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Il faut redonner de la crédibilité à l'opposition à l'OMCAnonyme, Friday, June 27, 2003 - 14:09
A. - étudiant
Quelques points à soulever pour débattre des réels enjeux du mouvement altermonialiste dans le cadre des actions d'opposition à la venue de l'OMC à Montréal en juillet 2003. Le Devoir du vendredi 27 juin présente en A10 un article sur les actions prévues pour s'opposer à la venue de l'Organisation mondiale du commerce à Montréal...mais cet article, publié un mois exactement avant le début de la sacro-sainte «diversité de tactique» jette un discrédit sur le mouvement altermondialiste avant même que les autorités aient débuté leur campagne de marginalisation, aidés en cela par les médias dits mainstream... Quelques raisons faciles à relever à la lecture de l'article de Alec Castonguay font croire que les policiers seront plus au rendez-vous que les manifestants lors de ces manifestations au centre-ville de Mtl. D'autant plus que les déclarations de Mélanie Sylvestre ont joué le jeu des médias en mettant TOTALEMENT de côté les véritables enjeux soulevés par les discussions qui se font en huis clos à l'OMC. Mélanie Sylvestre annonce d’entrée de jeu que «ça va brasser», ajoutant plus loin que «nous ne condamnons aucun geste. Il n’y aura pas de mot d’ordre, mais toutes les actions seront menées par de petits groupes dans le but de faire déraper l’événement». Cette déclaration, avec laquelle je suis pourtant d’accord, ne doit pas pour autant être criée aux médias, qui s’en servent par la suite pour discréditer le mouvement, le qualifiant toujours d’«antimondialisation». Dans un tel contexte, pour l’opinion publique, l’expression «de petits groupes» est rapidement associée au Black Bloc. Et même si la majorité des gens ne comprennent pas la philosophie derrière le Black bloc ( bien décrite dans le livre de Francis Dupuis-Déry ), les policiers peuvent utiliser un tel article pour justifier les arrestations préventives. C’est d’ailleurs ce qu’ils avaient fait lors du 26 avril 2002. En tenant de tels propos à la face des médias, on donne des armes aux autorités pour tuer la dissidence. Et Les actions prévues, écrites noir sur blanc dans le journal Le Devoir, donnent tout le temps nécessaire aux policiers pour se préparer aux arrestations de masse qui pourront se faire dès 6h30, le 28 juillet, loin des caméras de télévision qui seront postées près du Reine-Élizabeth, à attendre la «casse». Et s’ils n’attendent pas la casse, il vont la provoquer. Comme ce fut le cas le 26 avril 2002, à Québec en avril 2001 ou encore le 15 mars 2002, ils peuvent placer des agents infiltrateurs pour justifier les arrestations et la brutalité puisque la CLAC est déjà cataloguée violente aux yeux de la population. Et on ne fait rien pour changer cela. En mettant l’accent sur le POURQUOI des actions, on pourrait facilement se sortir de cette impasse, mais on préfère parler seulement des actions, sans ouvrir le dialogue. On parlait d’ailleurs, lors des assemblées à l’X, d’une coalition opposée à l’OMC. Alors, pourquoi est-ce que seulement la CLAC qui parle au nom de cette coalition qui se veut ouverte. Les chiffres avancés de «10 000 manifestants» sont toujours une arme à deux tranchants. Dans l’article, on parle qu’on veut «faire annuler la réunion par tous les moyens». À Québec, au Sommet des Amériques, préparé depuis des mois, on n’a pas réussi. Même à Gênes, où ils étaient plus de 50 000 à manifester et à être beaucoup plus équipés que nous, ils n’ont même pas perturbé la réunion des puissants du G8. Et la police sera au rendez-vous en juillet, prête à nous arrêter massivement, avec toutes les armes possibles. Pour certains de la CLAC, taire ces informations ou la philosophie de la «diversité de tactique» équivalent à renier leurs convictions. Mais il ne s’agit pas ici de changer les orientations, mais plutôt de garder en mémoire que ce qui intéresse les médias tourne surtout autour de ce qui a trait à l’action directe et aux confrontations avec les policiers. Il ne faut pas oublier que les anti-émeutes sont seulement le bout de la tentacule capitaliste. Il ne faut donc pas centrer toute notre action sur ce point de friction, duquel nous sortirons d’ailleurs toujours plus blessés, fichés et identifiés «violents» que les policiers eux-mêmes. Si on décide d’utiliser les médias pour passer le message que nous nous opposerons à l’OMC, il faut le faire intelligemment. Ce qu’il faut mettre en lumière, c’est la violence des politiques économiques de l’OMC, les conséquences concrètes pour les 6 milliards d’êtres humains. Expliquer encore et encore que la main-mise de l’OMC sur la planète nuit aux peuples…cela prend du temps, mais il faut le faire, sinon, qui le fera…D’ailleurs, la journée d’éducation populaire durant les actions arrive le troisième jour, alors que l’Éducation est la clé de la réussite d’une campagne pour remettre en cause l’existence de l’OMC et de tous les mécanismes qui régissent le capitalisme. Qui viendra à cette «éducation populaire» après que les médias et la police nous aurons discrédités pendant trois jours ??? Il faut aussi sortir de la logique qui nous criminalise pour passer un réel message, au-delà des actions prévues. Ce que nous voulons faire ne regarde pas les médias, eux ne doivent servir qu’à passer le message que «l’OMC est illégitime et voici pourquoi…». Parce qu’à la lecture de l’article du Devoir, on ne sait RIEN de ce qui motive notre opposition à l’OMC. Et si les médias ne font pas le travail, il faut les bombarder de communiqués qui expliquent pourquoi les politiques de l’OMC nuisent à l’Humanité. Et aussi, il faut aller plus loin que de simplement dire qu’on s’oppose au «capitalisme et à l’impérialisme». Parce que pour une majorité des gens, ça ne veut rien dire. Ce qui compte, c’est expliquer le pourquoi le la violence de l’OMC, parce que ce n’est pas concrètement tangible pour tout le monde. Et il est impossible de croire qu’on peut changer le monde sans une prise de conscience plus vaste que quelques militants convaincus. Ernesto Che Guevara le disait lui-même, «il ne peut y avoir de révolution sans un appui populaire». Alors, est-ce qu’on veut changer le monde ou simplement continuer de nous laisser marginaliser sans réagir? Si la CLAC se dit ouverte aux débats, il serait temps de le prouver, parce que l’urgence de stopper les dégâts causés par le néolibéralisme est là...et on ne peut plus attendre pour en faire prendre conscience à la population ! A.
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