Nous vivons de la vente de notre travail aux gens qui nous exploitent. Le capitalisme se perpétue.

La gestion colonise toutes les dimensions de la vie. De la gestion exploitatrice de notre travail à la gestion destructrice de la nature, de l'administration gouvernementale à l'administration communautaire...

Nous participons au mouvement anticapitaliste comme mouvement de notre émancipation. Mais partout dans notre mouvement les vedettes et les leaders pensent, organisent et décident. Les simples militants et les simples militantes n'ont pas plus de pouvoir sur leur vie que dans le reste des organisations sociales. Toute notre vie finit donc par être l'œuvre des autres, de certains autres.

Pourtant, dans notre for intérieur, c'est le seul lieu qui n'est pas complètement administré, nous espérons toujours.

Nous espérons que nos jours seront blancs avant que nous les vivions pour qu'ils deviennent les résultantes de notre autonomie renouvelée. Nous espérons que l'espace sera libre pour que toutes et tous de façon égalitaire participent à la création de leur monde vécu. Nous espérons que nos vies seront notre œuvre commune. Nous espérons notre révolution permanente.

Nous espérons que la vie sera autre chose qu'un spectacle organisé : spectacle organisé des manifs, spectacle organisé des organisations, spectacle organisé des conférences, spectacle organisé de la politique, spectacle organisé de la guerre, spectacle organisé de la destruction industrialiste de la nature, spectacle organisé de notre exploitation... Autre chose aussi qu'un spectacle...

Mais plus souvent qu'autrement, notre domination se perpétue. Quand nous pensons avoir cassé nos chaînes, les chefs de tous les acabits se chargent de nous les remettre. Toutes les révolutions jusqu'à nos jours ont été l'histoire d'un changement de maîtres.

Quand est-ce que nos espérances se réaliseront ?

Il ne s'agit pas que de manifester en répondant à l'invitation des organisateurs de spectacles organisés ou de se pointer aux conférences et salons tout autant organisés. Il s'agit de poser notre création commune contre tous les récupérateurs et les petits maîtres. Que le 1 mai ne soit pas que l'acte prévu de manifester sous des bannières et des mots d'ordre. Que le 1 mai et tous les autres jours et les années soient l'occasion d'une emprise collective sur la vie et d'une création permanente de nos vies dans toutes leurs dimensions (économiques, sociales, politiques, artistiques, culturelles...) et de l'exquis en elles.