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Bulletin liaison, février 2003 d'ATTAC-Québec

jplarche, Wednesday, March 12, 2003 - 11:51

ATTAC Québec

Sommaire:
1. Attac-Québec à la carte...du monde et des régions
2. Porto Alegre: Impressions d'une déléguée
3. Le budget participatif de Porto Alegre
4. Trois lettres: FSM; Une action: Attac
5. Un projet de loi en Italie sur la Taxe Tobin
6. Opération Code Blanc
7. Brésil: défi du changement social dans un contexte de mondialisation

Bulletin liaison, février 2003

Sommaire:
1. Attac-Québec à la carte...du monde et des régions
2. Porto Alegre: Impression
3. Le budget participatif de Porto Alegre
4. Trois lettres: FSM; Une action: Attac
5. Un projet de loi en Italie sur la Taxe Tobin
6. Opération Code Blanc
7. Brésil: défi du changement social dans un contexte de mondialisation

ATTAC-Québec à la carte….du monde et des régions
Robert Jasmin (président d’Attac-Québec)
ATTAC-Québec est en forte croissance partout au Québec et sa présence s’est manifestée tant par ses activités propres que par son implication au sein de coalitions diverses. Il faut toutefois admettre que les opérations spécifiques à notre mouvement ont pu être quelquefois limitées dans leur ampleur par un calendrier international qui s’impose à l’occasion, notamment l’agression appréhendée de Bush contre l’Iraq et le compte à rebours pour la mise en œuvre de la ZLÉA. Voyons donc comment ATTAC-Québec s’est manifestée ces derniers temps :

Globalement
• Participation active de Attac-Québec aux travaux de l’Alliance Sociale Continentale dont les déléguéEs se sont réuniEs encore cette année en novembre à La Havane. Deux délégués nous représentaient.
• Attac-Québec était aussi présente à Moncton à l’occasion de l’Assemblée de Réseau Solidarité en janvier 2003. Marie-Mychèle Fortin du C.A. y était.
• Participation importante de notre mouvement au Forum Social Mondial. Dix-sept déléguéEs, dont 11 femmes, nous représentaient à Porto Alegre.
• Attac-Québec demeure aussi très active au sein de la coalition CAP-Monde dans le cadre de la lutte contre la ZLÉA. Un minimum de trois ou quatre de nos membres sont toujours présents à chacune des rencontres visant à relancer la mobilisation populaire contre la projet de libre-échange néolibérale qui nous menace.
• Enfin, et devons-nous dire hélas!, Attac-Québec a dû, comme une multitude de groupes, s’engager dans la lutte contre l’administration Bush et sa guerre impérialiste au sein des coalitions "Échec à la guerre" et "Comprendre et agir". Nos militantEs se sont renduEs en grand nombre aux manifestations et marches de janvier et de février tant à Montréal et à Québec que dans d’autres villes du Québec.

Localement
• À l’initiative d’un militant syndical du SFPQ et d’un travailleur autonome, une section d’Attac a été créée à Saint-Jérôme à la suite d’une rencontre au cours de laquelle Léo-Paul Lauzon a fait la promotion de notre mouvement en s’attaquant aux paradis fiscaux.
• Deux autres groupes Attac ont été formés dans deux CEGEPs : Trois-Rivières et St. Lawrence (à Québec).
• Les conférences dans les institutions d’enseignement se multiplient. Attac est invitée tant par les associations étudiantes que par les professeurs au niveau collégial et universitaire que par l es professeurs d’économie en secondaire V.
• Nos liens avec le mouvement syndical se consolident. Dans les derniers mois, trois secteurs ont requis nos compétences : la fonction publique, l’aluminium et les communications.
• Enfin, et non le moindre, il faut souligner l’implication d’Attac dans les forums sociaux régionaux (Québec-Chaudière-Apalaches et Jeunes de l’Estrie).

Porto Alegre : Impressions d’une déléguée…
Le Forum de Porto Alegre est difficile à résumer… l’événement est une foire. Une foire d’impressions dont la netteté fluctue. Je ne me sens pas la trempe d’une rigoureuse analyste, alors j’irai intuitivement. Je vous lance une série d’impressions, sans plus.
Première découverte : le Forum est une expérience humaine et sensationnelle avant d’être une construction politique. Mais l’intérêt est de découvrir que la première est condition de la deuxième. Il s’agit donc d’une pluralité d’individus interagissant selon leurs intérêts et affinités, de manière à coordonner les projets qui leur tiennent à cœur. Une quête de sens à étonnante résonance, se traduisant principalement par la fixation dans l’imaginaire collectif d’un contrepoids. Contrepoids à l’homo-généisation de la pensée, du discours, de l’action. C’est la démonstration infalsifiable que les vraies réponses émergent localement; qu’il reste pertinent de les partager puisque leurs germes font toujours naître de nouvelles initiatives, mais qu’en bout de ligne, aucun modèle de
développement n’est exportable. Coup de théâtre : le néo-libéralisme se combattra par la créativité.
Ce qui est intéressant pour une nord-américaine, c’est entre autres qu’en prenant le pouls des mouvements sociaux du sud, on sent à quel point ceux-ci sont emprunts d’une énergie singulière. La cohésion du groupe et leur enthousiasme sont réellement inspirants. Voilà ce qui manque à la gauche québécoise.. l’esprit artistique dans les actions; la chaleur dans les revendications…
Pour ce qui est des conférences, elles furent certes bien intéressantes. Certains ateliers encore plus puisqu’interactifs. Mais on apprend mieux en se baladant, en parlant et en échangeant avec les gens. Porto Alegre en soi est une ville tout à fait fascinante. Son expérience de démocratie participative démontre que l’administration publique peut quelque chose de positivement concret à la redistribution des richesses et à la hiérarchisation des demandes sociales. Depuis 1988, année de l’arrivée au pouvoir du Parti des Travailleurs à Porto Alegre, le nombre de favelas a diminué de manière drastique au profit de nouveaux districts de logements sociaux. Même dans les favelas qui sont toujours en attente de nouvelles infrastructures, les conditions de vie se sont beaucoup améliorées. Faut le voir pour le croire!

Bien sûr, on pourrait en dire plus… Mais le présent topo suffira, du moins je le crois, à refléter l’intérêt d’un événement comme le Forum : ça forme, ça stimule, ça encourage. Ça prouve que la vie s’auto-construit. Non pas en suivant ce lamentable mythe du self-made man, mais en propulsant celui de la self-made community. La modernité devrait tourner sa langue sept fois avant de parler.
Malorie — déléguée d’Attac-Québec au FSM

Le budget participatif de Porto Alegre
Depuis l’élection du PT en 1989 à Porto Alegre, le concept du budget participatif, qui jusque là se limitait à quelques lignes dans un programme électoral , s’est imposé comme une nécessité pour les habitants moins favorisés de Porto Alegre. En effet, l’état des infrastructures sanitaires et civiles laissaient à désirer. Imaginez, seulement 46% des foyers étaient branchés au réseau de collecte des eaux égouts et 60 000 foyers n’étaient pas branchés au réseau d’aqueduc. Sans compter que les bidonvilles n’avaient ni asphalte, ni transport en commun. Les gouvernements clientélistes et corrompus des décennies précédentes avaient sciemment négligé ces habitants.
Dans ce contexte la participation fut assez importante dès les premières années. La ville a dû procéder à des ajustements dans le but d’équilibrer les forces en présence. La structure a donc pris forme graduellement et elle permet aujourd’hui de consacrer entre 5 et 10% du budget annuel de la ville à des projets de décision populaire. Voici en résumé les étapes d’élaboration du budget.
D’abord la ville est divisée en 16 régions auxquelles on a ajouté 5 groupes thématiques qui vont assurer une vision collective dans des champs d’intérêt public : Les transports, la santé, l’éducation, développement économique et l’orga-nisation de la cité. Ces 21 organes populaires forment la base démocratique.
A l’occasion de la première grande réunion plénière organisée par la ville, la population qui désire s’impliquer est invitée à élire des délégués pour chacune des 16 régions et des 5 groupes thématiques. Ces élus forment le : ´ Forum des délégués régionaux et thématiques ª. Les participants doivent aussi élire 2 membres par région et 2 membres par groupe thématique au : ´ Conseil du Budget participatif ª.
Les délégués du Forum se réunissent une fois par mois et discutent des projets réclamés par les citoyens. Ils vont ensuite s’entendre avec les élus du Budget participatif pour un partage équilibré entre les priorités de certains quartiers et une vision d’ensemble des interventions visant à améliorer la qualité de vie.
Ensuite la ville et les conseillers au Budget participatif élaborent un budget et étudient la faisabilité des projets présentés. Les projets retenus sont alors présentés au Conseil de ville qui vote sur le projet de loi du Budget participatif.
Plus tard dans l’année, une autre plénière est organisée par la ville où les citoyens peuvent prendre connaissance des projets retenus pour l’an prochain, questionner le maire au besoin, et formuler des commentaires au sujet des projets en cours dans leurs quartiers.
Le Budget participatif représente environ 100 millions $US par année qui sont canalisés vers les priorités formulées par les citoyens. Mais au-delà des investissements populaires c’est le sentiment de dignité retrouvée et le développement d’une conscience citoyenne qui constituent les plus belles réalisations de l’actuelle administration de Porto Alegre.

Trois lettres : F — S — M…
Plus de 100 000 participants, près de 21 000 représentants, 5 717 organisations venues de 156 pays rassemblés pour rendre possible un autre monde : c’est le Forum Social Mondial de Porto Alegre 2003. Mais aussi 4094 journalistes de 1 423 médias : nous sommes toujours plus nombreux et plus visibles.
20 membres d’Attac — Québec et 200 Québécois y étaient… Mais pourquoi ?
Lutter contre la guerre des forces occultes et des lobbies du mal qui sévissent aux Etats-Unis. La loi du plus fort n’est pas la loi du monde démocratique et des institutions internationales.
Militer contre la marchandisation du monde, la ZLEA et l’OMC. Nous avons, comme citoyens, notre mot à dire sur la privatisation de l’eau, l’agriculture destructrice, la malbouffe, les services publics réduits, l’éducation privée réservée aux enfants des élites…
Agir pour annuler la dette des pays du tiers monde. Elle profite toujours aux mêmes institutions financières multi-nationales, venues de quelques pays, et reste finalement payée par des enfants esclaves et des salariés surexploités, aujourd’hui encore, au XXI ième siècle.
Rejeter les organisations illégitimes dont le G8, l’OMC... Ils n’ont reçu aucun mandat et ne servent que les intérêts de quelques-uns : ceux des Etats-Unis et de ses vassaux. Avec des prétextes prétendument techniques, ils tentent de contourner les votes démocratiques.
Pour abolir ces privilèges, luter contre ces spoliations et ces détournements nous devons nous organiser…

Une action : Attac
Attac Québec participe avec les autres Attac dans le monde à ce réseau ouvert et transparent, horizontal et efficace d’organisations citoyennes.
Mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action nous pouvons aider les personnes qui nous entourent à comprendre les choix de société qui s’offrent à nous et interpeller nos politiciens. Nous sommes le relais des voix qui ne sont pas entendues, celles de la majorité.
Utopies ? peut-être ! Les mêmes nous disaient, il y a encore quelque mois, vous êtes seuls. Nous étions les premiers. Nous seront majoritaires demain.
Notre utopie ? une économie au service de l’homme. Aujourd’hui elle est maîtrisée, confisquée par quelques hommes dévots de Davos.
Oui, une taxe sur les transactions financières est souhaitable, possible et réaliste.
Oui, nos banques et nos entreprises doivent se retirer des paradis fiscaux et respecter les mêmes lois, payer les mêmes impôts que nous.
Oui, nous pouvons les interpeller, et nous le faisons.
Oui, nos hommes politiques doivent se prononcer sur ces questions.
Ce que nous faisons ici au Québec, et bientôt au Canada, d’autres Attac le font ailleurs .
Comprenez, expliquez, agissez, faites du bruit et… faites suivre ces idées à cinq personnes autour de vous. Peut-être qu’une d’entre elles au moins viendra à notre prochaine réunion.
Michel Ghé

Opération "CODE BLANC"
Aux États-Unis, les codes de niveau d'alerte (jaune, orange, rouge, etc.) entretiennent la paranoïa et le soutien à la guerre... Au Québec, le Collectif Échec à la guerre lance l'Opération CODE BLANC pour signifier:
• que l'on ne saurait instaurer la sécurité par des guerres d'agression comme celle qui se prépare contre l'Irak;
• qu'un autre code de couleur peut représenter la sécurité à laquelle aspirent tous les hommes et toutes les femmes de la Terre, le CODE BLANC symbolisant la paix, assortie d'une plus grande justice!

Ainsi, des rubans blancs sont mis à votre disposition. Ces rubans, les mêmes que ceux portés par des artistes lors du Gala des Masques et du Gala des Oliviers, sont présentés en paquet de 100, au coût de 1 dollar l'unité. Nous privilégions la pratique "payer et emporter" mais, cela pouvant s'avérer difficile pour certains groupes, il sera possible de verser un acompte équivalant à 30% du montant total de votre commande. Pour passer une commande, écrivez au comité action-mobilisation (Charles Gagnon char...@csn.qc.ca) ou laissez un message au (514) 987-1300, poste 330.
Solidairement contre la guerre, affichons notre couleur !

Brésil: défis du changement social dans un context de mondialisation
Le nouveau gouvernement du Parti des travailleurs de Lula, maintenant à la tête du Brésil, se retrouve face à un dilemme politique. Élu l'année passée avec un discours marqué par l'idée de changement, le gouvernement du PT se retrouve dans une situation difficile : gérer
l'héritage d'une décennie de réformes néolibérales entreprises par ses prédécesseurs.
Paradoxalement, le début de sa gestion entraîne l'approfondissement des mesures restrictives comme la hausse du taux d'intérêt et la coupure des investissements publics. L’objectif est d’augmenter le surplus budgétaire. Ces mesures figurent dans la recette classique du Fonds Monétaire International. Or, on sait bien qui gagne et qui perd avec elles. La coupure des dépenses publiques a comme cible le paiement des bailleurs de fonds. La majoration du taux d'intérêt vise, quant à elle, à attirer le capital financier international afin de financer la dette publique. Les effets secondaires de cette politique sont la récession économique et une dépression de la capacité d'investissement des entrepreneurs brésiliens. Dans ce contexte, on pourrait se demander : où est le changement? La réponse n'est pas claire.

La continuation du projet de l'ex-président Fernando Henrique Cardoso a été rejetée par les citoyens brésiliens. Les gens ont choisi Lula et le PT envisageant une amélioration de leurs conditions de vie. Or, Lula savait dès la campagne que le pays dont il hériterait après la décennie d'implantation du néolibéralisme au Brésil, exigerait une période transitoire avant la mise en oeuvre des mesures concrètes de changement. Le dilemme est que la population ne s'attendait pas à la même "médecine". Après cinq cent ans d'attente les Brésiliens ne sont pas tous prêts à patienter. Le défi est donc politique: préparer les
réformes sociales tout en faisant connaissance avec la "machine étatique" et en essayant de gérer, pendant cette première année, les humeurs de la société brésilienne. Enfin, il faudra aussi se préoccuper du bruit de l'opposition autour du sujet: continuité ou changement?
Il ne s'agit pas d'un petit défi, mais le PT a déjà fait preuve d'habilité politique. Au plan interne Lula a été capable de se bâtir une coalition parlementaire assez solide pour s'appuyer sur le Congrès Nationale (259 sur 513 parlementaires et environ une cinquantaine de sénateurs sur 80). Au plan externe, l'intervention du Brésil dans la crise au Venezuela ainsi que la participation de Lula au Forum Social Mondial de Porto Alegre et au Forum Économique de Davos, ont démontré une capacité aiguë de circulation. Lula est le seul dirigeant mondial capable d’être présent dans les deux évènements tout en ayant un discours clair et précis. Cette capacité démontrée par Lula de maîtriser aisément le global et le local sont des raisons qui nous font rêver que Lula, tel un funambule, va réussir à conduire le Brésil — non pas du côté des pays riches et développés que l’on connaît déjà - mais vers un nouveau modèle de développement solidaire et égalitaire. Il faut maintenant que la société brésilienne le comprenne aussi.
Auteur : Camilo Capiberibe

Étudiant à la maîtrise en Sciences Politiques à l'Université de Montréal et membre du PSB — Partis Socialiste du Brésil -
Attac-Québec
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Téléphone: (514)279-7364
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