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Toute vérité est bonne à dire: témoignage d'une ex-prostituée

Sisyphe, Friday, January 9, 2004 - 14:12

Sylviane

Je lis vos échanges sur la prostitution depuis quelques semaines et ça me fait bien réfléchir au point où on en est dans notre monde fucké. Je ne trouve pas que vous dites toute la vérité et avant que vous me disiez de me la fermer parce que je ne serais pas "du milieu", je me présente. Je suis une ex, j'ai commencé à 13 ans initiée par mon petit ami de 20 ans qui avait besoin d'argent pour sa dope et ses études. Pendant deux ans, j'ai été sa vache à lait si l'expression ne choque pas trop sur ce distingué site... En réalité j'ai commencé avant si on compte la fin du primaire où des gars nous obligeaient à leur faire des pipes pour ne pas être autrement "taxées". Vous savez ce que c'est le taxage, on prend votre manteau, vos livres ou votre argent ou d'autre chose. Ça a toujours existé, mais on appelait ça autrement. À moi et d'autres filles, c'est des "services" sexuels qu'on demandait pour nous laisser tranquilles. Services, ha! ha! faites-moi rire.

À 15 ans, mon ami m'a lâchée, il n'avait plus besoin de moi, il s'en était trouvé une autre et j'étais trop droguée, ça lui coûtait plus cher de m'entretenir que ce que je lui rapportais. Je me suis essayée toute seule dans la rue, et là, j'ai rencontré des travailleurs de rue, gars et filles. Vous savez ceux-là qui se fendent la gueule pour défendre les droits des prostituées contre la maudite société mais qui ne lèvent pas le petit doigt eux-mêmes pour les aider. Ils m'ont offert des services, ha! ha! ha! encore des services, des seringues propres et des capotes pour que je n'attrape pas le sida et l'hépatite C ou A, je ne sais plus. Ils ne m'ont jamais demandé si je voulais m'en sortir, ils ne font que de l'accompagnement, qu'ils ont
dit, ils ne sont pas des moralistes eux. Ils m'ont dit que je pouvais leur parler parce qu'ils ne jugeaient pas. C'est bien ça le problème, tout le monde dit qu'il ne juge pas ou accuse les autres de trop juger et, en réalité, il n'y a pas grand monde qui se sert de son jugement. Ça donne les folies que j'ai lus, que la prostitution est presqu'un service social, les femmes ont bien le droit de donner du sexe aux hommes et les hommes d'en avoir, c'est un choix individuel, la sexualité est tabou, c'est une libération de se prostituer. Mon oeil. Vraiment y en a qui dérape. Dites-moi d'abord pourquoi vous ne le faites pas vous-même si c'est si beau que ça de se prostituer.

Je continue mon histoire. Un des travailleurs de rue a remplacé mon petit ami puisque j'avais besoin de la coke, il m'en fournirait si je faisais pour lui tant de "clients" par jour, et il me protégerait. J'étais pognée par la dope et en plus j'avais bien besoin d'attention, que quelqu'un s'occupe un peu de moi. N'ayez pas peur, le travailleur de rue s'est servi lui aussi, j'étais à sa disposition. Un de ces jours, il m'a parlé d'un pimp qui recrutait des filles de mon âge. Je pouvais pas continuer tout seule, qu'il me dit, il fallait que je sois "protégée" et lui ne pouvait plus. Je serais mieux dans le cheptel - excusez encore le mot - d'un caïd du milieu qui saurait me faire gagner de l'argent vite. De l'argent, j'en avais bien besoin pour la drogue quand le travailleur de rue m'a laissé tomber à son tour, j'ai accepté la "protection" du pimp. Un gros cochon à cigare qui me prenait pour sa chose et m'obligeait à toutes ses saletés.

Ça n'a pas été long qu'il m'a posé ses conditions, je devais acheter ma dope de lui, lui verser un montant par jour pour la location de la chambre, un autre pour sa protection et un pourcentage de l'argent que je faisais des clients. Il me restait pas grand-chose. C'était pour mon bien, pour ma protection... En fait de protection j'ai eu plus de coups du pimp que des clients, une gang de désoeuvrés riches qui ne savent plus à quels divertissements se vouer. Il y avait dans ça des professeurs d'université et des juges pires encore que les petits ouvriers du coin. J'ai pas eu beaucoup de petits ouvriers, ils n'ont pas d'argent à gaspiller peut-être ou ils ont d'autres divertissements. J'ai passé 5 ans dans cette galère, le pimp m'envoyait à Vancouver, en Ontario, à la Baie James, partout au Canada. Il avait été question de m'envoyer ailleurs, je serais plus là pour vous écrire s'il m'avait envoyée dans son réseau en Asie ou en Europe. Car vous savez peut-être que ces gens s'échangent des femmes comme de la marchandise.

En plus de la drogue, je me suis mise à l'alcool parce que je ne pouvais pas me regarder en pleine face faire ce que je faisais. Vous devez vous demander comment ça se fait que j'en suis sortie. Un jour ma mère s'est suicidée et ça a été un choc, mon père, un gros bonnet des affaires, ne voulait plus rien savoir de moi depuis longtemps. Toute seule pour vivre cet événement... Une fois j'ai dépassé les bornes et il y a quelqu'un qui m'a trouvée inconsciente sur la rue et m'a conduite au CLSC au lieu de la police. J'étais pas en mesure de décider quelque chose par moi-même, ils m'ont mise dans une maison où un travailleur social me visitait régulièrement. C'est bien l'un des rares gars qui n'a pas essayé de profiter de la situation. Parfois, c'était une travailleuse sociale et parfois les deux à la fois, ils travaillaient en équipe. Aussi bien vous dire qu'ils ne m'en ont pas fait accroire, ils m'ont donné l'heure juste. T'as 20 ans, qu'ils ont dit, t'es capable de te sortir de cet enfer - pas de philosophie sur le travail du sexe travail comme un autre, pas de propos complaisants pour m'amadouer et de grandes rationalisations pour que je ne pense pas qu'ils jugent. La vérité en pleine face. On peut t'aider, mais seulement si tu le veux, c'est ta vie, pas la nôtre, t'es en train de te détruire, mais si c'est ça que tu veux continuer, c'est ton affaire. Mais tu vas pas vivre vieille du train que t'es partie. Si tu veux t'en sortir, on va t'aider. T'es pas obligée de décider tout de suite, on va revenir et tu nous le diras. Mais fais-nous pas des accroire sur la soi-disant libération dans la prostitution, on connaît la chanson, t'es pas la première qu'on voit.

J'ai été dans cette maison de transition pendant des mois, j'étais fuckée complètement, pour faire une histoire courte j'ai été en désintox et ai rechuté. Je me suis sauvée et je suis revenue, des aller et retour plusieurs fois. Les travailleurs sociaux étaient patients, pas surpris pantoute des rechutes et des retours. Un de ces jours j'ai été assez bien pour leur demander qu'est-ce que je pourrais bien envisager dans l'avenir. Ils m'ont dit que c'est moi qui décidais, est-ce que je voulais trouver un travail, ils me mettraient en contact avec les centres de main-d'oeuvre, et on m'en trouverait, ou bien si je voulais étudier. L'un ou l'autre me donnait une peur bleue mais au bout du compte j'ai fini par étudier, j'avais bien du retard, j'ai fait le bout qui me manquait, il fallait que je traîne aussi les conséquences de mes années de drogue, d'alcool, les coups, le sexe à répétition, ça use. Mais j'ai fini par m'en sortir, un jour j'ai su qu'il y avait un point de non retour, c'est quand j'ai affronté dans un cours un professeur qui était un ancien client... Pour essayer de cacher son malaise, il était agressif contre moi et essayait de monter la classe contre moi. J'ai rien dit, pas révélé qu'il avait été client, et finalement, c'est la classe qui s'est montée contre lui et lui a demandé quelle mouche le piquait.

Vous parlez de travail comme un autre. La prostitution n'est pas un travail du tout, c'est une forme d'esclavage, on peut difficilement en sortir. La prostitution, un choix libre. Mensonge. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas quelques-unes - une bien petite minorité - qui décident d'essayer ça et le font librement, sans sombrer dans la dope et l'alcool comme la plupart. Et dites-moi quelle liberté a un enfant de 13 ans qui cherche l'amour, la reconnaissance de l'autre sexe - surtout quand son père l'a toujours méprisée, et qui se retrouve entre les mains de ces gens qui ne pensent qu'à l'argent et au sexe. Et la très grande majorité des prostituées adultes ont commencé quand ils étaient des enfants. Vous essayez de noyer le poisson dans toutes sortes de raisons édifiantes qui justifieraient la prostitution mais vous n'êtes pas honnêtes. Vous parlez de libération sexuelle, de sexualité, et tout et tout, dites donc la vérité: c'est pour l'argent que vous faites ça et parce que vous avez été entraînées par d'autres ou avez voulu comme moi défier votre milieu familial ou social sans savoir ce qui arriverait ensuite. La grande majorité des prostituées que j'ai connues n'étaient pas heureuses de leur situation mais ne savaient pas comment s'en sortir, à cause de la drogue et des dettes qui s'en suivent. Quand on se parlait entre nous, j'en ai jamais entendu une dire que c'était un métier enviable. Il y en a qui avaient peur que leurs petites soeurs suivent leurs traces.

J'ai fait du progrès, à maintenant près de 40 ans, mes études m'ont amenée à consulter des recherches sur les prostituées, sur le trafic des femmes, l'exploitation des enfants. Je ne sais pas qui vous représentez ici mais vous parlez pour un bien petit nombre car la majorité des prostituées, la très grande majorité ne voient pas la prostitution comme un métier, elles se sentent malprises et méprisées. Pas seulement à cause des préjugés de la société, par les clients et les proxénètes qui leur font sentir qu'elles sont de la marchandise entre leurs mains. Parfois aussi par celles qui disent vouloir le bien des prostituées et qui travaillent à les maintenir dans leur situation. Vous comparez ça avec le travail en usine, le mariage, etc. Déconnage. En usine, vous êtes libre de partir, dans le mariage aussi, le divorce existe mais dans la prostitution, souvent vous n'êtes pas libres parce que votre vie appartient à d'autres ou qu'on vous tient par la drogue ou la menace de violence.

Celles qui disent que c'est un choix individuel, voulez-vous me dire pourquoi vous voulez absolument que toute la société endosse votre choix individuel et le propose comme un métier acceptable. Merde, je suis contre. J'ai une fille de 12 ans et je ne veux absolument pas qu'on lui propose la prostitution ou satisfaire les besoins sexuels des hommes parmi ses choix de carrière. J'ai un gars de 9 ans et je ne veux pas non plus qu'il se mette dans la tête qu'il est normal qu'un homme considère les femmes comme des servantes sexuelles ou qu'il se mette à penser qu'il pourrait s'enrichir plus vite s'il devient proxénète plutôt que mécanicien ou ingénieur. Si vous étiez honnêtes, regarderez dans les pays qui ont légalisé la prostitution et vous verrez que ça n'a pas changé la situation des prostituées, dans certains cas, ça l'a empiré, quand la prostitution est reconnue comme un service comme un autre, elles ne peuvent plus rien refuser et sont encore plus esclaves. Votre baratin qui chante les bienfaits de la prostitution est pur mensonge, et les hypocrites et moralistes, c'est vous autres parce que vous voulez imposer de nouvelles règles ou lois à toute la société, comme si vous déteniez toute la vérité sur le sujet. J'ai lu: laissez parler les prostituées. Lesquelles et combien ? Seulement celles qui pensent comme vous? Je ne vois pas ce qu'il y a d'évolué à demander qu'on légalise cet esclavage. Il y a moyen d'offrir des services aux prostituées, y compris des services pour s'en sortir même si vous ne les mentionnez jamais, ces services-là, il y a moyen de cesser de les traiter comme des criminelles sans nous dire que la prostitution est un métier ordinaire.

Je pensais que le féminisme travaillait pour la libération et l'égalité des femmes, c'est pas dans la prostitution qu'on va trouver cela. Je ne peux pas dire que j'ai vu beaucoup de féministes aider des prostituées à essayer de s'en sortir, il y a l'air à en avoir plus qui essaient de les maintenir en faisant croire que c'est le plus beau métier du monde. Les groupes qui représentent les prostituées, est-ce qu'ils en aident à s'en sortir ou bien est-ce qu'ils se contentent de demander la légalisation de la prostitution? Je me demande bien qui est derrière la propagande intense pour faire changer les lois pour rendre la prostitution plus acceptable. Il doit y avoir de gros intérêts financiers en jeux à voir comment on se débat pour justifier l'existence de la prostitution et il doit y avoir de gros bonnets qui tirent les ficelles à quelque part.

Peut-être que vous m'avez rencontrée sans le savoir dans les couloirs d'une université quand je faisais mon bac ou ailleurs. C'est la preuve qu'on peut s'en sortir mais pas en se faisant accroire que la prostitution est un beau métier en essayant de se valoriser à nos propres yeux et pas en menant campagne pour légaliser la violence. Il y en a qui rappellent les meurtres des prostituées de l'Ouest et elles ont l'air de dire que c'est de la faute des féministes qui sont contre la légalisation. C'est ridicule. C'est pas parce que la prostitution serait légale qu'il n'y aurait plus de violence envers les prostituées. Le mariage est bien légal et ça n'élimine pas la violence conjugale, le viol, etc. Il y a moins de gens qui aident les prostituées à s'en sortir que de discoureuses sur les supposés bienfaits de la prostitution. Et ça, c'est un vrai problème. Sylviane.

(L'auteure a adressé ce texte à Sisyphe et à Netfemmes à la suite d'un débat sur la liste féministe. Elle m'a demandé de placer pour elle son texte sur ce site après avoir accepté une révision linguistique minimale. Je tiens les échanges courriel à la disposition de l'administration.)



Subject: 
Travail de rue
Author: 
Nicolas
Date: 
Fri, 2004-01-09 15:07

Juste pour dire, parce qu'il y a un certain public qui aime bien casser du sucre sur le dos des organismes communautaires, qu'il y a des expériences complètement différentes avec les travailleurs de rue. Je connais bien des jeunes punks --dont moi-même-- que les services de Pops, la Maison Daufine, le PI(a)MP et le PIPQ ont empêchés de crever de faim et ont aider à sortir de la rue et de la dope. On peut ridiculiser les "services" en question mais criss qu'ils peuvent être vitaux des fois (j'ai même déjà apprécié les hot-dogs du Marginal!). Je suis persuadé que c'est l'action de certains travailleurs de rue du PI(a)MP et du PIPQ qui m'ont évité de sombrer complètement et m'ont aidé à me relever d'une bien mauvaise situation, notament via l'accompagnement que tu dénigre et les "services" de référence. Heureusement, j'en suis resté au PCP et j'ai évité de me mettre sérieusement dans la marde. Probablement que ça a rendu la tâche plus facile. Honnêtement, je ne sais pas comment ils interviennent auprès des femmes prostituées mais pour moi, comme ti-cul perdu dans Centre-Sud puis Saint-Jean-Baptiste, ça a été ce qu'il fallait. Des salauds, il y en a partout et visiblement tu as rencontré un salaud qui était aussi travailleur de rue. Je voulais juste dire que ça représente pas tous les TR. D'ailleurs, j'en ai rencontré pas mal qui avait une attitude pas mal plus proche des TS dont tu parles. M'enfin, à chacun ces expériences. Bon texte en passant.


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Subject: 
Vigile
Author: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Fri, 2004-01-09 17:13

Des expériences personnelles, ça ne se discute pas, on en prend acte, on compatit aux malheurs de l'autre et on se réjouit si la personne a pu se sortir de sa mauvaise situation.
Cependant, le débat qui a lieu actuellement sur la prostitution passe à côté de l'élément déclencheur, c'est-à-dire la Vigile du 17 décembre à la mémoire des travailleuses du sexe assassinées, plus de 500 au Canada.
La question essentielle dans tout ce débat confus sur le travail du sexe, c'est que les féministes de cette liste ne se sont pas indignées de l'assassinat de plus de 500 travailleuse du sexe, sans intervention policière, et dans l'indifférence générale.
L'important c'est que les féministes de cette liste n'ont pas commenter ces atrocités, la "liberté" avec laquelle des tueurs en série, des tueurs,ont pu impunément assassinées autant de femmes sans que personne ne réagissent, sans compter les sévices qu'elles ont dus subir entre leurs mains.
Ce sont des femmes, peu importe ce qu'elles font dans la vie, ce sont des personnes humaines.

En sommes-nous à nous demander: "quelle vie vaut la peine d'être vécue?"

Que vous débattiez tant que vous voulez sur le travail du sexe, cette attitude parle de vous beaucoup plus que vos discours confus.

Si on avait reproché aux filles de Polytechnique d'être dans un milieu non-traditionnel?

Ou si on avait reproché à Marie Trintignant de vivre avec un homme violent?

Des femmes par centaines ont été assassinées, ici au Canada, si vous n'avez pas le coeur d'en être bouleversées alors je ne sais pas en quoi retourne votre "féminisme"

Louise-Anne Maher


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Subject: 
à qui tu t'adresse?
Author: 
Nicolas
Date: 
Fri, 2004-01-09 19:54

À qui tu t'adresse Louise-Anne? À moi ou à l'auteure du texte plus haut?


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Subject: 
Entre le chien et le loup?
Author: 
Bleuler
Date: 
Fri, 2004-01-09 23:32

Je trouve au contraire que Sylvia touche le point central du problème. Même dans les milieux chic où elles se font payer cher, le marchandage du corps des prostitués est un avilissement une atteinte profonde à l'identité de la femme. En décriminalisant la prostitution on faciliterait probablement l'accès à certains services publics, mais on risquerait aussi d'ouvrir la porte à une institutionalisation de l'avilisement des femmes.

Je ne trouve pas que le problème est simple. Je ne crois pas que les bénéfices de la décriminalisation soient si évidents.


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Subject: 
un des problème...
Author: 
Tycoon
Date: 
Sat, 2004-01-10 01:05

Décriminalisé la prostitution? Faire ca comme ca, sans rien... C'est plus que dire un oui ou un non, un pour ou un contre.

Si quelqu'un me convaincrais d'etre pour la légalisation de la prostitution il faudrais qu'il me promette que demain matin la mafia au Québec serais mis à la porte de la province et qu'au port de Montréal on inspecte chaque conteneur pour voir s'il n'y a pas de faux font ou on cacherais cette drogue à dépendance physique qui fourni tout les États-Unis + le Canada.

Si la drogue physique ne rentrerai pas au pays... si la mafia n'existerai pas (plus de 50 millions de membres à travers le monde) bien on verrais bien que ceux qu'il voudrais essayer se métier soit vraiment sincère... mais encore, il faudra arrêter aussi la propagande des fantasme tordu qui crée pas mal de traumatiste sur les prostitué, meme si elle ont plus de 21ans... De toute maniere, pas de mafia et pas de drogue forte, on aurais meme pas besoin de se prostitué pour arriver puisque la société ne serais pas ce qu'elle est actuellement.

Quoi faut encore sauvé le monde? Ben oui, c'fatiquant hen quand quelqu'un rentre un aiguille dans la bubule d'illusion qu'on a tous!

Trop d'enfants se protitue... + de 5000 à Montréal et + de 800 à Québec (selon les enquête policière et communautaire des deux villes)... ça c'est en bas de 18ans, et ceux qui dise que ça dérange pas, ben c'est parce qu'il on accepter de rien faire et de donner raison è la propagande de la mafia et des médias... ou parce que certain on pris gout au service des geisha au japon et la pas besoins de prendre l'avion, il y en n'a maintenant au québec. Prendre gout à ça, ben c'est simplement d'la folie. Pourquoi? Parce que ça fais tout simplement mal au prostitué juvénile (enfants agressé), oui autant physique que psycologique [un enfants n'a pas la capacité de décidé un choix d'un plan de carrière sexuelle, c'est un fait... je me rapelle quand j'était jeune! Ça fait juste un an]. Et tout parents qu'ils aiment leur enfant, ne voudrais pas qu'ils aillent se protitué, c'est un fait. C'est pas mal simple ça comme réponse!


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Subject: 
Pour aller plus loin dans la réflexion
Author: 
Nicole Nepton
Date: 
Sat, 2004-01-10 11:11

Je vous inviterais aussi à lire les commentaires suscités par ce texte de Sylviane qui ont circulé dans la liste netfemmes : de Marie-Neige et de moi. Et aussi ce courriel particulièrement nuancé de Roxane Nadeau. Je vous invite également à lire les articles qu'elle envoie de Calcutta où elle est actuellement. Repassez par cette page-là pendant le Forum social mondial 2004 auquel elle participe avec la plus grande association de travailleuses du sexe au monde. Peu après, elle couvrira le gigantesque festival qu'elles organisent chaque année à Calcutta depuis plus 12 ans.


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Subject: 
Pour compléter l'information
Author: 
Sisyphe
Date: 
Tue, 2004-01-13 23:05

Pour compléter l'information sur le sujet : Un autre intéressant témoignage publié sur Netfemmes, celui de Marie, ex-prostituée, elle aussi. Intéressant commentaire également de la même Marie sur le témoignage de Sylviane et sa réponse à Roxanne. Également, en avant-première, un extrait d'une recherche d'un sociologue spécialiste de la mondialisation des marchés du sexe et un autre article d'information sur les résultats de la libéralisation de la prostitution dans certains pays.


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Subject: 
Auteure Marie-Neige, soumis par Louise-Anne Maher
Author: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Sat, 2004-01-10 14:08

De : "Marie-Neige"

> Je souhaite aussi contribuer au débat sur le travail du sexe et d'un même
> temps répondre à quelques questions ou interventions soulevées par Sylviane.
>
>
> Sylviane écrit : Vous savez ceux-là qui se fendent > >la gueule> >pour
> défendre les droits des prostituées contre la maudite société mais qui >
> >ne> >lèvent pas le petit doigt eux-mêmes pour les aider. Ils m'ont offert
> des > >services,> >ha! ha! ha! encore des services, des seringues propres et
> des capotes pour > >que je> >n'attrape pas le sida et l'hépatite C ou A, je
> ne sais plus.
>
> Effectivement, les travailleuses et travailleurs de rue ouvre avec le mandat
> de promouvoir la santé (physique et mentale) et vont souvent en premier lieu
> offrir du matériel de prévention. Le matériel de prévention comme les
> condoms, le lubrifiant, la liste des mauvais clients et agresseurs et les
> seringues (pour les organismes qui font des échanges de seringues) visent la
> prévention de la violence, du VIH, des hépatites et des MTS mais sont aussi
> une opportunité pour les travailleuses et les travailleurs de rue d'entrer
> et d'établir un contact avec la personne rencontrée sur la rue. La
> distribution du matériel de prévention représente une partie du travail des
> travailleurs et travailleuses de rue. Une fois le contact établi, il faut
> établir une relation de confiance, ce qui prend en moyenne 2 mois à un an.
>
> La partie importante de la pratique du travail de rue est l'intervention
> sociale : écoute, soutien, information, références vers les organismes de
> santé et les organismes de services sociaux, la défense de droits, l'
> accompagnement dans les démarches telles que porter plainte contre un
> agresseur, trouver un logement, quitter un conjoint violent, cesser de
> consommer des drogues, trouver une clinique d'avortement, trouver un emploi,
> etc. Les travailleuses et travailleurs de rue pratiquent généralement dans
> une perspective de réduction des méfaits et avec l'approche humaniste, c'
> est-à-dire qu'ils vont sensibiliser les personnes à réduire leurs
> comportements à risque liés à leurs styles de vie, comportements qui mettent
> en danger et menacent leur santé de façon irréversible tel que contracter
> le VIH-sida. Ils vont respecter et travailler en fonction de la demande et
> les besoins manifestés par les personnes de la rue. Les travailleuses et
> travailleurs de rue ne disent pas aux personnes qu'ils rencontrent quoi
> faire, ils n'imposent pas des changements involontaires. Lorsque les
> travailleuses et les travailleurs de rue font une intervention, les
> personnes de la rue doivent au préalable être volontaires et manifester une
> demande de soutien, une volonté de changement. Les travailleurs et
> travailleuses de rue travaille pour l'amélioration des conditions de vie
> globale des gens de la rue.
>
> Les travailleuses et travailleurs de rue ont un code de d'éthique qu'ils
> doivent respecter comme tous les intervenants sociaux. Il y a un code d'
> éthique spécifiquement pour le travail de rue qui a été rédigé dans un
> document qui s'intitule « de l'oral à l'écrit », document publié par L'
> ATTRUq (l'Association des travailleuses et travailleurs de rue du Québec).
> Les travailleuses et travailleurs de rue ont parfois même deux codes d'
> éthique, celui du travail de rue et celui de l'organisme pour lesquelles
> ils/elles travaillent. L'ATTRUq organise régulièrement des séminaires de
> formation et beaucoup de ces séminaires portent sur l'éthique d'intervention
> dans le travail de rue. L'ATTRUq travaille à la reconnaissance sociale de
> la pratique du travail de rue comme pratique d'intervention et le respect de
> l'éthique est fondamentale pour l'admission des travailleurs et
> travailleuses de rue comme membre de l'ATTRUq. Si la pratique du travail de
> rue et l'éthique d'intervention du travail de rue vous intéresse, je vous
> invite à communiquer avec Annie Fontaine qui enseigne un cours sur le
> travail de rue au département de travail social de l'Université du Québec à
> Montréal.
>
> Sylviane écrit : > >Je continue mon histoire. Un des travailleurs de rue a
> remplacé mon petit > >ami > >puisque j'avais besoin de la coke, il m'en
> fournirait si je faisais pour
> > >lui tant de > >"clients" par jour, et il me protégerait. J'étais pognée
> par la dope et en
> > >plus > >j'avais bien besoin d'attention, que quelqu'un s'occupe un peu de
> moi.
> > >N'ayez pas > >peur, le travailleur de rue s'est servi lui aussi, j'étais
> à sa
> > >disposition. Un de > >ces jours, il m'a parlé d'un pimp qui recrutait
> des filles de mon âge. Je > >pouvais > >pas continuer toute seule, qu'il me
> dit, il fallait que je sois "protégée" > >et lui ne > >pouvait plus. Je
> serais mieux dans le sheptel - excusez encore le mot - > >d'un caïd du >
> >milieu qui saurait me faire gagner de l'argent vite.
>
> Ce comportement est inacceptable de la part d'un travailleur de rue et doit
> être dénoncé. Cela va à l'en contre du code d'éthique des travailleurs et
> travailleuses de rue, aucun travailleur de rue ne peut référer personne de
> la rue ou une travailleuse du sexe vers un vendeur de drogue, un caïd, et
> ce, même si la travailleuse du sexe en fait la demande. Ce n'est pas son
> rôle. Son rôle est d'assurer le lien entre les gens de la rue et les
> services de santé et services sociaux, d'accompagner et soutenir les gens de
> la rue dans leurs démarches d'amélioration de leurs conditions de vie
> globale. Le rôle du travailleur de rue n'est pas de se faire des amis, de
> faire la promotion de l'un ou l'autre dans le milieu ou il intervient. Il
> doit être actif-passif, être un témoin présent dans le milieu, demeurer
> disponible lorsque les gens de la rue auront besoin de soutien dans leurs
> démarches.
>
> J'invite fortement Sylviane à porter plainte auprès de l'organisme auquel
> est rattaché ce travailleur de rue. J'invite Sylviane à porter plainte
> auprès de l'organisme même si le travailleur de rue de travaille plus pour
> cet organisme, l'organisme doit en être informé et doit assumer sa
> responsabilité à l'égard de ce manque de professionnalisme. Ce genre de
> situation n'est pas relié seulement au travail de rue, il y a des
> psychothérapeutes, des travailleurs sociaux, et des intervenants de toutes
> les sphères de la société qui peuvent manquer à leur code d'éthique ou leur
> code de déontologie. Ces situations sont inadmissibles et doivent être
> dénoncées.
>
> Si par contre ce travailleur de rue n'est pas rattaché à une organisation ou
> un projet spécifique, il n'est pas travailleur de rue, on les appelle
> plutôt les « pollueurs de rue ». J'ai déjà rencontré des personnes à
> Montréal qui, du jour au lendemain, se sont improvisés travailleurs de rue
> et ont décidé qu'ils distribuaient des condoms qu'ils se procuraient dans
> les organismes. Dans ce cas, il y a peu de recours. Il est important de
> demander aux travailleurs et travailleuses de rue pour quels organismes
> ils/elles ouvrent. On peut demander une carte d'affaire ou le numéro de l'
> organisme du travailleur ou de la travailleuses de rue et contacter cet
> organisme pour s'assurer que le travailleur de rue n'est pas un charlatan.
> Il doit nécessairement rendre des comptes et se rapporter à quelque part.
>
> Sylviane écrit : > > Les groupes qui représentent les prostituées,
> > >est-ce > >qu'ils en aident à s'en sortir ou bien est-ce qu'ils se
> contentent de
> > >demander la >légalisation de la prostitution? Je me demande bien qui est
> derrière la
> > >propagande > >intense pour faire changer les lois pour rendre la
> prostitution plus
> > >acceptable.
>
> Au Québec, il y a deux organisations de travailleurs et travailleuses du
> sexe, Stella et la Coalition pour les droits des travailleurs et
> travailleuses du sexe. Un nombre grandissant de travailleurs et
> travailleuses du sexe au Québec et au Canada deviennent également membre de
> l'International Union of Sex Worker (l'Union Internationale des travailleurs
> et travailleuses du sexe.) qui est basé à Londres et membre d'une importante
> centrale syndicale.
>
> En ce qui concerne Stella, les administratrices, les employées et les
> bénévoles sont en majorité des femmes travailleuses du sexe ou
> ex-travailleuses du sexe. Les membres de Stella sont en grande partie des
> travailleuses du sexe (femmes, travesties et transsexuelles) qui fréquentent
> l'organisme et aussi des femmes sympathisantes, des femmes qui travaillent
> dans le réseau des services de santé et services sociaux, et des militantes
> féministes. Il n'y a pas de gros Bonnet qui tire les ficelles dans le but
> d'en profiter, les personnes qui s'impliquent à Stella et participent aux
> réflexions, aux structures de décisions et à l'orientation des positions sur
> le travail du sexe sont en majorité, et bel et bien, des travailleuses du
> sexe.
>
> Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, les travailleuses du
> sexe qui s'impliquent à Stella ne sont pas un groupe de travailleuses du
> sexe élitistes, les membres de Stella incluent des femmes qui ont une
> diversité de vécus, une pluralité d'expériences de vie et de travail. La
> réalité à Stella rend possible par exemple qu'une employée cesse de
> travailler parce qu'elle elle est en rechute ou qu'une administratrice ne
> peut être présente à une réunion car elle trouve en prison. L'esprit de
> solidarité est très présent à Stella, les barrières de nos propres préjugés
> tombent lorsque nous avons toutes en commun : être une marginale de la
> société. C'est épatant de voir comment une travailleuse du sexe toxicomane
> et itinérante, une travailleuse du sexe qui vie avec des problèmes de santé
> mentale, une travailleuse du sexe qui roule sur l'or et fait fortune dans
> les grands hôtels, une travailleuse du sexe lesbienne qui travaille comme
> dominatrice, une travailleuse du sexe transsexuelle en break qui a la barbe
> longue et une travailleuse du sexe qui travaille comme danseuses sur le net
> peuvent être assises ensemble lors d'un souper communautaire et avoir une
> super discussion sur les clients. Elles n'ont parfois rien en commun sauf
> le travail du sexe et la marginalisation.
>
> Stella ne parle pas au nom de toutes les travailleuses du sexe mais au nom
> de ses membres, celles qui y reçoivent des services et celles qui partagent
> la philosophie de Stella. Stella ne peut parler au nom de toutes les
> travailleuses du sexe tout comme les groupes de femmes ne peuvent parler au
> nom de l'ensemble des femmes. Plusieurs femmes ne s'identifient pas au
> discours de l'organisation des groupes de femmes et au féminisme tout comme
> plusieurs travailleuses du sexe ne s'identifient pas aux groupes des
> travailleuses du sexe.
>
> Ce ne sont pas toutes les travailleuses du sexe qui croient que le travail
> du sexe est un métier, mais chose certaine, pratiquement toutes les
> travailleuses du sexe en action disent qu'elles sont en train de travailler
> et qu'elles le font pour l'argent. Il est certains qu'elles ne sont pas
> toutes en accord avec les grands discours sur la décriminalisation et la
> reconnaissance du travail du sexe mais pourtant, lorsque je faisais du
> travail de rue pour Stella et quand je demandais aux travailleuses du sexe
> que je rencontrais sur la rue « qu'aimerais-tu que je fasse pour toi ? »
> (les écouter, les aider, les laisser tranquilles, leurs donner des conseils
> ou du matériel, etc.) je peux témoigner qu'elles m'ont très très souvent
> répondu : « Laisse-moi, faut que je travaille », « prie pour que je pogne un
> client vite, vite » et « appelle dont la police et pis arrange-toi pour qu'
> ils me crissent la paix ». Ces milliers de travailleuses du sexe que j'ai
> rencontrées au cours des dix années ou j'ai moi-même fait du travail du sexe
> et au cours des mes quatre années comme employée au sein de Stella me
> permettent de croire que le discours de Stella n'est pas un discours
> incohérent et déconnecté de la réalité des travailleuses du sexe.
>
> Stella offre des services pour les travailleuses du sexe qui sont les
> suivants : écoute soutien, information aux travailleuses du sexe afin qu'
> elles puissent vivre et travailler en sécurité et avec dignité. Nous
> faisons de la références et accompagnons les travailleuses du sexe dans
> leurs démarches avec les services de santé, toxicomanie, logements,
> hébergements, aide social, etc. Nous organisons, des périodes de drop in,
> des ateliers d'arts, des soupers communautaires, une clinique médicale
> mensuelle, des séances de vaccination dans les établissements érotiques, des
> rencontres ponctuelles à la prison de Tanguay. Stella a une équipe de
> travailleuses de rue qui rejoignent les travailleuses du sexe dans la rue,
> dans les bars, dans les agences d'escortes, chez les travailleuses du sexe
> et dans les clubs de danseuses. Les travailleuses de rue de Stella sont en
> lien avec l'ATTRUq, elles sont supervisés, elles ont un espace pour échanger
> sur leurs interventions et reçoivent de la formation continue. Stella
> lutte et combat la violence en organisant des cours d'autodéfense, en
> publiant mensuellement la liste des mauvais clients et agresseurs, en
> sensibilisant les travailleuses du sexe à l'importance de porter plainte
> contre leurs agresseurs ou leurs conjoints violents, en les accompagnant
> dans leurs démarches pour porter plaintes contre un agresseur ou un conjoint
> violent, dans leurs démarches pour recevoir de l'Aide aux Victimes d'Actes
> Criminels et en dénonçant l'abus et brutalité policière, etc.
>
> Nous répondons aux demandes des travailleuses du sexe lorsqu'elles viennent
> pour chercher des services, nous intervenons tant auprès de celles qui
> désirent « sortir de la prostitution » que celles qui continuent à
> travailler. Nous ne portons aucun jugement et ne sélectionnons pas les
> travailleuses, nous répondons à leurs demandes dans le respect des limites
> des ressources dont nous disposons. Nous sommes effectivement régulièrement
> amenées à aider et soutenir des travailleuses du sexe veulent cesser le
> travail du sexe, c'est ce qu'elles demandent et nous y répondons. Nous
> offrons également aux travailleuses du sexe qui veulent cesser de faire du
> travail du sexe et qui ont de la difficulté à se trouver un emploi dû au
> fait qu'elles n'ont pas ou peu d'expérience de travail, de faire du
> bénévolat au sein de l'organisme. De cette façon, ces femmes ont l'
> opportunité développer de nouvelles habiletés (travail de bureau,
> connaissances informatiques, organiser des événements, etc.) et par le fait
> même, d'augmenter leurs possibilités de trouver un emploi qui leur convienne
> sur le marché du travail.
>
> Le mouvement des travailleurs et travailleuses du sexe est international et
> la majorité des groupes de travailleurs et travailleuses du sexe
> revendiquent la décriminalisation du travail du sexe et définissent le
> travail du sexe comme une source génératrice de revenu. Les lois actuelles
> et la criminalisation de la prostitution qui privent les travailleurs et
> travailleuses de leurs droits fondamentaux et maintiennent le travail du
> sexe dans la clandestinité offrent un lieu de prédilection pour les
> personnes qui veulent exploiter honteusement en ayant recours à la
> coercition, c'est-à-dire le recours à la violence, aux menaces, à l'abus de
> pouvoir, à une position de domination, à la servitude pour dettes, la
> duperie, etc. Le mouvement des travailleurs et travailleuses du sexe est
> un mouvement jeune, nouveau, qui dérange et confronte. Tout comme le
> mouvement des femmes, c'est un mouvement qui se questionne, évolue, grandit
> et est là pour rester.
>
> Toute tentative d'abolition de la prostitution est vouée à l'échec. Le cas
> de la Suède est un exemple car les travailleuses du sexe suédoises avec
> lesquelles j'ai échangé via Internet m'ont dit que beaucoup d'entres-elles
> travaillent mais que la possibilité du type de travail du sexe « safe » est
> restreinte. Elles travaillent surtout sur le net, elles font du
> on-line-strip, de la porno ou elles se servent de l'Internet pour solliciter
> et rencontrer des clients. Le travail du sexe n'a pas disparu mais il est
> devenu super clandestin.
>
> Ce n'est pas en luttant contre le trafic comme le fait actuellement le
> président Bush en adoptant des mesures anti-trafic de droite (discours qui
> par ailleurs est soutenu par des organisations féministes). Ces mesures
> anti-trafic se traduisent par des politiques d'immigration restrictives pour
> les femmes ainsi que par une importante fermeture des frontières. Ces
> politiques limitent surtout la possibilité aux femmes de se déplacer,
> voyager ou migrer. Les frontières sont souvent racistes, exclusives et sont
> surtout utiles pour protéger l'économie d'un pays. Personnellement, je
> refuse de me sentir menacé, culturellement ou économiquement par la l'
> immigration massive de personne vers le pays ou je me situe et je crois qu'
> il faut exiger l'abolition des frontières telles quelles sont actuellement.
> La planète terre ne devrait pas être la propriété de quiconque, toutes les
> femmes, hommes et enfants devraient avoir le droits de se déplacer, de
> voyager, de migrer (c'est mon opinion personnelle). La lutte au trafic et à
> l'esclavagisme devrait se traduire concrètement par une lutte à la
> coercition, au non-respect des droits humains fondamentaux et à l'abolition
> des frontières actuelles.
>
> Si les abolitionnistes veulent prévenir la prostitution elles doivent
> prévenir la consommation. Elles doivent peut être faire la promotion de la
> simplicité volontaire et montrer l'exemple en n'achetant pas de belle
> voiture, ne faisant de voyage à Cuba, n'achetant pas une trop grande maison
> ou un trop beau condo, en achetant pas plein de cadeaux à leurs enfants et
> aux membres de leur famille à Noël, en achetant pas le beau sofa chez Ikea
> et en marchant plutôt que de prendre un taxi. Le travail du sexe est une
> source génératrice de revenu et il donne à celles qui le pratiquent un
> pouvoir d'achat (pouvoir drôlement valorisé socialement).
>
> J'ai personnellement une position personnelle contre le capitaliste. Je suis
> fondamentalement contre le capitalisme. Mais on ne lutte pas contre le
> capitalisme en fermant Mc Donald, l'usine de textile de la rue Chabanel ou
> le bordel illégal sur la rue Fleury. Si les abolitionnistes militent pour l
> 'élimination de la prostitution de la planète, il faut au préalable qu'elles
> commencent à penser à trouver des millions de jobs pour tous ces millions de
> travailleurs et travailleuses du sexe qui se retrouveront sans revenu (on
> sait pour commencer que c'est 60 000 minimum Inde). Idéalement, ces jobs ne
> devraient pas être du cheap labour, ce dont je doute fortement. C'est bien
> beau d'être idéaliste et de lutter contre le capitaliste et le patriarcat
> mais il faut être pragmatique dans les changements et les solutions que l'on
> propose, nous, on a besoin d'argent aujourd'hui, on a besoin d'être en
> sécurité immédiatement ! Jusqu'à maintenant, la lutte la plus efficace que
> je connaisse contre le capitaliste se situe dans les mouvements des
> travailleurs et travailleuses, dans le mouvement syndical, le mouvement
> communautaire et de la société civile et le mouvement des droits
> fondamentaux humains.
>
> Pour le groupe Stella, le soutien des féministes est important. Ce n'est
> pas tous les groupes de travailleuses du sexe qui ont choisi de maintenir
> une alliance avec les groupes de femmes. Au sein du mouvement international
> des travailleuses du sexe, des groupes de travailleuses du sexe ont critiqué
> Stella disant que Stella « est au lit avec les féministes » et que Stella
> perd son temps et son énergie. La majorité des membres de Stella se
> définissent et sont des féministes.
>
> Il faut nous soutenir, celles qui travaillent encore et celles qui
> travailleront demain, soutenir nos revendications (le droit à la sécurité,
> le droit a la dignité, le droit à un travail non criminalisé) et nous aider
> à acquérir le maximum de pouvoir sur notre vie et notre travail peut importe
> que vous aimiez ou non la prostitution, les strip-teases, la porno, la
> domination, les conversations érotiques au téléphone, les shows érotiques
> on-line sur le net, les massages érotiques que nous pratiquons échanges d'
> argent.
>
> J'ai, moi aussi, ma propre expérience personnelle de la vie et du travail du
> sexe, j'ai eu mes choix individuels, mes manques de choix, mes histoires
> heureuses et mes histoires d'horreurs. Mon expérience de travailleuse du
> sexe est devenue pour moi une expérience collective, un enjeu politique, un
> mouvement social à partir du moment ou je me suis regrouper avec d'autres
> travailleuses du sexe et que j'ai revendiqué avec elles, notre sécurité,
> notre reconnaissance comme travailleuses, notre reconnaissance comme sujet
> de notre expérience. On appelle aussi cela de l'empowerment je crois.
>
> Enfin, j'ai encore peine à croire que la diffusion d'une invitation à une
> vigile en mémoire des travailleurs et travailleuses du sexe assassinées pour
> la journée internationale pour que cesse la violence faite aux travailleurs
> et travailleuses du sexe ait provoqué un tel débat sur le travail du sexe,
> qui aujourd'hui, et encore une fois, nous oblige à justifier notre travail
> auprès des travailleuses du sexe, nos revendications, notre crédibilité.
> Elles sont mortes et c'est triste.
>
> Marie-Neige
>
>
> _______________________________________________
>
>


[ ]

Subject: 
De Marie-Neige, Sur la Prostitution
Author: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Sun, 2004-01-11 10:41

Je m'excuse de placer une 2ième fois ce texte, mais la mise en forme du premier laisse vraiment à désirer et je crois qu'il sera plus facile à lire avec une vraie mise en forme (lam)

De : "Marie-Neige"
Sur la prostitution

> Je souhaite aussi contribuer au débat sur le travail du sexe et d'un même> temps répondre à quelques questions ou interventions soulevées par Sylviane.> > > Sylviane écrit : Vous savez ceux-là qui se fendent > >la gueule> >pour> défendre les droits des prostituées contre la maudite société mais qui >> >ne> >lèvent pas le petit doigt eux-mêmes pour les aider. Ils m'ont offert> des > >services,> >ha! ha! ha! encore des services, des seringues propres et> des capotes pour > >que je> >n'attrape pas le sida et l'hépatite C ou A, je> ne sais plus.> >
Effectivement, les travailleuses et travailleurs de rue ouvre avec le mandat> de promouvoir la santé (physique et mentale) et vont souvent en premier lieu> offrir du matériel de prévention. Le matériel de prévention comme les> condoms, le lubrifiant, la liste des mauvais clients et agresseurs et les> seringues (pour les organismes qui font des échanges de seringues) visent la> prévention de la violence, du VIH, des hépatites et des MTS mais sont aussi> une opportunité pour les travailleuses et les travailleurs de rue d'entrer> et d'établir un contact avec la personne rencontrée sur la rue. La> distribution du matériel de prévention représente une partie du travail des> travailleurs et travailleuses de rue.
Une fois le contact établi, il faut> établir une relation de confiance, ce qui prend en moyenne 2 mois à un an.> > La partie importante de la pratique du travail de rue est l'intervention> sociale : écoute, soutien, information, références vers les organismes de> santé et les organismes de services sociaux, la défense de droits, l'> accompagnement dans les démarches telles que porter plainte contre un> agresseur, trouver un logement, quitter un conjoint violent, cesser de> consommer des drogues, trouver une clinique d'avortement, trouver un emploi,> etc.
Les travailleuses et travailleurs de rue pratiquent généralement dans> une perspective de réduction des méfaits et avec l'approche humaniste, c'> est-à-dire qu'ils vont sensibiliser les personnes à réduire leurs> comportements à risque liés à leurs styles de vie, comportements qui mettent> en danger et menacent leur santé de façon irréversible tel que contracter> le VIH-sida. Ils vont respecter et travailler en fonction de la demande et> les besoins manifestés par les personnes de la rue. Les travailleuses et> travailleurs de rue ne disent pas aux personnes qu'ils rencontrent quoi> faire, ils n'imposent pas des changements involontaires. Lorsque les> travailleuses et les travailleurs de rue font une intervention, les> personnes de la rue doivent au préalable être volontaires et manifester une> demande de soutien, une volonté de changement. Les travailleurs et> travailleuses de rue travaille pour l'amélioration des conditions de vie> globale des gens de la rue.> >
Les travailleuses et travailleurs de rue ont un code de d'éthique qu'ils> doivent respecter comme tous les intervenants sociaux. Il y a un code d'> éthique spécifiquement pour le travail de rue qui a été rédigé dans un> document qui s'intitule « de l'oral à l'écrit », document publié par L'> ATTRUq (l'Association des travailleuses et travailleurs de rue du Québec).> Les travailleuses et travailleurs de rue ont parfois même deux codes d'> éthique, celui du travail de rue et celui de l'organisme pour lesquelles> ils/elles travaillent. L'ATTRUq organise régulièrement des séminaires de> formation et beaucoup de ces séminaires portent sur l'éthique d'intervention> dans le travail de rue. L'ATTRUq travaille à la reconnaissance sociale de> la pratique du travail de rue comme pratique d'intervention et le respect de> l'éthique est fondamentale pour l'admission des travailleurs et> travailleuses de rue comme membre de l'ATTRUq.
Si la pratique du travail de> rue et l'éthique d'intervention du travail de rue vous intéresse, je vous> invite à communiquer avec Annie Fontaine qui enseigne un cours sur le> travail de rue au département de travail social de l'Université du Québec à> Montréal.> >
Sylviane écrit : > >Je continue mon histoire. Un des travailleurs de rue a> remplacé mon petit > >ami > >puisque j'avais besoin de la coke, il m'en> fournirait si je faisais pour> > >lui tant de > >"clients" par jour, et il me protégerait. J'étais pognée> par la dope et en> > >plus > >j'avais bien besoin d'attention, que quelqu'un s'occupe un peu de> moi.> > >N'ayez pas > >peur, le travailleur de rue s'est servi lui aussi, j'étais> à sa> > >disposition. Un de > >ces jours, il m'a parlé d'un pimp qui recrutait> des filles de mon âge. Je > >pouvais > >pas continuer toute seule, qu'il me> dit, il fallait que je sois "protégée" > >et lui ne > >pouvait plus. Je> serais mieux dans le sheptel - excusez encore le mot - > >d'un caïd du >> >milieu qui saurait me faire gagner de l'argent vite.> >

Ce comportement est inacceptable de la part d'un travailleur de rue et doit> être dénoncé. Cela va à l'en contre du code d'éthique des travailleurs et> travailleuses de rue, aucun travailleur de rue ne peut référer personne de> la rue ou une travailleuse du sexe vers un vendeur de drogue, un caïd, et> ce, même si la travailleuse du sexe en fait la demande. Ce n'est pas son> rôle. Son rôle est d'assurer le lien entre les gens de la rue et les> services de santé et services sociaux, d'accompagner et soutenir les gens de> la rue dans leurs démarches d'amélioration de leurs conditions de vie> globale. Le rôle du travailleur de rue n'est pas de se faire des amis, de> faire la promotion de l'un ou l'autre dans le milieu ou il intervient. Il> doit être actif-passif, être un témoin présent dans le milieu, demeurer> disponible lorsque les gens de la rue auront besoin de soutien dans leurs> démarches.> > J'invite fortement Sylviane à porter plainte auprès de l'organisme auquel> est rattaché ce travailleur de rue. J'invite Sylviane à porter plainte> auprès de l'organisme même si le travailleur de rue de travaille plus pour> cet organisme, l'organisme doit en être informé et doit assumer sa> responsabilité à l'égard de ce manque de professionnalisme. Ce genre de> situation n'est pas relié seulement au travail de rue, il y a des> psychothérapeutes, des travailleurs sociaux, et des intervenants de toutes> les sphères de la société qui peuvent manquer à leur code d'éthique ou leur> code de déontologie. Ces situations sont inadmissibles et doivent être> dénoncées.> > Si par contre ce travailleur de rue n'est pas rattaché à une organisation ou> un projet spécifique, il n'est pas travailleur de rue, on les appelle> plutôt les « pollueurs de rue ». J'ai déjà rencontré des personnes à> Montréal qui, du jour au lendemain, se sont improvisés travailleurs de rue> et ont décidé qu'ils distribuaient des condoms qu'ils se procuraient dans> les organismes. Dans ce cas, il y a peu de recours. Il est important de> demander aux travailleurs et travailleuses de rue pour quels organismes> ils/elles ouvrent. On peut demander une carte d'affaire ou le numéro de l'> organisme du travailleur ou de la travailleuses de rue et contacter cet> organisme pour s'assurer que le travailleur de rue n'est pas un charlatan.> Il doit nécessairement rendre des comptes et se rapporter à quelque part.> >

Sylviane écrit : > > Les groupes qui représentent les prostituées,> > >est-ce > >qu'ils en aident à s'en sortir ou bien est-ce qu'ils se> contentent de> > >demander la >légalisation de la prostitution? Je me demande bien qui est> derrière la> > >propagande > >intense pour faire changer les lois pour rendre la> prostitution plus> > >acceptable.> >
Au Québec, il y a deux organisations de travailleurs et travailleuses du> sexe, Stella et la Coalition pour les droits des travailleurs et> travailleuses du sexe. Un nombre grandissant de travailleurs et> travailleuses du sexe au Québec et au Canada deviennent également membre de> l'International Union of Sex Worker (l'Union Internationale des travailleurs> et travailleuses du sexe.) qui est basé à Londres et membre d'une importante> centrale syndicale.> > En ce qui concerne Stella, les administratrices, les employées et les> bénévoles sont en majorité des femmes travailleuses du sexe ou> ex-travailleuses du sexe. Les membres de Stella sont en grande partie des> travailleuses du sexe (femmes, travesties et transsexuelles) qui fréquentent> l'organisme et aussi des femmes sympathisantes, des femmes qui travaillent> dans le réseau des services de santé et services sociaux, et des militantes> féministes. Il n'y a pas de gros Bonnet qui tire les ficelles dans le but> d'en profiter, les personnes qui s'impliquent à Stella et participent aux> réflexions, aux structures de décisions et à l'orientation des positions sur> le travail du sexe sont en majorité, et bel et bien, des travailleuses du> sexe.> >
Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, les travailleuses du> sexe qui s'impliquent à Stella ne sont pas un groupe de travailleuses du> sexe élitistes, les membres de Stella incluent des femmes qui ont une> diversité de vécus, une pluralité d'expériences de vie et de travail. La> réalité à Stella rend possible par exemple qu'une employée cesse de> travailler parce qu'elle elle est en rechute ou qu'une administratrice ne> peut être présente à une réunion car elle se trouve en prison. L'esprit de> solidarité est très présent à Stella, les barrières de nos propres préjugés> tombent lorsque nous avons toutes en commun : être une marginale de la> société.
C'est épatant de voir comment une travailleuse du sexe toxicomane> et itinérante, une travailleuse du sexe qui vie avec des problèmes de santé> mentale, une travailleuse du sexe qui roule sur l'or et fait fortune dans> les grands hôtels, une travailleuse du sexe lesbienne qui travaille comme> dominatrice, une travailleuse du sexe transsexuelle en break qui a la barbe> longue et une travailleuse du sexe qui travaille comme danseuses sur le net> peuvent être assises ensemble lors d'un souper communautaire et avoir une> super discussion sur les clients. Elles n'ont parfois rien en commun sauf> le travail du sexe et la marginalisation.> >
Stella ne parle pas au nom de toutes les travailleuses du sexe mais au nom> de ses membres, celles qui y reçoivent des services et celles qui partagent> la philosophie de Stella. Stella ne peut parler au nom de toutes les> travailleuses du sexe tout comme les groupes de femmes ne peuvent parler au> nom de l'ensemble des femmes. Plusieurs femmes ne s'identifient pas au> discours de l'organisation des groupes de femmes et au féminisme tout comme> plusieurs travailleuses du sexe ne s'identifient pas aux groupes des> travailleuses du sexe.> >
Ce ne sont pas toutes les travailleuses du sexe qui croient que le travail> du sexe est un métier, mais chose certaine, pratiquement toutes les> travailleuses du sexe en action disent qu'elles sont en train de travailler> et qu'elles le font pour l'argent. Il est certains qu'elles ne sont pas> toutes en accord avec les grands discours sur la décriminalisation et la> reconnaissance du travail du sexe mais pourtant, lorsque je faisais du> travail de rue pour Stella et quand je demandais aux travailleuses du sexe> que je rencontrais sur la rue « qu'aimerais-tu que je fasse pour toi ? »> (les écouter, les aider, les laisser tranquilles, leurs donner des conseils> ou du matériel, etc.) je peux témoigner qu'elles m'ont très très souvent> répondu : « Laisse-moi, faut que je travaille », « prie pour que je pogne un> client vite, vite » et « appelle dont la police et pis arrange-toi pour qu'> ils me crissent la paix ». Ces milliers de travailleuses du sexe que j'ai> rencontrées au cours des dix années ou j'ai moi-même fait du travail du sexe> et au cours des mes quatre années comme employée au sein de Stella me> permettent de croire que le discours de Stella n'est pas un discours> incohérent et déconnecté de la réalité des travailleuses du sexe.> >
Stella offre des services pour les travailleuses du sexe qui sont les> suivants : écoute soutien, information aux travailleuses du sexe afin qu'> elles puissent vivre et travailler en sécurité et avec dignité. Nous> faisons de la références et accompagnons les travailleuses du sexe dans> leurs démarches avec les services de santé, toxicomanie, logements,> hébergements, aide social, etc. Nous organisons, des périodes de drop in,> des ateliers d'arts, des soupers communautaires, une clinique médicale> mensuelle, des séances de vaccination dans les établissements érotiques, des> rencontres ponctuelles à la prison de Tanguay. Stella a une équipe de> travailleuses de rue qui rejoignent les travailleuses du sexe dans la rue,> dans les bars, dans les agences d'escortes, chez les travailleuses du sexe> et dans les clubs de danseuses. Les travailleuses de rue de Stella sont en> lien avec l'ATTRUq, elles sont supervisés, elles ont un espace pour échanger> sur leurs interventions et reçoivent de la formation continue. Stella> lutte et combat la violence en organisant des cours d'autodéfense, en> publiant mensuellement la liste des mauvais clients et agresseurs, en> sensibilisant les travailleuses du sexe à l'importance de porter plainte> contre leurs agresseurs ou leurs conjoints violents, en les accompagnant> dans leurs démarches pour porter plaintes contre un agresseur ou un conjoint> violent, dans leurs démarches pour recevoir de l'Aide aux Victimes d'Actes> Criminels et en dénonçant l'abus et brutalité policière, etc.> > Nous répondons aux demandes des travailleuses du sexe lorsqu'elles viennent> pour chercher des services, nous intervenons tant auprès de celles qui> désirent « sortir de la prostitution » que celles qui continuent à> travailler. Nous ne portons aucun jugement et ne sélectionnons pas les> travailleuses, nous répondons à leurs demandes dans le respect des limites> des ressources dont nous disposons. Nous sommes effectivement régulièrement> amenées à aider et soutenir des travailleuses du sexe veulent cesser le> travail du sexe, c'est ce qu'elles demandent et nous y répondons. Nous> offrons également aux travailleuses du sexe qui veulent cesser de faire du> travail du sexe et qui ont de la difficulté à se trouver un emploi dû au> fait qu'elles n'ont pas ou peu d'expérience de travail, de faire du> bénévolat au sein de l'organisme. De cette façon, ces femmes ont l'> opportunité développer de nouvelles habiletés (travail de bureau,> connaissances informatiques, organiser des événements, etc.) et par le fait> même, d'augmenter leurs possibilités de trouver un emploi qui leur convienne> sur le marché du travail.> >
Le mouvement des travailleurs et travailleuses du sexe est international et> la majorité des groupes de travailleurs et travailleuses du sexe> revendiquent la décriminalisation du travail du sexe et définissent le> travail du sexe comme une source génératrice de revenu. Les lois actuelles> et la criminalisation de la prostitution qui privent les travailleurs et> travailleuses de leurs droits fondamentaux et maintiennent le travail du> sexe dans la clandestinité offrent un lieu de prédilection pour les> personnes qui veulent exploiter honteusement en ayant recours à la> coercition, c'est-à-dire le recours à la violence, aux menaces, à l'abus de> pouvoir, à une position de domination, à la servitude pour dettes, la> duperie, etc. Le mouvement des travailleurs et travailleuses du sexe est> un mouvement jeune, nouveau, qui dérange et confronte. Tout comme le> mouvement des femmes, c'est un mouvement qui se questionne, évolue, grandit> et est là pour rester.> >

Toute tentative d'abolition de la prostitution est vouée à l'échec. Le cas> de la Suède est un exemple car les travailleuses du sexe suédoises avec> lesquelles j'ai échangé via Internet m'ont dit que beaucoup d'entres-elles> travaillent mais que la possibilité du type de travail du sexe « safe » est> restreinte. Elles travaillent surtout sur le net, elles font du> on-line-strip, de la porno ou elles se servent de l'Internet pour solliciter> et rencontrer des clients. Le travail du sexe n'a pas disparu mais il est> devenu super clandestin.> > Ce n'est pas en luttant contre le trafic comme le fait actuellement le> président Bush en adoptant des mesures anti-trafic de droite (discours qui> par ailleurs est soutenu par des organisations féministes). Ces mesures> anti-trafic se traduisent par des politiques d'immigration restrictives pour> les femmes ainsi que par une importante fermeture des frontières. Ces> politiques limitent surtout la possibilité aux femmes de se déplacer,> voyager ou migrer. Les frontières sont souvent racistes, exclusives et sont> surtout utiles pour protéger l'économie d'un pays. Personnellement, je> refuse de me sentir menacé, culturellement ou économiquement par la l'> immigration massive de personne vers le pays ou je me situe et je crois qu'> il faut exiger l'abolition des frontières telles quelles sont actuellement.> La planète terre ne devrait pas être la propriété de quiconque, toutes les> femmes, hommes et enfants devraient avoir le droit de se déplacer, de> voyager, de migrer (c'est mon opinion personnelle).
La lutte au trafic et à> l'esclavagisme devrait se traduire concrètement par une lutte à la> coercition, au non-respect des droits humains fondamentaux et à l'abolition> des frontières actuelles.> > Si les abolitionnistes veulent prévenir la prostitution elles doivent> prévenir la consommation. Elles doivent peut être faire la promotion de la> simplicité volontaire et montrer l'exemple en n'achetant pas de belle> voiture, ne faisant de voyage à Cuba, n'achetant pas une trop grande maison> ou un trop beau condo, en achetant pas plein de cadeaux à leurs enfants et> aux membres de leur famille à Noël, en achetant pas le beau sofa chez Ikea> et en marchant plutôt que de prendre un taxi.
Le travail du sexe est une> source génératrice de revenu et il donne à celles qui le pratiquent un> pouvoir d'achat (pouvoir drôlement valorisé socialement).> > J'ai personnellement une position personnelle contre le capitalisme. Je suis> fondamentalement contre le capitalisme. Mais on ne lutte pas contre le> capitalisme en fermant Mc Donald, l'usine de textile de la rue Chabanel ou> le bordel illégal sur la rue Fleury. Si les abolitionnistes militent pour l> 'élimination de la prostitution de la planète, il faut au préalable qu'elles> commencent à penser à trouver des millions de jobs pour tous ces millions de> travailleurs et travailleuses du sexe qui se retrouveront sans revenu (on> sait pour commencer que c'est 60 000 minimum Inde). Idéalement, ces jobs ne> devraient pas être du cheap labour, ce dont je doute fortement. C'est bien> beau d'être idéaliste et de lutter contre le capitalisme et le patriarcat> mais il faut être pragmatique dans les changements et les solutions que l'on> propose, nous, on a besoin d'argent aujourd'hui, on a besoin d'être en> sécurité immédiatement ! Jusqu'à maintenant, la lutte la plus efficace que> je connaisse contre le capitalisme se situe dans les mouvements des> travailleurs et travailleuses, dans le mouvement syndical, le mouvement> communautaire et de la société civile et le mouvement des droits> fondamentaux humains.> >
Pour le groupe Stella, le soutien des féministes est important. Ce n'est> pas tous les groupes de travailleuses du sexe qui ont choisi de maintenir> une alliance avec les groupes de femmes. Au sein du mouvement international> des travailleuses du sexe, des groupes de travailleuses du sexe ont critiqué> Stella disant que Stella « est au lit avec les féministes » et que Stella> perd son temps et son énergie. La majorité des membres de Stella se> définissent et sont des féministes.> > Il faut nous soutenir, celles qui travaillent encore et celles qui> travailleront demain, soutenir nos revendications (le droit à la sécurité,> le droit a la dignité, le droit à un travail non criminalisé) et nous aider> à acquérir le maximum de pouvoir sur notre vie et notre travail peu importe> que vous aimiez ou non la prostitution, les strip-teases, la porno, la> domination, les conversations érotiques au téléphone, les shows érotiques> on-line sur le net, les massages érotiques que nous pratiquons échanges d'> argent.> >
J'ai, moi aussi, ma propre expérience personnelle de la vie et du travail du> sexe, j'ai eu mes choix individuels, mes manques de choix, mes histoires> heureuses et mes histoires d'horreurs. Mon expérience de travailleuse du> sexe est devenue pour moi une expérience collective, un enjeu politique, un> mouvement social à partir du moment ou je me suis regrouper avec d'autres> travailleuses du sexe et que j'ai revendiqué avec elles, notre sécurité,> notre reconnaissance comme travailleuses, notre reconnaissance comme sujet> de notre expérience. On appelle aussi cela de l'empowerment je crois.> >

Enfin, j'ai encore peine à croire que la diffusion d'une invitation à une> vigile en mémoire des travailleurs et travailleuses du sexe assassinées pour> la journée internationale pour que cesse la violence faite aux travailleurs> et travailleuses du sexe ait provoqué un tel débat sur le travail du sexe,> qui aujourd'hui, et encore une fois, nous oblige à justifier notre travail> auprès des travailleuses du sexe, nos revendications, notre crédibilité.> Elles sont mortes et c'est triste.> >
Marie-Neige>

publié à la demande de Marie-Neige


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