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APPAUVRIR LA CLASSE MOYENNENicolas, Friday, November 7, 2003 - 13:20
Alain Richard
Lettre à Jean Charest, premier ministre du Québec Vous alléguez que l'article 45 du Code du travail est à modifier en laissant croire aux citoyens que c'est dans l'intérêt général et que la réaction négative des syndicats est uniquement corporative. Pourtant, «L'article 45 n'a pas de caractère prohibitif» selon la Cour suprême du Canada - arrêt sur la Ville de Sept-Îles, 2001. La plus grande preuve est que les syndicats négocient des clauses pour se protéger de la sous-traitance dans leur contrat de travail. Sans ces dispositions, tout, ou presque, serait permis à l'employeur. L'actuel article 45 a été l'objet d'un large consensus au sein de la société québécoise. Il protège les conditions de travail négociées entre un employeur et les salariés dans les situations où cet employeur vend la totalité ou une partie de ses services d'entreprise ou encore lorsque l'employeur tente de passer outre ses obligations contractuelles par des manoeuvres administratives douteuses. Comment votre gouvernement, qui se prétend libéral, pourrait légaliser le non-respect des contrats de travail, autorisant ainsi la fraude envers les travailleurs? Ce gouvernement exprime dans le même souffle son intérêt à privatiser certains services du réseau de la santé. Pour réaliser un tel projet, il vous serait nécessaire d'abolir la sécurité d'emploi afin de réaliser des économies sur le dos de ces employés. Pourtant, selon l'Institut de la statistique du Québec, les salariés du réseau de la santé accusent un retard salarial par rapport aux autres salariés de la province. L'entrepreneur privé dégagera des profits des services du réseau de la santé. Comment? En payant mal ses employés. En Colombie-Britannique, certains de nos membres risquent de voir leurs salaires réduits à 9,25$ l'heure après avoir été cédés à des sous-traitants. De plus, la privatisation ou la sous-traitance vont engendrer un roulement de personnel important puisque plusieurs employés tenteront d'améliorer leur sort en recherchant un emploi mieux rémunéré. Par conséquent, la qualité des services offerts à la population sera grandement diminuée. Monsieur le premier ministre, votre projet est en contradiction flagrante avec votre discours concernant l'intérêt de la classe moyenne. Ce sont d'abord les membres de la classe moyenne qui subiraient les conséquences économiques de votre politique. Concrètement, votre projet vise à légaliser le non-respect des contrats de travail, pourtant conclus par les syndicats avec leur employeur. Dans ce scénario, les salariés n'auraient d'autre choix que d'accepter des baisses importantes de salaires et de conditions de travail ou simplement abandonner leur emploi. Monsieur le premier ministre, déchirer des contrats de travail n'est sûrement pas une solution des plus libérales... Alain Richard, |
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