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Défense du "Gars Show"Joe22, Thursday, September 25, 2003 - 18:04 (Analyses)
Daniel Jobin
Lettre à Josée Boileau - La lecture de votre éditorial du 9 septembre, intitulé «Un homme, un vrai», me laisse perplexe. Le «Gars Show» (organisé par l'école secondaire La Ruche à Magog) n'a certainement pas la prétention d'enrayer le décrochage scolaire chez les garçons, ce serait trop simple. Il se veut assurément une amorce afin de mener le jeune garçon à percevoir le monde scolaire d'un meilleur oeil. De plus, le fait de travailler à «raccrocher» les jeunes garçons à l'école ne diminue en rien la problématique de la domination masculine sur le marché du travail. Cette réalité, vous avez raison, n'est pas acceptable. Vous devez bien savoir que le décrochage scolaire est une plaie ouverte chez les garçons. Selon le ministère de l'Éducation du Québec, en 2001-02, 23 % des garçons avaient décroché, contre 14 % chez les filles. Dans les classes de cheminement particulier, on retrouve trois garçons pour une fille. Et sans vouloir jouer sur la corde de la sentimentalité, il faut avouer que les hommes en général sont plus nombreux dans notre société à s'enlever la vie. C'est à mon avis un indicateur de malaises importants. Alors, que devons-nous faire ? D'autres (et encore d'autres... ) enquêtes, recherches ou comités qui accoucheront de rapports voués aux archives ? Ou tenter des solutions novatrices afin de créer un sentiment de fierté ou d'appartenance chez les jeunes garçons ? Et, que voulez-vous, bon nombre de garçons sont friands de moto, de mécanique, de jeux électroniques et autres intérêts de ce type. Devons-nous l'ignorer ? Devrions-nous même s'en inquiéter ? J'ai cru comprendre dans votre éditorial que le fait d'inviter des exposants du domaine du sport motorisé, de l'armée ou de la police attisait un stéréotype de ce qu'est un «vrai homme». Et si, dans notre société, une majorité d'hommes s'identifiaient à ce genre d'intérêt, cela poserait-il problème ? Reproche-t-on aux femmes qu'une majorité d'entre elles s'intéressent aux soins corporels ou à la mode ? Dans votre éditorial, vous oubliez de tenir compte du fait que nous aurons deux conférenciers dont le but est d'amorcer une réflexion sur l'image que les garçons ont d'eux-mêmes et de démontrer l'importance de l'effort. Vous oubliez aussi de parler du forum animé par Mario Langlois, qui veut provoquer des réactions chez les garçons présents et voir avec eux les raisons de leur marasme et de leur inactivité chronique. Pour votre information, nous aurons aussi un stand d'une librairie qui exposera ses dernières parutions en livres et en cédéroms éducatifs, un stand de Mont-Mégantic, un poste de montage vidéo, trois stands pour présenter chacun des diplômes d'études professionnelles offerts à l'école, un stand de la SAAQ pour parler de sécurité sur les routes, un stand pour présenter des instruments de musique, etc. Pour ce qui est des invités, il faudra que vous m'expliquiez en quoi le gabarit de Martin Larocque, le comédien invité, est digne de mention dans votre article. Fallait-il en trouver un qui soit maigrichon ? Qui de mieux que ce comédien chevronné, qui s'exprime de façon remarquable, pour représenter une image masculine positive ? Les objectifs du «Gars Show» sont des plus ambitieux. Nous devons mener les garçons à réfléchir à l'image qu'ils ont d'eux-mêmes et à rencontrer des hommes qui sont des modèles positifs de réussite. Voilà pourquoi nous avons invité une vingtaine de personnalités publiques qui ont accepté de venir souper avec les jeunes gratuitement, sans cachet. Et voilà aussi pourquoi nous demandons aux étudiants d'inviter un homme significatif dans leur vie à cette soirée. Tous les artisans de cet événement côtoient de jeunes adolescents depuis plusieurs années en tant qu'éducateurs mais aussi en tant que parents. Le constat est sans appel : les garçons réussissent moins bien, et de beaucoup. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés car c'est notre travail et notre conviction profonde que les choses peuvent changer. Les adolescentes ont plus de facilité à s'approprier une école en s'engageant dans divers comités et diverses activités. Pour ce qui est des garçons, c'est plus difficile. Le 24 septembre, c'est leur journée. Pas une journée contre les filles. Pas une journée pour dire que les hommes sont des victimes. Ce n'est même pas une journée de gars. C'est une journée pour les gars. Et en ce qui concerne les 11 000 $, si vous saviez ce que coûte la traditionnelle journée à La Ronde du mois de juin dans bien des écoles secondaires, vous comprendriez que cet argent est un investissement. Daniel Jobin |
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