Hier, mercredi 15 octobre, se tenait à Paris une singulière manifestation qui enrichit, semble-t-il, ce que l'on appelle la diversité des tactiques. Organisée par les soi-disants "artistes de la rue de droite", cette manifestation voulait exprimer son soutien complet aux politiques de droite du gouvernement actuel.

Hier après-midi, mercredi 15 octobre, à Paris, les "artistes de la rue de droite" tenaient à exprimer leur soutien complet aux politiques de droite du gouvernement actuel. S'acheminant vers l'Assemblée nationale, le cortège n'était composé "que de gens bien": pères et mères de bonne famille, vieux Gaullistes, traditionnalistes, partisans de Chirac et de Jean-Marie Le Pen, hommes d'affaires. Les slogans, les pancartes: "Intermittents fainéants", "Les chômeurs ne foutent rien", "Faites taire les pauvres", "La culture est une marchandise comme une autre", "Oui, Star académie est un oeuvre d'art", "Travail, famille, télévision", "La culture, ça fait mal à la tête", "Pour une France propre et sécuritaire", "Les étrangers ne doivent plus être reçus en France". Devant l'Assemblée nationale, le cordon de gendarmes n'a pas tout de suite fait taire les voix: "N'entravons pas la circulation", "Non aux manifestations", "Pas de bruns dans la police", "Pardon pour le dérangement", "Nous sommes plus à droite que vous".
Il convient de rappeler brièvement le contexte spécifique dans lequel s'inscrit l'événement. Le gouvernement actuel, en accord partiel avec ses partenaires et le patronat, revoit le régime d'assurance chômage de ceux que l'on appelle les "intermittents du spectacle", c'est-à-dire les artistes (et les techniciens) du théâtre, de la scène et de l'audio-visuel qui bénéficient d'un mode particulier d'indemnisation pour les périodes chômées entre deux contrats. Mise en place après la dernière guerre, la loi permet aux artistes ayant cumulé 507 heures de travail sur 12 mois (heures officiellement payées par l'entreprise) de jouir d'une indemnité d'un an. En vertu de la réforme prochaine, les artistes devraient justifier le même nombre d'heures travaillées mais sur une durée de 9 mois et pour une indemnisation de 6 mois seulement. Les opposants au projet y voient une façon d'exclure 50% des intermittents, qui cumulent difficilement des heures officiellement travaillées, et de mettre tout simplement en danger la création artistique. Les intermittents et leurs sympathisants manifestent leur opposition depuis juin dernier, partout à travers la France. Ils comptent maintenir leur mobilisation et multiplier les occasions et les façons de manifester. Diversité des tactiques, disions-nous: qu'on me permette de souhaiter que celle-ci nous donne des idées ailleurs qu'à Paris.