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Presse étudiante universitaire: Un nouveau venu qui inquiète

PML, Monday, March 31, 2003 - 19:17

différents journaux

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) compte lancer en septembre prochain "L’Expression étudiante", une revue qu’elle enverrait gratuitement par la poste à ses quelque 140 000 membres. Si l’idée d’un magazine distribué à l’ensemble des universitaires de la province peut paraître intéressante à prime abord, elle représente néanmoins un danger réel pour la survie d’une demi-douzaine de journaux étudiants déjà existants au Québec. En s’emparant d’un marché publicitaire aussi vaste, cette entreprise risque de compromettre la santé financière des journaux de campus.

Pour la plupart des journaux étudiants, la publicité constitue la principale source de revenus, sinon la seule. Par exemple, pour Impact Campus, la vente d’espace publicitaire représente près de 90% du budget annuel, le reste provenant d’une cotisation de 0,50$ par étudiant, alors que pour Montréal Campus, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), tous les revenus proviennent de la publicité. Parmi ces annonceurs, on distingue, d’une part, les petits commerces locaux et, d’autre part, les grandes entreprises. Ces dernières, avec les différents paliers gouvernementaux, constituent une part importante des ventes.

Concrètement, la FEUQ vise des revenus publicitaires de près de 950 000$ annuellement, ce qui représente un montant plus élevé que les revenus des 5 principaux journaux universitaires réunis.Cela risque de diluer le marché publicitaire et de faire très mal aux journaux de campus.

En plus d’être distribuée par la poste à tous les universitaires, la revue serait également vendue en kiosques commerciaux, dont quelques uns situés sur les campus universitaires. Encore une fois, le risque est prévisible, bien qu’on laisse entendre que ce moyen de distribution ne serait que marginal.

Au-delà de la simple inquiétude monétaire, on peut également se questionner sur la réelle indépendance que pourrait avoir une équipe rédactionnelle qui partagerait ses bureaux avec un organe politique comme la FEUQ. Les exemples sont trop nombreux où la proximité entre journalisme et organisations étudiantes a engendré des conflits pour envisager naïvement que l’«Expression étudiante» puisse poser un regard critique, par exemple, sur les activités qui touchent directement la fédération étudiante.

En fondant ce magazine, la FEUQ souhaite créer des emplois. C’est d’ailleurs sur cette base qu’elle compte recevoir près de 450 000 $ en subvention du Fonds Jeunesse Québec, en vue des deux premières années d’opération. Pourquoi ne pas encourager ce qui existe déjà, au lieu de compromettre l’existence même des médias universitaires? En effet, la fédération n’a que trop rarement contribué au développement de la presse universitaire, étant pratiquement absente du contenu publicitaire des journaux en place.

Par ailleurs, une certaine collaboration avec les journaux existants a déjà été envisagée, notamment en offrant une plus grande visibilité aux journalistes étudiants. Puisque la venue de cette nouvelle revue semble maintenant inévitable, cette collaboration devra être étayée et prendre davantage en considération les conséquences financières qui pourraient être encourues par les journaux de campus. En ce sens, des alternatives concrètes pourraient être avancées afin de combler le manque à gagner qui sera encouru par cette dangereuse initiative, à défaut de quoi la cause étudiante ne sera en rien bonifiée.

Les auteurs

-Impact Campus de l'Université Laval
-Le collectif de l'Univesité de Sherbrooke
-Le Montréal Campus de l'UQAM

s'associe

Quartier libre de l'Université de Montréal



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