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La cause oubliée de la crise du logement : l'appauvrissement des locataires

Anonyme, Wednesday, February 18, 2004 - 15:14

FRAPRU

L'appauvrissement des locataires est une des causes majeures de la crise qui fait de Québec la région métropolitaine qui subit la plus sévère pénurie de logements locatifs de tout le Canada, avec un taux de logements inoccupés de 0,5 %. C'est ce constat qu'a fait aujourd'hui le Front d'action populaire en réaménagement urbain, en constatant que le revenu médian des ménages locataires de la Ville de Québec a diminué de 21,9 % en dollars constants entre les recensements de 1981 et 2001.

Le FRAPRU a dévoilé cette donnée inquiétante lors d'une conférence de presse tenue en collaboration avec trois de ses groupes membres de Québec, soit le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste et le Comité logement d'aide aux locataires du secteur ouest de Québec.

Les organismes expliquent notamment cet appauvrissement par le fait que les locataires mieux nantis sont devenus propriétaires au fil des ans, le taux de propriétaires occupants passant de 46 % à 51 % à Québec entre les recensements de 1981 et 2001. Ils ajoutent que la composition des ménages locataires a également changé, les personnes seules et les familles monoparentales, qui ont des revenus plus bas, y représentant une part toujours plus importante. À elles seules, les personnes seules représentaient 51,7 % de l'ensemble des ménages locataires en 2002.

Les organismes considèrent l'appauvrissement des locataires comme une des raisons majeures de la pénurie de logements. François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, s'explique: "Ce que les promoteurs privés cherchent, c'est la rentabilité économique, le profit. Or, l'appauvrissement des ménages locataires fait en sorte qu'ils sont de moins en moins rentables pour le privé. Les promoteurs ont beau construire des logements qui vont se louer 700 $ ou 800 $ par mois, encore faut-il qu'il y ait des locataires capables de se les payer!"

Quand 80 % de ses revenus passe en loyer

Selon les organismes, une autre conséquence de l'appauvrissement des locataires est le nombre élevé de ménages qui, à Québec, doivent consacrer la moitié et plus de leur revenu en logement. Lors du recensement de 2001, ce nombre était de 19 870. De ce nombre, 14 850 ménages devaient y engloutir plus de 60 %. Pire encore, pour 9420 ménages ( soit 8,4 % des locataires), c'est plus de 80 % du revenu qui passait en loyer.

Or, le FRAPRU et ses groupes membres estiment que la situation est encore pire maintenant, compte tenu des hausses de loyer provoquées par la pénurie de logements locatifs. De 2001 à 2003, les loyers ont augmenté de 10,1 % dans le cas des studios, de 10,2 % dans les logements d'une chambre à coucher, de 9,5 % dans ceux de deux chambres et de 12 % dans les logements de trois chambres à coucher et plus. "Si c'était dur pour les locataires en 2000, imaginez ce que c'est en 2004", s'exclame Frédéric Gosselin du Comité des citoyens-nes du quartier Saint-Sauveur.

"Un grand coup " lors du budget Séguin?

À quelques semaines du budget québécois, les organismes réclament que les "belles paroles en faveur du logement social" prononcées par le ministre des Finances, Yves Séguin, lors de ses consultations pré-budgétaires et d'une rencontre au bureau du FRAPRU, se transforment en annonces concrètes et ambitieuses. "Le ministre a dit qu'il " voulait donner un grand coup " pour le logement social dans son budget. À lui, de tenir parole", a déclaré François Saillant.

Le FRAPRU et ses groupes membres réclament le financement de 8000 nouveaux logements sociaux par année à l'échelle du Québec, dont la moitié passant par la mise sur pied d'un programme de HLM et l'autre moitié en coopératives d'habitation et en logements sans but lucratif. De ces 8000 logements, 725 pourraient se réaliser année après année à Québec.

www.frapru.qc.ca


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