SAMEDI LE 25 OCTOBRE 2003 A 14H
A L'UQAM 315 RUE STE-CATHERINE EST (COIN ST-DENIS)
SALLE RM 130
CONTRIBUTION 5$
JOAO PEDRO STEDILE

LE MOUVEMENT DES SANS TERRE (MST) ET LA QUESTION AGRAIRE AU BRESIL.
SAMEDI LE 25 OCTOBRE 2003 A 14H
A L'UQAM 315 RUE STE-CATHERINE EST (COIN ST-DENIS)
SALLE RM 130
CONTRIBUTION 5$
JOAO PEDRO STEDILE

HISTOIRE DU MST:
L'histoire de la lutte pour la terre au Brésil remonte à la colonisation. Dès 1500, les Portugais chassent les Indigènes de leurs territoires. Entre 1850 et 1910 de nombreux groupes de lutte pour le droit à la terre apparaissent, mais sont réprimés violemment par le pouvoir. Ce n'est qu'au début des années 50 que la lutte pour la Terre s'intensifie et s'organise. Jusqu'en 1964, date du coup d'Etat militaire, de larges groupements de lutte paysanne proches du mouvement syndical se forment : l'Union des Laboureurs et Travailleurs Agricoles et La Ligue Paysanne pour ne citer que les plus importants. Avec la dictature de 1964, les leaders de ces mouvements sont impitoyablement assassinés ou exilés.
La dictature pense résoudre le problème des paysans et consolider ses frontières en offrant les terres de la forêt amazonienne. L'échec est cuisant ; après quelques années de lutte acharnée, les paysans qui avaient cru au rêve amazonien abandonnent la forêt pour venir grossir les rangs des habitants des favelas. À la même époque, les fazendeiros (grands propriétaires terriens) consolident leur pouvoir grâce aux liens privilégiés qu'ils maintiennent avec la dictature.
L'un des grands tournants de la lutte est le refus des Indiens Kaingang d'abandonner les terres qu'ils cultivaient en posseiros (ceux qui exploitent une terre qui ne leur appartient pas). Ils résistent pendant des mois et le gouvernement cède finalement à leurs exigences : ils obtiennent la propriété des terres. Leur exemple a contribué à redonner espoir à tous les exclus du pays.
Rapidement l'église s'est posée en défenseur des paysans et par la formation de la Commission Pastorale de la Terre, elle est le véritable instigateur du Mouvement sans Terre. La Commission Pastorale de la Terre (CPT) recense et dénonce les crimes commis contre les paysans. C'est elle qui rallie les différentes ligues paysannes et qui permet en 1984 la naissance du Mouvement Sans Terre.
L'ESSOR ET L'ACTION DU MOUVEMENT
L'essor du Mouvement Sans Terre est impressionnant. En 1985, un an après sa création, le mouvement avait organisé 35 occupations de terre et mobilisait un peu plus de 10,000 familles. Dix ans plus tard, 146 occupations étaient en place, et plus de 40,000 familles. Aujourd'hui on estime que plus de 100,000 familles participent au Mouvement. Mais cette grande victoire n'a pas été conquise sans sacrifice puisque depuis 1964, plus de 1,600 travailleurs ruraux ont été assassinés. Ces assassinats n'ont hélas débouché que sur deux arrestations.
La principale activité du Mouvement est l'occupation de terres improductives et la revendication de ces terres. Mais l'action la plus spectaculaire menée par le MST fut probablement la marche vers Brasilia. En avril 1997 120,000 personnes ont convergé à pied de tous les coins du Brésil vers la capitale. Pendant des semaines, ils ont marché, en informant la population urbaine de leur situation. Le peuple Brésilien a alors ouvert les yeux sur la situation de son monde rural, lors de l'arrivée des manifestants à Brasilia, les différents sondages d'opinion révélaient que 89% de la population était en faveur du Mouvement. Les politiques paniquées par l'ampleur du soutien populaire au mouvement promirent d'accélérer le processus de réforme agraire. Hélas, on constate aujourd'hui que, malgré l'initiative de la Banque de la Terre, le gouvernement brésilien reste incapable de mettre en oeuvre un véritable plan de Réforme Agraire.
LES NOUVEAUX DEFIS
Le travail du Mouvement Sans Terre est énorme, puisqu'on estime aujourd'hui que près de 30 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté au Brésil. Le MST rêve de changer la société brésilienne et sait que cette mutation ne passera que par l'éducation. Ainsi, après avoir découvert que la possession de la Terre ne suffisait pas à rendre sa dignité à une famille, le Mouvement s'attaque aujourd'hui à l'éducation et crée des écoles dans tous ses camps, établit des partenariats avec des lycées et universités pour que les "Enfants de la Lutte pour la Terre" puissent exercer pleinement leur citoyenneté.