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Campagne anti Ashrawi à Sydney : édifiantAnonyme, Sunday, November 2, 2003 - 08:08
Havana
Ce qui fait problème, ce n’est pas que Mme Ashrawi soit (au choix) une femme, une universitaire, ou une militante politique. Non, tout ça, ça va. Le problème, c’est qu’elle est palestinienne Et voilà que notre Lucy, à son tour, baisse pavillon… par Alan Ramsey publié sur le Point d'infos Palestine 230 du 30/10/03 in Sidney Morning Herald (quotidien australien) du samedi 25 octobre 2003 [traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier] Dr. Hanan Mikhail Ashrawi est une femme, professeur d’anglais, militante internationale des droits de l’Homme et femme politique. L’année dernière, elle a été choisie, à l’unanimité, pour recevoir le Prix de la Paix de la ville de Sidney pour l’année 2003. Le Maire, Bob Carr, offrira une récompense à Mme Ashrawi au Parlement d’Etat, dans douze jours. Les quatre premiers récipiendaires du prix annuel de Sidney avaient eu les honneurs du Grand Hall de l’Université de Sidney. Parmi eux, l’archevêque d’Afrique du Sud Desmond Tutu (1999), le président du Timor de l’Est, Xanana Gusmao (2000) et l’Australien Sir William Deane (2001). Toutefois, pour Mme Ashrawi, le Grand Hall n’est pas disponible. Ce qui fait problème, ce n’est pas que Mme Ashrawi soit (au choix) une femme, une universitaire, ou une militante politique. Non, tout ça, ça va. Le problème, c’est qu’elle est palestinienne. Cela suffit à entraîner une campagne virulente de diffamation et de dérision menée par des détracteurs juifs désireux de mettre son image à mal et de tenter d’amener M. Carr à renoncer à la réception et à la remise de son prix dans ce lieu prestigieux. Jusqu’ici, M. Carr a refusé de céder. Ce n’est, hélas, pas le cas de l’Université de Sidney. Il y a quelques mois, le chancelier de l’université, le Juge Kim Santow de la Cour Suprême du NSW, a fait savoir au Professeur Stuart Rees, directeur de la Fondation Sydney pour la Paix, et à Kathryn Greiner, secrétaire de la fondation, à l’époque, que le Grand Hall de l’Université tiendrait ses portes fermées devant Mme Ashrawi. M. Rees et un de ses collègues universitaires, Ken McNabb, ont porté l’affaire devant le vice-chancelier de Sidney, Gavin Brown. Au cours de ce qui a été qualifié de réunion « laborieuse et honteuse », Brown a confirmé la décision. La campagne, à cette heure, consiste à exercer une pression politique maximale afin que d’autres sponsors institutionnels et privés laissent choir Mme Ashrawi et intimident M. Carr. Mardi dernier, dans une brève missive adressée au « Cher Professeur Rees », datée du 20 octobre, Mme Turnbull disait à M. Rees que le Conseil municipal de Sidney « sera dans l’impossibilité de participer aux cérémonies de remise du Prix de la Paix, cette année ». En clair, le conseil démolissait tant la conférence que la cérémonie de remise du prix. Les raisons invoquées par Mme Turnbull pour ce faire étaient controuvées : la bouillie pour les chats ignorants habituelle, faite d’allégations sempiternellement servies par les habituels suspicieux envers tout Palestinien jouissant de quelque autorité internationale et partie prenante au processus de paix. Lucy Turnbull devrait lire la lettre publiée par un universitaire juif de l’Université d’Oxford, publié hier dans le Herald. Après quoi, elle devrait aller se cacher pour échapper à la honte. Cette lettre était une réponse à un article de Tony Stephen publié voici deux jours dans le Herald au sujet de la lâche capitulation de Mme Turnbull devant la campagne anti-Ashrawi. Il disait : « L’opposition à la remise du prix de la Paix de Sidney au Dr. Hanan Ashrawi est fondée sur l’ignorance historique, la cécité idéologique, la malveillance volontaire et l’opportunisme politique provincial. » [Are you listening, Malcolm ? T’écoutes, Malcolm ?] La lettre poursuivait : « Le Dr. Ashrawi a toujours été une voix rare et précieuse de raison dans le processus de paix, et son engagement en vue d’une solution juste a toujours été exemplaire. Elle encourage depuis toujours les Palestiniens à rejeter la violence, en dépit de l’expansion territoriale continue des Israéliens et de l’oppression politique systématique qu’ils infligent aux Palestiniens. » [Signé : Ben Saul, Assistant en droit international, Magdalen College, Université d’Oxford, Angleterre]. Et que pense M. Rees du blanc plumage de Lucy ? Il l’a dit, hier : « Lorsque j’ai négocié le contrat de sponsoring avec la Ville, c’est avec Jack Sartor que je l’ai fait, et non avec Lucy Turnbull, qui est une personne intéressante. J’ai eu des rencontres face à face avec tous les sponsors d’entreprises qui nous soutiennent dans cette affaire. Je suis même « descendu » en avion à Melbourne afin de conférer avec l’entreprise Rio Tinto. Mais Lucy Turnbull & Co. sont un peu comme les Médicis de la Mairie de Sidney. Elle ne m’adresse jamais la parole. Tout ce que j’ai pu obtenir, c’est cette note résumée, il y a deux ou trois jours, dans laquelle, pour des raisons connues d’elle seule, elle donne une interprétation délirante des déclarations publiques de Mme Ashrawi, et elle annonce qu’elle ne nous apportera pas son soutien public, cette année ! » « Autrement dit, on ne la verra pas dans la même compagnie que Mme Ashrawi. Elle ne veut même pas être vue dans l’amphithéâtre ! Apparemment, cela lui coûterait plus cher que de ruiner la vie politique de son tendre époux. » Rees a commenté en ces termes : « Ainsi, Hanan Ashrawi voit son nom salit et tourné en ridicule parce que les Turnbulls veulent avoir encore plus de pouvoir qu’ils n’en ont actuellement. » Et Kathryn Greiner ? Mme Greiner a été présidente de la Fondation de Sydney pour la Paix durant quatre ans, jusqu’à sa démission, cette année, au sujet d’une action de solidarité impliquant son mari, Nick, contre le Sénat de l’Université de Sidney et sans aucun rapport avec les coups de pied dans les chevilles autour du prix de la paix. Elle était l’une des six membres du jury qui élut Ashrawi à l’unanimité en septembre dernier (les cinq autres étant : Rees ; le sociologue Hugh Mackay ; le Dr. Jane Fulton de l’université de gestion ; Stella Cornelius, grande dame spécialiste des médiations, quatre-vingt trois ans, de Sidney et James McLachlan, un des directeurs de Kerry Packer PBL). Greiner reste abstentionniste et favorable à Rees. Mais, voici deux semaines, le 9 octobre dernier, elle a téléphoné à Rees pour lui parler franchement et lui exprimer ses préoccupation au sujet d’une campagne médiatique prenant de l’accélération contre Mme Ashrawi. Une retranscription de leur conversation donne ce qui suit : - SR : « Tu plaisantes, ou quoi ? On a déjà parlé de ça cent fois. Nous nous sommes largement consultés. Nous sommes d’accord pour dire que la décision du jury, prise il y a plus d’un an, non seulement a été prise à l’unanimité, mais que, de plus, nous la soutiendrons ensemble. » - KG : « Mais enfin, écoute : j’essaie de me représenter la logique de tout ça. Ils détruiront ce pour quoi tu as travaillé d’arrache-pied. Ils sont déterminés à montrer que nous avons fait un mauvais choix. Je pense que c’est le fric de Frank Lowy. Tu ne comprends tout simplement pas à quel point l’opposition est forte. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. S’il y avait eu le moindre progrès au Moyen-Orient, cela serait un peu moins un si mauvais moment. » - SR : « Je ne vais pas me laisser maltraiter et intimider. Nous sommes menacés par des gens appartenant à un puissant groupe de pression et qui pensent qu’ils ont quelque titre à dicter aux autres ce qu’ils ont à faire. Cette opposition est orchestrée. Les arguments sont toujours les mêmes – qu’Hanan Ashrawi n’a pas assez condamné la violence, quelle a été très critique envers Israël dans son discours devant la conférence sur le racisme des Nations Unies à Johannesburg, et d’autres accusations plus véhémentes que je ne peux même pas répéter. » - KG : « Mais tu ne veux pas entendre ce qui est pourtant la logique même. La Banque du Commonwealth – j’étais à une de leurs réceptions, hier soir – est très critique. Nous n’avons pas pu nous rapprocher d’eux pour obtenir une aide en vue du Prix de la Paix pour les Ecoles. Nous n’obtiendrons d’eux aucun soutien. Le monde des affaires va resserrer les rangs. Ils disent que nous sommes de parti pris, que nous ne soutenons que le côté palestinien. » - SR : « Kathryn, il faut absolument éviter de tomber dans le piège et ne même pas entrer dans ce faux débat du « un seul côté ». Ce n’est pas le problème. On est en train de nous faire du chantage et de nous intimider, et tu es en train de me demander qu’on les laisse faire. Les rédacteurs de lettres et les donneurs de coups de téléphone professionnels encouragés par ce groupe ont passé des semaines à harceler une de mes collègues, qui a vingt-cinq ans, et qui dirige l’administration de la fondation. Et toi, tu me demandes de me joindre à la meute des harceleurs. » - KG : « Tu comprends pas. Je vais te dire à quel point c’est sérieux. Bob Carr n’assistera pas au dîner. Il refilera le bébé à son adjoint Andrew Refshauge, au dernier moment. Et tu n’auras pas la Mairie. Lucy n’en veut à aucun prix. Ils nous boycotteront, nous aussi. » - SR : « Je ne me suis jamais couché devant les menaces. La vie publique se caractérise bien trop par la lâcheté. Si nous cédions, j’aurais tellement honte que je ne pourrais plus me regarder dans une glace. L’image de marque de la Fondation pour la Paix serait honteuse. Notre réputation serait anéantie. » - KG : « Mon pote, je te dis ce qu’il en est en réalité : la Fondation sera détruite. Je détesterais voir tout le boulot accompli réduit à néant, à cause de ce problème. Nos détracteurs disent que nous avons fait un choix horrible (en sélectionnant Hanan Ashrawi pour le prix, ndt] » - SR : « Ces détracteurs, se sont les « ils » et les « eux », ce sont des gens invisibles, mais très puissants. Ils restent puissants parce qu’ils sont invisibles. Ils contraignent et intimident, et dans le même souffle, ils se comportent en piliers immaculés de la communauté. Tu veux dire que dans notre Australie si cauteleuse, et bien souvent dénuée de tripes, nous allons céder là-dessus ? Non. Je m’en tiendrai résolument à notre décision. » |
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