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La révolution dansante : texte manifestecalvaire01, Monday, August 11, 2003 - 22:19
calvaire01
L'existence elle-même est politique. Et en tant que telle, même et surtout au quotidien, elle doit être transformée. Toutes les manifestations de nos organisations politiques se coulent dans le monde mortifère du travail, du logement, de la contestation négative, des beaux discours... Nous n'avons pas encore appris l'extatique des chairs révolutionnaires. Nos corps sont encadrés dans la marche manifestante, dans la géométrie fixe des lieux, dans la petitesse d'un monde complètement rationalisé. Nous sommes en déficit profond de vitalité. Nous baisons en privé, nous discourons en public. Nous sommes soûlEs dans nos salons ou dans les endroits où nous nous y attendons, mais nous sommes tristement calmes dans les rues. Les fêtes de l'existence ne se généralisent pas. Nous sommes d'un sérieux triste en public, nous explosons parfois de joie en privé. Nous reproduisons la dichotomie profondément libérale entre le privé et le public. Si les années 60 et une partie des années 70 ont été des années fastes en orgies sociales, nos années sont profondément conservatrices dans leurs mœurs. Si la violence créatrice des années 60 et d’une partie des années 70 était folle, tripante, extatique, nos années sont tranquilles. Nous sommes mortEs de tranquillité. ``Le monde est à pleurer``, comme le disait Jean Leloup. Nous contestons toujours mais dans la même platitude. Il y a des appels à la révolution, mais les mouvements révolutionnaires généralisés sont silencieux, voire invisibles. Ça ne chante pas la révolution dans les rues, ça ne se caresse pas les chairs dans les lieux publics, ça ne bloque pas les voies de circulation pour y animer des fêtes qui n'en finiraient plus. Nous nous interdisons les débauches d'alcool, de drogues et de sexe au milieu de la foule. Nous nous comportons vraiment comme un troupeau marchant tout droit, comme des armées d'écerveléEs et surtout de squelettes tenant encore debout (mais à peine). Nous sommes bien organiséEs ou nous nous organisons bien. Nous tuons nos désirs et nos imaginaires vivants. Nous nous tuons. Notre monde est suicidaire et les surplus de suicides réels n'en sont que la preuve tangible. Notre univers est étroitement délimité dans son spleen. Nous pourrissons. Quand il y a des débordements dans les rues, ceux-ci ne sont que des parties du spectacle des manifestations et ils meurent aussitôt allumés. Il n'y a pas de permanence révolutionnaire. Nous avons beau faire de bien beaux discours radicaux, car ceux-ci n'engagent à rien de concret et d'immédiat. Nous parlons, nous parlons (et ici je ne fais moi-même que parler, mais cette parole est une invitation). Cessons de parler un instant ! Explosons ! Cassons les spectacles attendus (institutionnels ou non). Incarnons l'art dans la vie. Soyons festifs, créatifs, jouissifs... Perdons la tête, laissons-nous secouer par nos spasmes énergétiques. Dansons, baisons, buvons, mais faisons-le partout. Soyons la révolution elle-même. Libérons nos affirmations censurées. Brisons la continuité du pouvoir social. Mettons fin au capitalisme. Faisons tomber le machisme. Passons le rouleau compresseur sur nos identités exclusives sauvagement conservées. Faisons brûler l'armature de nos raisons. Oublions nos âges. Arrêtons les horloges. Détruisons nos murs. Faisons en sorte que notre univers explose en de très joyeuses affirmations dansantes. Festoyons comme des orgiaques. Célébrons notre entrée en scène comme surhumanité. Pour des orgasmes révolutionnaires ! Pour des ``anarchies resplendissantes`` ! |
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