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L'UFP présente son mémoire à la Commission parlementaire sur la qualité, l’accessibilité et le financement des universitAnonyme, Tuesday, February 24, 2004 - 06:17 (Communiqués | Education)
Pierre Dostie et Magali Paquin
Québec, le 24 février 2004. Les universités du Québec sont en profonde mutation. Elles sont en passe de s’ajuster complètement aux seules règles et pratiques de la compétitivité et de la rentabilité économique associées au néolibéralisme. Un recentrage des activités d’enseignement et de recherche s’effectue autour principalement des besoins des «marchés». L’État se désengage pendant qu’émerge un marché privé libéralisé en éducation, conformément à l’ALENA. On s’éloigne encore davantage du Rapport Parent qui considérait l’éducation comme la richesse d’un peuple. C’est maintenant une marchandise qu’on produit à profit et selon la «demande». Compétences rentables et recherche fondamentale La formation des compétences rentables prend ainsi le pas sur la culture générale et les disciplines jugées moins utiles (comme la philosophie, l'histoire, les lettres et les arts). Il en va de même de la recherche qui vise essentiellement l'innovation technologique, c'est-à-dire la création et la commercialisation de nouveaux produits, ainsi que le développement de nouveaux procédés ou de nouvelles approches qui améliorent l'organisation et la production. Le partenariat avec le privé est souvent une condition imposée par les organismes gouvernementaux de financement de la recherche. En proie à des restrictions budgétaires, les universités se tournent vers le secteur privé qui les centre sur ses priorités et accroît leur dépendance. Celles-ci délaissent peu à peu la recherche fondamentale si essentielle, jadis un fleuron de l’université à l'origine des grandes découvertes. Une marchandise sur le «libre-marché» L'Accord général sur le commerce des services (AGCS), signé au sein de l’OMC en 1994, doit faire entrer en vigueur le 1er janvier 2005 une vague de libéralisation de tous les services : santé, éducation, eau, transports, culture, banque, poste, télévision, tourisme, sécurité, etc. Cette libéralisation diminuerait le contrôle de l'État sur l'éducation supérieure, afin que des entreprises privées puissent offrir des services éducatifs au même titre que celui-ci. Pour l’UFP, qui entend défendre son mémoire sur toutes les tribunes, notamment en Commission parlementaire, «le Québec doit affirmer sans nuance le caractère public de l’éducation, et s’opposer aux traités internationaux comme l’ALÉNA, la ZLÉA et l’AGCS qui encouragent la déréglementation et la privatisation des services publics». Les enjeux liés à la qualité Nous croyons que c’est l’être humain dans sa globalité (individu, société, espèce) qui devrait être le vecteur de l’activité universitaire, tant en enseignement qu’en recherche. Sa mission de contribuer à l’esprit critique et à l’éthique a besoin d’être renforcée en ces temps de «discours unique de marché mondialisé». Seul l’État peut préserver cette mission et faire en sorte que l’université contribue à la paix mondiale et non l’inverse en brevetant le vivant ou en participant à le recherche sur l’armement. Il faut donc réinvestir massivement dans les programmes universitaires, prévoir une pénurie prochaine de professeurs et davantage reconnaître, intégrer et rémunérer les chargés de cours qui offrent souvent plus de 50% de l’enseignement au premier cycle. Les enjeux liés à l’accessibilité L’État doit supporter sans ambages le principe d’accessibilité universelle aux études universitaires fondé sur l’égalité des chances, ce qui implique la gratuité scolaire et à tout le moins le gel des frais de scolarité, l’assouplissement des règles de l’aide financière et l’allongement de la période de remboursement. Nous préconisons un revenu minimum garanti au-dessus du seuil de pauvreté, accessible aux universitaires, en remplacement du régime actuel d’aide financière. Il faut également encourager les jeunes, spécialement ceux et celles à risque d’exclusion, à suivre des études supérieures. Il faut réviser la cote «R» comme mécanisme de sélection, qui entraîne trop d’inégalité. Enjeux liés au financement Le sous-financement du réseau universitaire, depuis la vague de coupures entreprise au milieu des années 90, est vivement dénoncé par l’UFP. Il manque 375 millions selon des études du MEQ et du CREPUQ. Cette réalité nous fait craindre une hausse des frais de scolarité, ce à quoi le présent gouvernement a semblé vouloir préparer l’opinion publique. Toutefois, une hausse des frais de scolarité n’entraîne pas automatiquement une hausse des budgets disponibles pour l’éducation universitaire, car l’État se désengage d’autant. Mais en contrepartie, elle peut assurément entraîner une baisse de la fréquentation. L’État doit demeurer responsable du financement des universités, notamment dans la recherche libre et indépendante. Ainsi, il pourra plus facilement bannir les contrats commerciaux des universités et mieux promouvoir des pratiques écologiques et de santé préventive. Les fondations doivent venir en appoint seulement. Par ailleurs, les contrats de performance devraient être bonifiés par des critères de gestion écologique des établissements, de transparence, de mise en place d’une structure démocratique, d’aide aux étudiants-es, d’engagement à la réussite des études, etc. L’UFP recommande la tenue d’une enquête publique pour faire le point sur toutes les sommes venant du secteur privé dédiées au milieu universitaire. Les liens et les obligations des universités envers les compagnies privées devront être dévoilés lors d’une telle enquête. Enfin, une politique fiscale davantage progressive est la meilleure façon d’assurer un financement public, juste et équitable aux universités du Québec. Magali Paquin, coordonnatrice du mémoire Pierre Dostie, V-P porte-parole
Site de l'Union des forces progressistes
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