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Bulletin de mars d'Attac-QuébecAnonyme, Saturday, March 29, 2003 - 18:35
Attac-Québec
SOMMAIRE Ø Lettre de R.Jasmin Association québécoise pour une Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens UNE AUTRE SUPERPUISSANCE EST POSSIBLE Les événements des deux derniers mois ont confirmé ce que plusieurs avaient perçu lors du Forum Social Mondial : la réalité d’un contre-pouvoir citoyen se confirme partout sur la planète. L’agression américaine en Irak a, en effet, réussi à réunir contre elle, des foules sur tous les continents et ce, en nombre inégalé jusqu’à maintenant. Toutes ces consciences sur pied de paix n’étaient pas là par hasard. La mobilisation s’apparente à celles qui ont vu le jour depuis les quatre ou cinq dernières années et participe aux mêmes principes : le respect des droits humains fondamentaux, le rejet de la loi du plus fort, et la prise de parole citoyenne devant le silence des parlements. Ajoutons à cela comme moyen d’action, l’utilisation judicieuse des technologies de communications de type Internet par ceux que les sbires et les scribes des think-tanks de Washington appellent les nouveaux barbares, c’est-à-dire, nous. Depuis la chute du mur de Berlin, les experts convenaient qu’une seule superpuissance régnait en maître absolu sur la planète. Armée militairement jusqu’aux dents, elle dominait aussi les esprits au moyen de la plus formidable machine à fabriquer le consentement. Cet appareil gigantesque servait à protéger un système économique unique soutenu lui-même par une idéologie unique mise au service d’une pensée unique. Est-ce à dire que cette domination n’a plus cours? Non, et peu s’en faut. Mais la donne n’est plus la même. La superpuissance États-Unienne, fer de lance de l’Empire néo-libéral, se croyait à l’abri de tout adversaire, ne voyant poindre à l’horizon de l’histoire aucune autre de ses semblables. Un Empire ne peut concevoir comme adversaire qu’un autre Empire. Il ne peut regarder et voir que du haut de sa superbe et de sa taille de mastodonte. Comme un dinosaure guettant un autre dinosaure, il ne voit pas tout ce qui grouille et se multiplie à ses pieds, des êtres petits et multiples, souples, intelligents et vifs, collés à leur réalité. Tous ensemble, ils ont un nom : le peuple. Et, dans un contexte mondialisé, ce peuple est pluriel et soumis partout aux mêmes règles édictées par les mêmes dominants. Aucun Empire n’a jamais eu raison des peuples. Tôt ou tard, plutôt tôt que tard quand les peuples aident le cours des choses, l’Empire croule sous sa masse sans pouvoir être aidé par un cerveau devenu proportionnellement trop petit pour lui être utile (remarquez que je n’ai nommé personne pour illustrer mon propos mais il ne vous est aucunement interdit de le faire). Or, c’est exactement ce qui est en train de se passer. L’Empire piétine un des plus faibles (affaibli par lui) d’entre les petits peuples, histoire de se croire encore fort et surtout de le faire croire aux autres. L’effet est tout autre. Les peuples n’en sont pas à leur première sortie. Ils ont l’habitude depuis quelques années d’affronter l’Empire ouvertement et avec ostentation. Les victoires des peuples ne sont pas forcément militaires mais elles portent aussi des noms de villes : Seattle, Québec, Göteborg, Gênes, etc.… Toutes ces batailles ont été livrées contre le bras économique de l’Empire. Personne ne doutait qu’un jour, il faudrait s’en prendre à son bras armé. Ce jour est arrivé et les peuples ont répondu à l’appel. Pour la première fois dans l’histoire, des millions de personnes de tous les continents, de toutes les cultures, de toutes les langues, femmes, hommes et enfants, sont descendus dans la rue pour dire ASSEZ! BASTA! ENOUGH! Pour la première fois, les peuples ont passé outre aux diktats patriotiques de lavettes à la Aznar pour dire leur écœurement devant l’hystérie guerrière et machiste des dirigeants de l’Empire. Cet exercice sain et salutaire de ceux et celles qui refusent catégoriquement les armes comme moyen de résoudre les différents est de même nature que celui qui a poussé les citoyens et citoyennes du monde à contester la légitimité de la domination de la loi du marché sur le bien commun. À titre d’exemples, au consensus de Washington, les peuples d’Amérique ont opposé le consensus de La Havane où s’est réunie l’Alliance Sociale Continentale; à Davos, haut lieu de rencontre des maîtres du monde, les peuples du monde ont opposé Porto Alegre et ses cent mille délégués de la société civile planétaire; aux colonnes militaires armées du capital, les peuples ont opposé les cohortes désarmées et désarmantes des femmes, des hommes et des enfants des rues de toutes les grandes villes du monde et même des petites. Il s’agit d’un tournant majeur dans l’histoire. Mais nous n’en resterons pas là. En décembre 1997, Ignacio Ramonet signait dans Le Monde Diplomatique, un éditorial qui avait la couleur d’un mot d’ordre : « Désarmer les marchés ». De ce texte, est né un vaste mouvement citoyen international, ATTAC. Ce mouvement et plusieurs autres de même nature se sont appliqués à combattre le néolibéralisme sur le terrain de la finance, cœur du système. Nous savons maintenant que l’industrie de l’armement est une des composantes majeures de ce moteur. Une nouvelle phase de la lutte doit Et pour désarmer il faut d’abord démasquer. L’armement ne doit pas rester entre les mains des drogués du profit car il est devenu évident que pour profiter, les armes doivent servir, se consommer (et consommer de la chair humaine) pour être ensuite renouvelées et refaire du profit et ainsi de suite, ad nauseam. Il faut nommer les profiteurs, dévoiler leurs liens avec l’économie « civile » et montrer leur influence sur les décideurs politiques. Il faut enfin dénoncer l’inclusion dans l’économie privée, de toute entreprise d’armement. Tout profit sur la mort des êtres humains doit être déclaré illégitime et illégal. Cette tâche est celle qui attend en priorité l’autre superpuissance, celle des peuples du monde. Il faut reprendre, mais au pluriel cette fois, la cri merveilleux de la résistance chilienne sous la dictature fasciste de Pinochet, le pantin de Washington : LOS PUEBLOS UNIDOS JAMAS SERAN VENCIDOS ! SE POSITIONNER FACE À LA ZLEA La ZLÉA n’existe pas encore mais depuis quelques années déjà l’opposition au projet est importante. Les accords de libre-échange ont pour objectifs de favoriser le commerce entre des pays. Cependant, alors que les défenseurs de ce modèle de développement promettent la prospérité pour « tous », l’ouverture économique ne profite qu’à certains. Durant les dernières années alors que les mouvements de capitaux et de marchandises ont progressé fortement, les inégalités ont augmenté Les arguments que nous venons de soulever suffiraient à rejeter la ZLÉA mais (hélas) il y en a d’autres… Comme on le sait, l’ALÉNA, modèle réduit de la ZLÉA, a montré que ces accords protègent davantage les droits des investisseurs que le droit de chaque État de choisir ses propres lois . L’ALÉNA a aussi montré comment ces ententes servaient à mettre en place un système d’échange inéquitable . CAP MONDE FACE À LA ZLEA « Parce que d’autres mondes sont possibles et que nous voulons participer à la construction d’alternatives, CAP-Monde unit les ressources, forces et expertises de ses membres pour faire échec à la ZLÉA et aux accords bilatéraux qui sont racistes, sexistes, destructeurs de l’environnement et anti-démocratiques. Mission de Cap-Monde en regard de la ZLÉA, adoptée le 14 décembre 2002 Origines d’une table de convergence Suite au Sommet, les groupes membres estiment avoir joué un rôle clé dans l’imposante mobilisation de 40 000 à 60 000 personnes dénonçant la ZLÉA et relançant la proposition « Un autre monde est possible ». Par ailleurs, ils s’interrogent sur l’avenir de la Table, et s’entendent sur la nécessité d’une lutte élargie et à plus longue échéance pour agir sur les causes des injustices et violences qui menacent le monde dans sa globalité. Afin de refléter l’élargissement de son mandat et de souligner les nouvelles bases sur lesquelles se fonde son travail, la Table de convergence adopte le nom Convergence pour l’Avenir des Peuples du monde (CAP-Monde). Planification stratégique CAP-Monde souhaite se positionner comme une alternative collective crédible. Le travail d’élaboration du plan d’action est bien amorcé. La première étape du plan, printemps-automne 2003, a pour principaux objectifs la consolidation et l’élargissement du membership de CAP-Monde, et une plus grande visibilité de l’organisation. Participation à la consulta LUMIÈRE SUR LES ACTIVITÉS DE NORANDA AU CHILI : Lors du dernier Forum social mondial de Porto Alegre, les membres d’ATTAC-Chili ont demandé la collaboration d’ATTAC-Québec dans le dossier des activités de la compagnie canadienne Noranda au Chili. Peter Hartmann, écologiste et militant chilien, était récemment de passage au Québec pour tenter de sensibiliser le public canadien à la lutte qui les oppose à la multinationale canadienne de l’aluminium. Compte-rendu d’un projet pour le moins inquiétant… L’Alliance Aysen Reserva de vida Tirer les leçons des expériences passées : Rouyn-Noranda Accord de libre-échange Canada-Chili AGCS : SERVICES PUBLICS : OUI ! SÉVICES PRIVÉS : NON ! L’AGCS est un traité, c’est à dire une convention internationale entre États, entraînant des effets juridiques entre les signataires. Étant donné son statut juridique, il nécessite la ratification par un vote au parlement. À ce titre, il prévaut sur le droit international et ses conditions de révision normalement prévues dans le traité ne sont pas faciles à obtenir. Le saviez-vous ? Chacun des 140 États membres devait, avant le 30 juin 2002, communiquer à l’OMC et aux pays concernés ses exigences concernant les secteurs de services qu’il souhaite voir «ouvert à la concurrence » sur le territoire des autres. Qu’a exigé le Canada ? Quand cela a-t-il été discuté, où et avec qui? A-t-on demandé aux citoyens de donner leurs avis et de décider ? ZLEA-AGCS : DE CHARYBDE EN SCYLLA Les services publics sont aujourd’hui gravement menacés par deux grands projets : la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) et l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). Au Québec, il existe une importante mobilisation contre la ZLÉA. Rappelons simplement que la ZLÉA est dotée des pouvoirs du défunt Accord multilatéral en matière d'investissement (AMI). Ce qui signifie que « pour la première fois dans un accord commercial international, les sociétés de services transnationales auraient le droit d'entrer en concurrence avec toute la gamme de services offerts par le gouvernement, et auraient le droit de poursuivre, pour dédommagement financier, n'importe quel gouvernement qui résisterait. » Cela est déjà en partie une réalité dans le cadre de l’ALÉNA . Ce pourquoi la société civile canadienne et québécoise (ainsi que certains partis comme le Bloc et le Parti québécois mais aussi l’Union des Forces Progressistes- UFP ) éprouve la plus grande méfiance quand ce n’est pas une forte opposition devant ces accords, et se mobilise pour remettre les gouvernements sur les rails de la démocratie et de l’intérêt public. S’il est le plus dangereux, le projet de la ZLÉA ne doit toutefois pas obnubiler complètement cet autre péril que représente d’autres accords , en particulier l'Accord général sur le commerce des services (AGCS), dont il intègre de toute manière toutes les dispositions. L’un et l’autre pourraient se concrétiser d’ici 2005 si les populations s’y opposent pas radicalement et de toute urgence. Que réserve cet obscur AGCS à lui-seul ? Il vise fondamentalement à plonger les pouvoirs publics dans l’incapacité d’action. Après vingt ans de domination idéologique néolibérale de la sphère publique, c’est un assaut encore plus agressif livrant progressivement presque toutes les activités humaines aux lois du marché. L’AGCS fait partie des accords fondateurs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, sous la très forte pression des lobbies américains des services. Déjà signé et ratifié par les 140 États membres de l’OMC, il ne s’agit pas d’un traité bouclé une fois pour toutes, mais d’un cadre permanent qui prévoit des séries de négociations illimitées visant la libéralisation totale du secteur très lucratif des services . L’un de ces cycles doit se terminer au 1er janvier 2005, année-clé également pour l’aboutissement des négociations de la ZLÉA. Même les services publics ? Oui, absolument, quoi qu'en dise la propagande officielle des États ou de l'OMC elle-même. Le texte de l'article I est formel : si les "services fournis dans l'exercice du pouvoir gouvernemental" sont, en principe, exclus de l'AGCS, c’est seulement le cas lorsque ledit service n’est fourni "ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs". Puisque l'usager paie les services de l'énergie, de la poste, etc., et que les écoles ou cliniques privées sont "en concurrence" avec le secteur public, il ne reste guère que l'état civil, la banque centrale, la magistrature, la police qui ne soient pas concernés. Ainsi, l’État-providence social disparaît-il tandis qu’on favorise la consolidation de l’État policier chargé de gérer les dégâts… Impossible de faire état brièvement de toutes les règles opaques et contradictoires de l’AGCS mais il est important de souligner qu’elles concernent tous les niveaux de gouvernement de tous les pays membres, du national au régional et au municipal. Certaines s'appliquent à l'ensemble des services, d'autres seulement aux secteurs qu'un pays a "engagés", c'est-à-dire inscrits sur une liste où il indique son engagement à ouvrir ces secteurs à la concurrence étrangère. Ainsi, il est faux de dire que tous les pays seront "obligés" d'ouvrir leurs secteurs de l'éducation ou de la santé. Ce n'est pas juridiquement vrai ; toutefois chaque pays est et restera soumis à des pressions croissantes, et à un marchandage sans fin. Les conséquences de cela sont encore plus graves pour les pays du Sud qui verraient définitivement anéanties leurs chances de remettre sur pied des services publics que l’imposition des Plans d’ajustement structurel du Fonds Jamais les citoyens du monde n’ont voté ou choisi ce qui leur est imposé par l’OMC. C’est donc naturel que ce qui caractérise les négociations entourant l’AGCS (et la ZLÉA) soit le secret, l’utilisation systématique de la désinformation, l’opacité, l’absence de contrôle et de caution démocratiques (par vote et référendum) et la collusion avec des lobbies d’affaires qui dictent le processus (alors que les représentants de la société civile le subissent). Députés et ministres ignorent parfois tout de la nocivité réelle de ces projets aux contorsions juridiques expertes qui nécessitent une analyse très serrée de la part de spécialistes (ce à quoi travaille notamment Attac France). Le Canada est un fervent promoteur de ces accords. S’il a le mérite d’être plus transparent que d’autres, il a peut-être aussi celui de se montrer l’un des plus serviles face à une classe d’affaires dominante qui lui est si étroitement liée et l’un des plus «cow-boys», préférant trouver génial que ses entreprises puissent poursuivre d’autres États plutôt que de voir les terribles conséquences pour les citoyens qu’il est censé représenter. Quand la démocratie est abandonnée par les gouvernements, c’est au peuple à l’imposer. La mobilisation s’intensifie partout à travers le monde. Chez nous, contre l’AGCS, plusieurs syndicats (travailleurs et travailleuses des postes, fonction publique du Québec ainsi que celle du Canada, CSN, etc.), la Fédération des municipalités canadiennes , le Front commun contre l’OMC (FCOMC, qui rassemble plus de 50 syndicats, organismes et réseaux nationaux et régionaux), des fédérations étudiantes, etc., et bien sûr, Attac Québec sont mobilisés. Rejoignez-les ! Prochaine étape-clé : la réunion ministérielle de l'OMC à Cancun (Mexique) du 10 au 14 septembre 2003. Il ne s’agit pas de défendre le maintien de privilèges que nos sociétés n’auraient plus les moyens de s’offrir – vaste mensonge s’il en est ! – mais bien de remettre l’OMC à sa place, comme le dit si bien le titre du livre d’Attac consacré à ce sujet. Il faut que cesse ce régime totalitaire du capital, du commerce et de la finance, totalement anti-démocratique. Il s’agit d’exiger un moratoire sur l’AGCS et que l’OMC respecte le droit international, les droits de l’homme (politiques, sociaux, économiques, environnementaux et culturels) et les règles démocratiques les plus élémentaires. Pour en savoir plus : Bilan mars Ø Manifestations contre la guerre : participation d’Attac-Québec avec le collectif Échec à la guerre Calendrier avril Ø Manifestations contre la guerre : on continue à se mobiliser Attac-Capitale Nationale : il y aura journée de formation le samedi 12 avril. Les membres et sympathisant(e)s seront avisé(e)s du lieu et de l'heure exacte dans les prochains jours. Robert Jasmin : Conférences publiques et interventions du mois d’avril Ø 1er :Rencontre professeurs CEGEP de Trois-Rivières et conférence publique CE BULLETIN EST LE VÔTRE PROCHAIN NUMÉRO : BILAN DE LA CAMPAGNE SUR LES PARADIS FISCAUX AUPRÈS DES BANQUES ATTAC-QUÉBEC
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