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Voyons comment les sionistes ont "sauvé les Juifs"...Anonyme, Saturday, August 2, 2003 - 05:26
K.A.
Israël Shamir est un israélien qui a fui Israël malgré le confort matériel qu'il a pu trouver dans cet Etat, pourquoi ? Parce qu'il est juif libre et non pas sioniste ! Israël Shamir est un israélien qui a fui Israël malgré le confort matériel qu'il a pu trouver dans cet Etat, pourquoi ? Parce qu'il est juif libre et non pas sioniste ! Année après année, les journées de juin ramènent à ma mémoire les souvenirs de la guerre. Pour le peuple juif, la guerre a représenté une terrible tragédie - un tiers des Juifs sont morts, des communautés entières, des plus ancestrales et des plus riches de traditions, ont été anéanties. Pourquoi cela s'est-il produit ? Pourquoi ce peuple, généralement plutôt énergique, n'a-t-il pu éviter cela ? Par-delà les responsables directs, évidents - les nazis - il y eut aussi d'autres coupables, qui ont contribué à rendre cette tragédie possible ; les uns par ignorance, d'autres par indifférence à l'égard de la vie d'autrui, d'autres encore pour des raisons idéologiques. On raconte une anecdote qui met en scène un pauvre petit moineau bien près de mourir de froid, mais sauvé par la chaleur du fumier des vaches, et finalement dévoré par le chat ! Moralité : "Tous ceux qui te dégoûtent ne sont pas forcément tes ennemis, tous ceux qui te tirent de la m... ne sont pas nécessairement tes amis..." : cette historiette me revient à l'esprit tandis que je m'apprête à raconter les étranges relations bilatérales entre les Juifs et le mouvement sioniste. Avant d'aller plus loin, formulons un reproche fondamental à l'encontre du sionisme : ce mouvement a vu le jour, initialement, pour protéger et sauver des Juifs (menacés), en tout premier lieu les Juifs d'Europe orientale. Mais, par la suite, il s'est fixé pour mission essentielle la création et la pérennisation d'un Etat juif en Palestine. Afin d'atteindre ce but, le mouvement sioniste était prêt - et il le reste, jusqu'à ce jour - à sacrifier les intérêts des juifs. C'est ce qui s'est passé, y compris durant la seconde guerre mondiale. Pour des habitants de l'Union soviétique, cette accusation n'avait rien de surprenant. Le sionisme était, en effet, le contemporain du bolchévisme et, comme lui, il s'était développé sous le mot-d'ordre "On ne saurait couper la forêt sans que volent les copeaux". Mais voilà la différence : pour les bolchéviques, l'objectif était universel : l'édification du socialisme en Russie, la réalisation du bonheur pour tous. Tandis que pour les sionistes, il s'agissait de fonder un état puissant au Moyen-Orient, qui prenne la succession de l'empire du Roi Salomon. Et pour mener à bien cette 'noble' tâche, tous les moyens étaient bons... Sabbataï Beit-Tsvi, un vieux juif russe, avait travaillé toute sa vie aux archives de l'Agence juive à Tel Aviv. Une fois à la retraite, il avait "publié", en 1977, un 'samizdat' ('à compte d'auteur'), épais de quelque 500 page au format in IV°, sous le titre-fleuve et quelque peu nébuleux "La crise du sionisme post-ougandais aux jours de la catastrophe des années 1938-1945". Cet ouvrage était resté inaperçu d'un grand nombre de lecteurs et son introduction, ainsi que sa conclusion - horrifiantes - consacrées au rôle joué par le mouvement sioniste dans la tragédie des Juifs d'Europe finirent par produire l'effet d'une bombe il y a tout juste six ans, lorsqu'elles furent citées par l'historien israélien (tout ce qu'il y a de plus officiel et unaniment reconnu) Dina Porat. Depuis lors, son travail a été utilisé à maintes reprises par des historiens qui n'ont pas toujours eu la délicatesse élémentaire de s'en référer à notre retraité, qui végète depuis belle lurette retiré aux regards du monde. Sans me perdre dans les arcanes de ce passé lointain, je dirai qu'en utilisant l'expression "sionisme post-ougandais", Beit-Tsvi avait en vue le mouvement sioniste tel qu'il s'était formé alors que le vingtième siècle en était encore à ses premiers balbutiements, c'est-à-dire que le sionisme dont il est question est bien le sionisme proprement dit, le sionisme du vingtième siècle. D'après Beit Tsvi, le sionisme connaît alors une grave crise : il se divise sur la question de savoir s'il fallait - ou non - accepter la proposition de l'Angleterre : créer un état juif en Ouganda. Ceux qui avaient le souci du sort du peuple juif étaient favorables au projet ougandais (c'étaient les 'minoritaires'), mais les 'palestinocentristes' ('majoritaires') l'emportèrent et s'attelèrent sans plus traîner à construire un état juif en Palestine à tout prix, fût-ce au détriment du peuple juif. En particulier, ceci se fit sentir aux jours du triomphe du nazisme, lorsque le peuple juif ne put sauver un tiers des siens de l'extermination, pour la simple raison que sauver des Juifs, était bien le dernier souci des sionistes, si les rescapés n'émigraient pas en Palestine. Par contre, il n'existait pas encore à proprement parler de mouvement juif non-sioniste (un petit noyau, embryonnaire, existait, mais il ne jouissait d'aucune influence notable). "En décembre 1942, lorsque le caractère massif de l'extermination des Juifs d'Europe devint patent (écrit Beit-Tsvi), l'homme qui allait devenir le deuxième président de la République d'Israël, Chazar, formula la question purement rhétorique suivante : 'pourquoi, nous, (mouvement sioniste), n'avons-nous pas su ? Pourquoi les nazis ont-ils pu nous prendre au dépourvu ?' Tandis qu'un autre participant à la même réunion des dirigeants du mouvement sioniste, Moshé Aram, déclarait de son côté : 'Nous avons été des complices involontaires du massacre' (parlant de ceux qui savaient, mais n'avaient rien fait)." "L'organisation sioniste a réussi le tour de force de 'ne rien savoir' de la catastrophe jusqu'à l'automne 1942 et si ce tour de force, elle l'a réalisé, c'est pour la simple raison qu'elle ne voulait rien savoir", poursuit Beit-Tsvi. Puis il détermine à quel moment les nazis ont décidé de procéder à l'élimination systématique des Juifs : à l'évidence, ce fut en été 1941, à telle enseigne que le premier document d'archive relatif à cette décision est daté du 30 juin 1941. L'éradication projetée des Juifs était un secret absolu et si les pays ennemis de l'Allemagne en avaient eu connaissance, ils auraient pu stopper ou tout au moins ralentir ou dénoncer la mise en pratique de l'ordre non-écrit d'Hitler. Mais le mouvement sioniste n'était pas intéressé par la publicité, et il se comporta de façon totalement irresponsable : alors que la seconde guerre mondiale n'avait pas encore éclaté, en 1939, lors du 21ème congrès du mouvement sioniste réuni à Genève, un cacique du sionisme (il s'agissait du futur premier président de la République d'Israël, Chaïm Weizman) avait déclaré la guerre à l'Allemagne, (rien que çà), non pas au nom des Juifs de Palestine, ni même au nom du sionisme, mais au nom de l'ensemble du peuple juif... Le 21 août 1939, cette 'déclaration de guerre' fut rendue publique, ce qui permit aux nazis de dire, par la suite, que "les Juifs sont les fauteurs de guerre". Du point de vue de (notre) Beit-Tsvi, ceci traduisait avec éloquence la position égocentrique des sionistes, qui faisaient prévaloir en permanence leur propre point de vue sur celui de l'ensemble du peuple juif, se souciant (du sort) du peuple (juif), en réalité, comme d'une guigne... La presse pro-sioniste obtempéra aux consignes de ses dirigeants, et même lorsque parurent dans les journaux, le 16 mars 1942 - en se fondant sur une lettre du commissaire national soviétique Molotov - les premiers témoignages d'exterminations massives de Juifs, après qu'eurent été perpétrés Babi Yar et d'autres massacres, dès le lendemain, 17 mars 1942, on pouvait lire dans les journaux hébreux publiés en Palestine, un démenti officiel, selon lequel les nouvelles faisant état de centaines de milliers de Juifs tués étaient 'des mensonges et des exagérations'. Molotov faisait état de 52 000 Juifs massacrés à Kiev : le journal sioniste 'Davar' reprend ses propos, avec une réserve d'importance : 'selon nos propres données, la majorité des personnes mortes à Kiev n'étaient absolument pas juives.' Dans d'autres journaux, on ne reprit pas non plus telles quelles les informations données par Molotov et on en avança d'autres, 'de première main', notamment : "à Kiev, ce sont en réalité 'seulement' un millier de Juifs qui ont été tués". Beit-Tsvi cite des dizaines de journaux sionistes, et dans tous, sans exception, revient le même leit-motiv : il n'y a pas connaissance d'un quelconque génocide ; tout cela, ce ne sont que des mensonges. "Il faut se garder de propager des rumeurs', écrivait, le lendemain, le journal Ha-Tsofé, 'le peuple d'Israël a déjà tellement de péchés sur le dos : inutile d'y ajouter le mensonge, par-dessus le marché !" Mais le coupable, ce n'était pas la presse, écrit Beit-Tsvi : la communauté juive de Palestine ne voulait pas entendre des nouvelles désagréables venues d'Europe. Alors, "toute une armée d'écrivains, de commentateurs, d'éditorialistes abreuva les lecteurs d'articles lénifiants et d'explications 'au tilleul'." Seule le mouvement d'opposition 'Brit Shalom', regroupant des partisans de la paix avec les Arabes, apporta foi à la missive de Molotov, mais personne ne l'écouta... A la même époque, poursuit Beit-Tsvi, les dirigeants sionistes connaissaient quelle était la véritable situation. Ils savaient, mais cela ne les intéressait pas - et pas seulement en Palestine, mais, aussi bien, à Londres et à New York. Il ne fallait pas s'attendre à une quelconque sympathie de leur part : certains, comme Ben Gourion, n'avaient absolument rien à cirer des Juifs d'Europe, d'autres s'insurgeaient, suggérant que les Juifs "allaient à l'abattoir comme des moutons" et "ne se battaient pas comme l'auraient fait les héros légendaires des temps bibliques... " Ce silence était motivé par des questions de gros sous. Beit-Tsvi raconte en détail comment les sionistes se sont opposés aux efforts visant à consacrer des moyens financiers importants de l'organisation sioniste (et donc du peuple juif) au sauvetage des Juifs (menacés). Le 18 janvier 1943, les nouvelles au sujet des tueries de Juifs avaient pris une telle ampleur, sans commune mesure, qu'il était devenu impossible de les occulter et qu'il fallait en débattre. Au cours d'une réunion tenue par les dirigeants sionistes, la position qui l'emporta fut celle d'Yitzhak Grinbaum : ne pas donner un seul centime ('un kopek, écrit I. Shamir, ndt) pour le sauvetage des Juifs, et tout faire pour empêcher la collecte de moyens consacrés à cette fin. "Cela est dangereux pour le sionisme, nous ne pouvons pas donner de l'argent prélevé dans les caisses du mouvement sioniste (Keren Ga-esod) fût-ce pour sauver des Juifs. Nous aurions assez d'argent pour ce faire, mais nous devons garder ces moyens financiers pour notre (propre) lutte. Le sionisme passe avant tout : voilà quelle est notre réponse à ceux qui s'aviseraient de s'écarter de notre mission première afin de sauver les Juifs d'Europe". Au cours de la même séance (mémorable), Yitzhak Grinbaum était élu 'ministre du sauvetage des Juifs européens".. Ainsi, le mouvement sioniste se tint pratiquement totalement à l'écart des tracas que représentait (pour lui) le sauvetage des gens en train de mourir. Beit-Tsvi cite des dizaines de déclarations et de procès-verbaux de l'époque : "En mai 1942, le chef des sionistes américains, Abba Hillel Silver, définit les deux missions fondamentales auxquelles les sionistes des Etats-Unis étaient confrontés : l'éducation nationale (nationaliste ?) et la popularisation de l'idée d'un état juif indépendant. Sur le sauvetage (des Juifs en cours d'extermination) : pas un mot. En octobre 1942, Ben Gourion définit les trois tâches fondamentales du sionisme : la lutte contre les entraves à l'immigration des Juifs (en Palestine), la constitution de forces armées juives et la création d'un Etat juif en Palestine, une fois la guerre terminée. Sur le sauvetage des Juifs (en cours d'extermination) : pas un mot." Mais le mouvement sioniste ne se contenta pas d'être totalement indifférent à la (nécessité) de sauver les Juifs (menacés d'extermination) : il s'ingénia à faire échouer tous les plans de sauvetage (mis sur pied dans le cadre) de la conférence d'Evian. Beit-Tsvi consacre un chapitre entier de son livre à ce sabotage, et il démontre l'influence absolument illimitée des sionistes sur la grande presse ainsi que leur capacité à se rendre maîtres des opinions. La conférence d'Evian avait été convoquée en mars 1938 à l'initiative du président américain Roosevelt, afin d'aider les Juifs à quitter l'Allemagne, qui venait d'annexer l'Autriche. Au début, le monde juif manifesta un grand enthousiasme pour cette initiative et il baptisa même cette conférence "Conférence de la conscience mondiale". Le mouvement sioniste nourrissait l'espoir que la conférence accorderait la Palestine au peuplement juif, et qu'y serait prise une résolution enjoignant à la Grande-Bretagne - puissance mandataire en Palestine - d'y accueillir les réfugiés juifs. Mais tel ne fut pas le cas. La conférence d'Evian se consacra à l'élaboration de plans pour le sauvetage des Juifs, et non pas à un quelconque plan de peuplement de la Palestine. Tous les représentants des différents pays participant à la conférence évoquèrent la possibilité d'accueillir des réfugiés sur leur territoire respectif, et ils se gardèrent bien d'exercer une quelconque pression (forcément vexatoire) sur l'Angleterre. "C'est alors que l'avis des sionistes sur cette conférence changea du tout au tout, écrit Beit-Tsvi, - la colère prit la place de l'enthousiasme et les espoirs se métamorphosèrent en déception. L'intervention du dirigeant du mouvement sioniste mondial, Chaïm Weitzman, fut remarquée : "si la conférence ne se met pas d'accord sur la résolution du problème des Juifs une bonne fois pour toutes au moyen de leur transfert en Eretz Israël- inutile de se fatiguer." Immédiatement, toute la presse sioniste lança une campagne hystérique, écrivant : "nous sommes rejetés et personne ne nous réconforte : le monde a perdu toute conscience." Mais les observateurs non-sionistes étaient optimistes : la conférence avait suscité l'espoir de voir tous les émigrants (juifs) potentiels admis dans les différents pays participants. Cet espoir était fondé, et c'est précisément la raison pour laquelle les sionistes s'ingénièrent de toutes leurs forces à le torpiller (avec succès). Beit-Tsvi cite la lettre d'un dirigeant sioniste, George Landauer à un de ses homologues, Stiven Weiz : "Ce que nous (sionistes) redoutons, par-dessus tout, c'est que la conférence (d'Evian) n'incite les organisations juives à rassembler des fonds afin de financer la réinstallation des réfugiés juifs (dans les pays participants), ce qui obérerait gravement notre propre collecte de fonds destinés à nos propres objectifs". Beit Tsvi résume les propos du chef des sionistes Haïm Weissman : "Pour (financer) la venue des réfugiés juifs dans d'autres pays, il faudra beaucoup d'argent, ce qui signifie que les finances sionistes seront ruinées. Si la conférence est couronnée de succès (c'est-à-dire, si elle permet aux Juifs persécutés de s'enfuir de l'Allemagne nazie), elle portera un préjudice irrémédiable au sionisme. Ce qu'à Dieu ne plaise : que les pays participants à la conférence (d'Evian) proclament leur générosité et qu'ils invitent les Juifs d'Allemagne à venir se réfugier sur leurs territoires respectifs, et c'en serait fini du projet (sioniste) en Palestine : (il y aurait un éparpillement) entre (une multitude) d'autres pays d'accueil, les Juifs ne (nous) donneraient pas d'argent, et les Anglais n'accorderaient pas l'autorisation d'immigrer en Palestine !" D'ailleurs, d'autres dirigeants du sionisme s'"intéressèrent" à l'idée de sauver les Juifs (à la conférence de la toute-puissance Agence Juive, tenue le 26 juin 1938) : Grinbaum évoqua l'"horrible danger d'Evian", et David Ben Gourion en personne déclara qu'en cas de succès, la conférence porterait un coup terrible au sionisme. La mission première des sionistes, ajouta-t-il, est de dénigrer la bonne image produite par la conférence et de s'efforcer de la saboter, de ne pas lui permettre d'adopter une résolution (exécutive). C'est ce qu'ils firent : une délégation de sous-fifres se rendit à la conférence et, en substance, dissuada les délégués des autres pays, en leur sussurant : "mais pourquoi, grands dieux, avez-vous (absolument) besoin d'immigrants juifs chez vous, qu'allez-vous en faire ?" L'histoire n'a conservé que le point de vue des sionistes. Mais il est certain qu'ils étaient fort dépités de voir que la conférence n'ait manifesté aucune velléité d'exercer des pressions sur la Grande-Bretagne et que le transfert des Juifs en Palestine n'ait pas prévalu. Les sionistes sabotèrent les tentatives déployées par tous les pays occidentaux en vue de sauver les Juifs (des persécutions) de l'Allemagne nazie : il était préférable qu'ils disparaissent à Dachau, plutôt qu'ils aillent dans un quelconque pays, autre, bien entendu que (le futur) Israël. Evidemment, à cette époque, en 1938, personne n'envisageait la possibilité d'une extermination de masse, néanmoins, lourde est la responsabilité des sionistes d'avoir saboté la conférence (d'Evian), contribuant ainsi, de manière objective, à ce que des milliers (de Juifs) soient exterminés. En réalité, les nazis voulaient seulement 'se débarrasser' des Juifs, les déporter : mais où ? Les Juifs d'Allemagne, à la notable différence de bien des Juifs soviétiques d'aujourd'hui, étaient patriotes et très attachés à leur pays : ils ne voulaient pas l'abandonner, même dans les pires épreuves. En dépit des lois de Nuremberg, des pogroms, de la discrimination, le nombre annuel des Juifs émigrant tomba, atteignant un étiage de 20 000 personnes. Au total, de 1933 à 1938, ce sont seulement 137 000 Juifs qui quittèrent l'Allemagne. Ce rythme, trop lent, à leurs yeux, irrita les nazis, désireux de se 'débarrasser' des Juifs au plus vite. La Conférence d'Evian avait pour objectif de résoudre ce problème : les Juifs chassés (d'Allemagne) devaient avoir où aller. Il existait une possibilité de s'entendre : l'Allemagne avait accepté de ne pas chasser 200 000 Juifs âgés, et (en contre-partie) les autres pays étaient prêts à recevoir environ un demi-million de personnes sur une période de trois ou quatre ans. Parmi ceux-ci : les Etats-Unis (100 000) ; le Brésil (40 000) ; la République dominicaine (100 000), etc.. Beit-Tsvi relate en détail comment les sionistes ont fait échouer tous les plans d'émigration des Juifs, le plan Rabli comme les autres. Le futur ministre des Affaires étrangères israélien Israël Moshé Sharett (Tchertok), déclara, lors du comité de direction du mouvement sioniste, le 12 novembre 1938, (deux jours après la Nuit de Cristal, pogrom de masse de Juifs, en Allemagne) : "l'Agence juive ne doit pas être complice de l'émigration des Juifs vers d'autres pays." Yitzhak Grinbaum, 'ministre du sauvetage des Juifs' (rappelons-le...) s'exprima en des termes encore plus brutaux : "Il faut tout faire pour empêcher l'émigration organisée hors d'Allemagne et déclencher une guerre ouverte contre ce pays, sans se préoccuper du sort des Juifs allemands. Bien sûr, les Juifs d'Allemagne seront ceux qui paieront : mais que faire ?" Beit-Tsvi considère la déclaration, par les sionistes, de la 'guerre contre l'Allemagne' comme une erreur funeste. Pour lui, tout était encore négociable, il était encore possible d'aplanir les tensions et ne pas s'engager dans l'engrenage (infernal) des blocus, boycott, isolement de l'Allemagne. Il aurait été possible, ce faisant, d'éviter que soient prises bien des mesures anti-juives. Ainsi, les sionistes ont saboté toutes les tentatives déployées en vue de sauver des Juifs (en les mettant à l'abri) ailleurs qu'en Palestine. Les peuples du monde voulaient sauver les Juifs, mais pas sur les ruines des villages palestiniens, pas au prix du génocide des Palestiniens. Cela n'arrangeait pas les sionistes. Ils ont donc saboté le plan d'installation des fugitifs sur l'île de Mindanao, aux Philippines, solution à laquelle avait travaillé d'arrache-pied le président Roosevelt, ainsi que d'autres projets, en Guyane Britannique, en Australie, etc... Lorsque Chamberlain proposa de donner refuge et possibilité de s'installer aux réfugiés juifs au Tanganyka (aujourd'hui, la Tanzanie, en Afrique orientale), le dirigeant des sionistes d'Amérique, Steven Weiss, poussa des hauts-cris : "Puissent mes frères juifs d'Allemagne mourir, plutôt qu'aller vivre dans les anciennes colonies allemandes". Certes, Weiss n'imaginait pas que la mort attendait déjà, bel et bien, les Juifs d'Allemagne : pour lui, tout cela n'était que des 'on-dit'... Mais, même par la suite, écrit Beit-Tsvi, les sionistes s'en prirent durement au peuple juif. Ainsi, en avril 1942, alors que les nouvelles de l'extermination des Juifs s'étaient déjà largement répandues à travers le monde, le 'ministre des affaires étrangères' du mouvement sioniste déclara : "il ne faut pas perdre notre temps à sauver des Juifs, s'ils ne sont pas destinés à immigrer en Palestine." A la même époque, Chaïm Weissman est 'heureux' de constater qu'on n'ait pu trouver de refuge pour les Juifs. Le chef du mouvement sioniste américain, Steven Weiss, donna l'ordre qu'on arrêtât d'envoyer des colis alimentaires aux Juifs qui étaient en train de mourir de faim dans le ghetto de Varsovie... Beit-Tsvi analyse dans le détail la proposition du président de la République Dominicaine, Trujillo, consistant à accueillir 100 000 réfugiés juifs (afin d'accroître la population blanche, introduire des capitaux et améliorer les relations de la République avec les Etats-Unis). Et même là, (à l'autre bout du monde), les sionistes se chargèrent de la faire échouer. Quelques dizaines de familles, seulement, vinrent s'installer à Saint-Domingue. La voie fut barrée aux autres par les efforts déployés par l'organisation sioniste dans tous les domaines : les financiers ne donnèrent pas d'argent, les moralistes avertirent qu'à Saint-Domingue, les Noirs étaient opprimés, les puristes écrirent que là-bas, les mariages mixtes étaient pratiquement inévitables... Si bien qu'au début 1943, Chaïm Weissman put dire avec une satisfaction évidente que ce plan était définitivement enterré... Un des récits les plus cauchemardesques, dans le livre de Beit-Tsvi, a trait aux navires "Patria" et "Struma". Durant des années, voire des décennies, la propagande sioniste a raconté que les réfugiés Juifs à bord de ces deux bateaux avaient préféré mourir, après qu'on leur eût interdit de débarquer dans ce qui allait devenir Israël et qu'ils avaient décidé de se faire sauter. La propagande sioniste la plus haineuse accusa les Anglais de tout et n'importe quoi, jusques et y compris d'avoir soi-disant miné le "Patria" et torpillé le "Struma". Les paroles de Ben Gourion, en mai 1942, avaient été prises au pied de la lettre : "Israël ou la mort". Ceci signifiait en fait que les sionistes ne laissaient aux Juifs d'Europe d'autre choix que de mourir ou d'immigrer (en Palestine). A bord du "Patria", il y avait pas moins de deux mille fugitifs, pour l'essentiel des Juifs de Tchécoslovaquie et d'Allemagne, le navire mouillait au port de Haïfa, en novembre 1940, avant de mettre le cap vers l'île de Mavriki. L'Angleterre, puissance exerçant la souveraineté en Palestine, ne pouvait laisser entrer un tel nombre d'immigrants illégaux contre la volonté du peuple palestinien, mais elle ne voulait pas, pour autant, que les Juifs mourûssent, c'est pourquoi elle décida de déporter les réfugiés sur une île de l'Océan indien, en attendant la fin de la guerre. Mais le commandement de la Hagana, organisation illégale de combattants juifs, qui deviendra par la suite l'armée israélienne, décida d'empêcher par tous les moyens cette 'déportation' (terme plus approprié : transfert), et à cette fin, elle recourut aux mines pour couler le "Patria". La décision avait été approuvée par le 'ministre des affaires étrangères' de la communauté juive Tchertok-Sharett, en réponse à la proposition de Shaul Avigur, qui dirigera plus tard les services secrets israéliens. Meir Mardor installa la mine dans la cale du bateau, et déclencha l'explosion à environ neuf heures du matin. Le vaisseau coula en une dizaine de minutes, entraînant dans la mort deux cent cinquante fugitifs. Sans un enchaînement de circonstances, il y aurait eu encore plus de victimes. La Hagana voulait utiliser une mine beaucoup plus puissante, mais elle ne put l'acheminer à bord du "Patria", à cause de la surveillance intensive du port par l'armée anglaise. Ils ne purent pas non plus faire exploser la mine en pleine nuit, sinon il n'y aurait eu vraisemblablement aucun survivant. "En respect de la solidarité nationale, les (sionistes) opposés à cette mesure gardèrent le silence", écrit Beit-Tsvi, même lorsque les sionistes essayèrent d'en faire retomber la responsabilité sur... les Anglais, qui avaient sauvé avec une abnégation incroyable les (malheureux) passagers du "Patria"... On ne connaît pas avec précision le sort du "Struma", car il y eut un seul rescapé. Mais Beit-Tsvi pense que dans ce cas là, aussi, le sabotage est hautement probable. (De nos jours, on raconte généralement que ce navire aurait été torpillé par erreur par un sous-marin soviétique...). La direction sioniste prit très calmement la nouvelle de la disparition tragique des réfugiés du "Patria" : "Ils ne sont pas morts en vain", déclara Eliahu Golomb. Toutefois, il convient de préciser qu'il ne s'agissait pas de leur belle mort, mais qu'on les avait 'fortement aidés' à mourir. "Le jour (de la déportation des réfugiés) à bord de l'"Atlantique", ajouta le même, traduisant scrupuleusement le crédo sioniste, fut plus noir encore que celui où moururent les réfugiés du "Patria". Mieux vaut, tout compte fait, que les Juifs meurent, si on ne peut les importer en Israël." Beit-Tsvi retrace ensuite les efforts déployés par les Juifs orthodoxes américains, en octobre 1943, auprès du président Roosevelt et à Washington, afin de solliciter de l'aide en vue de sauver les Juifs d'Europe en danger de mort. Ces efforts furent sabotés par les sionistes, qui firent tout pour dissuader Roosevelt de recevoir la délégation des Juifs orthodoxes, afin de n'avoir à partager avec nul autre l'influence et la confiance dont ils jouissaient auprès du président américain. C'est poussé par des événements plus contemporains que Beit-Tsvi s'est attelé à l'écriture de son ouvrage, en 1975. A cette époque, Israël et l'establishment sioniste menaient une guerre acharnée pour la fermeture des portes de l'Amérique devant les Juifs soviétiques candidats à l'émigration ; guerre qui ne fut finalement couronnée de succès qu'en octobre 1989. Comme aux jours de la seconde guerre mondiale, les sionistes déniaient aux Juifs le droit de choisir : ils devaient obligatoirement venir vivre en Israël. A cette fin, ils ne reculaient devant absolument rien : ni devant l'attisement des braises de l'antisémitisme dans des pays où vivaient des communautés juives, ni devant le harcèlement des états qui se seraient montrés enclins à accueillir des émigrants juifs sur leur territoire... Ce court article aura deux conclusions. Le premier sera consacré au problème plus général de la relations historique entre les sionistes et les nazis. Le sionisme, en particulier son aile droitière (celle qui gouverne, actuellement, en Israël) a toujours su trouver un terrain d'entente avec le fascisme. Au cours des dernières décennies, cela s'est manifesté à travers l'assistance militaire et technologique apportée par Israël aux régimes militaro-fascistes d'Amérique Latine, du chilien Pinochet jusqu'aux coupe-jarrets du Salvador, ou, un peu avant, son union d'action avec Jacques Soustelle et l'OAS, qui fut à l'origine du divorce entre les sionistes et la France de de Gaulle. Notons que jusqu'à la seconde guerre mondiale, les membres des organisations sionistes de droite étaient des admirateurs de Mussolini, auquel ils avaient offert leur assistance dans sa guerre contre l'Angleterre. Avec les nazis d'Hitler, les sionistes ne trouvèrent pas de terrain d'entente, et l'histoire n'a pas encore établi l'existence éventuelle de contacts entre les sionistes et les hitlériens, à la notable exception des exploits célèbres de Kastner et Brand, deux émissaires sionistes en Hongrie, qui passaient du bon temps en compagnie d'Eichman et Vislitsen. Et bien qu'ils aient fait objectivement le jeu des nazis, en convenant avec eux de passer sous silence l'extermination des Juifs de Hongrie, en échange de promesses mensongères d'Eichman et de nombreuses autorisations de sorties pour leurs proches, ils ne se sentaient pas, bien entendu, subjectivement nazis. Dans les années soixante, le Dr Kastner intenta un procès contre un journaliste israélien qui l'avait démasqué et dénoncé, mais le procès ne fit que confirmer la véridicité de cette dénonciation et un Juif hongrois le dessouda en pleine rue. (L'affaire Kastner donna la trame d'une pièce anglaise qui fit sensation. Cette pièce prenait pour cadre le ghetto. Elle suscita des débats judiciaires en Angleterre, où elle fut interdite de scène finalement, sous la pression des sionistes. Elle ne put être que publiée, et encore, "à compte d'auteur"... Toutefois, ce dont Beit-Tsvi accuse les sionistes, c'est d'indifférence envers les victimes, et (certainement) pas de liens directs avec les nazis, liens dont certains propagandistes de l'antisionisme soutiennent qu'ils ont existé. Le seconde conclusion a trait à l'histoire des Juifs d'Irak, qui démontre que même durant les années d'après-guerre, les sionistes n'ont reculé devant rien afin d'atteindre leurs buts et n'ont pas épargné 'leur propre peuple'. Cette histoire est décrite en détail par un journaliste israélien célèbre, du nom de Tom Segev, dans son ouvrage intitulé "1949", auquel il faut ajouter le livre "Le Fusil et le rameau d'olivier ", écrit par le correspondant au Moyen-Orient du journal britannique 'Guardian', David Cherst (éditions Faber & Faber, 1977). L'émigration en masse des Juifs d'Irak avait été obtenue par le recours à une escalade d'explosions de plus en plus puissantes dans les synagogues de Bagdad. Avec le temps, il s'avéra que les attentats étaient réalisés par des agents des services de renseignement israéliens. Un autre facteur puissant avait été une campagne de communiqués incessants publiés dans la presse américaine pro-sioniste au sujet "des pogroms menaçants" en Irak (cela évoque puissamment les discours sur les pogroms imminents, en Russie, en 1990 !). Sasson Kadduri, grand rabbin d'Irak, a écrit dans ses mémoires : "Vers la mi-1949, une guerre de communiqués se déchaîna en Amérique, et ce n'était pas une plaisanterie. Les dollars américains devaient sauver les Juifs irakiens, sans égard à la question de savoir s'ils avaient besoin d'être sauvés... Tous les jours, il y avait des pogroms, certes, mais... uniquement dans les pages du New York Times, dans les dépêches provenant de Tel Aviv ! Pourquoi ne nous a-t-on jamais rien demandé ? Nous leur aurions dit, nous ! En Irak, des agents sionistes commencèrent à se manifester, suscitant des tensions dans le pays et promettant monts et merveilles aux Juifs irakiens. Des efforts en vue d'obtenir l'autorisation d'une émigration massive commencèrent à être déployés, on commença aussi à accuser le gouvernement irakien de 'persécuter les Juifs'. Finalement, sous la pression des manifestations et du boycott commercial, le gouvernement irakien capitula et publia un décret autorisant une émigration massive des Juifs, ce qui revenait pratiquement à les chasser du pays. Inutile de dire qu'en Israël, les Juifs irakiens ne trouvèrent pas les merveilles qu'on leur avait fait miroiter, mais une situation sociale difficile." Ainsi, le sionisme avait démontré, une fois de plus, son visage brutal, conclut David Cherst. Ainsi, il est toujours intéressant de se remémorer l'histoire, en ces journées de juin, et il est encore beaucoup plus important encore de rafraîchir la mémoire de ceux qui auraient une (fâcheuse) tendance à l'oublier... Source, site de Israël Shamir |
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