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Guindonville tombe; l'injustice triomphe

batiste, Monday, July 7, 2003 - 08:50

Batiste W. Foisy

Val-David, 6 juillet 2003 – « Sainte-Scolastique ou Guindonville/ fallait partir, un bon matin / Pour les touristes ou leurs parkings / on est toujours dans l’chemin ». C’est ce que chanterait Paul Piché s’il réécrivait la Gigue à Mitchouano aujourd’hui.

À côté de moi il y avait deux tas. Hier encore, ces tas-là c’était une maison. Une maison habitable. Une maison habitée.

Je n’aurais pas dû voir ça. Il y avait un périmètre de sécurité – et des flics vous pensez bien ! – pour m’en empêcher. Mais j’ai fait comme la ville pour l’expropriation : je suis passé par en arrière.

Là, il y a une Lada remisée, un vélo usé mais récupérable, un frigidaire blanc jauni, un vieux poêle, deux divans rugueux, un bac de recyclage, une télévision qui a vu l’arrivée de la couleur et deux cordes… une corde de bois et une corde à linge. Ces vestiges tout frais sont la dernière marque de la vie qui foisonnait ici … et la preuve que les habitants étaient des pauvres.

À la gauche de feu cette habitation, il y a un cap de roche sur lequel on a peint une fresque – ah les granos de Guindonville ! – je m’y installe peinard et je scrute la scène. Il doit être 10 h 45. Julie, réfugié, au sommet d’un arbre est en pleine discussion avec un pompier (?). Je ne peux pas saisir ce qu’ils se disent, car le bruit des machines de destruction civile m’en empêche. Et il y a les tam-tams des supporters de la résistante en filigrane. Je me décide à aller les rejoindre pour tâter le pouls de la contestation et aussi parce que je commence à paranoïer, tout seul en zone occupée.

En m’en retournant par la ‘trail’ du mont Condor, j’abouti chez un voisin. Ironie, pendant qu’on détruit à côté de chez lui, lui, il bâtit sa maison. Une grosse maison. Sûrement un autre chalet!

Les supporters de Julie sont massés devant Le Village Suisse (un des complexes hôteliers voisins) et encouragent la jeune femme qui parlemente encore. Des touristes, sur le bord de la piscine du Village Suisse, suivent la scène en sirotant un cocktail.

Les supporters, par leur nombre, bloquent la rue de la Sapinière qui mène à l’auberge du même nom. La Sapinière appartient à la famille Dufresne. Dufresne ? Tiens, le même nom que le parc régional pour lequel on a tant besoin d’un parking !

Les policiers somment les protestataires de céder le passage à une voiture qui se rend à La Sapinière. La voiture, c’est une limousine. Pour presser les manifestants la maréchaussée déclare : « Si vous laissez pas passer ce char-là, je vous arrête pour entrave au travail d’un
officier de police. » C’est donc ça le travail de la police, s’assurer que les limousines passent et que les pauvres se poussent !?!

C’est à peu près à ce moment-là que Julie, la dernière résistante, a été finalement arrêtée. Un peu plus tard Bob, un des évincés, arrive avec des nouvelles fraîches. « Les filles, nos frères, nos enfants ont été emmenés à Saint-Jovite [ou se trouve le poste de police]. Ils vont peut-être
être relâchés à soir. Ce soir on fait le party Aux Vivres [un resto végétarien-bio qui appui Action Guindonville]. » Il faisait référence aux 7 arrêtés. « dont 2 brutalisés », m'a-t-il précisé.

Nous nous déplaçons vers un autre point du périmètre de sécurité, à l’endroit ou passent, victorieux, les véhicules des policiers et de la municipalité. On nous empêche toujours de passer. Un manifestant demande au constable de garde comment il peut en toute conscience faire ce sale
boulot-là. « Ça fait 15 ans que je fais ça, pis j’suis content de le faire », a-t-il répondu.

Parlons en des policiers. Jonathan, 11 ans, les a rencontrés, aujourd’hui. Il avait en sa possesion un walkie-talkie ; on l’en a soigneusement dépossédé.« Le policier m’a enlevé mon walkie-talkie […] Il m’a dit ‘ montre moi ça’
et il est parti avec. », raconte-t-il.

Jean, lui, a perdu son champ de fraises bio. « Il les a arrosées jusqu’à la fin. », m’a-t-on dit. Elles étaient tout juste mûres.

Le site de Guindonville, que la municipalité a pourtant exproprié « pour en faire bénéficier la communauté », est, au moment d’écrire ces lignes, toujours inaccessible aux citoyens. Sauf, que ce n’est plus la SQ qui garde le fort, mais la GUARDA, engagée par la ville aux frais des contribuables.

Eh oui, Paul, « il [aura fallu] attendre qu’ils aillent démolir toutes nos maisons. »

BFW

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