Et si les activistes n’étaient pas sérieux?...

Author: Sonia Rochette

First paragraph (Teaser):

Dimanche 18 mai 2003, 11h , au théâtre l’Escargot : aucune comédienne sur la scène, escamotée derrière un rideau (noir). Pourtant, le public est franchement hilare. Des anarchistes pour la plupart (les autres n’en sont pas moins des sympathisants) que l’image d’Épinal peint plus volontiers des noires couleurs de la révolte. Leurs rires s’entendent sans doute depuis le Centre social voisin où se déroulent des ateliers sûrement plus sérieux. La vingtaine de personnes qui se serrent les côtes dans la petite salle de la rue Robin ne pensaient sans doute pas qu’une présentation au titre aussi insolite que martial («Guérilla des communications») cacherait un si beau moment d’enthousiasme et de jubilation…

Rest of the text:

Il faut dire que l’animatrice de l’atelier, Marie-Ève, de retour de la lointaine Hollande, est elle-même plus qu’enflammée par les récits désopilants qu’elle sert à volonté. Certains exemples sont de son cru (pourquoi ne pas lancer une campagne pour la gratuité des transports en commun en profitant d’un événement public pour diffuser un faux avis municipal annonçant que pour l’occasion les transports en commun sont mis à disposition de la population….) ; d’autres, puisés dans son expérience européenne.

Ainsi, elle raconte avoir été témoin de la distribution d’un tract annonçant la privatisation d’un espace public (fermé pour l’occasion au moyen de bandes de sécurité et protégé par de – faux - vigiles) : les passants désireux de pénétrer le lieu étaient invités à remplir un formulaire particulièrement inquisiteur mais suffisamment vraisemblable. En retour, ils recevaient, remis au hasard, une attestation les félicitant d’avoir été choisis ou une lettre d’excuse faisant remarquer qu’ils n’avaient pas été sélectionnés pour pouvoir circuler (et consommer) librement… La supercherie a fonctionné au delà du plausible, les gens se rendant compte trop tard de la force manipulatrice d’un discours antidémocratique policé aux formes du marketing « logotomisé »!

Mais au delà des exemples gourmands que Marie-Ève sert en mots et en images au joyeux appétit de ses convives, c’est d’une singulier et paradoxalement très sérieux activisme qu’elle veut nous entretenir.

La contre-information n’est certes pas une forme inconnue des militants qui depuis longtemps détournent et pastichent la pensée unique. Du culture jamming d’Adbuster au hacktivisme, des entartreurs aux Blocs roses, nombreuses sont les performances engagées, artistiques ou non, qui cherchent à brouiller les codes. Rien de bien original pour ceux qui ont croisé les Amères Noëlles, les Raging Grannies, les Radical Cheerleaders et tous ceux et celles que la mouvance anticapitaliste compte et qui animent joyeusement par leur théâtre de rue nos manifestations et autres défilés contestataires… Cependant, la Guérilla des Communications proposent d’aller plus loin que de simples performances ponctuelles au cœur des cortèges.

Partant de la difficulté de rejoindre la population avec un discours dénonciateur, grave jusqu’à l’austérité, les tenants de la Guérilla des Communications exploitent en effet tout un potentiel d’actions subversives afin d’ébranler les idées trop bien reçues et de briser un discours dominant pour le moins cadenassé, qui ne nous laisse d’autre place que celle du récepteur-consommateur passif.

Plutôt que de se poser en «Nous contre eux» et de se retrouver dans une position marginale que le discours dominant a tôt fait de renverser à son avantage - en entretenant la peur et la vindicte populaire, ils soutiennent qu’il est possible et salutaire d’annihiler la parole du pouvoir autrement que par une dénonciation parallèle. Pourfendre l’apathie en opposant au discours dominant un miroir déformant, en retournant son message pour le resservir autrement : les situationnistes ne sont pas loin qui voulaient récupérer une situation (ou un propos) potentiellement menaçante pour la transformer. Il s’agit en d’autres termes de créer une confusion, un moment de doute qui oblige le récepteur à remettre en question ce qu’il entend trop souvent avec indifférence ou résignation.

Trois exemples cocasses, malgré les réalités tragiques qu’ils dénoncent.

« Deportation Alliance »
En Allemagne, le groupe antiraciste Kein mensch ist illegal (Personne n’est illégal) s’est attaqué à la compagnie Lufthansa sur les vols de laquelle le gouvernement allemand déportait les sans-papiers. Diffusion de tracts dans les agences de voyage, les offices de tourisme, les comptoirs de la Lufthansa, encarts publicitaires dans la presse, démarchage dans la rue… Ils ont ainsi assuré la promotion de la nouvelle «classe Déportation» (!) en détournant et en surexploitant (overidentification) les marqueurs identitaires de la compagnie : logo, typo, couleurs, ton officiel, jusqu’aux habits des fausses hôtesses de l’air et à la construction d’une maquette d’avion et d’une vraie-fausse navette de la Lufthansa!!

L’annonce de tarifs avantageux sur cette nouvelle classe et le succès qui a suivi (le standard étonné de la compagnie a été pris d’assaut) a contraint la Lufthansa à publier un démenti et à se distancer de cette étrange campagne (anti) publicitaire. Elle n’a cependant pas pu nier les déportations, bel et bien réelles : deux personnes sont décédées au cours de ces vols, à la suite de conditions de « voyage » particulièrement révoltantes (pieds et mains menottés, bouche (et nez!) étouffée par du tape, yeux aveuglés…). Finalement, le scandale né à la suite de la campagne de Kein mensch ist illegal aura porté ses fruits puisque la Lufthansa a fini par négocier avec le ministère de l’Intérieur et a finalement refusé les déportations sur ses vols domestiques.

« Yomango »
Le nom de ce collectif espagnol fait référence à la marque de vêtements Mango (grand succès populaire) mais aussi au slang espagnol - yo mango signifie « je vole ». Ce n’est pas sans raison, et non pour (seulement) dénoncer l’exploitation de la main d’œuvre dans quelques sweatshop. Le collectif «Yomango» prône le vol éthique («pour que circulent librement les marchandises»!)comme tactique de désobéissance civile… « Parce qu’on ne peut pas acheter le bonheur… Et parce qu’on le vaut bien !…»

«You want it?… You got it!» Outre des ateliers pour éduquer au vol (et à son éthique!), des modes d’emploi pour se fabriquer des vêtements éprouvés aux tactiques de vol, Yomango offre de bien curieux spectacles : en juillet dernier, dans le cadre d’un festival d’art organisé par la ville de Barcelone, «Yomango» a ourdi une singulière performance.

Ainsi, un groupe de militants a investi le seuil d’une boutique achalandée en parodiant un défilé de mode échevelé… Dans la panique, certains joyeux Robins des magasins sont entrés puis ressortis avec… une petite robe d’été azur (!), objet d’une dérobade passée inaperçue, et qu’a immédiatement enfilée l’un des leurs pour pavaner sous les regards amusé des badauds et plus affligé des vigiles… Chaque activité du festival bénéficiant d’un espace d'exhibition au musée d’art contemporain de la ville, la robe s’est retrouvée plus tard exposée comme résultat d’une performance artistique… de haut vol!! L’événement n’a pas été sans provoquer un tollé à l’encontre notamment du maire de Barcelone, responsable du festival et à ce titre, accusé d’encourager… le vol! Bien évidemment, les médias institutionnels n’ont pas loupé l’occasion d’exploiter le scandale à la plus grande satisfaction des activistes. Le vidéo qui retrace cette action s’achève sur les mots d’une passante déridée : «Stealing is much more fun than shopping!»

« les Yesmen »
Dernières agapes, pour la bonne bouche… À l’automne 99, le RTMark crée un site web pastiche de celui de l’OMC dont la gestion est prise en charge par les «Yesmen». Six mois (et beaucoup d’actions) plus tard, ils reçoivent une invitation adressée à Mike Moore, directeur général de l’OMC, pour une conférence réunissant tout un panel de sommités juridiques.

Le courriel arrivé par erreur à la mauvaise adresse ne les désarçonne pas pour autant et ils décident de répondre pour Moore, très occupé évidemment, mais proposant qu’un de ses collaborateurs, le Docteur machin chose, se présente en son nom. Remerciements, excuses et bonne nouvelle sont acceptés avec joie par les organisateurs du colloque qui n’y verront pendant longtemps que du feu…

Le discours de l’activiste métamorphosé en fanatique du libre–échange a convaincu l’auditoire d’avocats, subjugué par des propos poussant la logique libérale à son extrême. Ainsi, dénonçant l’échec d’une tentative de fusion des compagnies aériennes KLM et Alitalia, le Docteur Machin chose n’a pas hésité à fustiger la paresse légendaire des italiens et à encourager l’hégémonie culturelle de la Hollande, seule à pouvoir prétendre à la domination de l’Europe ! (sic)

Le discours, parfaitement ficelé malgré sa dimension absurde, est très bien passé, aucune réaction ni contestation n’a été remarquée, l’auditoire prenant au sérieux les mots de ce soi-disant porte-parole de l’OMC. Devant une telle apathie consternante, les Yesmen ont renchéri en annonçant que le Docteur Machin chose avait été entarté à la sortie du colloque. Et tous de chercher à comprendre ce qui avait pu motiver un tel geste...

Les caméras des Yesmen, revenus à la charge, ont interviewé des personnes du public qui persistaient à ne rien voir d’offusquant dans ce qui avait été dit par le «malheureux» Docteur. Ce n’est que lorsque la (fausse) nouvelle du décès du Docteur Machin chose, suite à une entartage à la crème périmée, a circulé que les avocats et les médias ont commencé à y voir plus clair dans le jeu des Yesmen…

Outre le fait que l’OMC n’est pas la forteresse impénétrable que l’on pense, les Yesmen ont surtout démontré que, même poussé dans sa logique jusqu’à l’extrême et l’absurde, le discours néo-libéral ne contrariait ni n’émouvait les tenants du pouvoir…

Cet atelier, donné au cours des Journées Libertaires de Montréal en mai dernier, a donc mis en lumière le potentiel libérateur et révolutionnaires d’actions ludiques qui méritent non seulement d’être davantage connues, mais aussi ADOPTÉES!!

Aux intéresséEs, la suite…

Suggested link: www.yomango.org

Subject:	C'était sur l'humour militant....
Author:	martin dufresne
Date:	Tue, 2003-07-01 04:17

Comme l'illustrent bien les fims de Michael Moore, c'est un humour qui est peut-être la dernière et la plus pertinente des réponses à un pouvoir qui croule presque sous le poids de ses mensonges et de sa prétention à se présenter comme le contraire de ce qu'il est.

Quand les États-Unis "libèrent" à coups de bombes à fragmentation les populations des pays dont le pétrole les intéresse
Quand chaque méga-pollueur a son département de relations publiques qui abreuve les médias de photos nature en quadrichromie
Quand le plus gros détenteur au monde d'armes de destruction massive prétend en chercher dans des pays exsangues pour les déposséder
Quand les médias soi-disant critiques n'ont même pas le droit de dire autre chose que ce que leur dicte la CIA et le Pentagone, par pseudo-experts interposés
Quand des chefs d'État criminels font voter des lois qui les mettent à l'abri des lois et qu'ils sont réélus à de sposte splus importants encore
Quand des propriétaires gras dur, enrichis par la spéculation, prétendent défendre les pauvres contre des logements sociaux, sous prétexte qu'un appui social les enchaînerait à leur condition en leur rendant la vie trop facile

mais aussi

Quand un centre de médias soi-disant alternatifs est devenu, au nom de la liberté d'expression, un simple site miroir des propos misogynes, diffamatoires et haineux de la Droite antiféministe
Quand des batteurs de femmes se prétendent victimes de violence si la société consent à leurs victimes le droit de leur échapper
Quand des violeurs d'enfant créent des groupes des droits des jeunes et se posent en porte-paroles de l'intérêt supérieur de leurs victimes
Quand des voleurs de pension alimentaire prétendent que ce sont eux qu'il faut plaindre et armer de nouvelles lois complaisantes...

et que le gouvernement les subventionne et leur fait place dans son réseau

et que la Gauche les protège et leur fait place dans ses médias

alors il n'y a que l'humour du Fou pour faire basculer le colosse aux pieds d'argile, pour dire à quel point le monde est à l'envers et l'Empereur est nu, pour lever dans un grand éclat de rire le verrou de l'intimidation et de la confusion, celles que certains voudraient imposer même parmi nous pour protéger leurs intérêts matériels et isoler celles qu'ils veulent continuer à dominer.

Le ridicule ne tue pas, lui, mais il ouvre parfois les yeux au monde.

Martin Dufresne, Secrétaire
Collectif masculin contre le sexisme

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Subject:	De quoi tu parles Simon L.?
Author:	patc
Date:	Wed, 2003-06-25 00:24

Moi j'ai insulté? Est-ce que tu parles de la fois où j'ai dit à Pageau qu'il nous faisais chier?

C'est pas une insulte, Simon L.

C'est un constat.

J'ai jamais traité personne d'imbécile, comme c'est le cas ici. J'ai jamais "envoyé chier" un autre utilisateur du CMAQ, c'est du pur mensonge.

J'aimerais que tu me cite un seul exemple d'une insulte que j'aurais proféré directement à l'endroit d'un interlocuteur.

Je dénonce. Je défends. Je joute. Mais je n'ai insulté personne personnellement.

Attends, peut-être fais tu allusion à ce fameux commentaire du 20 mai 2003, où je répondais à un certain Richard, qui félicitait Yves Pageau d'avoir "intégré l'équipe du CMAQ" et qui remerciait le CMAQ de "donner un coup de pouce" et "d'appuyer la cause masculiniste", et ce pour "clore le bec de certaines qui sauront qu'elles ne sont pas bienvenues".

Ceci invitait une réponse franche, directe et sans équivoque.

Voici la réponse dans son intégralité:

Titre: Woupelaïlle mon homme, assis-toi 2 minutes
Auteur: pat
Date: mardi, 05/20/2003 - 16:13

(ceci ressemble fortement à de la provocation, mais jouons tout de même le jeu)

Ok mon Richard on va se jaser.

First, Yves Pageau n'a pas "intégré" l'équipe du CMAQ.

Deuxio, il y a pas juste des "gars" au CMAQ, pis les hommes impliqués au CMAQ ne sont certainement pas ce genre de "gars", dont tu sembles faire partie, qui veulent clouer le bec à "certaines".

Ici, on connait et respecte l'égalité.

Tertio, le CMAQ n'appui pas la cause masculiniste, loin s'en faut.

Le CMAQ est une tribune de publication ouverte ouverte à tous les citoyens et à toutes les citoyennes qui ont à coeur de participer à la vie démocratique et à la promotion de la justice sociale.

Certaines des soumissions de votre gourou rejoignent (de loin) cette mission.
Mais la plupart de ses soumissions sont du bitchage gratuit, un ramassis de prétentions non fondées, de désinformation et de propos plus ou moins anti-féministe.

Donc, pour votre information, m. Yves Pageau et toute sa bande de "masculinistes" ne sont pas bienvenus sur ce site.

Vous n'avez pas un appui ici, et sachez que l'hostilité à l'égard e votre cause douteuse est assez généralisée au sein du collectif du CMAQ.

Mais nous défendons la liberté d'expression, ce qui fait que, tant et aussi longtemps qu'il restera dans les limites de la décence, il n'y aura aucune censure sur ses soumissions.

Voilà pour ma réponse en tant que membres du CMAQ. J'enlèves mon chapeau de bénévoles et je mets mon chapeau de citoyen ordinaire.

Maintenant, je vais répondre en tant que moi, Pat, qui commence à en avoir plein le cul de vos conneries.

VOUS NOUS FAITES CHIER! Retournez donc vous tapez dans le dos pis jouer à qui qui pisse le plus loin ENTRE VOUS AUTRES, CÂLISSE!

Y a des affaires autrement plus importante qui se passe dans le monde que vos petites considérations médiocres de quéquettes basses!

Les ringards, comme dit Pageau, c'est pas les féministes, c'est les réactionnaires de petite envergure comme vous autres qui ne sont pas capable de vivre leur vie pis qui s'acharnent sur les femmes en général et les féministes en particulier.

SVP, arrêtez d'assumer que tous les hommes sont comme vous et ont la même opinion que vous.

Non, les vrais hommes (je veux dire l'homo-sapiens-sapiens du vingt et unième siècle par opposition au néanderthal) respectent les femmes, respectent la lutte féministe et respecte l'égalité.

Le coup de pouce, je t'épargne le détail de où tu peux le placer.

PAt

Ceci est le commentaire le plus acerbe, parmis des dizaines que j'ai publié en réaction aux textes des masculinistes et au débat que leurs "contibutions" ont suscité.

C'est le seul où j'ai abusé. J'avoue, et je l'ai fait ailleurs, que le ton de ce commentaire est pour le moins rugueux. Mais il ne représente aucunement la forme habituelle de mon expression au CMAQ. C'est le fait d'une frustration manifeste de voir la tribune du CMAQ envahie par des gens de mauvaise foi et sans respect pour notre communauté et pour le travail que nous faisons.

Ailleurs, j'aurai utilisé les termes "hurluberlus", "zigotos" et "emmerdeurs". J'aurai aussi renvoyé le mot "ringard" à la tête de Pageau, qui utilisait le terme pour décrire le féminisme dans son ensemble.

J'ai aussi utilisé les mots "réactionnaires" et "révisionistes".

Ce ne sont pas là des insultes, Simon L. Ce sont des jugements de valeur basé sur une observation systématique des soumissions (et du comportement au sein de la communauté virtuelle du CMAQ) de monsieur Yves Pageau plus précisément, et de ses supporteurs en général.

Je n'en retire pas un seul mot.

Mais je n'irais jamais jusqu'à taxer un autre utilisateur de stupidité et d'imbécilité, comme le fait ici un utilisateur "anonyme" que je suspecte fortement être affilié à la bande à Pageau.

Je ne traiterais pas non plus un utilisateur de "con", de "limace" ou d'autres qualificatifs injurieux que les masculinistes n'ont pas hésité à utiliser dans un contexte fortement personnalisé.

L'insulte personnalisée, je ne m'y prête pas.

Cet exercice, je le laisse aux "garscontents".

SVP faire la différence entre propos francs et insulte explicite.

PAt

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