L`implication de la France dans le génocide rwandais

L'évènement est passé presque inaperçu et pourtant il en dit long sur la responsabilité de la France dans le génocide rwandais.

Le lundi 19 janvier dernier, Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président du Rwanda, dont la mort avait marqué le début du génocide rwandais en avril 1994, était présente à la cérémonie des vœux de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui s'est tenue à Paris. Dans un communiqué commun, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme et la Ligue des droits de l'homme se sont indignées d'une telle présence et ont souligné le rôle central joué par la veuve de l'ancien dictateur dans la préparation méticuleuse du génocide. Ces protestations isolées n'ont guère perturbé un sommet où l'on célèbre régulièrement entre amis les petits meurtres impunis de la Françafrique.

Qui est-donc Madame Agathe Habyarimana ?

Au centre de la propagande anti-tusi, elle représentait la branche dure du pouvoir Hutu et, plus royaliste que le roi, elle ne voyait dans son mari, dictateur raciste, qu'un élément trop modéré de la cause Hutu et, certainement, une personnalité incapable de mener à bien l'organisation d'un génocide.

Intime de l'exécutant principal de l'extermination des Tutsi, le colonel Bagosora, elle fut l'une des fondatrices de la Radio des Mille Collines, qui depuis sa création en août 1993, diffusait des appels au meurtre contre la population Tutsi et annonçait la prochaine éradication des "cafards Tutsi". Elle incarnait et incarne toujours le régime raciste qui a minutieusement préparé pendant trois ans, et exécuté pendant trois mois, le plan d'extermination des Tutsi.

Choyée par la France, elle fut évacuée de Kigali vers Paris le 9 avril 1994 (soit trois jours après le déclenchement du génocide) et fut reçue à de nombreuses reprises dans les salons cossus de notre généreuse République. Elle est proche du clan Mitterrandien qui voyait dans le régime raciste Hutu une arme contre l'influence anglo-saxonne véhiculée par l'opposition armée au régime d'Habyarimana, incarnée par le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame (actuel Président du Rwanda).

Si Madame Habyarimana doit bénéficier de la présomption d'innocence, au même titre que Fidel Castro, les anciens dirigeants Khmers Rouges, Pinochet ou Saddam Hussein, la France devrait cesser d'apporter son soutien à l'une des responsables de la plus grande tragédie de la fin du XXième siècle et devrait se sentir obligée de déployer toutes ses ressources diplomatiques pour qu'elle soit traduite devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda.

La France, qui se vante d`être le pays des droits de l'homme, serait-elle également la terre d'asile des tyrans francophones du monde entier ? Si cela n'étonne plus personne, cela devrait au moins en indigner quelques uns.