Le manifeste publié le 9 Mai 2003 dans « Haaretz » et « Yediot
Aharonot » fut l¹objet d¹une très grande attention de la part des médias et
nombre des 170 initiateurs ou signataires ont été interviewés à maintes
reprises un acte dissident inattendu dans le milieu du sionisme religieux,
principal bastion idéologique et politique des colons.
Depuis déjà longtemps, notre mouvement est en profonde crise. Toute
la pensée religieuse tourne autour des colonies de Judée et de Samarie pour
lesquelles son essence même est sacrifiée : maintenir la vie en accord avec
la Torah dans l¹état véritable du peuple juif.
Le fait qu¹Israël impose sa loi à plus de trois millions
d¹individus, en ignorant leurs droits élémentaire, soulève de graves
problèmes moraux. Déjà depuis plus de trente ans, cela empêche Israël de se
pencher sur ses problèmes existentiels comme les relations entre la religion
et l¹état, l¹éducation des jeunes, le fossé entre pauvres et riches et
toutes questions concernant la vie des juifs dans leur propre pays.
Tous ces aspects ont été occultés par les rabbins et les dirigeants
sionistes religieux, qui ne brandissaient que le drapeau de la colonisation
de la Judée-Samarie, étant captifs de la vue pseudo-religieuse qui fait de
cette colonisation l¹aboutissement de tout. Seuls quelques érudits osaient
regarder la réalité en face et leur voix était à peine audible.
En l¹absence de dirigeants valables du mouvement sioniste religieux,
nous n¹avons d¹autre choix que de prendre l¹initiative : nous appelons les
sionistes religieux à reconnaître la nécessité d¹abandonner notre main mise
sur les territoires et de transférer cette énergie vers des secteurs urgents
et négligés, concernant nos propres affaires.
Shlomo Wagman, 28 ans, consultant en économie. « j¹ai passé la plus grande
partie de mon existence à Alon Shvut, une colonie du Gush Etzion au sud de
Jérusalem. Je suis passé des milliers de fois par les checkpoints ; des
milliers de fois j¹ai vu, sans y prêter attention, les jeunes Arabes
accroupis sur la chaussée, attendant la fin de la fouille pour pouvoir
passer. Ils étaient pour moi comme transparents dans le paysage. Je les ai
vus sans éprouver d¹émotion ; nous vivions après tout dans des conditions de
sécurité difficiles.
.
Et puis un jour, j¹ai vu à un barrage, un vieil homme accompagné
d¹une jeune enfant. Ils n¹étaient pas particulièremnt maltraîtés, on leur
avait simplement dit d¹attendre, ce qu¹ils faisaient avec une pénible
résignation. Soudain, un déclic s¹est produit en moi. Je comprenait que cela
n¹avait rien à voir avec la sécurité ; que toute cette gigantesque activité
militaire était nécessaire pour que je puisse vivre dans une belle villa,
avec vue imprenable, au milieu de gens que j¹appréciais à Alon Shvut. Que
des centaines de gens, vieillards, femmes, enfants qui ne représentent aucun
danger sur le plan de la sécurité, devaient payer le prix de notre belle vie
là-bas. Qu¹ils avaient à endurer des barrages, des fouilles, des bouclages
et des couvre-feux pour que je puisse vivre tranquillement ma vie de Juif
pieux dans ma magnifique colonie.
J¹ai alors décidé d¹opérer mon « retrait unilatéral » ; j¹ai quitté
Alon Shvut peu après, bien que je sache que je regretterai cet endroit que
j¹aimais. Je vis à présent dans un affreux centre urbain à l¹intérieur de la
Ligne Verte.
Je ne m¹explique pas mon aveuglement passé ni celui présent de ma
famille et de mes amis. Nous ne voyons pas la même réalité. »
Shaï Binyamini, ingénieur à Petah¹ Tikva : « l¹étincelle qui a déclenché
cette initiative fut la déclaration du rabbin Mordechaï Elyahu, ancien Grand
Rabbin et autorité spirituelle vénérée, déclarant que les Juifs avaient le
droit de pénétrer dans les oliveraies palestiniennes et de récolter les
olives car « Dieu ne fait tomber la pluie que pour l¹ amour des Juifs. Il y
avait aussi d¹autres raisons : la violence des jeunes colons pendant
l¹évacuation des avant-postes illégaux de Havat Ma¹on et Havat Gilead. Le
transbahutage indige d¹un endroit à l¹autre du corps de Nathaniel Ozery,
colon tué par des Palestiniens, près de Hébron ; sa famille et ses amis,
plutôt que de le laisser reposer en paix, avaient insisté pour qu¹il soit
enterré dans un endroit qui aurait constitué un fait accompli politique ».
Ilan Langbeim, enseigant et étudiant en physique à Jérusalem : « lorsque
j¹ai vu la violence de ces jeunes colons, j¹ai eu envie d¹hurler « je ne
suis pas un des leurs ». Ca me fait mal quand les gens, me voyant avec ma
kippa, pensent que j¹appartiens à l¹extrême-droite. Je n¹ai pas refusé de
servir dans les territoires. Lorsque j¹ai été muté aux barrages et ai tenté
d¹être compréhensif avec les gens que je fouillais en ne les laissant pas
trop longtemps au soleil, j¹ai entendu un officier qui disait : » ce
faiblard-là avec ses scrupules, je ne m¹attendais pas à un tel comportement
de quelqu¹un comme lui ».
J¹enseigne dans deux écoles sionistes religieuses à Jérusalem. J¹ai
déjà entendu des allusions, lorsque j¹ai signé le manifeste, insinuant que
cela me coûterait mon travail. »
Nir Sheetrit, enseignant dans une yeshiva du Plateau du Golan : « beaucoup
d¹entre nous ont une sensation d¹étouffement ; Dans une discussion sur
Maïmonide, on m¹a fait entendre que
moi et mes opinions n¹appartenions pas au judaïsme. Ceci est contraire à
l¹esprit même du judaïsme. Tout le Talmud n¹est qu¹une succession de débats
et de disputes entre les sages. Soudain on me dit que les désaccords et les
discussions sont illégitimes.
Nous appelons à quitter les territoires pour rendre la rédemption
possible. Aussi longtemps que nous serons la seule société au monde à
gaspiller sa meilleure énergie à règner sur un million de « non citoyens »,
nous ne pourrons jamais construire une société et un état inspiré par nos
Ecritures. Ainsi nous ne sommes pas une société démocratique ni certainement
pas une société juive. »
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