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Optimiser la libre expression sur le web: Censure minimale démocratique

Anonyme, Friday, July 25, 2003 - 05:58

Auteur copid

La censure dans un site web peut être qualifiée de minimale et démocratique si elle s'opère sur des motifs affichés clairs et numérotés sous la scrutation active de différents observateurs indépendants. Ce type de censure devrait permettre de maximiser la liberté et d'optimiser la libre expression sur le web.

Doit-on pouvoir tout dire sur internet ? On répond naturellement "oui" à propos de ses propres opinions, mais les choses se compliquent pour des idées qu'on ne supporte pas. On est en général prêt à entendre des critiques modérées puisque rien n'avance si l'on est trop (ou pas assez) d'accord. Des démocrates politiciens vont même réclamer la contradiction d'une "bonne" opposition pour légitimer leur propre expression et pouvoir aller "aux limites". Mais la recherche de consensus sur les limites à ne pas franchir est souvent difficile et réclame du pragmatisme.

Pour des expressions très largement rejetées comme celles de type pédophilie, racisme, sexisme, on pourrait penser que la censure s'applique simplement, or c'est justement sur ces sujets que se cristallisent la plupart des crises.

Le partage d'une opinion peut devenir inextricable quand il s'agit de mettre tout le monde d'accord pour savoir si telle phrase adroitement tournée serait une diffamation, une injure, une généralisation abusive, si elle serait légale ou non, si tel contributeur très présent a atteint un volume d'intervention ou manifesté un style d'expression qualifiable de propagande, de harcèlement ou de manipulation mentale individuelle ou collective, si tel autre a un comportement écrit invasif, douteux, ou trop subjectif CRIANT ou creux, qui a commencé, lesquels mènent des actions concertées détectables, etc.

Chacun fait son truc dans son coin mais une solution ne se trouve sûrement pas dans le repli, chacun cherche une recette définitive alors que cette question devrait être traitée dans la dynamique.

Dans un site web interactif, c'est à dire où peuvent s'exprimer librement les visiteurs sous forme de messages et de textes, la responsabilité légale détermine qui sont les "chefs", qui commande l'expression moyenne des visiteurs. Mais il est possible de faire en sorte qu'une interprétation personnelle de la loi ne soit pas seule aux commandes.

Ce n'est pas la liberté qu'il faut observer mais sa limite. Ce n'est pas l'expression qu'il faut observer mais sa censure. Laisser tout dire est impossible. Réduire l'arbitraire dans l'application de la censure est un chemin efficace. Le seul objectif réaliste d'un site de libre expression est la recherche collective d'une censure minimale.

LIBRE CENSEUR

Qui va décider de ce minimum dans la censure ? Le webmaster ? Le collectif ?

Le garant de la libre expression dans un site en est aussi le censeur. Quelle que soit la charte affichée, le caractère démocratique du site trouve normalement ses limites dans les personnalités des webmasters.

C'est habituellement le responsable légal qui applique les censures seul ou via des modérateurs sur délégation écrite, sous la forme affichée d'un "collectif".

Le caractère collectif donne une apparence démocratique trompeuse au fonctionnement d'un site co-animé. Un groupe comporte toujours un ou des leaders dont l'intervention est par nature inévitablement anti-démocratique. De plus il finit toujours avec le temps par s'y établir une connivence agréable entre membres, mais peu démocratique dans le cadre d'un objectif "public". Même en collectif les responsables légaux disposeront toujours d'un veto, le fonctionnement collectif ne garantit donc absolument rien.

Le fonctionnement démocratique de la censure d'un site web doit donc faire appel à l'extérieur du site: Ses visiteurs.

LA SCRUTATION DES OBJETS CENSURES

La "publication ouverte" comme la pratique Indymedia permet un minimum de transparence. Un texte proposé est mis en ligne immédiatement pour un certain délai au terme duquel il est soit publié durablement dans une rubrique, soit censuré. Si ce délai est suffisant, les visiteurs-scrutateurs peuvent tenter de juger du type de censure appliqué, ils peuvent même parfois voter. Notons qu'il faut bloquer les moteurs de recherche qui eux pourraient se souvenir durablement d'horreurs.

Sur la quasi-totalité des sites web un visiteur ne sait pas qu'un texte ou un message proposé n'a pas été publié. Et même lorsqu'un site censure après publication, l'objet de la censure disparait, rendant impossible tout contrôle sérieux de la bonne application d'une charte affichée dont finalement personne ne peut savoir si elle est réellement appliquée ! A quoi sert une charte dans ces conditions ? Le site peut bien déclarer ce qu'il veut, on ne pourra jamais juger de la réalité puisque l'objet du délit a disparu.

Cet objet ne doit donc pas disparaître, mais simplement devenir non-public. Il ne doit pas devenir lettre morte mais au contraire matière première pour consolider la politique de censure minimale du site.

Les censures devraient être stockées dans une zone privée accessible à un certain nombre de visiteurs, lesquels peuvent alors devenir témoins de la bonne application de la charte et opérer une scrutation de la censure.

LES SCRUTATEURS ET LA ZONE PRIVEE

Un scrutateur est un visiteur indépendant avec accès à la zone non-publique contenant les objets censurés. Il peut observer et témoigner publiquement de la bonne ou de la mauvaise application des principes affichés et du fonctionnement interne du site, lancer une polémique ou en devenir partie prenante.

Il est repérable par une adresse courriel validée mais non identifiable formellement et directement par le site. Les pseudos et les adresses courriel des scrutateurs devraient être affichés au moins dans cette zone - et pourquoi pas dans le site public - afin d'attester la validité démocratique du groupe.

La simple présence de scrutateurs en tant que regards extérieurs potentiels - même s'ils ne viennent presque jamais - est un gage de bon fonctionnement interne.

FORUM CENSURE PRIVE

Le stock des censures est le vrai révélateur de la liberté d'expression, il peut être un outil dynamique pour son optimisation. Même s'il y a débat interne ou discussion en coulisses avant une censure, il est essentiel que soit possible indéfiniment ensuite des échanges d'arguments contradictoires qui feront émerger de temps en temps des idées nouvelles pour préciser et améliorer la charte. La zone de censure devrait donc être un forum de discussion des censures.

Ce forum entretient un débat permanent non public mais ouvert, entre webmasters et avec les éventuels modérateurs. On peut y ouvrir une discussion avec un contributeur censuré, qui trouvera un éclairage convaincant dans les exemples argumentés du stock, un peu comme une jurisprudence.

Un forum non public à accès limité autorise une liberté de ton impossible sur une page publique. Les échanges peuvent y être très polémiques ou même excessifs tout en se conformant à la loi, mais aussi plus fructueux que sous l'oeil de "la terre entière".

PSEUDO-MODERATEURS

Un scrutateur n'intervient habituellement pas dans les débats entre modérateurs dans le forum privé CENSURE, son rôle est fondamentalement dissuasif.

Mais s'il l'estime nécessaire, ce qui doit se produire épisodiquement, il peut intervenir dans un débat de censure, privé ou public. De témoin quasi-virtuel il devient alors de fait un pseudo-modérateur puisqu'il influence la réflexion collective et les responsables.

Lors d'une discussion donnée, une proportion significative de scrutateurs se comportant en pseudo-modérateurs sera donc le signal d'une crise importante à résoudre. Par l'évolution du débat - interne mais démocratique et plus à l'abri des menaces juridiques - des décisions peuvent être prises dans une certaines transparence pour stabiliser la situation, sans aller immédiatement détruire l'ambiance du site public et la communauté qui s'y exprime.

ANTI-LOBBYING

Un groupe organisé pourrait investir le forum privé de scrutation pour tenter de contrôler la ligne éditoriale en sa faveur. On voit en effet régulièrement des commandos de 5 à 10 personnes jouer les trolls de concert. Pour limiter ce risque de manipulation il est souhaitable de:
- fixer un nombre minimal de scrutateurs (20 ou suivant la situation),
- assurer un renouvellement via une durée de mandat (3 mois ou suivant la situation),
- gérer une file d'attente pour satisfaire aux deux points précédents.
- vérifier régulièrement qu'un contributeur unique n'intervient pas sous différentes adresses courriel, ou sous différentes adresses IP/DNS.

ORGANISATION

La CHARTE éditoriale de censure minimale et démocratique devrait être accessible depuis toutes les pages du site. Elle devrait contenir ou renvoyer vers un texte qui explique le système de censure et qui incite à être scrutateur (celui-ci par exemple est CopID: recopiable ou modifiable sans mention de source ni auteur). Elle devrait indiquer des motifs de censure standards et numérotés, de façon courte et simple sans sacrifier clarté et précision.

Dans le FORUM privé chaque objet censuré devrait ouvrir un nouveau fil de discussion contenant ceci:
- objet censuré complet avec son environnement, titre, date, heure, auteur, courriel,
- numéro du motif défini dans la charte,
- commentaire sur le contexte spatio-temporel (répétitivité, volume atteint, traçage d'IP, ...),
- un lien vers la page publique de la censure (ou message).

Dans ou sous un MESSAGE censuré vidé mais apparaissant publiquement, devrait figurer un lien vers la charte et juste un numéro de motif, car une raison détaillée offrirait une vitrine encombrante subversive et incitative aux pollueurs volontaires.

S'il s'agit d'un nouveau TEXTE soumis et refusé, on peut recopier le texte dans le forum privé ou bien indiquer en nouveau fil de discussion le titre, l'introduction et un lien vers le texte en zone privée si le système de publication le permet.

CENSURE MINIMALE ET DEMOCRATIQUE

La censure dans un site web peut être qualifiée de minimale et démocratique si elle s'opère sur des motifs affichés clairs et numérotés sous la scrutation active de différents observateurs indépendants. Ce type de censure devrait permettre de maximiser la liberté et d'optimiser la libre expression sur le web.

ww CopID
(Ce texte est déclaré par son auteur mention CopID: Copie et modification libre non marchande sans mention de source ou auteur. Si un site éditeur l'accepte il renonce à son droit d'être cité.)


En bref...
- charte avec motifs numérotés et censure minimale et démocratique,
- forum privé censure,
- accès ouvert sur liste d'attente (20) après demande par courriel (valide),
- sur login personnel ou mot de passe commun modifié lors d'un départ,
- mandat 3 mois puis suivant liste d'attente,
- numéro de motif et lien vers la charte sur l'objet censuré ou son contexte,
- fil de discussion pour chaque objet censuré avec info et lien vers le contexte.



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