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La Ville de Québec "vandalise" deux édifices vacantsneonyme, Sunday, May 11, 2003 - 21:02
neonyme
Les autorités de la Ville de Québec auront trouvé une façon bien étrange de souligner l'arrivée de la semaine nationale d'actions contre la crise du logement. En effet, c'est en sabotant la structure de deux édifices vacants (dont le maintenant célèbre "Squat de la Chevrotière"), notamment par des ouvertures dans le toit, que la Ville participe aux événements! Une rumeur non fondée du retour des squatteurs ont l'air de faire perdre les pédales aux autorités municipales, qui font même installer des agents de surveillance jour et nuit devant les lieux... Les autorités de la Ville de Québec auront trouvé une façon bien étrange de souligner l'arrivée de la semaine nationale d'actions contre la crise du logement. En effet, c'est en sabotant la structure de deux édifices vacants que la Ville participe aux événements. Ce sont sous les regards surpris des voisins que des employés des travaux publics de la Ville de Québec se sont présentés au 920 et 921 rue de la Chevrotière, vendredi dernier. Ceux-ci avaient pour mandat de rendre complètement inhabitable ces deux édifices, et ont procédé à ce qu'on pourrait qualifier de "vandalisme avec permission" en pratiquant des ouvertures dans les toits des deux édifices ainsi qu'en décloisonnant et en cassant les fenêtres des étages supérieurs. Ils ont également détruit les escaliers des tambours et balcons. De cette façon, ces deux édifices ont perdu toute étanchéité contre la pluie, le vent et le froid, et la pluie abondante prévue pour les prochaines heures devrait achever discrètement ce travail de destruction. Observez quelques photos des effets de cette "opération" (cliquez pour agrandir): Cette opération inusitée est une étape de plus dans la saga du "Squat de la Chevrotière" qui avait eu lieu dans l'édifice du 920, de mai à septembre l'an dernier. À cette époque, des militants avaient décidé d'occuper cet immeuble, qui était vacant depuis deux ans, afin de dénoncer la crise du logement et de porter plusieurs revendications, notamment d'éviter la démolition éventuelle de l'immeuble et la vente des terrains adjacents pour faire place à un projet de construction de condos au lieu d'en faire des logements sociaux (voyez le dossier complet du CMAQ couvrant ces événements) Cette histoire du squat est elle-même une petite partie de la longue histoire de revendications sociales pour ce bout de quartier qu'on appelle "L'îlot Berthelot", un fragment du populaire quartier St-Jean-Baptiste qui a le malheur de faire facade sur le "prestigieux" boulevard René-Lévesque où édifices à bureaux et grand hôtels font légion. Certains des terrains qui s'y retrouvent sont devenus parmi les plus rchers de toute la région de Québec avant que la Ville de Québec et la Commission de la Capitale Nationale s'en mêlent et tentent de mettre un frein à cette spéculation sauvage et aux luttes acharnées des citoyens du coin contre des projets de développement peu conviviaux. L'immeuble situé au 920 était en très bon état avant cette intervention des employés municipaux, quelques réparations lui auraient redonné sa vocation d'habitation et aurait permis d'y établir trois logements. L'été passé en compagnie des occupants a permis de valider ce constat, seule l'absence d'eau et d'électricité était un problème. Cette situation n'est plus vraie maintenant. Pour ce qui est de l'immeuble d'en face, lui aussi saboté par la Ville, il était déjà à l'abandon depuis plusieurs années, sa structure était affectée par des fuites d'eau du toit et il était très sévèrement contaminé aux champignons. Il avait malgré tout été le site d'un squat sauvage en juillet/août l'an dernier. Les occupants du 920 ont été évincés par les policiers, à la mi-septembre l'an dernier, devant l'éventualité apparemment très rapprochée de la vente des immeubles et terrains vacants. Tout le monde s'attendait donc à ce que la vente se conclue rapidement et que les travaux commencent durant les semaines subséquentes. Pourtant, en ce début mai, rien n'a bougé. À ce moment-ci, ce n'est pas clair si la vente a été conclue, des vérifications restent à faire à ce sujet. Les apparences portent à croire que des retards se sont produits dans le processus, et que la Ville semble vouloir remettre les terrains dépourvus de ces immeubles. Leur démolition fut reportée à plusieurs reprises, l'édifice du 921 pourrait peut-être y passer d'ici une semaine. Les autorités municipales auraient eu des raisons de croire que des gens voulaient reprendre l'occupation de l'ancien squat de la Chevrotière, et ils tenaient à les décourager en rendant les immeubles définitivement inhabitables. Pourtant, dans le milieu des anciens occupants, aucune intention de ce genre ne s'était manifestée. Quoi qu'il en soit, les autorités municipales ont choisi de prendre les grands moyens, non seulement en procédant à cette surprenant opération de sabotage, mais aussi en postant un agent en permanence, 24 heures sur 24, dans une automobile stationnée dans une ancienne entrée adjacente au 921. Des gens rencontrés dans le quartier ont dénoncé toute cette mascarade anti-squatteur. Bien que ceux qui avaient occupé le 921 avaient causé beaucoup de remous dans le voisinage, les gens rencontrés aujourd'hui n'avaient rien à reprocher à ceux du squat de la Chevrotière (au 920). Ils dénoncent cette surveillance inutile. Une voisine me raconte: "En fin de semaine, comme ça arrive souvent, des jeunes sont passés dans la rue durant la nuit en criant et en frappant sur la signalisation, et des gens se sont aussi fait vandaliser leurs véhicules, des miroirs arrachés. Lui là, il n'a pas bougé, il a laissé faire, ce n'était pas des squatteurs!" dit-elle en me pointant le véhicule de l'agent caché derrière le mur. Il sera probablement plus attentif vendredi prochain si un cortège de manifestant passe devant l'immeuble... car ce sera la date anniversaire du début du squat de l'an dernier, alors que les militants locaux, appuyés par le FRAPRU, organisent une manifestation suivie d'une fête populaire, qui ne manquera pas de souligner cette étape importante de la lutte pour du logement social. Le rendez-vous est appelé devant le centre Lucien-Borne (100 chemin Ste-Foy) à 17h.
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