|
Jours historiques pour la justice et la lutte contre l'impunité en ArgentineAnonyme, Thursday, August 14, 2003 - 09:58 (Reportage ind. / Ind. news report | "Anti-terrorisme"/Liberté | Droits / Rights / Derecho | Politiques & classes sociales | Repression) C'est un long combat qui semble enfin aboutir en Argentine. Sous l'impulsion de son nouveau président Nestor Kirchner, l'Argentine élimine actuellement tout ce qui garantissait l'impunité aux militaires argentins de la dernière dictature (76-83) pour qu'ils soient enfin jugés pour les crimes commis au cours des «Sept années de plomb». En outre, ce ménage ne concerne pas seulement les militaires, mais touche aussi d'autres institutions corrompues à l'os en lesquelles les Argentines et les Argentins n'avaient plus la moindre confiance. La cour suprême, la police, les hauts-fonctionnaires et même les prisons fédérales sont «nettoyés». À quand le FMI et la Banque Mondiale? Lire l'Article du Monde ci-dessous et voir les liens suivants: Article de la Jornada: Argentina : El turno de la Justicia http://www.argenpress.info/nota.asp?num=004521 Article de l'excellent quotidien argentin de gauche: http://www.pagina12web.com.ar/portada.php?fecha=2003-08-13&PHPSESSID=b52... Pour beaucoup plus de détails: http://www.rebelion.org/argentina/030813depedro.htm L'Argentine de Nestor Kirchner revient sur un passé d'impunité LE MONDE | 14.08.03 | 12h46 C'est dans un climat d'euphorie que près de 10 000 personnes et des dizaines d'associations de défense des droits de l'homme ont salué, le 12 août à Buenos Aires, la décision des députés d'annuler les lois d'amnistie protégeant les anciens tortionnaires de la dictature militaire (1976-1983). Ces lois dites du "Point final" (1986) et du "Devoir d'obéissance" (1987), qui empêchent toute poursuite judiciaire contre des centaines de militaires, ont été adoptées sous la pression des forces armées opposées au retour de la démocratie et au lendemain du procès de 1985 contre les chefs de la junte. A l'époque, ce retentissant procès avait été comparé à celui de Nuremberg contre les criminels de guerre nazis. Les anciens chefs du régime militaire avaient été condamnés à de lourdes peines de prison puis graciés en 1990 par l'ex-président Carlos Menem. Le président Nestor Kirchner, qui fait campagne pour l'annulation de ces lois, souhaite que les ex-tortionnaires puissent être jugés en Argentine plutôt que dans des pays européens, dont la France, qui ont réclamé leur extradition. Ce serait "une opportunité historique" pour la justice argentine, estime Gustavo Beliz, ministre de la justice. En attendant le vote du Sénat la semaine prochaine, celui de la Chambre basse est interprété comme un important succès politique pour le nouveau président péroniste qui a lancé une vaste offensive contre l'impunité. Soulignant "la valeur symbolique du point de vue politique" de ce vote, le vice-président, Daniel Scioli, a toutefois reconnu qu'il avait une "faible validité juridique". Le dernier mot reviendra à la Cour suprême de justice qui, elle seule, a le pouvoir d'annuler des lois. LE "STYLE K" SURPREND Une décision rapide du tribunal est improbable. Son président Julio Nazareno a dû démissionner pour éviter d'être destitué par le Parlement. Son successeur n'a toujours pas été nommé. Les médias argentins soulignent que l'annulation de lois posera de sérieux problèmes du point de vue constitutionnel. Au cours d'un débat animé de huit heures, les députés ont également adopté un autre projet gouvernemental donnant valeur constitutionnelle à une convention des Nations unies déclarant imprescriptibles les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. Le chef de l'Etat avait annoncé la veille son intention de ratifier cette convention qui pourrait signifier la caducité de lois d'amnistie. Toujours au nom des droits de l'homme, le 25 juillet, le président Kirchner avait abrogé un décret interdisant les extraditions des criminels de la dictature. A la demande du juge espagnol Baltasar Garzon, quarante militaires et un civil ont été arrêtés dans l'attente de leur possible extradition vers l'Espagne. Le magistrat espagnol les accuse de génocide, terrorisme et tortures. Aussitôt après sa prise de fonction, le 25 mai, le président Kirchner a fait de la lutte contre l'impunité la priorité de son gouvernement. Après avoir purgé l'armée et la police, il a mis la pression sur les juges de la Cour suprême qu'avait nommés son rival, l'ancien président Carlos Menem. Le nouveau chef d'Etat péroniste a lancé une offensive sur plusieurs fronts en faveur de "la justice et de la vérité". Il s'est réuni avec Estela de Carlotto, la présidente des Grands-Mères de la place de Mai qui recherchent leurs petits-enfants disparus, mais aussi avec des dirigeants de la communauté juive argentine et les familles des deux attentats antisémites commis à Buenos Aires dans les années 1990 et qui n'ont jamais été éclaircis. Il a ouvert les archives des services secrets sur l'attentat contre la mutuelle juive AMIA, qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994. Le 12 août, la lutte contre l'impunité a fait une spectaculaire victime avec l'arrestation de Maria Julia Alsogaray, figure emblématique des nombreux scandales de corruption qui ont ébranlé le gouvernement Menem. Fille de l'économiste Alvaro Alsogaray, fondateur du parti libéral UCD, influent dans les années 1980, l'ex-fonctionnaire ménémiste fait l'objet de nombreuses poursuites pour enrichissement illégal et pour fraude au détriment de l'Etat. Son arrestation a été ordonnée par le juge fédéral Rodolfo Canicoba Corral, le même magistrat qui a procédé à la détention des militaires de la dictature. Cette inédite offensive répond à un besoin profond de justice des citoyens et vaut à M. Kirchner une immense popularité. Ce que l'on a baptisé à Buenos Aires le "style K" surprend et séduit. Même s'il réveille de vieux démons. M. Kirchner a ordonné l'ouverture d'archives qui confirment qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale l'Argentine a été l'un des refuges les plus sûrs pour les nazis. "De Hitler à Astiz", titrait le 12 août un quotidien pour résumer la croisade de l'administration Kirchner. Les succès obtenus auprès de l'opinion publique permettent à M. Kirchner d'affirmer son autorité et de conquérir une légitimité politique à la veille d'importantes élections législatives et provinciales en septembre. Après le retrait de M. Menem juste avant le second tour de la présidentielle, M. Kirchner a été élu avec seulement 22 % des voix collectées au premier tour. Son assise électorale est faible, il n'a pas de majorité au Parlement et il reste minoritaire au sein même de son propre parti. Les avancées contre l'impunité, qui ont une grande répercussion médiatique, ont éclipsé les problèmes économiques et les conflits sociaux : les "piqueteros" qui coupent à nouveau les routes pour réclamer du pain et du travail, les négociations ardues avec le Fonds monétaire international sur la dette extérieure, les prochaines augmentations inéluctables des services publics privatisés et un taux de chômage réel qui dépasse les 21 %. Christine Legrand Près de 2 000 militaires concernés Si les lois d'amnistie étaient abolies, plus de 2 000 militaires pourraient être jugés en Argentine. Les organismes de défense des droits de l'homme ont identifié 2 395 membres des forces armées et des services de sécurité ayant participé à la répression illégale pendant la dictature militaire (1976-1983). Leurs noms figurent dans les dossiers de la Commission nationale sur la disparition de personnes (Conadep), créée dans les années 1980 après le retour de la démocratie, et qui a recueilli d'innombrables témoignages de survivants des camps clandestins de détention et de torture. Nombreux sont ceux qui avaient personnellement témoigné au cours du procès de 1985 contre les chefs de la dictature sur les crimes commis pendant la "sale guerre". A cela s'ajoutent les militaires et civils accusés au cours des "jugements pour la Vérité" qui ont eu lieu en Argentine sans que puisse être dictée aucune condamnation puisque les ex-tortionnaires bénéficient des lois d'amnistie. Selon le quotidien La Nacion du 11 août, l'armée de terre estime que, si les lois d'amnistie étaient abolies, plus de 1 600 de ses hommes pourraient avoir des problèmes avec la justice, dont une centaine sont toujours en activité. - (Corresp.) ------------------------------------------------------------------------
Excellent quodidien argentin de gauche
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|