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Le 920 de la Chevrotière n'est plus.

neonyme, Thursday, May 22, 2003 - 16:35

neonyme

Ça y est, on le voyait venir depuis quelques semaines, mais le coup reste dur: la Ville de Québec a détruit aujourd'hui un immeuble du quartier St-Jean-Baptiste, pourtant toujours habitable, celui-là même qui avait abrité un squat pendant tout l'été de l'an dernier, faisant de ce lieu un symbole important dans la lutte pour le logement social. La Ville "nettoie" ainsi à sa façon un terrain de très grande valeur spéculative, en pleine crise du logement.

Ça y est, on le voyait venir depuis quelques semaines, mais le coup reste dur: la Ville de Québec a détruit aujourd'hui un immeuble du quartier St-Jean-Baptiste, pourtant toujours habitable, celui-là même qui avait abrité un squat pendant tout l'été de l'an dernier. La Ville "nettoie" ainsi à sa façon un terrain fort convoité, en pleine crise du logement.

Dès 9h ce matin, des travailleurs de l'entreprise Démol-Art ont installé leur pelle mécanique et ont entrepris d'abattre l'immeuble de la rue de la Chevrotière qui était devenu un symbole de la lutte pour du logement social. En effet, l'endroit avait fini par être nommé le "Squat de la Chevrotière" depuis que des militants avaient décidé d'occuper l'immeuble qui était vacant depuis deux ans, afin de dénoncer la crise du logement et de porter plusieurs revendications, notamment d'éviter la démolition éventuelle de l'immeuble et la vente des terrains adjacents pour faire place à un projet de construction de condos au lieu d'en faire des logements sociaux. L'occupation avait duré de mai à septembre l'an dernier; au même moment, il avait aussi abrité les locaux de la librairie alternative Page Noire, ainsi que servi pour les assemblées de quelques organisations, dont la section locale du CMAQ. Voyez d'ailleurs le dossier complet du CMAQ couvrant ces événements.

L'immeuble était dans un bon état et aurait pu reprendre sa vocation résidentielle après quelques rénovations, si ce n'avait été des dommages volontairement portés contre la structure sous les ordres des autorités de la Ville (voyez l'article du CMAQ à ce sujet). La haute valeur spéculative de l'emplacement, faisant face aux prestigieux édifices à bureaux du boulevard René-Lévesque, cotoyé par la colline parlementaire et les grands hôtels, auront eu raison de la force des revendications, il faut faire place nette afin de laisser arriver les immeubles à condos.

Les deux étages n'auront pas fait long feu devant la puissante machine mandatée à leur disparition. En milieu d'après-midi, déjà l'essentiel de la construction devenait un souvenir compacté en un amas de ruines et de débris, que le mastodonte d'acier achevait de tasser à l'intérieur des fondations, sous les yeux de pompiers et d'un agent de sécurité.

Tout porte à croire que l'immeuble d'en face (le 921) sera détruit dans les prochains jours. Mais faut-il souligner le fait que ce soit cet immeuble qui soit détruit en premier, façon de montrer la suprématie des autorités municipales sur ce symbole de la lutte militante et de l'auto-gestion?

Voilà malheureusement un épisode qui se termine, les résidents de l'îlot Berthelot demeurent inquiets, la crise du logement perdure et ne semble pas prise au sérieux. Mais tout le monde s'entend qu'il ne faut pas baisser les bras devant cette bataille perdue, la lutte est trop importante.

Voyez ci-dessous le dernier photo-reportage par neonyme sur ce squat, illustrant l'agression finale qu'a subi l'édifice. Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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Subject: 
coûts?
Author: 
PML
Date: 
Fri, 2003-05-23 01:47

Il serait intéressant de connaître le montant d'argent que la ville a investit pour "défendre" le bâtiment face aux "envahisseurs" et finalement le détruire. Est-ce que l'argent n'aurait pas pu servir à restaurer la place qui était en bon état déjà?


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Subject: 
Bataille perdu?
Author: 
Anonyme
Date: 
Fri, 2003-05-23 09:53

Oui nous avons perdue l'immeuble. Mais nous avons gagné des sympathisant(e)s dans la cause (même si c'est 1 pour cent -voir 1 sur mille- de la population), et ça, c'est pour moi grandiose. En plus, la ville de Québec voulait nous avoir à l'usure mais elle n'a pas réussi.
Le 920 (ou le squat de la Chevrotière) va demeurer en mémoire longtemps comme symbole de la lutte pour le logement social. Et c'est pour ces raisons que le squat est une bataille gagné...
Mais la guerre n'est pas encore gagné.
Denis Bélanger ex-squatter (même si je ne faisais pas dodo au squat) du 920 de la chevrotière.


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Subject: 
Le titre de l'article
Author: 
Anonyme
Date: 
Sun, 2003-05-25 09:46

Je trouve, neonyme, que ton titre est fataliste un peu. J'aurai préféré comme titre : «Le 920 de la Chevrotière n'est plus qu'un souvenir.» C'est aussi triste mais c'est, selon moi, un peu plus porteur d'espoir. En effet, la bâtisse n'est plus mais le symbole demeure.
Lâchons pas
Denis Bélanger ex-squatter du 920


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Subject: 
OÙ EST VOTRE COLÈRE??!!
Author: 
ronny
Date: 
Sun, 2003-05-25 21:48

Les promotteurs immobiliers et autres salopards de capitalistes restent fidèles à eux-mêmes et à leur agenda mercantile dont le seul horizon est l'accumulation de profits. L'expulsion des squatters l'automne n'aura donc pas été suffisante pour imposer leur mainmise: il fallait détruire un lieu physique qui était devenu un puissant symbole de la résistance à la gentrification de cette partie de la vieille capitale.

Quand j'ai visionné les photos, j'était envahit par un mélange de dégoût et de rage. Je n'ai pas squatté cette place, mais j'ai eu l'occasion de visiter les camarades du squat à plus d'une reprise l'été dernier. Et j'ai pu voir comment les camarades s'étaient retroussés les manches pour en faire un squat décent, propre et bien organisé, qui n'avait rien à envier à celui de Préfontaine, à Mtl, l'été précédent.

Après avoir l'article et les trois commentaires ci-haut, une question me hante: OÙ EST VOTRE PUTAIN DE COLÈRE??!! L'article traite de cette démolition avec un tel détachement frisant le fatalisme. Et que dire du commentaire comptable (combien ça à coûté? fais-donc une demande en vertu de l'accès à l'information et tu le sauras), ou du commentaire d'un opmitisme peu convaincant qui tente de se consoler en disant "oui, mais on a fait des sympathisantEs".

Je ne vous comprend pas. Est-ce qu'il y a quelque chose qui se passe dans vos trippes, ou est-ce que tout se passe dans vos neurones?

Je ne vous comprend pas. Moi, c'est le genre de chose qui fait en sorte que j'hais pour mourir ces salauds de capi de merde.

Fuck.

Ronny


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Subject: 
pas de panique
Author: 
PML
Date: 
Sun, 2003-05-25 23:25

Salut Ronny,

n'inquiète, je ressens cette rage aussi, mais l'événement était prévisible. Ça fait plus d'un an qu'il n'y a pas de résidantEs dans le 920. Si la démolition c'était produit pendant les heures qui ont suivi l'éviction, je crois que cette colère aurait été plus importante.

Dans un autre ordre d'idée, c'est grâce au travail de Neonyme et les autres que je suis en mesure de suivre ce qui s'est passé à Québec.

Pour les coûts, ce n'est pas le chiffre précis qui m'intéresse, mais la tendance qui démontre les dépenses absurdes.

ex: -Le procès pour "émeute" à Queens Park en Ontario où on a estimé à 1 millions $ pour un procès qui s'est terminé avec un arrêt des procédures comme verdict.

-Le procès des 3 arrêtéEs du G20 qui s'est terminé avec un verdict de non-coupable.

De plus en plus, on se rend compte que l'État fait des dépenses énormes qui aboutissent à rien!

PAT L.


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Subject: 
Dans mes neurones!
Author: 
neonyme
Date: 
Sun, 2003-05-25 23:59

Pour répondre d'abord à Denis : mon titre est fataliste parce que c'est la réalité: ce numéro civique a été radié, l'édifice zappé, il n'y a plus de 920 de la Chevrotière, que le souvenir demeure ou non, il faut comprendre que cette adresse n'existe plus, et mon petit doigt me dit qu'un nouvel édifice sur le même lieu risque bien de ne pas porter ce numéro "maudit".

Pour Ronny : si ce texte n'est pas rempli de colère, c'est d'abord que j'ai choisi volontairement un ton plus "journalistique" pour rapporter les faits et laisser les lecteurs juger de l'absurdité de la situation. Dans toute l'histoire du squat que j'ai rapportée depuis le début, j'ai toujours utilisé ce ton. Mais je suis d'abord photographe avant d'être journaliste écrit, et je passe mes opinions de façon beaucoup plus marquée dans ma photographie que dans mon écriture. J'ai passé beaucoup de temps au squat l'an dernier, et je comprends fort bien la colère que la situation actuelle suscite. C'est d'ailleurs pour ca que je mets des photos où on voit des sofas dans les ruines. À observer ta réaction, j'ai atteint mon but.

Oui, pour ma part, tout se passe dans mes neurones, pas dans mes trippes, et je crois que ça facilite ma communication. Car la voie d'action que j'ai choisie est la communication, d'autres choisiront la voie des actions plus directes en canalisant la colère trouvée dans leur trippes. Si la mienne catalyse la leur, j'aurai agi "indirectement".


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Subject: 
Je suis enrangé moi aussi...
Author: 
Anonyme
Date: 
Mon, 2003-05-26 10:05

À Neonyme :
Ce n'était pas une critique... C'était plus pour te remmonter le morale.

À Ronny :
Oui, je suis triste et choqué. Mais mes larmes, ma déception, ma rage, je garde ça pour mon entourage (peut-être parce que je suis introverti!). J'ai appris à garder la tête haute peu importe ce qui arrive et à rire pour montrer que je n'abandonne pas. En plus, comme il s'est dit sur cette page, étant donné que la cause pour la maison était perdu d'avance (ça faisait 19 ans que cette maison était réclamer) c'est la cause pour le logement social, le droit des locataires et les mesures d'urgence qui a pré-dominé. On a besion de 3 choses pour faire la révolution: 1) art (la création, l'imagination); 2) éducation populaire et; 3) l'humour (je ne parle pas de l'humour à la Gilbert Rozon, je veux dire qu'il ne faut pas se prendre au sérieux. Les «Fuck» finit par donner des ulcères). Ça fait 4 ans que je COMMENCE à comprendre ce principe (il a falu 34 ans d'existance pour commencer). J'ai cessé pleurer.
Fuck!
Je passe à aut'e chose!
Ch'continue la lutte!
Denis du 2ième et 3ième commentaire.


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Subject: 
P.S.
Author: 
Anonyme
Date: 
Mon, 2003-05-26 18:28

Je n'essaie pas de convaincre personne Ronny. J'écris ce que je pense.

Juste une dernière remarque. Dans la majorité des cas, les gens qui écrivent ce que tu as écrit ("où est votre colère??!!") sont des petits bourgeois âgés de 17 à 25 ans devenant du jour au lendemain des "militants anti-capitalistes radicaux" mais qui, une fois leur bac voir leur doctorat (généralement en politique, en sociologie, en droit ou en étude internationale) complété, finissent par se fondre dans le système. Ces gens-là deviennent ce qu'ils ont dénoncé dans leur militance parce qu'en générale, ils ont fondés une famille, ont accumulés des dettes et veulent obtenir une belle retraite et garantir un gros héritage à leur(s) progéniture(s). Et ces gens-là, devenus importants, envoient les membres de la Fédération Légale des Imbéciles Casqués (F.L.I.C.(elle n'est pas de moi)) pour empêcher toute forme de protestation. S'ils ne sont pas importants, ils deviennent des citoyens exemplaires. Mais c'est dans la majorité des cas, tu n'es sûrement pas comme ça. Tu es peut-être comme moi; tu as 38 ans, tu es sur le B.S. et tu vis dans un deux et demi.

Denis le gars qui n'a pas convaincu Ronny mais de toute façon ce n'était pas dans son intention.


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