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FSM 2004 : Abhivyakti, les médias, le développementtartosuc, Sunday, January 18, 2004 - 03:17
Frédéric Dubois
Le quatrième Forum Social Mondial qui s’est imposé comme événement majeur dans la métropole indienne de Mumbai depuis le 16 janvier, propose un nombre d’ateliers, de séminaires et de conférences assez impressionnant. Plus de 1200 activités de tous genres animeront pendant six jours, le site du plus important rassemblement annuel des altermondialistes. Cette espèce rare, dans un monde qui se tourne de plus en plus vers le commerce pour répondre à des questions, problématiques et enjeux dépassant largement les compétences du seul commerce, a invariablement des alternatives à proposer. Aujourd’hui, regard sur la communication participative. FSM 2004 : Abhivyakti, les médias, le développement Le quatrième Forum Social Mondial qui s’est imposé comme événement majeur dans la métropole indienne de Mumbai depuis le 16 janvier, propose un nombre d’ateliers, de séminaires et de conférences assez impressionnant. Plus de 1200 activités de tous genres animeront pendant six jours, le site du plus important rassemblement annuel des altermondialistes. Cette espèce rare, dans un monde qui se tourne de plus en plus vers le commerce pour répondre à des questions, problématiques et enjeux dépassant largement les compétences du seul commerce, a invariablement des alternatives à proposer. Aujourd’hui, regard sur la communication participative. Dans le cadre de la première journée du FSM, nous avons assisté à un atelier interactif animé par une organisation indienne oeuvrant pour le développement local via les dispositifs de communication. Abhivyakti Media for Development, une petite ONG basée à Nashik dans le nord de l’État de Maharashtra (dont la capitale est Mumbai) est un centre de production, de publication, de ressources médias, d’outillage technique, d’éducation aux médias et de développement de compétences et leadership spécifiquement chez les jeunes. Aujourd’hui, elle s’est efforcée, marionnettes, papier, crayons couleur, pâte à modeler et masques à l’appui, de présenter ses activités et faire s’exprimer les participants. Ce qui ressemble à priori à des outils essentiels à toute bonne maternelle, était en réalité une mise en scène nous permettant d’expérimenter en le pratiquant, la communication telle que proposée par Abhivyakti. David du Movement in Motion Arts Collective de New York, Pradip de la Dalit Welfare Organisation du Népal, Rima du Women of Color News Collective de Los Angeles ou encore Dave, un travailleur social Australien, ont tous pu échanger au sujet des médias. Abhivyakti croit dans le potentiel émancipateur des médias et leur capacité, si utilisés judicieusement, à inicier des processus de communication democratiques au sein de différentes sections de la population. Ses militants sont d’autant plus persuadés que les médias, qu’il s’agisse de la radio, de l’internet, du journal, de la vidéo et pourquoi pas, du théâtre, peuvent être utilisés de manière effective pour faire avancer les causes citoyennes et favoriser l’empowerment des participants. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les participants à l’atelier devaient exprimer leur opinion et compréhension des médias communautaires, des médias de masse, puis de la meilleure façon avec laquelle il serait possible d’utiliser l’un et l’autre pour le changement social. Ce qui ressortait surtout, était un consensus, à savoir que les médias se doivent d’être là pour connecter les gens entre eux. Plusieurs faisaient référence à une conception assez nostalgique de la communication en face-à-face, non-médiatisée et à l’importance de transmettre des connaissances et savoirs traditionnels via les médias. Si ces affirmations très centrées sur la communauté tiennent une place prépondérante pour caractériser une version idéale de la communication telle que vécue dans des sociétés traditionnelles comme celle de l’Inde, il reste à comprendre de quelle façon une société non-traditionnelle, sur-médiatisée et éclatée comme celle du Québec peut intégrer des des médias ancrés dans leur communauté. Bien que le sens originel de communauté s’effrite dans le cas du Québec, il est à noter que les médias communautaires et affinitaires cohabitent avec succès. En effet, des médias affinitaires tels le CMAQ (mobilisant principalement autour des questions de mondialisation et justice sociale), Cybersolidaires (à la fine pointe de la lutte féministe) ou la Tribu du verbe (subversion et critique de la classe dirigeante par l’humour et la dialogue) prennent du gallon, tandis que les médias communautaires continuent à occuper le pavé des différentes communautés culturelles, linguistiques et géographiques. Abhivyakti relève le défi au quotidien et se questionne sur l’avenir de ces médias alternatifs, en opposition aux médias de masse. Si la comlémentarité entre une pluralité de médias à but-non-lucratifs, certains communautaires, d’autres affinitaires, semblent porteur d’une multitude de points de vue et d’un dialogue véritable sur le plan local, il est tout aussi important, dans les yeux des participants présents à l’occasion de ce forum mondial, d’apprendre des expériences de média-activistes sur le plan international. Les références répétées au besoin de se salir les mains pour changer le monde nous font croire que la voie à suivre pour mettre en place des médias communautaires et affinitaires authentiques, au service des gens, se réalisera, sueur au front, les mains dans les câbles, sur le clavier et dans a pâte à modeler. C’est-à-dire que bon nombre de projets réellement porteurs de changement social ne pourront voir le jour qu’à partir du moment où les promteurs de ces initiatives colectives oseront, concevront en prenant moults risques, pratiqueront amplement la culture du don (temps et ressources financières), souvent au bout de sacrifices innombrables. Abhivyakti est un de ces projets médiatiques qui outille des membres de la communauté dans l’utilisation des médias, autant de masse qu’alternatifs. Depuis 1987, les bénévoles et quelques salariés expliquent le maniement de la caméra vidéo, organisent des rencontres de discussion pour creuser les questions reliées à la censure, le contrôle accru des médias par des intérêts financiers, la façon don’t les femes sont dépeintes dans les médias et autres questions plus théoriques. Abhivyakti publie enfin des documents éducatifs, du matériel didactique mas aussi des recueils de textes, en marathi et anglais, traitant des médias. Ces publications rédigées souvent par des gradués d’Abhivyakti, s’adressent autant aux enfants qu’aux adultes et documentent des thèmes aussi variés que les médias et la communication, l’éducation aux médias, les enjeux de la famille, la sexualité ou encore l’empowerment des femmes. Cet atelier fait partie d’une série d’événements du FSM en lien avec la communication et le changement social. Nous prévoyons visiter demain, une conférence au titre délectable: Médias, culture et savoir. Pour en savoir plus : Site de l’organisme Abhivyakti : www.abhivyakti.org Ce reportage a été rendu possible grâce à l’appui financier de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).
Site du Forum Social Mondial de Mumbai
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