous nous devons de résister collectivement à tous ces fossoyeurs de l’espoir.
Site de la Fédération autonome du collégial, la FAC, fédération syndicale regroupant les profs de 18 syndicats répartis sur tout le territoire québécois.
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