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Chronique d'une manifestation non-mixte

Anonyme, Monday, March 10, 2003 - 14:59

Emmanuelle Auclert

8 mars 2003 : journée internationale du droit des femmes,
Chronique d’une manifestation non-mixte.

Une centaine de personnes s’était rassemblées pour la défense des droits des femmes mais également pour protester contre la guerre en Irak et contre la ZLEA.. Dans un contexte de la montée de la droite, il a été jugé important de réaffirmer ces positions progressistes. Organisée par la coalition des femmes contre la pauvreté, la manifestation rassemblait d’autres organisations féministes comme la chorale des Amères Noelles et le centre femmes d’aujourd’hui. Ces groupes issus de tendances politiques diverses ont établi que la marche serait une marche non-mixte.

8 mars 2003 : journée internationale du droit des femmes,
Chronique d’une manifestation non-mixte.

Une centaine de personne s’était rassemblée pour la défense des droits des femmes mais également pour protester contre la guerre en Irak et contre la ZLEA.. Dans un contexte de la montée de la droite, il a été jugé important de réaffirmer ces positions progressistes. Organisé par la coalition des femmes contre la pauvreté, la manifestation rassemblait d’autres organisations féministes comme la chorale des Amères Noelles et le centre femmes d’aujourd’hui. Ces groupes issus de tendances politiques diverses ont établi que la marche serait une marche non-mixte.
En tant que française je me suis interrogée sur cette pratique car en France elle concerne seulement les groupes radicaux. Pourquoi perdure t-elle encore au Quebec? ? Est-elle encore pertinente?
Curieuse, je me suis rendu à la manifestation pour en savoir plus.

Le 8 mars comme raison de la non-mixite

Dés mon arrivée, je rencontre les jeunes militantes du centre femme d’aujourd’hui, qui sont en solidarité avec la fédération des femmes du Québec. C’est un groupe de parole et d’actions non-mixte. Elles pensent que le point de vue des femmes est plus légitime entre femmes et se sentent en confiance car elles n’ont pas à se justifier. De cette façon il n’y a pas de compte à rendre aux hommes au sujet de leur féminisme ni de s’excuser. Leur objectif est de développer la sororité, qu’elles définissent comme l’équivalent de la fraternité pour les hommes. Ce terme a été inventé dans les années 70 par les féministes qui souhaitent définir la solidarité entre femmes dans la vie et dans les luttes. « L’intérêt est de mettre fin au mythe que les femmes sont divisées et qu’elles se réapproprient leur lutte » me disent t-elles.
Cependant ce groupe ne rejette pas les hommes et collabore avec eux lors de luttes ponctuelles. Seules la prise de conscience se fait entre femmes.
Motivée par ce discours, je continue mon tours de la manifestation. Le mot d’ordre est la solidarité entre femmes et non la guerre entre les sexes. Pour Catherine des Amères Noelles, « le choix de la non-mixité est une conséquence de l’oppression des femmes. Il ne faut pas oublier que les acquis sont fragiles et incomplets d’où l’obligation de rappeler nos conditions d’existence » Alors si la nécessité de la non-mixité n’est pas comprise, c’est qu’il y a encore du chemin à parcourir.
En ce qui concerne la participation des hommes, « après tout, on leur accorde les 371 autres jours de l’année. S’ils veulent impulser des actions féministes, ils ont la place d’autres jours », ajoute-t-elle.
Cette journée doit donc appartenir aux femmes et à leur lutte. Je commence à saisir l’impact de cette initiative car toutes ces femmes veulent, par la non-mixité, développer une conscience féministe large.

L’importance d’être là en tant que femmes

` Le 8 mars est l’occasion pour les féministes de s’organiser sur leurs propres bases. Il est plus fort symboliquement d’être présente en non-mixte afin d’établir un rapport de force. Catherine une manifestante, me raconte qu’elle a donné priorité à cette marche car elle se désole de la non popularité du combat féministe. « Cette cause n’est pas traité dans d’autres luttes comme la lutte contre la guerre par exemple »
Si les femmes n’apportent pas de revendications féministes, qui d’autre va le faire? Les manifestantes l’ont bien compris. Deux manifestantes m’ont conté que la pire attitude était de penser que l’on ne pouvait rien changer. Elles vivaient leur féminisme au quotidien en remettant en cause à leur échelle les rôles sexistes de la société. Le féminisme est justement, à l’inverse de la société, non sexiste!
Le combat féministe se répercute dans toutes les sphères, ainsi les revendications couvraient aussi bien les femmes que la précarité des emplois des femmes et des hommes. Une gréviste de videotron est intervenue pour demander des emplois stables et mieux rémunérés. Le féminisme oeuvre pour l’émancipation de toute l’humanité.
Adam, un militant anarchiste, qui ne savait pas que la marche était non-mixte, était là pour soutenir la cause des femmes mais également car il se sentait victime de la société patriarcale bien qu’il reconnaisse l’existence de classe sexuelles. En effet il adhère au paradigme radical qui analyse les rapports entre les femmes et les hommes comme des rapports antagonistes.
Concrètement cela implique une optique différente selon les sexes. Les femmes militent pour leur émancipation et les hommes remettent en cause leur position de dominant en récusant par exemple la virilité. Une militante de la coalition des femmes contre la pauvreté justifie la non-mixité car les femmes connaissent des problèmes spécifiques comme la violence ou bien la discrimination liée à leur sexe.

Au bout de 1h30 de manifestation, je peux en conclure que le féminisme québécois n’est pas misandre, c’est à dire qu’il ne hait pas les hommes. Cette démarche de non-mixité est une sorte d’étape dans le féminisme. En effet les femmes n’ont pas encore gagné l’égalité et il faut qu’elles continuent à ce battre pour leur droit. Pour cela, il est nécessaire qu’elles se rassemblent entre elles afin de constituer un mouvement sociale. Tout groupe opprimé doit se reconnaître et s’unir pour exister. Ce sont les femmes et seulement les femmes qui peuvent prendre en charge leur émancipation.
Les hommes ne peuvent pas le faire à leur place ni les guider. Un vieux monsieur de présent lors de la manifestation m’a dis qu’ « était normal qu’il accompagne sa femme dans une marche féministe » Ceci est une attitude profondément patriarcale.

Alors je fais un appel à toutes les copines pour se regrouper afin d’éliminer les structures patriarcales qui reproduisent notre oppression car ce hélas il n’est pas désuet de devoir se rassembler pour notre libération et cela même en 2003. Je pense que c’est le message de cette journée du 8 mars. Il est nécessaire que les femmes se parlent, s’entraident car « ensemble on nous opprime, ensemble révoltons nous ! »

Emmanuelle Auclert CMAQ Québec



Subject: 
Sommes-nous prêtes et prêts à débuter une nouvelle étape?
Author: 
Anonyme
Date: 
Mon, 2003-03-10 22:02

Je sens le besoin de vous avouer que c'est la première fois que je m'exprime à un aussi grand public. (Nouvelle étape dans ma lutte pour un monde plus ouvert, responsable et égale, yeah!) Ce sera un commentaire humble et qui n'essaiera pas de faire de généralités et ainsi prétendre connaître la vérité. Je n'ai ni raison, ni tord. J'essaierai uniquement de vous partager mes impressions qui proviennent de ma réalité.

Cela fait bientôt quatre années, soit depuis mon entrée à l'université, que je côtoie des féministes de tous genres. Je ne sais (plutôt savais) pourquoi, mais dès le début j'ai toujours été un peu réticente envers la non-mixité des groupes. J'en ai discuté à plusieurs reprises et j'ai réalisé, avec l'intensité des discussions, que j'étais un peu seule dans mon entourage avec ma vision : oui au combat à l'égalité entre les sexes mais ensemble, femmes et hommes. Ceci m'a amené à taire mon opinion sur ce sujet sentant qu'il n'était malheureusement pas le bienvenu lors de ces échanges ou sinon jugé un peu inintéressant et inutile comme sujet de discussion par le reste de mon réseau social. Me voilà de nouveau essayant d'exprimer mon opinion en espérant la faire évoluer et dans le but de contribuer à la réalité femme-homme.

J'ai toujours cru bon d'arranger les choses ensemble plutôt que chacun de son côté peu importe la problématique. Je nous accorde tout à fait le besoin de nous retrouver entre nous, les femmes, que les acquis sont fragiles et qu'il reste encore beaucoup à faire. Mais, je crois être prête à créer une alliance, une complicité avec les hommes face à ce but commun qui touche autant les unes que les uns. Créer un mouvement égalitaire, une nouvelle conception de la relation femme-homme sur une base de l'égalité et de faire ceci ensemble. Je pense que le simple fait d'utiliser le terme féminisme (ou masculinisme!), nous contribuons à conserver le faussé qui nous sépare et qui nous empêche de vivre ensemble harmonie. Peut-être suis-je utopiste, inconsciente ou irréaliste? Mais je crois et ressens fermement le besoin de réunir la femme et l'homme dans ce mouvement. Peut-être que je fais partie des femmes chanceuses qui se sente égale à l'homme dans mes relations de tous les jours. Peut-être que je ne réalise pas l'oppression car elle est trop bien ancrée en moi. Je pense par contre que je peux découvrir et essayer de neutraliser cette oppression en compagnie des hommes. Si je me sens mal de me déambuler dans la rue les membres inférieurs non fraîchement rasés peut-être me sentirais-je plus à l'aise dans mon choix si j'en discute avec les hommes plutôt qu'avec juste mes amies de filles. (En passant, ne vous inquiétez pas, je ne réduis pas la problématique uniquement à l'esthétisme)

Personnellement, sans faire partie d'un groupe, j'essaie d'impliquer autant les femmes et les hommes qui m'entourent et j'essaie surtout de faire changer les choses dans mon quotidien. Je sens qu’il y aurait place à une nouvelle étape. Existe-t-il déjà des groupes mixtes qui ne porte pas le nom de féministe? Existe-t-il des femmes et des hommes qui pensent comme moi? Où êtes-vous? Qui êtes-vous? J’ai tout simplement envie d’en discuter

J'aimerais bien avoir vos opinions aussi diversifiées soient-elles.

Myriam Vear, Montréal

vear...@yahoo.ca


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Subject: 
Un bon article
Author: 
mariechristine
Date: 
Tue, 2003-03-11 13:10

Bien que je n'arrive pas à voir en quoi l'attitude de ce vieil homme qui décide d'accompagner sa femme à une marche féministe est "profondément partriarcale" (elle pourrait aussi être tout simplement solidaire -- j'en discuterai volontiers avec l'auteure de l'article!), je tiens à souligner que cet article est excellent et bien construit. Très intéressant et vivant, ce point de vue d'une féministe française qui nous laisse voir sa perception du féminisme québécois évoluer au fil de la marche, en fonction des différents commentaires qu'elle recueille. Merci!


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Subject: 
Féminisme inclusif
Author: 
Anonyme
Date: 
Tue, 2003-03-11 14:23

J'ai été surprise d'apprendre (après) que la marche étais non-mixte. Et curieusement, c’est moi qui me suis sentie rejetée. J'avais passé la semaine à profiter de cette occasion qui s'en venait pour discuter du féminisme avec les gens autour de moi, hommes et femmes, et avec mon copain qui m'a accompagné lors de la marche du 8 mars. Ce qui nous a permis de nous rafraîchir la mémoire et de réaffirmer clairement nos opinions respectives en public pour la prochaine année.

Je ne saisis pas les propos d’Emmanuelle Auclert lorsqu'elle écrit : « Un vieux monsieur de présent lors de la manifestation m’a dis qu’il « était normal qu’il accompagne sa femme dans une marche féministe » Ceci est une attitude profondément patriarcale » Quant-à-moi considère qu'il est normal, pour apprendre, d'avoir le droit de s'approcher de l'école ... Je considère la théorie féministe comme une source de savoir utile pour tout le monde. Et que toute personne qui s'en approche, à son rythme, peut en ressortir grandie.

Je me suis éloignée plusieurs fois de groupes militants de toutes sortes à cause de leurs caractères exclusifs plutôt qu'inclusifs. Comme il n'est pas question que je cesse d'être féministe (certains mots en "isme" sont encore doux à mon oreille, comme "pacifisme" et "surréalisme") je crois bon d'affirmer, moi aussi (comme Myriam Vear), mon engagement à débattre quotidiennement des sujets de l’inégalité entre homme et femmes et des structures sexistes et patriarcales auprès de mes collègues et amis, peu importe leur sexe.

iani...@yahoo.ca


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Subject: 
Quand l'égalité des droits devient exclusivisme!
Author: 
Anonyme
Date: 
Tue, 2003-03-11 19:45

À la lecture de cet article j'ai, comme plusieurs, sursauté qu'en 2003 on nous serve encore de façon désespéré cette division absurde et archaïque que ce sont les femmes qui doivent parler à propose de la question des femmes et seulement les femmes. Très souvent les personnes qui avancent cette ligne pronenet le fait que les femmes doivents justement s'occuper que d'affaires de femmes.

Comme si on devait être un noir pour parler de la condition des noirs, être un jeune pour parler de la condition des jeunes, etc., mais la on pousse l'abusurde jusqu'à dire qu'on doit être une femme pour lutter pour l'égalité des hommes et des femmes! c'est ici que réside la faillite d'un certain féminisme que j'appelerais le féminisme sectaire.

Voyons maintenant l'article de Madame Auclert et les propos qu'elle rapporte en détail.

En entrée de jeux elle nous annonce que certaines personnes "pensent que le point de vue des femmes est plus légitime entre femmes et se sentent en confiance car elles n’ont pas à se justifier." Ce qui revient à dire que contentons-nous de demeurer dans notre coin parce que nous nous pas à nous justifier et nous interroger sur quoi que ce soit sinon que nous sommes d'accord entre nous. Cette approche mène à l'exctinctions noter lutte pour l'égalité.

Plus loin elle ajoute que " "L’intérêt est de mettre fin au mythe que les femmes sont divisées et qu’elles se réapproprient leur lutte " me disent t-elles. Cependant ce groupe ne rejette pas les hommes et collabore avec eux lors de luttes ponctuelles. Seules la prise de conscience se fait entre femmes. " Quel est ce mythe que les femmes sont divisés, en quoi sont-elles divisées et pourquoi? Ça elle ne l'explique pas, mais "comble de bonheur" ce groupe ne "rejette" pas les hommes. C'set seulement la prise de conscience qui se fait entre femmes, la première image que j'ai eu dans ma tête était de voir deux ou trois femmes se dirent à quelle point s'était bien qu'elle ait conscience qu'elles sont des femmes. C'est une conception tellement écartée de la réalité que la conscience arrive spontanément, comme si le Saint Esprit avait d'un coup éclairé quelqu'un! La conscience naît de l'expéreince de la vie de tout être humain, de sa condition en tant qu'être humain.

Puis, elles continue : "Je commence à saisir l’impact de cette initiative car toutes ces femmes veulent, par la non-mixité, développer une conscience féministe large." Ils peuvent le vouloir tant qu'elle voudrait mais elles élargiront jamais de cette façon quelconque conscience sinon celle que ce n'est façon de faire qu'il nous faut pour faire avancer notre cause.

"Le 8 mars est l’occasion pour les féministes de s’organiser sur leurs propres bases. Il est plus fort symboliquement d’être présente en non-mixte afin d’établir un rapport de force." C'est établir un rapport de force avec qui, j'aimerais bien le savoir!!!

Puis la perle : "Le féminisme est justement, à l’inverse de la société, non sexiste!" Une très belle démonstration de cette affirmation! C'est justement par de tels actions que certaines personnes peuvent penser que c'est sexiste. Une manifestation pour l'éaglité entre le hommes et les femmes où on refuse les hommes ça sonne très faux.

Une autre,"Le féminisme oeuvre pour l’émancipation de toute l’humanité." C'est l'émancipation de l'humanité qui amène l'émancipation des femmes, l'un ne se fait pas sans l'autre!

Et ce qui suit m'a complètement fait dressée les cheveux lorsqu'elle par d'Adam le militant anarchiste : "En effet il adhère au paradigme radical qui analyse les rapports entre les femmes et les hommes comme des rapports antagonistes." C'est justement ce genre d'absurdité qu'on doit combattre!

Cette phrase est assez révélatrice : " Un vieux monsieur de présent lors de la manifestation m’a dis qu’ « était normal qu’il accompagne sa femme dans une marche féministe » Ceci est une attitude profondément patriarcale. " Ou est cette attitude patricarcale! Elle aurait dû intitulé son article : " Comem diviser un mouvement et comment être sectaire!"

Puis elle conclu en ajoutant : "Il est nécessaire que les femmes se parlent, s’entraident car « ensemble on nous opprime, ensemble révoltons nous ! »" Oui ensemble on nous oppriment, ensemble révoltons-nous! Mais certainement pas tout seule dans notre coin, c'est tous ensembles y compris les hommes, les jeunes, les noirs, les bouddhistes, les personnes âgées.

Une jeune femme qui en a gros sur le coeur!


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Subject: 
La non-mixité
Author: 
Anonyme
Date: 
Wed, 2003-03-12 09:46

Qu'un homme qui accompagne sa femme lors d'une manif féministe soit percu comme ayant une attitude profondéement patriarcale est profondément débile, réactionnaire et j'en passe. Vivement un café.
Martin Richard


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