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Lettre ouverte de Jean Charest aux québécois pour justifier la «réingénierie» de l’État: Une salve idéologique au bordAnonyme, Thursday, October 16, 2003 - 06:22
Molly Alexander et Pierre Dostie
Montréal et Saguenay, le 16 octobre 2003. Le PM «conservateur» Jean Charest a tenté de justifier son projet de «réingénierie» par une lettre ouverte adressée il y a deux jours aux québécois et aux québécoises qui s’inquiètent de voir déferler sur le Québec un vent de droite de nature à compromettre les quelques acquis sociaux qui subsistent encore en cette province sans pays. Se référant au «bien commun» pour défendre les coupures budgétaires amorcées et à venir, il a prétendu se faire ainsi le défenseur «des intérêts historiques du Québec» tandis que les syndicats et les groupes de pression qui s’opposent au «changement» sont traités «d’immobilistes à la défense d’intérêts corporatistes». Le gardien du poulailler tient la porte ouverte pour le loup et se permet par-dessus le marché d’engueuler le propriétaire! Frapper le premier Le gouvernement Charest a cru bon de faire cette sortie juste six mois après son arrivée au pouvoir et juste avant l’ouverture de la session parlementaire la semaine prochaine en cet automne que l’on prévoit «chaud». On sent la colère qui gronde dans les milieux syndicaux et populaires depuis que le gouvernement attaque sur tous les fronts : augmentation des tarifs de garde, des tarifs d’électricité, remise en question de l’équité salariale, refus de la syndicalisation des travailleuses des agences de services de garde et des familles d’accueil malgré un jugement de la cour qui leur est favorable, annonce des modifications à l’article 45 du code du travail de façon à favoriser encore davantage la sous-traitance (donc le «cheap-labor» et les contrats au privé), annonce de fusion des accréditations syndicales dans le secteur public et para-public, pénalités à l’aide sociale pour qui refusera les mesures qui sont loin d’être de véritables parcours d’emploi, menaces d’augmenter les frais de scolarité, etc. Alors qu’on sait qu’il se fait déjà de la sous-traitance et que ce n’est pas rentable pour l’État; que lorsqu’il y a des emplois, ce sont par milliers que les gens soumettent leur candidature, car ils veulent travailler; alors que le train de la défusion roule à grande vitesse (dans l’intérêt commun?), que les entreprises, qui contribuaient déjà fort peu aux recettes fiscales ont reçu des congés de taxes sur la capital et une augmentation de l’exemption à la formation professionnelle (dans l’intérêt commun?). Alors que les baisses d’impôt massives qui sont annoncées ne profiteront qu’aux riches et ne contribueront qu’à accroître l’écart entre ceux-ci et les pauvres (dans l’intérêt général?). Démagogie Le gouvernement a beau tenter de masquer son projet de réingénierie, il craint la résistance populaire et c’est pourquoi il a voulu frapper encore une fois avec cette lettre ouverte qui en réalité n’est qu’un alignement de phrases creuses de propagande idéologique, pour ne pas dire démagogique. C’est Jean Charest qui a, de l’avis de la plupart des experts, rompu avec la tradition historique tenue par tous les Premiers ministres québécois depuis 40 ans, en acceptant de faire rentrer le Québec dans les rangs du «Conseil de la fédération» (qu’il a proposé lui-même), faisant du Québec «une province comme les autres». Ce Québec, que le Canada ne reconnaît pas comme nation et qui a refusé unanimement par un vote à l’Assemblée nationale la Constitution canadienne de 1982. C’est cet homme qui aujourd’hui appelle à la sauvegarde des intérêts historiques du Québec! Cette opération a un nom : cela s’appelle de la démagogie! M. Charest nous prévient : si nous refusons le «changement» comme de vulgaires réactionnaires, «le modèle québécois ne sera plus qu’une relique». N’est-ce pas rassurant (nous ne sommes quand même pas dupes) de constater que le gouvernement libéral (sic) défend le «modèle québécois». N’est-ce pas ironique de voir que d’entrée de jeu, le PM Charest cite l’introduction du Rapport Facal, du nom de celui qui, alors ministre péquiste, prévoyait déjà l’abolition de nombreux organismes gouvernementaux et même de plusieurs ministères. Un rapport qui, redisons-le, avait tant «ébloui» selon sa propre expression, le PM Landry d’alors. Le PQ mal placé pour critiquer Il y a donc une certaine continuité sur le plan des politiques néolibérales avec le précédent gouvernement. Le PQ peut bien jouer les vierges offencées sur les banquettes de l’opposition mais il est en réalité bien mal placé pour critiquer le gouvernement Charest. Ce gouvernement qui se permet de renier certaines de ses promesses électorales (loi sur la pauvreté, réforme du mode de scrutin, gratuité des médicaments aux démunis, etc.) d’un côté tout en se prétendant mandaté pour réaliser la complète restructuration de l’État québécois et du contrat social qu’il a de plus entrepris unilatéralement. Ce Jean Charest qui, durant la campagne électorale, donnait l’impression de se faire le gardien du bien commun face aux politiques de la droite radicale de Mario Dumont, lequel aujourd’hui doit bien se demander si son parti a encore une raison d’être! Les intérêts historiques du Québec L’automne, l’hiver et le printemps seront chauds. Oui monsieur Charest le bien commun est grandement menacé, tout comme l’est la paix sociale, tout comme le sont les intérêts historiques du Québec. La riposte du peuple québécois sera unitaire sur tous les fronts. La défense du bien commun et des intérêts historiques du Québec l’exigent. L’UFP appuiera toute démarche d’unité menant à un large mouvement d’opposition aux politiques de ce gouvernement insensible et rétrograde, tout dévoué à protection d’intérêts particuliers.
Site de l'Union des forces progressistes
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