Dépêche parue sur le site La tribu du verbe , au plus fort de la vague anti-publicitaire qui déferlait sur Montréal au mois du novembre 2002.

C'est durant une promenade sur la rue St-Denis samedi après-midi dernier qu'une drôle d'affiche collée par-dessus la pub d'une colonne Morris attira mon attention. Après les Décorateurs Engagés, Splat! Montréal et le Clan Destin, trois comandos anti-pub qui ont sévi à Montréal en octobre dernier (et dont vous pouvez admirer le travail sur la Tribu TV ce mois-ci), voici que deux autres groupes revendiquent deux actions similaires à quelques jours d'intervalle: le FLICA et le NAPALM !

Commençons donc par le affiches du NAPALM. Cela ressemblait en tout point à la campagne publicitaire AGIR du gouvernement du Québec (vous savez, ces pancartes le long des routes où le gouvernement s'auto-congratule d'avoir mis de l'asphalte pour 800 000 $ ici, 1,2 millions là...), sauf que le message était cette fois très critique par rapport aux pratiques des deux poids deux mesures qu'adopte ce même gouvernement envers les citoyens pauvres et les riches.
Après m'être informé sur le site web de Abribec dont l'adresse figurait au bas de l'affiche, je m'aperçus qu'il s'agissait d'un habile pastiche de la campagne AGIR fait par un mystérieux collectif d'artistes qui semblent prendre un malin plaisir à jouer de la contrefaçon. Mais aucune trace sur le site du manifeste du NAPALM, le groupe qui revendiquait l'affichage sur la rue St-Denis...

En effet, sur chaque affiche AGIR avait été collé un manifeste qui expliquait les raisons de cette action (voir la deuxième photo). J'ai pris la peine de le recopier tellement je le trouvais pertinent. Le voici:

Le Noyau Anti-Pub pour un Affichage Libre à Montréal est un groupe de citoyens qui en a marre de voir sa ville de plus en plus défigurée par la publicité.
Le N.A.P.A.L.M. est bien décidé à se réapproprier l’espace d’affichage public usurpé par les compagnies qui nous lavent quotidiennement le cerveau avec leurs valeurs merdiques.
Le N.A.P.A.L.M. invite tous les citoyens encore capables de s’indigner d’une telle mainmise sur l’espace public à former leur propre commando de détournement de pub.
Barbouillez les pubs qui vous font chier, coller par-dessus des affiches représentants vos idéaux, soyez créatifs, subversifs, festifs et inventez-vous un joli nom comme le nôtre !
Cette ville est à tout ceux qui l’habitent, pas à une poignée de magouilleurs qui veulent nous vendre leurs cochonneries !
Décorateurs Engagés, SPLAT, FLICA, tous ensemble, nous sommes le NAPALM qui nettoiera la ville de toute sa pollution visuelle !

Le manifeste faisait donc mention non seulement des Décorateurs Engagés et de SPLAT, deux groupes ayant déjà sévit au mois d'octobre dernier, mais aussi d'un certain FLICA qui semblait avoir des affinités avec les deux premiers. Le suspense ne fut pas bien long puisque la journée même, la plupart des journaux du Québec (dont Le Couac auquel je collabore à l'occasion) ont reçu le communiqué de presse du FLICA, le Le Front de Liberation des Cabinets d'Aisance, annonçant que ce collectif d'action directe avait décoré près de 100 panneaux de Zoom Media dans les toilettes de l'Universite du Québec à Montréal.
Comme les membres du NAPALM, ce groupe se disait excédé de la pub qui envahit l'espace public et bien determiné a se réapproprier cet espace. Et ils ajoutaient non sans humour: "le FLICA veut envoyer un message clair a tous les publicitaires: laissez-nous nous soulager en paix!"

Décorateurs Engagés, Splat! Montréal, le Clan Destin, le NAPALM, le FLICA, a-t-on affaire à des actions concertées, à un groupuscule aux multiples visages ou à une prise de conscience collective qu'on peut refuser de subir passivement les milliers de pub auxquelles on est exposé chaque jour ? Peu importe, l'important c'est le petit sourire que ces actions m'ont mis sur les lèvres, et peut-être sur les vôtres... Sur ce, je vais de ce pas me repasser le film des Lucioles !

(en passant, bravo et longue vie à la Tribu TV !)