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un air de profond désespoir par Silvia Cattori en Palestine occupéeAnonyme, Sunday, November 30, 2003 - 17:31
silvia cattori
C’est un des plus grands moments de l’année l’Aïd. Il marque la fin d’un mois de jeune éprouvant. C’est leur Noël. Il n’y a pas grand monde dans les échoppes. Il y a dans le regard du désespoir. Un air de profond désespoir Alors que tous les musulmans du monde s’apprêtent à fêter « l’Aïd el Fitr », les musulmans en Palestine, eux, n’ont vraiment pas de quoi se réjouir ; ils sont en butte à toutes sortes de tracas et autres infamies qui empêchent les familles de se réunir : même, dans quantité d’endroits, l’occupant a imposé encore plus d’interdits et de restrictions. C’est un des plus grands moments de l’année l’Aïd. Il marque la fin d’un mois de jeune éprouvant. C’est leur Noël. Il n’y a pas grand monde dans les échoppes. Il y a dans le regard du désespoir. C’est toute leur vie d’hommes insultés qui se condense dans ce regard. Un regard pénétré de mort et d’autre chose. A Jérusalem, comme partout ailleurs, il y a des militaires arme au poing, prêts à tuer sur le champ celui qui lève la tête. Aussi il y a des policiers qui avilissent les Palestiniens à tous les coins de rue. Des Palestiniens qui se plient à toutes les vexations sans se rebeller. Et vous qui brûlez d’envie d’intervenir pour tempérer la brutalité des israéliens en uniforme, vous vous étonnez à chaque fois de leur docilité. Ils font comme si rien ne pouvait plus les atteindre. Même la pluie, qui les prend par surprise, les laisse indifférents. Ce calme les sauve. Tout peut arriver. Ils ne savent jamais de quoi la prochaine minute sera faite. C’est cela leur dignité aux Palestiniens : elle consiste à tenir débout dans l’innommable. Je prend le bus porte de Damas. C’est mon premier coup d’œil sur la ville après six mois d’absence. La pauvreté des Palestiniens s’est encore accentuée. Vous ne pouvez pas vous empêcher de comparer les bus déglingués qu’empruntent les Palestiniens, avec les bus flambants neufs qui desservent les Israéliens. Les quartiers juifs sont propres et bien lotis, les quartiers arabes, à la charge de l’occupant israélien, sont sales et miteux. Vous regardez à droite, à gauche, et ne voyez désormais plus, à l’approche de Bethléem, que colonies qui s’étirent sur des hauteurs et des longueurs qui font peur. Vos compagnons de route regardent droit devant eux, sans jamais se retourner sur ce grand désastre qui est là comme une offense. Ils s’en détournent, mais dans le secret de leur cœur, assurément, ils ne peuvent s’empêcher de penser que les colons juifs qui habitent ces lieux sont des voleurs et que cela finira par se savoir. Arrivés au barrage qui leur interdit l’entrée de Bethléem, barrage encerclé par un vaste avant poste militaire, ils quittent le bus. L’armée israélienne a pris ici ses quartiers depuis trois ans. Tout cela est insensé. L’étrangère que je suis, peut passer. Eux, les natifs du pays, ne sont pas maîtres de leur vie. Ils sont forcés de virer à droite, de marcher dans la boue durant des heures, chargés de lourds sacs en plastiques qui leur coupent les mains, pour contourner les colonies juives illégales et les zones militaires interdites, implantées de façon totalement arbitraire. C’est la fin du Ramadan mais pas la fin des humiliations. Israël décide de tout. Les Palestiniensne possèdent que leur vie. C’est pourquoi leur souffrance nous émeut à tel point. Je les ai regardés s’éloigner en pensant que leur histoire bouleversante et infiniment humaine est une leçon pour nous tous : on ne vient pas ici par goût de l’aventure ni pour se plaire au spectacle de leur tragédie : on vient ici pour parvenir à mieux voir une réalité qu’Israël veut cacher. On vient ici pour s’immerger dans leur terrible vécu, et pour pouvoir le décrire. Nous tous nous avons des devoirs humains : nous devons nous unir, élever notre voix contre ceux qui veulent étouffer la vérité, faire de notre mieux pour combattre l’injustice et dénoncer les crimes commis par Israël et ses alliés. silv...@yahoo.it |
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