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Crise alimentaire en Afrique australeAnonyme, Sunday, April 27, 2003 - 10:15
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13 millions de personnes seront bientot touchees de plein fouet par la famine en Afrique australe. Parmi les pays les plus touches : le Zimbabwe, le Malawi, le Mozambique, la Zambie le Lesotho et le Swaziland. Cette situation dramatique n'en etait pas moins previsible et peut encore etre evitee en partie. Les causes sont complexes et different pour chaque pays. L'on pense immediatement aux recentes conditions climatiques particulierement nefastes. L'expansion du Sida, la pauvrete, l'instabilite de certaines zones et surtout les erreurs politiques ainsi que les reformes imposees par les institutions internationales - Banque Mondiale et Fonds Monetaire International (FMI) - ont egalement contribue a la crise actuelle. Carte de la region et chiffres La prochaine recolte en Afrique australe est attendue pour avril/mai 2003. Les reserves actuelles sont deja presque entierement consommees dans la plupart des pays de la region. Les pluies surabondantes et secheresses sont en partie responsables de la catastrophe humanitaire en preparation. Dans de nombreux endroits, elles sevissent depuis deux ou trois annees consecutives. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies lance des appels alarmants depuis plusieurs mois, mais les reponses a ceux-ci sont actuellement incompletes ou inadaptees. A quelques exceptions pres, les medias occidentaux ne considerent pas le sujet comme une priorite. La phase preparatoire d'une la famine n'est peut-etre pas encore assez spectaculaire pour interesser la presse Quoi qu'il en soit, le PAM a lance un appel international en juillet dernier pour recolter 500 millions de dollars pour une aide alimentaire d'urgence en Afrique australe. Seul un quart de ce budget a ete reuni a l'heure actuelle. La situation risque de fortement s'aggraver a partir d'octobre. La crise arrivera dans sa phase critique si les mesures necessaires ne sont pas prises immediatement. Oxfam reste persuadee que la famine peut encore etre evitee. Pour cela, une volonte politique est indispensable afin de debloquer les fonds necessaires. Les pays donateurs - dont ceux de l'Union europeenne - doivent prendre leurs responsabilites. Mais meme si l'aide arrive a temps, le probleme risque de se poser a nouveau dans le futur. Pour parvenir a une solution a long terme, le droit a une alimentation pour tous doit enfin figurer en haut de l'agenda des institutions internationales et des gouvernements, tant dans la region touchee qu'en dehors. Vies en danger La crise actuelle a deja de serieuses consequences sur la vie quotidienne. Le nombre de repas quotidiens se reduit a deux voire souvent un seul. Les enfants sont retires de l'ecole. Les gens parcourent de longues distances et font la file pendant des jours entiers pour tenter d'acquerir les denrees limitees. Le vol et la prostitution apparaissent. Les previsions du PAM sont alarmantes : 9,11 millions de personnes devront recevoir une aide alimentaire d'urgence d'ici novembre et ce nombre passera a 12,76 millions entre decembre et mars prochain. Les recentes recoltes signifient pourtant que la nourriture est disponible dans la plupart des marches. Mais les prix sont extremement plus eleves qu'a l'ordinaire pour cette periode de l'annee. Un collaborateur d'Oxfam en Zambie parle d'une hausse de plus de 400% par rapport a la meme periode l'annee passee dans le district de Shangombo. Reformes inadaptees La crise s'empirait au moment meme ou avait lieu le Sommet des Nations Unies pour un developpement durable a Johannesburg en Afrique du Sud - l'un des seuls pays de la region a ne pas etre severement touche par la famine. Un recent rapport d'Oxfam se demande pourquoi des pays comme la Zambie, le Malawi et le Mozambique se retrouvent actuellement dans une insecurite alimentaire chronique alors que la Banque Mondiale et le FMI leurs ont impose toute une serie de reformes ces dernieres annees. Ces reformes, dans le domaine agricole notamment, font partie d'un vaste programme d'ajustement structurel. Certaines reformes etaient sans aucun doute necessaires, particulierement en agriculture. Mais la politique de liberalisation - uniforme pour tous les pays - s'est soldee par un cuisant echec. De nombreux gouvernements occidentaux, qui controlent ces institutions, ont leur part de responsabilites. Parallelement, ils continuent a subsidier massivement leurs propres agricultures. L'Union europeenne depense chaque annee 410 millions de dollars en subsides agricoles - l'equivalent de 16.000 dollars par agriculteur. Les Etats-Unis quant a eux depensent environ 20.000 dollars par agriculteur et prevoient d'encore augmenter ces subsides de 70% sur les dix prochaines annees. Cette politique de "deux poids, deux mesures" est fortement critiquee par Oxfam International. Le role des gouvernements africains n'est pas non plus a negliger. Ils pratiquent souvent des politiques inadequates. Ceux-ci doivent souvent faire face a un manque de moyens et a une forte corruption. Des reformes sont imposees de l'exterieur. L'aide gouvernementale a du etre eliminee sous la pression des institutions donatrices. Les reserves de nourriture ont ete vendues. Les subsides pour les semences et les engrais ont ete annules. La production agricole a ete dirigee vers l'exportation. Mais les attentes et les espoirs, eux, n'ont pas ete satisfaits. Le prix a l'exportation des matieres premieres et des produits agricoles s'est effondre, entre autres par les pratiques de dumping exercees par les pays du Nord. La pauvrete s'accroit : la majorite de la population - les petits paysans - a de plus en plus de difficultes a vivre, voire survivre, de l'agriculture. Or malgre ces constatations, les memes pratiques se poursuivent. Tout le demontre : le marche seul ne peut garantir le droit a la nourriture pour tous. La souverainete alimentaire - le droit pour les peuples et les Etats a determiner leur propre agriculture et politique alimentaire, sans pratiques de dumping - doit etre assuree. La production alimentaire en Afrique australe est particulierement vulnerable. Elle ne doit pas etre soumise aux dogmes du libre marche, politique opportuniste et hypocrite. Sans parler du remboursement de la dette exterieure qui continue a saigner a blanc les economies du Sud. En 2002, le service de la dette mangera 23% du budget national de la Zambie - ce qui correspond a 30% de plus que ce qu'elle consacre a la sante! Faim vs OGM La plupart de l'aide alimentaire (mais) distribuee par le PAM provient en fait des Etats-Unis, ou 30% de la production a subi des modifications genetiques. Les gouvernements des differents pays en crise expriment leurs craintes. S'ils acceptent le mais transgenique, les populations le consommeront - le debat actuel n'a toujours pas pu prouver que la consommation d'OGM ne comportait aucun risque pour la sante -, mais il est possible qu'une partie soit plantee et se developpe de maniere incontrolable. De plus, si le mais transgenique est consomme par le betail, cela risquerait de fermer l'acces a l'exportation vers l'Union europeenne. Les gouvernements se retrouvent donc devant un cruel dilemme moral : d'un cote une partie de l'aide alimentaire contenant des OGM, de l'autre une famine en developpement. Certains experts estiment que la presence d'OGM dans l'aide humanitaire en provenance des Etats-Unis est une politique deliberee pour ouvrir de nouveaux marches pour les multinationales de la semence. Cette strategie permettrait aussi de faire accepter de plus en plus l'idee meme des OGM pour la consommation humaine. Mais si les pays en crise doivent aujourd'hui accepter une aide alimentaire transgenique, c'est aussi parce qu'ils n'ont pas d'autres alternatives. Les autres pays donateurs, l'Union europeenne en tete (1), n'ont jusqu'a present pas reagi assez genereusement ni rapidement pour permettre au PAM d'acheter ou d'envoyer suffisamment de mais non transgenique dans la region. Il n'est pas encore trop tard. Mais pour cela, une veritable volonte politique est necessaire (1) Sous la pression du FMI et de la Banque Mondiale, l'Union europeenne a tout de meme recemment augmente son aide qui se portait en aout a 148,5 millions d'euros (aide humanitaire et secours alimentaire), particulierement en faveur du Zimbabwe, du Malawi et de la Zambie. ____________________________________________ Sud du Soudan - Degradation de la situation alimentaire a Akuem et a Marial-Lou (Bahr-el-Gazal) MSF demande au Programme Alimentaire Mondial (PAM) de poursuivre ses distributions de nourriture Paris - Geneve, le 23 avril 2003. Medecins Sans Frontieres considere comme alarmante la situation nutritionnelle dans les comtes d'Aweil Est et Tonj (Bahr-el-Gazal). L'organisation humanitaire demande au PAM de poursuivre ses distributions de nourriture dans ces zones. Les equipes MSF ont ouvert lundi 7 avril un Centre Nutritionnel Supplementaire (CNS) a Akuem, une localite du comte d'Aweil Est dans le Bahr-el-Gazal. En deux semaines, 1035 admissions ont ete realisees dans ce CNS et 213 enfants sont pris en charge dans notre Centre Nutritionnel Therapeutique (CNT). Devant l'afflux du nombre d'enfants ayant besoin d'un apport nutritionnel et d'une surveillance medicale, l'equipe MSF envisage d'ouvrir deux nouvelles structures, un CNS et un CNT. Une enquete nutritionnelle menee en janvier confirmait une situation nutritionnelle fragile (13.3% de malnutrition aigue globale et 1.7% de malnutrition aigue severe). Depuis le debut de l'annee, les admissions par mois dans le CNT sont passees de 46 enfants en janvier a 170 fin mars, soit une moyenne d'admission 2 fois superieure a celle du premier trimestre 2002. A Marial-Lou, localite du comte de Tonj, la degradation de la situation nutritionnelle a egalement oblige MSF a reouvrir son CNT debut mars 2003. «Avec un taux de malnutrition aigue globale de 22.9% et un taux de malnutrition aigue severe de 3.8%, tous les indicateurs annoncent une situation plus critique que l'annee derniere. La premiere semaine d'avril, nous avions deja 86 enfants admis au CNT, ce qui correspond aussi au double de l'annee passee a la meme periode» explique Martine Chamorel, coordinatrice medicale de MSF pour le Sud du Soudan. Cette degradation de la situation nutritionnelle fait suite a de mauvaises recoltes causees par la secheresse. De plus, elle se produit precocement dans l'annee alors que les prochaines recoltes n'interviendront pas avant le mois de septembre. «La situation actuelle est alarmante, precise Philippe Ribeiro, chef de mission pour MSF au sud du Soudan. Elle peut devenir beaucoup plus grave si des distributions generales de nourriture ne sont pas organisees rapidement.» Le Programme Alimentaire Mondial (PAM), de son cote, a demarre en mars une distribution de nourriture dans le comte d'Aweil Est. Pour Medecins Sans Frontieres, il est indispensable que le Programme Alimentaire Mondial puisse poursuivre des distributions generales de nourriture adaptees aux besoins de la population, afin de prevenir une degradation encore plus importante de la situation dans la region. |
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