Voici un appel à tous les abstentionnistes et autres personnes qui pensent ne pas aller voter lundi prochain: ne soyez pas complice de l'indifférence des autres en refusant de voter. L'heure est à la protestation, il faut mettre du sable dans l'engrenage électoral en annulant nos votes et en faisants diverses actions pour inciter d'autres gens à protester de la même façon.

Quand on a l'intime conviction qu'aucun choix de vote changera quoi que ce soit à la façon dont nous nous faisons diriger, quand on a l'impression qu'aucun des choix ne répond à nos convictions et que choisir reviendrait à mentir, quand on sait qu'un vote pour un parti moins important est complètement perdu puisque le système électoral n'est pas proportionnel, l'heure est à la protestation. L'appel récent du collectif La Rixe sur le site du CMAQ (http://www.cmaq.net/fr/node/11302) en est un éloquent exemple: il faut agir au lieu d'élire! Mais je n'endosse pas leur appel à l'abstention: s'abstenir est-il un moyen d'agir?

On peut avoir plusieurs raisons de ne pas voter. La désillusion est la plus courante: en voyant comment les partis finissent par se ressembler, comment la démocratie a été corrompue par l'existence même de ces partis et de leurs "lignes" qui lient les mains des députés, leur enlevant le peu de représentativité que nous leur avions donné. On peut aussi de refuser de voter pour un candidat qu'on ne connait pas, celui-ci défendant un programme qui ne lui est pas spécifique ni adapté au comté. On peut aussi refuser de voter pour un tiers parti, sachant que même 20% des suffrages de la province ne résultent pas en quelque proportion de la députation. On peut aussi refuser de cautionner le système électoral lui-même, qui permet le maintien d'une lourde gouvernance d'État.

Pour ma part, je ne crois ni en un Québec, ni en un Canada, je rêve d'un monde utopique où les hôpitaux et les écoles sont auto-gérés par les collectivités, où la péréquation égalise les chances de succès entre les communautés. En mettant beaucoup d'eau dans mon vin, je deviens plus réaliste, je me permet de rêver à un gouvernement restreint élu par un système électoral proportionnel où toutes les voix comptent, doté d'une députation digne et libre des lignes de partis. Mais je dois faire le constat navrant que je suis à des années-lumières d'une telle situation et que les élections surviennent lundi prochain.

Malheureusement, d'autres choisiront à ma place. Mais je ne veux pas être invisible ni ignoré, parce que je ne suis pas indifférent, je ne suis pas défaitiste, j'ai un droit de vote que je ne veux pas le jeter aux poubelles.

Le silence est complice du résultat... parce que le silence se confond avec l'indifférence. C'est pourquoi j'appelle tous les gens qui ne veulent pas aller voter, à refuser cette voie de l'inaction, et à laisser une marque de protestation, du rejet du système électoral et/ou des partis politiques actuels. Au lieu de s'abstenir, il faut aller annuler son vote! Pour demander que la démocratie puisse prendre une forme plus authentique...

Un bulletin "rejeté" ne représente-t-il pas de façon plus éloquente le "rejet" du système par celui qui l'a déposé?

Comme je suis un partisan de l'action directe, protester par l'inaction me parait ridicule, sans impact, sans message. J'aimerais donc dire à tous les abstentionnistes qu'on peut tenter de nuire au système par l'intérieur, en détournant celui-ci aux fins de protestation, non seulement en annulant nos votes, mais aussi en laissant nos traces. Aux élections on compte nos "voix", et ma voix demande d'être entendue; pour que ma voix soit comprise, elle doit ici parler le langage des urnes. Chaque vote annulé doit être validé par les représentants de chaque grand parti, ainsi que par les responsables de scrutin: plus d'annulation ralentit le décompte. Il existe sûrement d'autres façons pour mettre des bâtons dans la roue électorale, de quelle façon allez-vous vous y prendre?

Transformer un faible taux de participation, assimilé à l'indifférence et au manque de motivation démocratique, en un haut taux de votes rejetés, c'est créer un message statistique qui a beaucoup plus d'impact, plus proche du message de protestation. Aux élections, faire de l'action directe, c'est choisir cette forme douce de désobéissance, c'est vandaliser le résultat électoral en le polluant du plus haut taux de rejet possible. C'est laisser sa marque dans l'isoloir. Il faut agir, laisser nos marques, protester avec nos crayons et nos droits de vote sinon nous feront figure de paresseux se mêlant aux indifférents. Pour ceux qui douteront jusqu'au moment ultime, affichez partout, laissez-leur un petit mot a l'isoloir : "annulez votre vote", peut-être ceci leur montrera qu'il existe toujours cette solution.

Vous êtes quand même encouragés à organiser ou à joindre les rangs de manifestations anti-électorales devant les bureaux de vote, notamment à Québec devant l'école Joseph-François-Perrault (coin Ste-Foy/Cartier) à 17h.